Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur,
Messieurs les Délégués à l'Assemblée des Français de l'étranger,
Mes Chers Compatriotes et Chers Amis,
C'est un grand plaisir pour moi de me trouver parmi vous ce soir, à New Delhi. Aussi je veux, pour commencer, saluer chaleureusement chacune et chacun d'entre vous.
A bien des égards, cette rencontre sonne en effet comme des retrouvailles, puisque nous nous trouvons à l'endroit même où le chef de l'Etat, que j'avais eu l'honneur d'accompagner, s'est exprimé devant vous il y a neuf mois de cela.
La visite présidentielle a été un véritable succès, et chacun reconnaît que l'intérêt réciproque que se portent l'Inde et la France s'en est trouvé grandi, renforcé. Tout cela va dans le sens de la coopération active, dynamique, que nos deux pays entendent développer dans la durée - une coopération dont vous êtes tous ici à la fois les témoins et les acteurs privilégiés.
Mes Chers Compatriotes,
Cette coopération prend aujourd'hui un relief bien particulier pour le ministre des Affaires étrangères et pour le président d'UNITAID que je suis.
Je viens de quitter à l'instant l'Hôpital de Kalawati Saran, que j'ai visité, et où sont soignés des enfants atteints par le virus du sida. C'est là qu'avec le président Clinton et Mme Sonia Gandhi, nous voulions rendre publiques des avancées majeures dans le combat que nous menons ensemble contre cette épidémie.
Pour la première fois depuis l'identification du virus du sida, un nombre très important d'enfants séropositifs des pays du Sud pourront bénéficier, dès les tous prochains mois, d'un traitement spécifique, adapté à leur âge et à la progression de leur maladie.
C'est là une immense source d'espoir en même temps qu'un formidable progrès.
La Fondation Clinton avait déjà négocié, depuis avril 2005, des accords de réduction de prix auprès de laboratoires de génériques, ce qui a permis à 10.000 enfants d'accéder à un traitement approprié.
Mais grâce au partenariat établi entre UNITAID et la Fondation Clinton, ce sont 100.000 enfants dans 40 pays en développement qui bénéficieront d'anti-rétro viraux pédiatriques spécifiquement adaptés. Cette avancée est spectaculaire et je m'en réjouis tout particulièrement.
Je suis très heureux, aussi, que Mme Sonia Gandhi ait été associée à ce moment. Car les résultats que je viens de vous citer ne pourraient être obtenus sans la coopération de plusieurs laboratoires indiens, fournisseurs de médicaments génériques, qui ont consenti de substantielles baisses de prix par rapport aux conditions du marché.
Ce faisant, ces laboratoires indiens ont montré qu'ils pouvaient se saisir de nouvelles opportunités stratégiques, mais aussi participer à un développement plus juste et plus durable, dont l'Inde et les Indiens pourront aussi bénéficier. Je tiens ici à les en remercier.
Mes Chers Compatriotes,
Depuis longtemps, nous avions conscience, en France, du poids démographique de l'Inde - l'Inde Etat-continent -, qui s'apprête à rattraper le niveau de la Chine.
Mais des préjugés persistants, des clichés dépassés et disons-le aussi, une certaine timidité face à une réalité complexe, ont contribué pendant des années à façonner une image inadaptée, sous-évaluée, des potentialités et du dynamisme de ce pays.
Désormais, tel n'est plus le cas. L'Inde s'est imposée comme l'une des toutes premières puissances émergentes. L'Inde intéresse, l'Inde surprend, l'Inde fascine, aussi.
A l'évocation de "l'Inde éternelle", dont la puissance d'attraction reste encore très vive, succède aujourd'hui la constatation étonnée faite par beaucoup de nos compatriotes d'une Inde combattante, audacieuse, qui renforce partout ses positions stratégiques.
En témoignent les capacités de production et d'investissement de ses grands groupes, que ce soit dans les activités de services ou de l'industrie ; la qualité internationalement reconnue de ses centres d'enseignement et de recherche ; son talent, aussi, à conquérir à la faveur de la mondialisation une place de choix dans la compétition économique internationale.
Mes Chers Compatriotes,
Dans ce pays qui aborde aujourd'hui de manière courageuse les rives d'une nouvelle modernité, chacun d'entre vous est à sa manière le représentant de notre pays. Au-delà du travail que l'Ambassadeur et son équipe accomplissent au quotidien, vous avez tous, ici, un rôle éminent à jouer.
Pour donner la meilleure image de notre pays tout d'abord : quel que soit votre secteur d'activité, c'est pour vous un devoir d'excellence que vous remplissez, je le sais, avec beaucoup d'efficacité. Tous les jours, en faisant rayonner les talents et les savoir-faire français, vous contribuez à faire vivre une certaine idée de la France, une certaine vision aussi de l'avenir. Car c'est par vous, le plus souvent, que nos amis indiens se familiarisent avec notre pays. C'est grâce à vous, aussi, que les Français peuvent accéder à une meilleure connaissance de l'Inde, de ses richesses et de ses potentialités.
Rien ne remplace l'expatriation pour parvenir à cette intimité indispensable au développement des échanges, à cette perception concrète de la réalité, enracinée dans l'expérience et le respect mutuel. Ce capital de sympathie que vous faites fructifier au quotidien, c'est pour notre pays un bien extrêmement précieux. Je sais la qualité de votre engagement et je veux vous en remercier, chacune et chacun, très sincèrement et très chaleureusement.
Je le fais d'autant plus volontiers que je sais que votre vie n'est pas toujours facile, et que votre position d'expatrié - votre position d'avant-garde devrais-je dire - vous amène souvent à rester éloignés de vos familles et de vos racines. Dans ce cadre, il incombe avant tout d'être aidé, soutenu et accompagné. Telle est la mission que remplit notre réseau de consulats et d'établissements scolaires.
Mes Chers Compatriotes,
Je n'ignore pas que, dans votre pays d'adoption, le maillage de notre réseau reste encore faible et mériterait d'être renforcé. Cette consolidation aura lieu au rythme du développement de nos échanges bilatéraux. Elle aura lieu, parce que le devoir d'accompagnement de l'Etat n'est pas, en Inde, la simple déclinaison de la solidarité qui doit exister entre Français, mais bien une priorité de premier plan qui mérite qu'on lui consacre des moyens adaptés.
Je suis d'ailleurs heureux de vous l'annoncer : l'accompagnement auquel vous avez droit bénéficiera très bientôt de ces moyens nouveaux et adaptés.
J'ai veillé personnellement à ce que votre ambassade et le réseau qui en dépend puissent figurer en haut du classement établi par la directive nationale d'orientation des ambassades. Ce classement a été acté par le Comité interministériel des moyens de l'Etat à l'étranger, présidé par le Premier ministre : cela signifie concrètement que l'ambassade de France en Inde est l'une de nos onze priorités dans le monde, et que son réseau consulaire, éducatif, culturel, bénéficiera de moyens nouveaux à la hauteur des enjeux que nous devons affronter dans cet immense pays. C'est là, de toute évidence, un progrès majeur dont nous ne pouvons que nous féliciter.
Aujourd'hui, le défi que la France doit relever en Inde, le chef de l'Etat l'a évoqué ici même : c'est la construction d'un grand partenariat durable entre nos deux pays. Je ne doute pas que vous saurez mettre à profit toutes vos compétences pour le relever.
Nous l'observons déjà : un partenariat stratégique existe entre nos deux pays depuis 1998. De son côté, notre partenariat économique ne cesse de se renforcer, puisque près de 300 entreprises françaises sont présentes aujourd'hui en Inde. Quant à nos relations culturelles et nos échanges scientifiques et académiques, ils progressent d'année en année.
Restent enfin les relations humaines, celles du coeur : une meilleure compréhension mutuelle, voilà ce qui concourt à rapprocher les Indiens et les Français, pour développer ce que nous appelons le "dialogue entre les cultures" mais qui n'est jamais que l'amitié entre des hommes et entre des nations.
Cette amitié que vous contribuez à construire, elle est à mes yeux notre meilleur atout pour approfondir la relation franco-indienne et l'inscrire dans la durée.
Aussi bien ce soir, à tous et à toutes, je voudrais souhaiter beaucoup de succès dans vos entreprises personnelles et votre insertion quotidienne au coeur de ce très grand pays. Au-delà, je forme ce soir des voeux très sincères pour l'avenir de la coopération entre l'Inde et la France afin que cette entente permette à nos deux peuples de continuer à avancer sur le chemin de la paix et de la prospérité.
Je vous en remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2006