Texte intégral
Monsieur le Député-maire (Céleste LETT),
Monsieur le Président du Conseil Régional (Jean-Pierre MASSERET)
Messieurs les élus,
Messieurs les Présidents, (Christian BARTHOLUS, Denis SIBILLE)
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de pouvoir inaugurer aujourd'hui l'abattoir et l'atelier de découpe de Sarreguemines, dans cette région qui compte parmi les premières régions d'élevage en France et en Europe.
La construction de cette nouvelle unité répond à une volonté commune des pouvoirs publics et de l'opérateur privé de maintenir un abattoir de proximité, dans un bassin important de production. C'est un atout pour la région, en termes d'emploi, de traçabilité des productions, et de promotion de la qualité.
1. La création de l'abattoir et de l'atelier de découpe de Sarreguemines : un projet structurant autour de l'élevage lorrain et créateur d'emplois.
1.1.Je félicite les initiateurs de ce projet, grâce auquel l'avenir de l'outil d'abattage et de l'atelier de découpe est aujourd'hui préservé.
Je me félicite que la réalisation du nouvel abattoir réponde à tous les enjeux actuels :
- le développement d'une activité de transformation, capable de mieux valoriser l'amont agricole ;
- une organisation du travail plus rationnelle ;
- la mise en oeuvre d'un système de traçabilité plus efficace ;
- le respect des normes de bien-être animal, d'hygiène alimentaire, sanitaire, environnementale.
En outre, la disposition des vitres et du couloir de circulation autour de l'outil d'abattage offre une possibilité d'abattage rituel, qu'il convient de souligner.
Une vaste unité de découpe permettra de commercialiser des produits à forte valeur ajoutée, répondant aux attentes des consommateurs et de la grande distribution.
Cet investissement de 11,2 Meuros permet le maintien de 83 salariés et la création de 92 emplois supplémentaires dans les deux ans à venir.
Je tiens à vous féliciter pour votre engagement, au service de la vitalité de nos territoires ruraux.
En conservant ainsi un tissu d'entités de transformation et de commercialisation régionales, la Coopérative Agricole de Production de Viande trouve sa place au côté des deux opérateurs nationaux implantées à Metz, en Moselle, et à Mirecourt dans les Vosges. L'établissement de Sarreguemines est un pôle stratégique pour le développement des exportations de la région vers le Land de Sarre, qui est historiquement et culturellement très proche du département de la Moselle. Cet engagement transfrontalier est un atout pour l'élevage en France, en Allemagne et en Europe.
Les perturbations économiques intervenues suite à l'apparition de foyers de Fièvre Catarrhale Ovine, démontrent également la nécessité de maintenir des structures modernes d'abattage au niveau régional. C'est une condition de pérennité de l'élevage, dont nous connaissons le rôle dans le développement local.
1.2. C'est une démarche de qualité, qui illustre la défense des valeurs coopératives de solidarité et d'équité.
La coopérative a fortement investi ces dernières années dans l'intégration de ses adhérents à des démarches qualité, au travers d'un suivi personnalisé. Sur les 820 producteurs adhérents, 600 se sont engagés dans ce type de démarche.
Que cela soit au titre « Lorraine Qualité Viande » ou « Engagement dès l'origine » pour le groupe de grande distribution CORA, ces démarches permettent une meilleure valorisation régionale des viandes.
Les signes d'identification de la qualité et de l'origine des produits constituent une garantie pour les consommateurs et un levier commercial de premier ordre pour les opérateurs économiques. Dans un contexte difficile pour certaines filières agroalimentaires, ils ont pour objectif de renouveler le contrat de confiance entre les opérateurs publics et les consommateurs.
Les engagements et les partenariats commerciaux locaux ont ainsi permis de réduire considérablement les pertes, tant de chiffre d'affaires que de débouchés pendant la dernière crise ESB, ce qui n'a pas été le cas chez les autres opérateurs.
On y retrouve l'expression des principes fondateurs de la coopération qui concilie efficacité économique et solidarité. C'est une voie d'avenir et je vous encourage à persévérer dans cette direction.
2. Je ferai maintenant brièvement le point sur la fièvre catarrhale ovine, toujours source de préoccupation.
Les mesures de restriction autour des foyers de fièvre catarrhale ovine ont perturbé l'économie des filières bovines et ovines. Le gouvernement est solidaire des éleveurs et des entreprises affectées par ces mesures.
J'ai transmis à la Commission européenne un mémorandum communautaire pour que des mesures exceptionnelles de soutien du marché affecté par ces restrictions soient cofinancées par l'Union européenne.
Dans l'attente, je souhaite qu'un plan national d'indemnisation des pertes des éleveurs soit mis en place. Ce dispositif doit naturellement répondre aux contraintes communautaires actuelles que je souhaite modifier prochainement.
Les éleveurs des zones règlementées pourront prétendre à une indemnisation des pertes de chiffre d'affaire constatées entre le 1er septembre et le 30 novembre 2006, pour les veaux de 8 jours, les broutards, les broutardes et les vaches de race allaitantes. Ce soutien spécifique aux éleveurs sera plafonné à 3000 euros dans le cadre du régime « de minimis ». Il tiendra compte du nombre d'animaux vendus par l'exploitant au cours de cette période passée. Une enveloppe de 7,5Meuros sera réservée à cette action qui sera liquidée par l'Office de l'Elevage. Dans un souci de simplification, j'ai demandé à Luc GUYAU, Président de l'Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture (APCA), que les Etablissements Départementaux de l'Elevage appuient les éleveurs dans la rédaction des formulaires d'indemnisation.
Ce dispositif vient naturellement en complément de l'aide au maintien des veaux et des broutards dans le périmètre de protection, mis en place le 2 octobre dernier, pour lequel les dossiers pourront être déposés jusqu'au 31 décembre prochain.
Ces mesures pourront être réévaluées en fonction de l'évolution de la situation économique des filières bovines et ovines. Des mesures nationales de soutien concernant les autres opérateurs des filières bovines et ovines sont à l'étude.
3. Il nous faut apporter un soutien à l'engraissement dans cette région d'élevage ; le plan bâtiment d'élevage contribue à cette politique.
La réforme de la PAC, et le découplage en particulier, modifient considérablement l'équilibre économique des exploitations d'engraissement.
Dans le contexte d'une diminution de la production de viande bovine française et européenne, il nous faut absolument maintenir la puissance du secteur de l'engraissement dans notre pays. Nous disposons du cheptel, de la génétique et du savoir-faire des éleveurs, ainsi que des organisations professionnelles compétentes.
Le plan bâtiment d'élevage doit permettre d'accompagner la nécessaire augmentation des places d'engraissement d'animaux dans les régions concernées. A cette fin, il nous faut définir une priorité renforcée pour le secteur.
Le Gouvernement a élaboré en 2005 un plan de modernisation des bâtiments d'élevage (PMBE), d'une ampleur jamais atteinte. Les moyens financiers mobilisés sur ce programme sont conformes aux engagements pris par le Premier Ministre. Pour la période 2005-2006, près de 300 Meuros ont été consacrés à la modernisation des bâtiments d'élevage. Cet effort nécessaire en faveur de l'élevage est sans précédent et sera poursuivi durant la prochaine programmation 2007-2013 du FEADER, dans le cadre d'une enveloppe annuelle de 120 Meuros.
Afin de r??sorber dans les meilleurs délais les « files d'attente » qui se sont formées en raison de la très forte demande qui s'est manifestée, des mesures d'optimisation des différentes ressources budgétaires ont été prises, tout particulièrement en Lorraine, pour permettre l'engagement de tous les dossiers déposés en 2005.
Considérant la situation particulière en Lorraine, j'ai décidé d'abonder les crédits d'engagements au titre de l'année 2007 pour la région lorraine de 2Meuros sur le plan bâtiment d'élevage. Cette enveloppe sera réservée aux dossiers les plus prioritaires au regard des enjeux de renouvellement des générations et de création d'atelier d'engraissement. Elle doit s'accompagner d'une définition claire des priorités d'intervention dans la région.
Conclusion
Je félicite les porteurs du projet, et notamment Messieurs Christian BARTHOLUS et Denis SIBILLE, dont la détermination sans faille a permis l'aboutissement de cet outil moderne. Je tiens à saluer l'engagement des collectivités présentes aujourd'hui, et remercie tout particulièrement Monsieur Céleste LETT pour son accueil chaleureux. L'abattoir moderne de Sarreguemines, dont la zone d'influence s'étendra sur toute la région et valorisera les productions, est déjà une réussite en soi.
Au-delà, je souhaite que nous puissions pérenniser dans notre pays les conditions d'un élevage performant et de qualité. Je tiens à souligner le courage des acteurs et le sens des responsabilités dont tous ont fait preuve. Je me demande quel pays aurait été capable de faire preuve du même niveau de sécurité sanitaire, et de la même rigueur sur le terrain dans la gestion de crise. C'est à mes yeux une raison d'être optimiste pour l'avenir, je veux dire pour un futur tout proche.
Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 8 décembre 2006