Texte intégral
Q- Clôture aujourd'hui, à Paris des états généraux de l'alcool. Comment expliquer qu'en 2006, en France, il y ait encore 45.000 morts des effets de l'alcool ?
R- Parce qu'on a longtemps considéré le sujet comme un tabou, on n'a pas regardé la réalité en face. Et puis vous dites 45.000 morts - "prématurés" -, 46.000 décès que l'on pourrait éviter, tout simplement en réduisant la consommation d'alcool de nombre de Français, avec plusieurs
questions : est-ce que dans un pays comme la France, qui a une image de gastronomie, donc d'oenologie qui est associée, n'a-t-on pas le droit de parler de l'alcool ? La réponse est non, bien sûr qu'on a le droit d'en parler et surtout, on doit en parler. L'autre question qui se pose aussi, c'est est-ce qu'il y a des publics prioritaires auxquels il faut s'adresser ? Là, la réponse est oui, très clairement, on le sait pour les jeunes avec l'alcool, il y a un vrai problème, un problème de fond ; les femmes enceintes, même si l'on a déjà progressé, il y a encore du travail à faire. Et puis aussi, un autre tabou qui est en train de voler en éclats à la suite de ces états généraux, c'est l'alcool au travail. Et là, également, je crois qu'en parler est très important, mais en parler ne suffit pas.
Q- Tabou pour quelle raison ?
R- Parce que, encore une fois, cela pouvait poser problème de se dire qu'il y a des salariés qui, sur leur lieu de travail, consomment de l'alcool, alors qu'aujourd'hui on l'a vu avec les témoignages dans les états généraux de l'alcool, c'est une réalité, une réalité dont on parle. Maintenant, il faut savoir comment faire reculer cette réalité. Cela va être l'enjeu - je clôture tout à l'heure les états généraux de l'alcool -, l'enjeu, c'est : nous avons maintenant un certain nombre d'idées à la suite de ces états généraux, il faut transformer ces idées en projet pour bâtir une nouvelle politique de santé publique, pour réduire, justement, les effets de l'alcool.
Q- Par exemple, dans quelle direction travailler, retravailler ? La prévention ?
R- Dans ces trois sujets que je viens d'évoquer : alcool au travail, les jeunes et aussi les femmes enceintes. Quand je vous dis trois sujets prioritaires, vous n'avez pas le droit, en matière de santé publique d'avoir seulement trois priorités ; tous les autres champs sont aussi à couvrir, avec également une question : comment peut-on aujourd'hui mesurer son niveau de dépendance à l'alcool, son besoin d'alcool et avec le corollaire de cette question, comment réduire sa consommation d'alcool. On pense, bien souvent que ceux qui ont un problème ave l'alcool, ce sont les autres, alors qu'en fin de compte, on est beaucoup plus concerné qu'on ne peut le penser.
Q- Comment expliquer que la "culture générale", entre guillemets, sur le sujet soit si mauvaise ? On commence à bien connaître un certain nombre de points sur la consommation de sucre, de gras, sur l'obésité ; sur d'autres sujets de santé publique, on a le sentiment que la prévention a fait son travail, que la culture générale a augmenté, pas sur l'alcool. On ne sait toujours pas où commence vraiment la dépendance, où finit le plaisir.
R- Mesurer le niveau de dépendance, c'est quelque chose de très difficile. Je viens de lancer à la demande du président de la République un nouveau plan, qui est important en termes de santé publique, c'est le plan "Addiction". Parce que pendant longtemps, notamment, on a pu s'intéresser, on a soigné les cirrhoses du foie qui sont directement liées à l'alcool, les cancers de la gorge, de l'oesophage, de l'estomac. Toutes ces questions ont toujours été traitées au niveau du soin. Mais seulement, il faut remonter beaucoup plus en avant et il faut être capable de prendre le mal à la racine. Donc voilà pourquoi aujourd'hui, avec ces addictions, on travaille sur ce sujet. Le plan "Addiction" a bien évidemment vocation à prendre en compte l'addiction, notamment liée à l'alcool. Mais il faut encore remonter plus loin, avec, notamment, la prévention et la sensibilisation. On ne parlera jamais assez de ces sujets. Les états généraux de l'alcool nous ont justement permis d'avoir un débat citoyen. Alors, il y a eu plusieurs milliers de participants, on a la clôture tout à l'heure, et j'annoncerai également qu'il n'est pas question aujourd'hui d'arrêter ce débat sur l'alcool, parce que tous les participants ont demandé à ce qu'il continue. Ce qui est aussi important, en ce moment, c'est que l'on est en train de franchir un cap, c'est-à-dire que l'on est en train de sortir de l'opposition quasi traditionnelle entre les pro viticulture et les pro santé publique...
Q- Voeu pieux, non ?
R- Non, ce n'est pas un voeu pieux. Je ne suis pas du genre à me payer de mots, mais une chose est certaine, c'est que l'on voit que les choses. On a notamment mis en place un conseil de la modération, avec les représentants de différentes composantes. Pendant longtemps, on m'a dit qu'il ne verrait jamais le jour et il a vu le jour. Pendant longtemps, on m'a dit que l'on n'arriverait à rien avec ce conseil. Eh bien l'on voit aujourd'hui que les choses avancent. C'est vrai qu'en matière de santé publique, c'est un combat permanent, c'est un combat incessant et il y a toutes les raisons, aujourd'hui, d'être optimiste.
Q- Les lobbies du vin, vous citiez notamment tout à l'heure la grande tradition française de la gastronomie et donc de l'oenologie ; est-ce que vous pensez que vous n'avez pas là des adversaires très puissants quand il s'agit de poser sereinement la question de l'alcool et de l'alcoolisme ?
R- J'ai entendu cela sur le conseil de la modération, comme quoi on ne réussirait jamais à le mettre en place ; il est en place ! On m'a dit que jamais je ne pourrais mettre en place les états généraux de l'alcool ; ils se sont mis en place et ils se sont déroulés.
Q- Les réformes, maintenant, cela risque d'être plus dur !
R- Non, la preuve, un autre exemple : on m'a dit que jamais je ne réussirais à faire prendre l'arrêté sur le syndrome d'alcoolisation foetal, c'est-à-dire ce petit pictogramme qu'il y aura au plus tard en octobre 2007, avec le logo d'une femme enceinte sur les bouteilles d'alcool pour bien préciser que pendant la grossesse, c'est zéro goutte d'alcool. Là aussi, on me disait que jamais cela ne verrait le jour. Eh bien c'est là ! En matière de santé publique, il faut être déterminé, il faut être constant et l'on arrive à ses fins. C'est ce que je suis en train de faire.
Q- Les députés de la mission d'information de l'assemblée nationale sur la viticulture préconisent d'informer les écoliers français "aux effets bénéfiques - je cite - du vin dans le cadre d'une consommation appropriée à travers des programmes d'éducation pour la santé" - c'est une citation d'une dépêche Reuters - ; ils vont remettre un rapport demain. Alors le vin dans l'école, apprentissage fondamental ?
R- Certains me disaient que l'on a évité le pire, on n'a pas recommandé la mini-canette de bière ou de vin à la cantine... Plus sérieusement, je crois qu'il faut aussi regarder les choses, on ne va pas apprendre quel est l'effet bénéfique de l'alcool, ou alors, je suis désolé, il va falloir passer les quatre cinquièmes du programme pour parler du risque dû aux prémices, du risque lié à l'alcool, aux dépendances, aux addictions. Donc j'ai vu que c'était l'une des douze mesures je crois, ou une dizaine de mesures. Ce rapport ne m'a pas encore été remis, donc j'ai vu les dépêches qu'il y a eu sur ce sujet. Je crois que très sérieusement, avant de parler de l'effet bénéfique, je crois que l'on doit surtout parler - et là, moi j'y tiens en tant que ministre de la Santé - des risques liés à la consommation d'alcool et des risques liés également à la dépendance. Bien évidemment, aujourd'hui, si l'on veut travailler sur la question des plus jeunes, on a aujourd'hui un nouveau phénomène qui se développe, pas seulement en France, c'est notamment l'alcoolisation extrême, très forte, très importante, notamment les week-end où, effectivement, on pense que pour faire la fête, il faut être complètement saoul. Là aussi, on a besoin de casser un petit peu ce lien entre fête et alcool ; on peut faire la fête sans pour autant consommer de l'alcool, on peut faire la fête sans pour autant être dans une ivresse totale. Je tiens à vous dire que la semaine dernière, j'étais à Bruxelles, au sommet des ministres européens de la Santé et j'ai posé moi-même la question de l'alcool. J'ai présenté ce fameux syndrome d'alcoolisation foetale, ce petit pictogramme. Tous les pays européens, je peux vous l'assurer, ont salué la politique de la France en la matière, parce que ce pictogramme représente une avancée très importante. On ne va pas s'arrêter là et je crois qu'il est important de montrer que c'est une préoccupation qui n'est pas franco-française, mais qui est aussi européenne.
Q- Santé publique, X. Bertrand, ou puritanisme ? Si on fait la liste :"Attention, ne mangez pas trop", "Attention au sucre", "Attention au gras", "Attention à la cigarette"... Et maintenant, "Attention à l'alcool !". On va mourir en bonne santé...
R- C'est vous qui, à l'instant, me poussiez justement à aller plus loin encore. Donc je crois qu'il faut aussi que l'on ait une position...
Q- Une chose est d'éviter de faire des dégustations de vins à l'aveugle, même bons, dans les écoles, une autre est aussi de se poser la question d'une société de normalisation, aujourd'hui, non ?
R- Non, je crois que l'on n'est pas dans une société de normalisation. Je crois que l'on est dans une société où il y a encore de la place pour des messages sanitaires, pour des conseils en termes de santé. On a notamment pris des dispositions importantes, notamment sur le tabac, avec l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Je crois aussi qu'il y a des étapes très importantes dans un pays. Il y a eu sur le tabac, en 1991, la loi Evin, avec un décret, à l'époque, très mal appliqué. Aujourd'hui, 2006-2007, c'est une nouvelle étape. Sur l'alcool, je pense également qu'il y a besoin de rebâtir une politique de santé publique avec une approche différente, notamment abordant le sujet sans tabou, abordant tous les lieux sans tabou, et surtout en veillant à ce qui a déjà été mis en place soit pleinement respecté. Je pense notamment que les alcooliers aujourd'hui ne peuvent pas financer, sponsoriser des soirées étudiantes, ce sont les textes. Maintenant, mon rôle, c'est de m'assurer que c'est vraiment le cas parce qu'on sait aujourd'hui qu'il y a encore des problèmes.
Q- Encore un dernier mot rapide sur l'organisation même de ces états généraux : c'est ce que quelqu'un a appelé récemment des jurys populaires, non pas exactement des jurys mais en tout cas, présence de citoyens formés. Vous avez fait du S. Royal avant l'heure, comme monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir...
R- La preuve que je n'ai pas besoin de déclaration fracassante ou d'effet d'annonce pour mettre en place, justement, la participation de chacun.
Q- Cela veut donc dire que ce n'est pas Pol Pot, comme le disait la droite à l'époque.
R- Je n'ai jamais dit que c'était Pol Pot...
Q- ...On a entendu cela, quand même.
R- La seule chose, c'est que l'on n'a pas besoin de se faire un coup de pub en utilisant tel ou tel terme médiatique pour faire les choses. Je crois qu'au-delà de ce qui est spectaculaire, il faut regarder ce qui est efficace. Et là, ce que l'on voulait, c'est que chacun participe ; cela a été le cas.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 décembre 2006
R- Parce qu'on a longtemps considéré le sujet comme un tabou, on n'a pas regardé la réalité en face. Et puis vous dites 45.000 morts - "prématurés" -, 46.000 décès que l'on pourrait éviter, tout simplement en réduisant la consommation d'alcool de nombre de Français, avec plusieurs
questions : est-ce que dans un pays comme la France, qui a une image de gastronomie, donc d'oenologie qui est associée, n'a-t-on pas le droit de parler de l'alcool ? La réponse est non, bien sûr qu'on a le droit d'en parler et surtout, on doit en parler. L'autre question qui se pose aussi, c'est est-ce qu'il y a des publics prioritaires auxquels il faut s'adresser ? Là, la réponse est oui, très clairement, on le sait pour les jeunes avec l'alcool, il y a un vrai problème, un problème de fond ; les femmes enceintes, même si l'on a déjà progressé, il y a encore du travail à faire. Et puis aussi, un autre tabou qui est en train de voler en éclats à la suite de ces états généraux, c'est l'alcool au travail. Et là, également, je crois qu'en parler est très important, mais en parler ne suffit pas.
Q- Tabou pour quelle raison ?
R- Parce que, encore une fois, cela pouvait poser problème de se dire qu'il y a des salariés qui, sur leur lieu de travail, consomment de l'alcool, alors qu'aujourd'hui on l'a vu avec les témoignages dans les états généraux de l'alcool, c'est une réalité, une réalité dont on parle. Maintenant, il faut savoir comment faire reculer cette réalité. Cela va être l'enjeu - je clôture tout à l'heure les états généraux de l'alcool -, l'enjeu, c'est : nous avons maintenant un certain nombre d'idées à la suite de ces états généraux, il faut transformer ces idées en projet pour bâtir une nouvelle politique de santé publique, pour réduire, justement, les effets de l'alcool.
Q- Par exemple, dans quelle direction travailler, retravailler ? La prévention ?
R- Dans ces trois sujets que je viens d'évoquer : alcool au travail, les jeunes et aussi les femmes enceintes. Quand je vous dis trois sujets prioritaires, vous n'avez pas le droit, en matière de santé publique d'avoir seulement trois priorités ; tous les autres champs sont aussi à couvrir, avec également une question : comment peut-on aujourd'hui mesurer son niveau de dépendance à l'alcool, son besoin d'alcool et avec le corollaire de cette question, comment réduire sa consommation d'alcool. On pense, bien souvent que ceux qui ont un problème ave l'alcool, ce sont les autres, alors qu'en fin de compte, on est beaucoup plus concerné qu'on ne peut le penser.
Q- Comment expliquer que la "culture générale", entre guillemets, sur le sujet soit si mauvaise ? On commence à bien connaître un certain nombre de points sur la consommation de sucre, de gras, sur l'obésité ; sur d'autres sujets de santé publique, on a le sentiment que la prévention a fait son travail, que la culture générale a augmenté, pas sur l'alcool. On ne sait toujours pas où commence vraiment la dépendance, où finit le plaisir.
R- Mesurer le niveau de dépendance, c'est quelque chose de très difficile. Je viens de lancer à la demande du président de la République un nouveau plan, qui est important en termes de santé publique, c'est le plan "Addiction". Parce que pendant longtemps, notamment, on a pu s'intéresser, on a soigné les cirrhoses du foie qui sont directement liées à l'alcool, les cancers de la gorge, de l'oesophage, de l'estomac. Toutes ces questions ont toujours été traitées au niveau du soin. Mais seulement, il faut remonter beaucoup plus en avant et il faut être capable de prendre le mal à la racine. Donc voilà pourquoi aujourd'hui, avec ces addictions, on travaille sur ce sujet. Le plan "Addiction" a bien évidemment vocation à prendre en compte l'addiction, notamment liée à l'alcool. Mais il faut encore remonter plus loin, avec, notamment, la prévention et la sensibilisation. On ne parlera jamais assez de ces sujets. Les états généraux de l'alcool nous ont justement permis d'avoir un débat citoyen. Alors, il y a eu plusieurs milliers de participants, on a la clôture tout à l'heure, et j'annoncerai également qu'il n'est pas question aujourd'hui d'arrêter ce débat sur l'alcool, parce que tous les participants ont demandé à ce qu'il continue. Ce qui est aussi important, en ce moment, c'est que l'on est en train de franchir un cap, c'est-à-dire que l'on est en train de sortir de l'opposition quasi traditionnelle entre les pro viticulture et les pro santé publique...
Q- Voeu pieux, non ?
R- Non, ce n'est pas un voeu pieux. Je ne suis pas du genre à me payer de mots, mais une chose est certaine, c'est que l'on voit que les choses. On a notamment mis en place un conseil de la modération, avec les représentants de différentes composantes. Pendant longtemps, on m'a dit qu'il ne verrait jamais le jour et il a vu le jour. Pendant longtemps, on m'a dit que l'on n'arriverait à rien avec ce conseil. Eh bien l'on voit aujourd'hui que les choses avancent. C'est vrai qu'en matière de santé publique, c'est un combat permanent, c'est un combat incessant et il y a toutes les raisons, aujourd'hui, d'être optimiste.
Q- Les lobbies du vin, vous citiez notamment tout à l'heure la grande tradition française de la gastronomie et donc de l'oenologie ; est-ce que vous pensez que vous n'avez pas là des adversaires très puissants quand il s'agit de poser sereinement la question de l'alcool et de l'alcoolisme ?
R- J'ai entendu cela sur le conseil de la modération, comme quoi on ne réussirait jamais à le mettre en place ; il est en place ! On m'a dit que jamais je ne pourrais mettre en place les états généraux de l'alcool ; ils se sont mis en place et ils se sont déroulés.
Q- Les réformes, maintenant, cela risque d'être plus dur !
R- Non, la preuve, un autre exemple : on m'a dit que jamais je ne réussirais à faire prendre l'arrêté sur le syndrome d'alcoolisation foetal, c'est-à-dire ce petit pictogramme qu'il y aura au plus tard en octobre 2007, avec le logo d'une femme enceinte sur les bouteilles d'alcool pour bien préciser que pendant la grossesse, c'est zéro goutte d'alcool. Là aussi, on me disait que jamais cela ne verrait le jour. Eh bien c'est là ! En matière de santé publique, il faut être déterminé, il faut être constant et l'on arrive à ses fins. C'est ce que je suis en train de faire.
Q- Les députés de la mission d'information de l'assemblée nationale sur la viticulture préconisent d'informer les écoliers français "aux effets bénéfiques - je cite - du vin dans le cadre d'une consommation appropriée à travers des programmes d'éducation pour la santé" - c'est une citation d'une dépêche Reuters - ; ils vont remettre un rapport demain. Alors le vin dans l'école, apprentissage fondamental ?
R- Certains me disaient que l'on a évité le pire, on n'a pas recommandé la mini-canette de bière ou de vin à la cantine... Plus sérieusement, je crois qu'il faut aussi regarder les choses, on ne va pas apprendre quel est l'effet bénéfique de l'alcool, ou alors, je suis désolé, il va falloir passer les quatre cinquièmes du programme pour parler du risque dû aux prémices, du risque lié à l'alcool, aux dépendances, aux addictions. Donc j'ai vu que c'était l'une des douze mesures je crois, ou une dizaine de mesures. Ce rapport ne m'a pas encore été remis, donc j'ai vu les dépêches qu'il y a eu sur ce sujet. Je crois que très sérieusement, avant de parler de l'effet bénéfique, je crois que l'on doit surtout parler - et là, moi j'y tiens en tant que ministre de la Santé - des risques liés à la consommation d'alcool et des risques liés également à la dépendance. Bien évidemment, aujourd'hui, si l'on veut travailler sur la question des plus jeunes, on a aujourd'hui un nouveau phénomène qui se développe, pas seulement en France, c'est notamment l'alcoolisation extrême, très forte, très importante, notamment les week-end où, effectivement, on pense que pour faire la fête, il faut être complètement saoul. Là aussi, on a besoin de casser un petit peu ce lien entre fête et alcool ; on peut faire la fête sans pour autant consommer de l'alcool, on peut faire la fête sans pour autant être dans une ivresse totale. Je tiens à vous dire que la semaine dernière, j'étais à Bruxelles, au sommet des ministres européens de la Santé et j'ai posé moi-même la question de l'alcool. J'ai présenté ce fameux syndrome d'alcoolisation foetale, ce petit pictogramme. Tous les pays européens, je peux vous l'assurer, ont salué la politique de la France en la matière, parce que ce pictogramme représente une avancée très importante. On ne va pas s'arrêter là et je crois qu'il est important de montrer que c'est une préoccupation qui n'est pas franco-française, mais qui est aussi européenne.
Q- Santé publique, X. Bertrand, ou puritanisme ? Si on fait la liste :"Attention, ne mangez pas trop", "Attention au sucre", "Attention au gras", "Attention à la cigarette"... Et maintenant, "Attention à l'alcool !". On va mourir en bonne santé...
R- C'est vous qui, à l'instant, me poussiez justement à aller plus loin encore. Donc je crois qu'il faut aussi que l'on ait une position...
Q- Une chose est d'éviter de faire des dégustations de vins à l'aveugle, même bons, dans les écoles, une autre est aussi de se poser la question d'une société de normalisation, aujourd'hui, non ?
R- Non, je crois que l'on n'est pas dans une société de normalisation. Je crois que l'on est dans une société où il y a encore de la place pour des messages sanitaires, pour des conseils en termes de santé. On a notamment pris des dispositions importantes, notamment sur le tabac, avec l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Je crois aussi qu'il y a des étapes très importantes dans un pays. Il y a eu sur le tabac, en 1991, la loi Evin, avec un décret, à l'époque, très mal appliqué. Aujourd'hui, 2006-2007, c'est une nouvelle étape. Sur l'alcool, je pense également qu'il y a besoin de rebâtir une politique de santé publique avec une approche différente, notamment abordant le sujet sans tabou, abordant tous les lieux sans tabou, et surtout en veillant à ce qui a déjà été mis en place soit pleinement respecté. Je pense notamment que les alcooliers aujourd'hui ne peuvent pas financer, sponsoriser des soirées étudiantes, ce sont les textes. Maintenant, mon rôle, c'est de m'assurer que c'est vraiment le cas parce qu'on sait aujourd'hui qu'il y a encore des problèmes.
Q- Encore un dernier mot rapide sur l'organisation même de ces états généraux : c'est ce que quelqu'un a appelé récemment des jurys populaires, non pas exactement des jurys mais en tout cas, présence de citoyens formés. Vous avez fait du S. Royal avant l'heure, comme monsieur Jourdain fait de la prose sans le savoir...
R- La preuve que je n'ai pas besoin de déclaration fracassante ou d'effet d'annonce pour mettre en place, justement, la participation de chacun.
Q- Cela veut donc dire que ce n'est pas Pol Pot, comme le disait la droite à l'époque.
R- Je n'ai jamais dit que c'était Pol Pot...
Q- ...On a entendu cela, quand même.
R- La seule chose, c'est que l'on n'a pas besoin de se faire un coup de pub en utilisant tel ou tel terme médiatique pour faire les choses. Je crois qu'au-delà de ce qui est spectaculaire, il faut regarder ce qui est efficace. Et là, ce que l'on voulait, c'est que chacun participe ; cela a été le cas.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 décembre 2006