Texte intégral
Q - Lundi, à Jérusalem, au dernier jour de son voyage au Proche-Orient, Ségolène Royal a répété ce qu'elle avait déjà dit au débat interne au parti socialiste : "Je m'oppose clairement à l'accès de l'Iran au nucléaire civil. Si on laisse l'Iran accéder à cette technologie, il sera quasiment impossible d'empêcher ensuite l'accès au nucléaire militaire. Telle sera ma position si je suis élue présidente de la République."
Cette position ne vous convient pas, Philippe Douste-Blazy, pourquoi ?
R - Je trouve cela particulièrement grave de conséquences pour l'avenir de la France, si elle est élue. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, de très nombreux pays veulent avoir accès au nucléaire civil uniquement pour faire face à leur demande d'électricité, pour industrialiser, parce que charbon, gaz et pétrole entraînent une pollution considérable et que tout le monde se met au nucléaire civil
Le Traité de non-prolifération, qui est entrée en vigueur en 1970, dit à ces pays: "Oui, bien sûr, vous avez droit au nucléaire civil, à une condition, qui est que vous renonciez définitivement au nucléaire militaire."
Q - Ce que ne fait pas l'Iran, justement.
R - L'Iran a signé ce traité.
Q - Mais l'Iran n'admet pas l'idée qu'il ne puisse pas enrichir suffisamment d'uranium pour aller vers le nucléaire militaire. Donc, il y a une cohérence à dire :"puisque vous n'êtes pas réglo sur le plan militaire, on vous interdit de faire du civil."
R - Permettez-moi de vous expliquer quelque chose. Il faut croire au multilatéralisme, il faut croire à la communauté internationale. Il existe une agence, l'Agence internationale de l'énergie atomique, dont le directeur général est M. El Baradei, prix Nobel de la paix, qui contrôle si l'Iran passe du nucléaire civil au nucléaire militaire. Aujourd'hui, on se pose justement la question. C'est la raison pour laquelle nous allons prendre des sanctions, avec les Américains, les Russes, les Chinois.
Q - Mais vous n'arrivez pas à vous entendre. Six représentants de ces pays étaient réunis hier au ministère des Affaires étrangères et vous ressortez sans accord.
R - Dire que, parce qu'il y a un risque de passer au nucléaire militaire, on ne fait pas de nucléaire civil, c'est un risque qui est triple.
D'abord un risque d'isolement parce que, si Mme Royal est élue présidente de la République, elle sera la seule chef d'Etat au monde à dire que l'Iran n'a pas droit au nucléaire civil.
Ensuite, si vous dites à l'Iran aujourd'hui : "La communauté internationale vous refuse le droit de faire du nucléaire civil", alors que ce droit lui est accordé par le Traité, l'Iran va dire : "je défie la communauté internationale, je sors du Traité de non-prolifération." Que l'Iran sorte du Traité de non-prolifération, c'est bien la crainte que nous avons tous dans le monde aujourd'hui.
Enfin, il y a beaucoup d'autres pays qui regardent ce qui se passe en Iran et qui ont signé le Traité de non-prolifération. Ils vont dire : "Nous avons signé le Traité de non-prolifération. Et quelqu'un - en particulier le chef de l'Etat français, si Mme Royal était élue - remet en cause le droit que tout le monde nous a donné ? Ce n'est plus alors la peine de rester dans le Traité".
Savez-vous ce qui va se passer ? Ces pays vont tous passer du nucléaire civil au nucléaire militaire. Et vous savez ce que c'est, le nucléaire militaire ? C'est la bombe atomique.
Je ne veux pas faire de polémique.
Q - Vous ne voulez pas faire de polémique.
R - Ce n'est pas le fond de ma pensée, c'est le fond de la pensée de tous les chefs d'Etat, y compris de M. Bush. Votre collègue de RTL tout à l'heure disait que Mme Royal allait plus loin que M. Bush. M. Bush n'a jamais osé dire cela.
Q - Mais, en même temps, l'Iran, signataire du Traité de non-prolifération, balade la communauté internationale depuis plusieurs mois. Il ne respecte pas ce traité. Tout le monde le sait.
R - Quant il parlait de l'Irak, M. Bush se moquait du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a dit qu'il allait aller en Irak tout seul. Mme Royal, quant à elle, fait comme si le Conseil de sécurité n'existait pas, comme si le multilatéralisme n'existait pas, comme si l'Agence internationale de l'énergie atomique n'existait pas. Or, si, tout cela existe. Quand on est chef d'Etat français, on n'est pas seul, il y a une communauté internationale.
Q - Pourquoi n'êtes-vous pas parvenus à vous entendre hier soir, au Quai d'Orsay ?
R - Nous nous sommes entendus sur une chose, c'est qu'il y aura une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies votée par tous ses membres, y compris la Chine et la Russie. Il y aura des sanctions, placées sous l'article 41, chapitre VII de la Charte. La question qui se pose est celle de l'étendue des sanctions. Voilà à quoi sert le Traité de non-prolifération. Voilà à quoi sert la méthode utilisée par la communauté internationale. Et puisque que nous ne sommes pas d'accord avec Mme Royal - et je crois qu'elle est sincère sur ce quelle dit - je lui propose un débat, pourquoi par sur RTL, à la fois sur le Proche et le Moyen-Orient ainsi que sur le nucléaire iranien.
(...)./.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 décembre 2006
Cette position ne vous convient pas, Philippe Douste-Blazy, pourquoi ?
R - Je trouve cela particulièrement grave de conséquences pour l'avenir de la France, si elle est élue. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, de très nombreux pays veulent avoir accès au nucléaire civil uniquement pour faire face à leur demande d'électricité, pour industrialiser, parce que charbon, gaz et pétrole entraînent une pollution considérable et que tout le monde se met au nucléaire civil
Le Traité de non-prolifération, qui est entrée en vigueur en 1970, dit à ces pays: "Oui, bien sûr, vous avez droit au nucléaire civil, à une condition, qui est que vous renonciez définitivement au nucléaire militaire."
Q - Ce que ne fait pas l'Iran, justement.
R - L'Iran a signé ce traité.
Q - Mais l'Iran n'admet pas l'idée qu'il ne puisse pas enrichir suffisamment d'uranium pour aller vers le nucléaire militaire. Donc, il y a une cohérence à dire :"puisque vous n'êtes pas réglo sur le plan militaire, on vous interdit de faire du civil."
R - Permettez-moi de vous expliquer quelque chose. Il faut croire au multilatéralisme, il faut croire à la communauté internationale. Il existe une agence, l'Agence internationale de l'énergie atomique, dont le directeur général est M. El Baradei, prix Nobel de la paix, qui contrôle si l'Iran passe du nucléaire civil au nucléaire militaire. Aujourd'hui, on se pose justement la question. C'est la raison pour laquelle nous allons prendre des sanctions, avec les Américains, les Russes, les Chinois.
Q - Mais vous n'arrivez pas à vous entendre. Six représentants de ces pays étaient réunis hier au ministère des Affaires étrangères et vous ressortez sans accord.
R - Dire que, parce qu'il y a un risque de passer au nucléaire militaire, on ne fait pas de nucléaire civil, c'est un risque qui est triple.
D'abord un risque d'isolement parce que, si Mme Royal est élue présidente de la République, elle sera la seule chef d'Etat au monde à dire que l'Iran n'a pas droit au nucléaire civil.
Ensuite, si vous dites à l'Iran aujourd'hui : "La communauté internationale vous refuse le droit de faire du nucléaire civil", alors que ce droit lui est accordé par le Traité, l'Iran va dire : "je défie la communauté internationale, je sors du Traité de non-prolifération." Que l'Iran sorte du Traité de non-prolifération, c'est bien la crainte que nous avons tous dans le monde aujourd'hui.
Enfin, il y a beaucoup d'autres pays qui regardent ce qui se passe en Iran et qui ont signé le Traité de non-prolifération. Ils vont dire : "Nous avons signé le Traité de non-prolifération. Et quelqu'un - en particulier le chef de l'Etat français, si Mme Royal était élue - remet en cause le droit que tout le monde nous a donné ? Ce n'est plus alors la peine de rester dans le Traité".
Savez-vous ce qui va se passer ? Ces pays vont tous passer du nucléaire civil au nucléaire militaire. Et vous savez ce que c'est, le nucléaire militaire ? C'est la bombe atomique.
Je ne veux pas faire de polémique.
Q - Vous ne voulez pas faire de polémique.
R - Ce n'est pas le fond de ma pensée, c'est le fond de la pensée de tous les chefs d'Etat, y compris de M. Bush. Votre collègue de RTL tout à l'heure disait que Mme Royal allait plus loin que M. Bush. M. Bush n'a jamais osé dire cela.
Q - Mais, en même temps, l'Iran, signataire du Traité de non-prolifération, balade la communauté internationale depuis plusieurs mois. Il ne respecte pas ce traité. Tout le monde le sait.
R - Quant il parlait de l'Irak, M. Bush se moquait du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a dit qu'il allait aller en Irak tout seul. Mme Royal, quant à elle, fait comme si le Conseil de sécurité n'existait pas, comme si le multilatéralisme n'existait pas, comme si l'Agence internationale de l'énergie atomique n'existait pas. Or, si, tout cela existe. Quand on est chef d'Etat français, on n'est pas seul, il y a une communauté internationale.
Q - Pourquoi n'êtes-vous pas parvenus à vous entendre hier soir, au Quai d'Orsay ?
R - Nous nous sommes entendus sur une chose, c'est qu'il y aura une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies votée par tous ses membres, y compris la Chine et la Russie. Il y aura des sanctions, placées sous l'article 41, chapitre VII de la Charte. La question qui se pose est celle de l'étendue des sanctions. Voilà à quoi sert le Traité de non-prolifération. Voilà à quoi sert la méthode utilisée par la communauté internationale. Et puisque que nous ne sommes pas d'accord avec Mme Royal - et je crois qu'elle est sincère sur ce quelle dit - je lui propose un débat, pourquoi par sur RTL, à la fois sur le Proche et le Moyen-Orient ainsi que sur le nucléaire iranien.
(...)./.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 décembre 2006