Interview de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, dans "La Dépêche du midi" du 15 novembre 2006, sur la situation et le climat social et la représentativité syndicale.

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Média : La Dépêche du Midi

Texte intégral


Q- Qu'attendez-vous des candidats à la présidentielle ?
R- Nous espérons que nos actions sur le terrain amènent les responsables actuels ou futurs à prendre en compte nos demandes. En décembre, le gouvernement organise une Conférence sur les revenus et l'emploi. Celle-ci doit déboucher sur des résultats concrets pour toutes et tous et, en particulier, les 1,4 millions de travailleurs pauvres, en dessous du seuil de pauvreté, que compte notre pays.
Q- Vous restez donc fermement opposé à la fusion Suez-Gdf ?
R- Absolument. La panne d'électricité géante de ce week-end illustre les risques que cette politique fait courir aux consommateurs. On veut que les opérateurs aient de l'argent pour acheter des parts d'un marché existant et non pour l'accroître. Il faut une politique énergétique européenne qui prenne en compte l'intérêt général.
Q- A Vienne la Cgt a participé à la création de Confédération syndicale internationale (Csi)...
R- La mondialisation économique telle qu'elle est se généralise avec en corollaire la concurrence entre les salariés. Résultats : quand les plus pauvres réclament un minimum vital on leur dit que c'est trop. La création de la Csi a pour objectif de modifier cet état de fait. La seule structure qui puisse enrayer ce mécanisme est l'organisation syndicale parce qu'issue de l'entreprise. Au niveau international, avec 168 millions de syndiqués, elle peut être un interlocuteur de l'OMC, de la Banque mondiale. C'est la première fois que les quatre principales organisations syndicales françaises se retrouvent dans la même internationale. Je m'en réjouis.
Q- Les syndicats ne souffrent-ils pas d'un déficit de représentativité ?
R- Une réforme de la représentativité syndicale est absolument nécessaire en France. Le syndicalisme obligatoire ou le syndicalisme de service comme dans les pays nordiques, ne sont pas dans la culture française. Nous sommes dans la configuration du droit syndical volontaire. Il convient donc de faire en sorte que la liberté syndicale soit une réalité ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Beaucoup de salariés ont peur des représailles. Nous serons très attentifs aux propositions des candidats à la présidentielle sur les libertés syndicales. Nous souhaitons que la légitimité syndicale repose sur des élections professionnelles. Il faut les généraliser y compris dans les PME-PMI.
Q- Mme Parisot et le Medef multiplient les rencontres avec les syndicats. Qu'en pensez-vous ?
R- Il n'est pas nouveau qu'à l'approche d'échéances électorales, le Medef cherche à occuper le dialogue social avec l'objectif de contenir tous les responsables politiques et de les dissuader d'intervenir dans ce domaine "domaine réservé aux patronat et aux syndicats". D'où un dialogue affiché mais sans de vraies négociations qui engagent les employeurs sur quelque obligation que ce soit. Source http://www.cgt.fr, le 21 novembre 2006