Texte intégral
Q- On va parler de l'éducation prioritaire, des regroupements familiaux des personnels de l'Education... Un mot de politique plus politicienne, pour commencer. Je sais que cela vous agace quand on vous rappelle que vous êtes le seul ministre UDF du Gouvernement... Il y a quelques semaines, vous déclariez que F. Bayrou n'avait pas de projet. Cela semble ne pas être l"opinion d'un nombre croissant de Français ; ne vous êtes-vous pas trompé à son sujet ?
R- D'abord, cela ne m'agace pas du tout de rappeler que je suis UDF, ce qui m'agace, c'est être le seul au Gouvernement parce que je pense que si l'UDF était nombreuse au Gouvernement, on influerait bénéfiquement sur l'action gouvernementale. Notre sensibilité me semble indispensable dans la vie politique. Donc, vraiment, cela ne m'agace pas, je voudrais que l'on soit
plusieurs, simplement, et peser.
Q- Et votre jugement sur F. Bayrou n'a pas évolué ? Il serait crédité de 12 % dans les sondages, c'est pas mal !
J'allais dire tant mieux. Normalement, le niveau de l'UDF est entre 15 et 25 % ; c'est ce que font les candidats de l'UDF habituellement. Ce que je souhaite de F. Bayrou, c'est qu'il clarifie sa position. Moi, je suis un fervent partisan de l'union au sein de la majorité, et je voudrais que F. Bayrou clarifie sa position. Il s'est mis souvent dans l'opposition, en votant les motions de censure. Je voudrais savoir s'il est, ou pas, aujourd'hui, un allié des socialistes, ou s'il est, comme moi, partisan de l'union de la majorité.
Q- Mais pour vous, aujourd'hui, les ponts ne sont pas totalement rompus entre l'UMP et l'UDF ?
R- Jamais. Je crois que l'on peut toujours éviter le pire. En tout cas, je sais que l'on pourra gagner dans la mesure où l'on est unis, et si l'on n'est pas unis, on est sûrs de perdre.
[...]
Q- Vous avez décidé de favoriser les regroupements familiaux des professeurs ou personnels de l'enseignement. Cela se fait forcément au détriment de la mobilité des célibataires. Est-ce que c'est une mesure juste, dans le fond ?
R- C'est une mesure équitable, parce qu'on ne peut pas parler de rapprochement s'il n'y a qu'une personne. Eh bien dans les couples, figurez-vous, il y a deux personnes. Donc ils sont mariés, ils sont pacsés, peu importe, ce n'est pas le problème. Je trouve vraiment inique que l'un enseigne, par exemple, à Lille et que l'autre ait un métier, enseignant ou pas,administratif ou autre, à Marseille, à Bordeaux ou à Lyon. Donc oui, j'ai décidé de donner la priorité aux couples, de façon à ce qu'ils puissent se rapprocher. Jusqu'à présent, il fallait attendre, trois, quatre, cinq, quelquefois jusqu'à dix années pour que des couples puissent travailler dans la même ville. Eh bien je donne la priorité aux couples pour que, d'abord, sous deux ans au maximum, tous les couples puissent être rapprochés dans leur métier. Et l'Education nationale, dans ses ressources humaines, va gérer le personnel de façon à les rapprocher.
Q- Et les célibataires qui veulent bouger ?
R- Les célibataires auront toujours évidemment des mutations et des voeux de mutation, et on fera le maximum pour leur donner satisfaction, bien entendu. Mais des points supplémentaires, des notations supplémentaires, y compris lorsque le couple a des enfants, il y aura des points en plus de façon à ce que priorité soit donnée au couples et aux couples qui ont des enfants, de façon à vivre une vie de famille normale.
Q- Vous faites beaucoup de rapports à l'Education nationale ; un rapport sur l'éducation prioritaire préconise de concentrer l'effort sur certaines zones. Cela pose évidemment le problème de moyens, vous savez ce que l'on dit : n'allez-vous habiller Paul pour déshabiller Jacques, ou inversement ?
R- Cela ne pose pas la question de moyens, cela pose la question des répartitions de moyens. C'est-à-dire que c'est vraiment un principe républicain que l'on a oublié dans l'éducation prioritaire. Depuis vingt, vingt-cinq ans maintenant, l'éducation prioritaire existe. C'était une belle idée, c'était franchement un souhait qui a été mis en place dans les premières années avec talent. Mais au fur et à mesure, cela s'est émoussé, cela s'est dispersé, on a saupoudré, et il n'y a plus véritablement d'éducation prioritaire. Le mot "prioritaire", qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que l'on met les moyens là où il y a les besoins, là où l'environnement social est vraiment en grande difficulté, là où les retards scolaires sont très, très importants, on va mettre des moyens supplémentaires. Dans le rapport que j'ai demandé à l'inspection générale, le rapport dit bien qu'il faut concentrer les moyens. L'exemple est donné par les réseaux et les collèges "Ambition Réussite" que j'ai mis en place cette année. Que veut dire "Ambition Réussite" ? Nous avons sélectionné 249 collèges qui sont en grande difficulté, en retard scolaire, et nous avons apporté 1.000 professeurs référents. Quatre fois par semaine, il y a des études accompagnées, par exemple, pour les enfants. Il y a des programmes personnalisés de réussite éducative, c'est-à-dire que l'on prend des petits groupes, un, deux ou trois élèves qui, dans une classe sont en retard pour l'apprentissage du français, des mathématiques ou d'une langue étrangère, et là, avec un professeur ou avec un assistant pédagogique, ils sont suivis de façon à rattraper le niveau des autres. Donc ces moyens supplémentaires, nous allons évidemment les évaluer à la fin de l'année et les années suivantes...
Q- Mais vous allez les prendre sur les autres, ces moyens ?
R- On va les prendre là où il n'y a pas besoin de moyens supplémentaires.
Q- Il y a des endroits où il n'y a pas besoin de moyens ?
R- Il y a besoin de moyens partout, mais il y a besoin de moyens normaux. Vous savez, tous les autres pays réussissent au moins aussi bien que nous, avec moins de moyens. Donc on va prendre vraiment les moyens qu'on peut. D'ailleurs les 1.000 professeurs référents que nous avons mis dans les collèges "Ambition Réussite" ont été pris à hauteur d'une demi-heure par établissement dans les autres établissements. Cela ne change rien sur le taux d'encadrement. Il y a toujours autant d'élèves dans une classe et pas plus. Et par conséquent, ces 1.000 professeurs font un travail remarquable déjà depuis le début de l'année, les assistants pédagogiques aident à ces études accompagnées, il y a des relations beaucoup plus suivies avec les parents. Et toutes ces mesures vont donner des chances supplémentaires à des jeunes qui, autrement, étaient, en état d'impasse scolaire.
Q- Le Premier ministre réunit aujourd'hui tous les recteurs d'académie pour évoquer, notamment, les questions de prévention et de sécurité. A votre avis, est-ce le rôle de l'éducation nationale de jouer un rôle en matière de sécurité ?
R- En matière de prévention je dirais, et en matière de citoyenneté, évidemment que oui, l'éducation nationale a un rôle de création, d'amélioration de la société française dans son ensemble. Elle a un rôle éducatif, ce n'est pas seulement transmettre du savoir, et faire de la quantité de disciplines. Non, c'est aussi, bien sûr, une action éducative avec l'acquisition d'une culture citoyenne, avec une action en faveur de la mixité sociale - on en parle beaucoup -, et puis, évidemment, coopérant avec les autres grands services de l'Etat, que ce soit le service de la justice, que ce soit les services du ministre de l'Intérieur, la police et la gendarmerie. Tout cela fait que pour apprendre et bien apprendre dans un climat apaisé, il faut faire à la fois de la prévention et ne pas avoir peur, de temps en temps, de sanctionner.
Q- Vous évoquiez le ministre de l'intérieur, cette r??union va aussi permettre au Premier ministre de marcher sur les plates-bandes de N. Sarkozy... A l'intérieur du Gouvernement, la rivalité Villepin-Sarkozy, c'est facile à vivre ?
R- Franchement, cela ne m'intéresse pas. Ce n'est pas ce que je vis au jour le
jour. Je vis au jour le jour une action en faveur de la cohérence des mesures
que je prends pour l'éducation nationale, et cette cohérence passe par la
définition du socle commun de connaissances et de compétences. Elle passe
aujourd'hui par la réforme des IUFM, qui est très attendue. C'est ça mon
boulot.
Q- Cette rivalité ne vous intéresse pas mais elle existe ou pas ?
R- Je ne sais pas, vous leur demanderez. Ce n'est vraiment pas mon sujet et ce n'est vraiment pas ce qui m'inquiète et ce n'est vraiment pas ce qui concentre mon attention. Ce qui concentre mon attention, c'est la réussite des élèves, c'est l'intégration de tous les élèves par, justement, l'acquisition des fondamentaux, du socle commun de connaissance et de compétence, c'est l'apprentissage à la vie sociale. C'est ça la mission de l'éducation
nationale.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 novembre 2006
R- D'abord, cela ne m'agace pas du tout de rappeler que je suis UDF, ce qui m'agace, c'est être le seul au Gouvernement parce que je pense que si l'UDF était nombreuse au Gouvernement, on influerait bénéfiquement sur l'action gouvernementale. Notre sensibilité me semble indispensable dans la vie politique. Donc, vraiment, cela ne m'agace pas, je voudrais que l'on soit
plusieurs, simplement, et peser.
Q- Et votre jugement sur F. Bayrou n'a pas évolué ? Il serait crédité de 12 % dans les sondages, c'est pas mal !
J'allais dire tant mieux. Normalement, le niveau de l'UDF est entre 15 et 25 % ; c'est ce que font les candidats de l'UDF habituellement. Ce que je souhaite de F. Bayrou, c'est qu'il clarifie sa position. Moi, je suis un fervent partisan de l'union au sein de la majorité, et je voudrais que F. Bayrou clarifie sa position. Il s'est mis souvent dans l'opposition, en votant les motions de censure. Je voudrais savoir s'il est, ou pas, aujourd'hui, un allié des socialistes, ou s'il est, comme moi, partisan de l'union de la majorité.
Q- Mais pour vous, aujourd'hui, les ponts ne sont pas totalement rompus entre l'UMP et l'UDF ?
R- Jamais. Je crois que l'on peut toujours éviter le pire. En tout cas, je sais que l'on pourra gagner dans la mesure où l'on est unis, et si l'on n'est pas unis, on est sûrs de perdre.
[...]
Q- Vous avez décidé de favoriser les regroupements familiaux des professeurs ou personnels de l'enseignement. Cela se fait forcément au détriment de la mobilité des célibataires. Est-ce que c'est une mesure juste, dans le fond ?
R- C'est une mesure équitable, parce qu'on ne peut pas parler de rapprochement s'il n'y a qu'une personne. Eh bien dans les couples, figurez-vous, il y a deux personnes. Donc ils sont mariés, ils sont pacsés, peu importe, ce n'est pas le problème. Je trouve vraiment inique que l'un enseigne, par exemple, à Lille et que l'autre ait un métier, enseignant ou pas,administratif ou autre, à Marseille, à Bordeaux ou à Lyon. Donc oui, j'ai décidé de donner la priorité aux couples, de façon à ce qu'ils puissent se rapprocher. Jusqu'à présent, il fallait attendre, trois, quatre, cinq, quelquefois jusqu'à dix années pour que des couples puissent travailler dans la même ville. Eh bien je donne la priorité aux couples pour que, d'abord, sous deux ans au maximum, tous les couples puissent être rapprochés dans leur métier. Et l'Education nationale, dans ses ressources humaines, va gérer le personnel de façon à les rapprocher.
Q- Et les célibataires qui veulent bouger ?
R- Les célibataires auront toujours évidemment des mutations et des voeux de mutation, et on fera le maximum pour leur donner satisfaction, bien entendu. Mais des points supplémentaires, des notations supplémentaires, y compris lorsque le couple a des enfants, il y aura des points en plus de façon à ce que priorité soit donnée au couples et aux couples qui ont des enfants, de façon à vivre une vie de famille normale.
Q- Vous faites beaucoup de rapports à l'Education nationale ; un rapport sur l'éducation prioritaire préconise de concentrer l'effort sur certaines zones. Cela pose évidemment le problème de moyens, vous savez ce que l'on dit : n'allez-vous habiller Paul pour déshabiller Jacques, ou inversement ?
R- Cela ne pose pas la question de moyens, cela pose la question des répartitions de moyens. C'est-à-dire que c'est vraiment un principe républicain que l'on a oublié dans l'éducation prioritaire. Depuis vingt, vingt-cinq ans maintenant, l'éducation prioritaire existe. C'était une belle idée, c'était franchement un souhait qui a été mis en place dans les premières années avec talent. Mais au fur et à mesure, cela s'est émoussé, cela s'est dispersé, on a saupoudré, et il n'y a plus véritablement d'éducation prioritaire. Le mot "prioritaire", qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que l'on met les moyens là où il y a les besoins, là où l'environnement social est vraiment en grande difficulté, là où les retards scolaires sont très, très importants, on va mettre des moyens supplémentaires. Dans le rapport que j'ai demandé à l'inspection générale, le rapport dit bien qu'il faut concentrer les moyens. L'exemple est donné par les réseaux et les collèges "Ambition Réussite" que j'ai mis en place cette année. Que veut dire "Ambition Réussite" ? Nous avons sélectionné 249 collèges qui sont en grande difficulté, en retard scolaire, et nous avons apporté 1.000 professeurs référents. Quatre fois par semaine, il y a des études accompagnées, par exemple, pour les enfants. Il y a des programmes personnalisés de réussite éducative, c'est-à-dire que l'on prend des petits groupes, un, deux ou trois élèves qui, dans une classe sont en retard pour l'apprentissage du français, des mathématiques ou d'une langue étrangère, et là, avec un professeur ou avec un assistant pédagogique, ils sont suivis de façon à rattraper le niveau des autres. Donc ces moyens supplémentaires, nous allons évidemment les évaluer à la fin de l'année et les années suivantes...
Q- Mais vous allez les prendre sur les autres, ces moyens ?
R- On va les prendre là où il n'y a pas besoin de moyens supplémentaires.
Q- Il y a des endroits où il n'y a pas besoin de moyens ?
R- Il y a besoin de moyens partout, mais il y a besoin de moyens normaux. Vous savez, tous les autres pays réussissent au moins aussi bien que nous, avec moins de moyens. Donc on va prendre vraiment les moyens qu'on peut. D'ailleurs les 1.000 professeurs référents que nous avons mis dans les collèges "Ambition Réussite" ont été pris à hauteur d'une demi-heure par établissement dans les autres établissements. Cela ne change rien sur le taux d'encadrement. Il y a toujours autant d'élèves dans une classe et pas plus. Et par conséquent, ces 1.000 professeurs font un travail remarquable déjà depuis le début de l'année, les assistants pédagogiques aident à ces études accompagnées, il y a des relations beaucoup plus suivies avec les parents. Et toutes ces mesures vont donner des chances supplémentaires à des jeunes qui, autrement, étaient, en état d'impasse scolaire.
Q- Le Premier ministre réunit aujourd'hui tous les recteurs d'académie pour évoquer, notamment, les questions de prévention et de sécurité. A votre avis, est-ce le rôle de l'éducation nationale de jouer un rôle en matière de sécurité ?
R- En matière de prévention je dirais, et en matière de citoyenneté, évidemment que oui, l'éducation nationale a un rôle de création, d'amélioration de la société française dans son ensemble. Elle a un rôle éducatif, ce n'est pas seulement transmettre du savoir, et faire de la quantité de disciplines. Non, c'est aussi, bien sûr, une action éducative avec l'acquisition d'une culture citoyenne, avec une action en faveur de la mixité sociale - on en parle beaucoup -, et puis, évidemment, coopérant avec les autres grands services de l'Etat, que ce soit le service de la justice, que ce soit les services du ministre de l'Intérieur, la police et la gendarmerie. Tout cela fait que pour apprendre et bien apprendre dans un climat apaisé, il faut faire à la fois de la prévention et ne pas avoir peur, de temps en temps, de sanctionner.
Q- Vous évoquiez le ministre de l'intérieur, cette r??union va aussi permettre au Premier ministre de marcher sur les plates-bandes de N. Sarkozy... A l'intérieur du Gouvernement, la rivalité Villepin-Sarkozy, c'est facile à vivre ?
R- Franchement, cela ne m'intéresse pas. Ce n'est pas ce que je vis au jour le
jour. Je vis au jour le jour une action en faveur de la cohérence des mesures
que je prends pour l'éducation nationale, et cette cohérence passe par la
définition du socle commun de connaissances et de compétences. Elle passe
aujourd'hui par la réforme des IUFM, qui est très attendue. C'est ça mon
boulot.
Q- Cette rivalité ne vous intéresse pas mais elle existe ou pas ?
R- Je ne sais pas, vous leur demanderez. Ce n'est vraiment pas mon sujet et ce n'est vraiment pas ce qui m'inquiète et ce n'est vraiment pas ce qui concentre mon attention. Ce qui concentre mon attention, c'est la réussite des élèves, c'est l'intégration de tous les élèves par, justement, l'acquisition des fondamentaux, du socle commun de connaissance et de compétence, c'est l'apprentissage à la vie sociale. C'est ça la mission de l'éducation
nationale.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 novembre 2006