Texte intégral
Mes chers amis socialistes,
Mes chers amis radicaux,
Les circonstances politiques qui nous réunissent aujourd'hui sont véritablement exceptionnelles ; elles sont hors du commun.
Radicaux et socialistes ont certes une longue tradition d'alliance et d'amitié mais notre réunion ici constitue plus qu'une addition.
Elle est une étape d'un vaste mouvement social qui intéresse - nous le devinions, nous le sentions et désormais nous l'entendons - tous nos concitoyens.
Dès notre congrès, voici un mois, nous avions décidé de soutenir au premier tour un candidat commun. Et hier, au Comité Directeur, le Parti Radical de gauche a investi Ségolène Royal comme sa candidate et il est juste de dire que nos décisions ont été facilitées par la probabilité de sa désignation par le Parti socialiste.
C'est que les radicaux t'ont entendue, Ségolène. S'ils ont décidé d'apporter au grand mouvement qui se dessine la caution de l'humanisme républicain, de la laïcité moderne et exigeante, du solidarisme plus indispensable que jamais, c'est qu'ils se sont reconnus dans un discours qui s'adresse d'abord aux citoyens avant de se diriger vers nos institutions partisanes.
Ils ont d'abord constaté que, dans un processus d'échange et d'enrichissement mutuel permanent, la population de ce pays et Ségolène exprimaient la même demande, puissante, profonde, impérative, de changement des méthodes de l'action politique.
Cette lame de fond qui s'appelle rénovation n'avait trouvé à se manifester jusque là que de façon négative : avril 2002, mai 2005, l'abstention, les votes extrêmes, les symptômes s'accumulaient d'un rejet de plus en plus fort d'une pratique politique lointaine, hautaine, arrogante et quelquefois méprisante, qu'elle soit nationale ou européenne.
Nos concitoyens n'avaient pas dit non à l'Europe, ou non à la gauche ; ils avaient dit leur refus d'un pouvoir distant, opaque, aussi pétri de certitudes qu'inopérant devant les interrogations les plus modestes.
Et ils refusaient surtout le cynisme de ceux qui regardent le pouvoir comme un objectif en soi, les alternances sans alternative, la permanence des puissants qui insulte la précarité des plus désemparés.
Je le dis tout net. Quoiqu'il advienne, demain -et je suis certain que le meilleur adviendra- nous devons d'abord dire merci à Ségolène pour avoir porté le débat sur cette exigence de changement car dans tous les cas, en politique française après cette campagne, rien ne sera plus comme avant.
Et les radicaux ont été attentifs aux formes que pouvaient prendre ce changement. Notre candidate commune a parlé souvent de « révolution démocratique ».
Il ne s'agit pas d'un simple paradoxe, d'une contradiction séduisante. C'est bien une révolution que nous attendons :
- révolution institutionnelle avec la relance du grand projet d'Europe fédérale et avec le chantier enfin ouvert de la VIème République ;
- révolution sociale avec une conception nouvelle du travail, des devoirs des partenaires sociaux, du rôle des collectivités publiques, et, surtout, avec une politique clairement placée en surplus de l'économie et de la technique au service des hommes ;
- révolution de la percée écologique aussi avec l'intégration du facteur environnemental dans l'évaluation de toutes les actions de développement, qu'elles soient publiques ou privées.
Mais cette révolution sera démocratique car elle sera conduite par et pour les citoyens eux-mêmes. Nous avons réalisé, grâce à François Mitterrand voici déjà près d'un quart de siècle, la décentralisation administrative mais à quoi sert de rapprocher le pouvoir des citoyens si ce n'est pour le leur restituer chaque fois qu'il est possible.
Et le mouvement initié comporte une puissante nouveauté : le coeur administratif de l'Etat n'est plus seul dépositaire de l'intérêt général.
Ce pays est riche de toutes des collectivités territoriales, de ses associations, de ses mutuelles, et, ne l'oublions pas, de ses entreprises qui savent aussi se préoccuper du bien public.
Plus près des gens, soucieuse de leur conférer ce pouvoir ce contrôle cher au philosophe radical Alain, confiante en des citoyens qu'un vigoureux effort de formation et d'information aura rendu plus apte encore à évaluer notre action, la politique française sera enfin modernisée en profondeur.
Oui nous avons confiance dans le peuple de ce pays et nous savons qu'il aspire à dépasser la somme des intérêts individuels pour se transcender dans de grandes aventures collectives ?
Encore y faudra-t-il une volonté. Et c'est peut-être le trait le plus marquant de la démarche aujourd'hui engagée : Ségolène, a réhabilité dans chacun de ses discours le volontarisme politique.
Nous en avions assez de l'inventaire permanent des contraintes prétendument indépassables.
Assez de la litanie des raisons de ne rien faire !
Assez de la dictature des conjoncturistes de l'OCDE !
Assez du gouvernement par une économie à courte vue ! Assez !
Nous attendions qu'un homme ou une femme se lève enfin pour proposer à une génération entière un nouvel horizon militant, pour dire que rien n'est impossible quand on est déterminé, pour rappeler que le meilleur de la politique c'est d'inscrire le rêve dans la réalité. Oserai-je dire que avions envie, une fois de plus, de « changer la vie ».
A mille lieues des résignations savantes et satisfaites, des impuissances théorisées, de la délégation de pouvoir consenti aux comptables et aux banquiers, il faut dire aux Français : tout cela est à vous, chacun d'entre vous, à sa place, avec ses moyens, fort de la confiance de ses élus, chacun peut contribuer à transformer la réalité sociale.
Il n'y a pas de fatalité du déclin.
Rien d'inéluctable dans la précarité ou la pauvreté.
Rien d'inévitable dans le chômage ou les inégalités.
Il n'y a surtout rien d'acceptable pour un républicain quand c'est la République elle-même qui manque à ses principes.
Merci d'avoir osé inverser cette tendance au désengagement des politiques et d'avoir préféré la volonté des hommes à l'omnipotence des marchés.
C'est peut-être dans cette faculté -que certains ont trouvé ingénue, voire frivole- dans cette faculté de s'insurger contre les évidences postulées que notre candidate a rendu le plus grand service à la politique et on me permettra pas de citer encore François Mitterrand : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ».
Et cette volonté va nous être demain très nécessaire pour battre la droite. La droite qui use de l'insécurité, jusqu'à l'alimenter, comme d'un argument électoral.
La droite qui regarde le chômage, non comme un problème mais comme une solution.
La droite qui a marginalisé des pans entiers de la société sans plus aucun lien de civisme entre les individus et les institutions.
La droite qui voudrait démanteler la solidarité au prétexte de l'efficacité.
La droite qui regarde la majorité des Français comme des sujets, des assujettis, des contribuables, des consommateurs, mais jamais comme des citoyens.
La droite résignée à l'affaiblissement de la France dans le monde précisément parce qu'elle méprise chez nous les valeurs de l'universalisme qui ont fait le rayonnement de notre pays.
Il ne s'agit pas de conquérir le pouvoir au profit de nos partis, de nos élus ou même des adhérents ; nous avons un devoir -je dis bien un devoir- de rendre ce pays aux hommes et aux femmes qui le font vivre.
Aujourd'hui les radicaux et les socialistes sont rassemblés pour appuyer, en le démultipliant sans jamais l'entraver, le grand projet de notre candidate : réconcilier les Français avec leur politique dans une foi renouvelée en un avenir meilleur et accessible.
Que notre réunion de ce jour soit le prélude à un rassemblement plus vaste de toutes les forces de gauche bien sûr, de tous les hommes de progrès mais aussi de toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, tous ceux innombrables, qui sont épris de liberté, de justice et de fraternité.
Je le dis très fortement : nous n'avons pas le droit de décevoir cet espoir.
Il y a dans ce puissant mouvement quelques mystères que je qualifierai de métapolitique. Comment le dire autrement ? Ce que nous avons commencé à voir s'écrire sous nos yeux d'abord incrédules, c'est entre le peuple français et toi Ségolène une grande histoire d'amour.
Nos concitoyens ont envie de politique, ils ont envie d'un destin maîtrisé et non subi, envie d'un pays plus grand, plus fort et plus beau.
Ils ont envie de s'aimer pour le meilleur d'eux-mêmes. Aidons-les et nous aurons, peut-être, sûrement, écrit demain une des plus belles pages de notre Histoire.
Source http://www.planeteradicale.org, le 28 novembre 2006
Mes chers amis radicaux,
Les circonstances politiques qui nous réunissent aujourd'hui sont véritablement exceptionnelles ; elles sont hors du commun.
Radicaux et socialistes ont certes une longue tradition d'alliance et d'amitié mais notre réunion ici constitue plus qu'une addition.
Elle est une étape d'un vaste mouvement social qui intéresse - nous le devinions, nous le sentions et désormais nous l'entendons - tous nos concitoyens.
Dès notre congrès, voici un mois, nous avions décidé de soutenir au premier tour un candidat commun. Et hier, au Comité Directeur, le Parti Radical de gauche a investi Ségolène Royal comme sa candidate et il est juste de dire que nos décisions ont été facilitées par la probabilité de sa désignation par le Parti socialiste.
C'est que les radicaux t'ont entendue, Ségolène. S'ils ont décidé d'apporter au grand mouvement qui se dessine la caution de l'humanisme républicain, de la laïcité moderne et exigeante, du solidarisme plus indispensable que jamais, c'est qu'ils se sont reconnus dans un discours qui s'adresse d'abord aux citoyens avant de se diriger vers nos institutions partisanes.
Ils ont d'abord constaté que, dans un processus d'échange et d'enrichissement mutuel permanent, la population de ce pays et Ségolène exprimaient la même demande, puissante, profonde, impérative, de changement des méthodes de l'action politique.
Cette lame de fond qui s'appelle rénovation n'avait trouvé à se manifester jusque là que de façon négative : avril 2002, mai 2005, l'abstention, les votes extrêmes, les symptômes s'accumulaient d'un rejet de plus en plus fort d'une pratique politique lointaine, hautaine, arrogante et quelquefois méprisante, qu'elle soit nationale ou européenne.
Nos concitoyens n'avaient pas dit non à l'Europe, ou non à la gauche ; ils avaient dit leur refus d'un pouvoir distant, opaque, aussi pétri de certitudes qu'inopérant devant les interrogations les plus modestes.
Et ils refusaient surtout le cynisme de ceux qui regardent le pouvoir comme un objectif en soi, les alternances sans alternative, la permanence des puissants qui insulte la précarité des plus désemparés.
Je le dis tout net. Quoiqu'il advienne, demain -et je suis certain que le meilleur adviendra- nous devons d'abord dire merci à Ségolène pour avoir porté le débat sur cette exigence de changement car dans tous les cas, en politique française après cette campagne, rien ne sera plus comme avant.
Et les radicaux ont été attentifs aux formes que pouvaient prendre ce changement. Notre candidate commune a parlé souvent de « révolution démocratique ».
Il ne s'agit pas d'un simple paradoxe, d'une contradiction séduisante. C'est bien une révolution que nous attendons :
- révolution institutionnelle avec la relance du grand projet d'Europe fédérale et avec le chantier enfin ouvert de la VIème République ;
- révolution sociale avec une conception nouvelle du travail, des devoirs des partenaires sociaux, du rôle des collectivités publiques, et, surtout, avec une politique clairement placée en surplus de l'économie et de la technique au service des hommes ;
- révolution de la percée écologique aussi avec l'intégration du facteur environnemental dans l'évaluation de toutes les actions de développement, qu'elles soient publiques ou privées.
Mais cette révolution sera démocratique car elle sera conduite par et pour les citoyens eux-mêmes. Nous avons réalisé, grâce à François Mitterrand voici déjà près d'un quart de siècle, la décentralisation administrative mais à quoi sert de rapprocher le pouvoir des citoyens si ce n'est pour le leur restituer chaque fois qu'il est possible.
Et le mouvement initié comporte une puissante nouveauté : le coeur administratif de l'Etat n'est plus seul dépositaire de l'intérêt général.
Ce pays est riche de toutes des collectivités territoriales, de ses associations, de ses mutuelles, et, ne l'oublions pas, de ses entreprises qui savent aussi se préoccuper du bien public.
Plus près des gens, soucieuse de leur conférer ce pouvoir ce contrôle cher au philosophe radical Alain, confiante en des citoyens qu'un vigoureux effort de formation et d'information aura rendu plus apte encore à évaluer notre action, la politique française sera enfin modernisée en profondeur.
Oui nous avons confiance dans le peuple de ce pays et nous savons qu'il aspire à dépasser la somme des intérêts individuels pour se transcender dans de grandes aventures collectives ?
Encore y faudra-t-il une volonté. Et c'est peut-être le trait le plus marquant de la démarche aujourd'hui engagée : Ségolène, a réhabilité dans chacun de ses discours le volontarisme politique.
Nous en avions assez de l'inventaire permanent des contraintes prétendument indépassables.
Assez de la litanie des raisons de ne rien faire !
Assez de la dictature des conjoncturistes de l'OCDE !
Assez du gouvernement par une économie à courte vue ! Assez !
Nous attendions qu'un homme ou une femme se lève enfin pour proposer à une génération entière un nouvel horizon militant, pour dire que rien n'est impossible quand on est déterminé, pour rappeler que le meilleur de la politique c'est d'inscrire le rêve dans la réalité. Oserai-je dire que avions envie, une fois de plus, de « changer la vie ».
A mille lieues des résignations savantes et satisfaites, des impuissances théorisées, de la délégation de pouvoir consenti aux comptables et aux banquiers, il faut dire aux Français : tout cela est à vous, chacun d'entre vous, à sa place, avec ses moyens, fort de la confiance de ses élus, chacun peut contribuer à transformer la réalité sociale.
Il n'y a pas de fatalité du déclin.
Rien d'inéluctable dans la précarité ou la pauvreté.
Rien d'inévitable dans le chômage ou les inégalités.
Il n'y a surtout rien d'acceptable pour un républicain quand c'est la République elle-même qui manque à ses principes.
Merci d'avoir osé inverser cette tendance au désengagement des politiques et d'avoir préféré la volonté des hommes à l'omnipotence des marchés.
C'est peut-être dans cette faculté -que certains ont trouvé ingénue, voire frivole- dans cette faculté de s'insurger contre les évidences postulées que notre candidate a rendu le plus grand service à la politique et on me permettra pas de citer encore François Mitterrand : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ».
Et cette volonté va nous être demain très nécessaire pour battre la droite. La droite qui use de l'insécurité, jusqu'à l'alimenter, comme d'un argument électoral.
La droite qui regarde le chômage, non comme un problème mais comme une solution.
La droite qui a marginalisé des pans entiers de la société sans plus aucun lien de civisme entre les individus et les institutions.
La droite qui voudrait démanteler la solidarité au prétexte de l'efficacité.
La droite qui regarde la majorité des Français comme des sujets, des assujettis, des contribuables, des consommateurs, mais jamais comme des citoyens.
La droite résignée à l'affaiblissement de la France dans le monde précisément parce qu'elle méprise chez nous les valeurs de l'universalisme qui ont fait le rayonnement de notre pays.
Il ne s'agit pas de conquérir le pouvoir au profit de nos partis, de nos élus ou même des adhérents ; nous avons un devoir -je dis bien un devoir- de rendre ce pays aux hommes et aux femmes qui le font vivre.
Aujourd'hui les radicaux et les socialistes sont rassemblés pour appuyer, en le démultipliant sans jamais l'entraver, le grand projet de notre candidate : réconcilier les Français avec leur politique dans une foi renouvelée en un avenir meilleur et accessible.
Que notre réunion de ce jour soit le prélude à un rassemblement plus vaste de toutes les forces de gauche bien sûr, de tous les hommes de progrès mais aussi de toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, tous ceux innombrables, qui sont épris de liberté, de justice et de fraternité.
Je le dis très fortement : nous n'avons pas le droit de décevoir cet espoir.
Il y a dans ce puissant mouvement quelques mystères que je qualifierai de métapolitique. Comment le dire autrement ? Ce que nous avons commencé à voir s'écrire sous nos yeux d'abord incrédules, c'est entre le peuple français et toi Ségolène une grande histoire d'amour.
Nos concitoyens ont envie de politique, ils ont envie d'un destin maîtrisé et non subi, envie d'un pays plus grand, plus fort et plus beau.
Ils ont envie de s'aimer pour le meilleur d'eux-mêmes. Aidons-les et nous aurons, peut-être, sûrement, écrit demain une des plus belles pages de notre Histoire.
Source http://www.planeteradicale.org, le 28 novembre 2006