Interview de M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, à RTL le 4 décembre 2006, sur l'annulation du match PSG Toulouse et les violences dans les stades de football.

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Texte intégral

Q- Le match PSG-Toulouse a été annulé, hier, et le prochain rendez-vous au Parc des Princes, c'est le 13 décembre, un match de Coupe d'Europe : Panathinaïkos d'Athènes contre le PSG. L'UEFA a déjà dit que ce match ne serait pas reporté. Il ne faut pas l'annuler. Donc, il faut trouver une solution à la violence...
R- D'ailleurs, j'incite l'UEFA aussi à participer au dialogue. C'est bien facile de dire qu'un match ne doit pas être reporté...
Q- Mais vous avez dix jours pour trouver la solution, pour éviter qu'il y ait des violences au Parc des Princes.
R- Déjà, un certain nombre de solutions ont été apportées lors de la réunion initiée par N. Sarkozy, place Beauvau, qui était en particulier d'augmenter le nombre d'interdictions de stade aux pseudo-supporters ; de fermer aussi deux sections de la partie Boulogne, des sièges du Parc des Princes. Donc, voilà on a déjà des solutions immédiates à très court terme. Et puis, il faut aussi que le club maintenant en particulier sur la billetterie puisse identifier ceux à qui il vend des billets.
Q- Fermer deux parties de tribune, c'est peut-être une mauvaise solution (2.000 places) qui tend les choses et visiblement, F. Thiriez, par exemple, disait hier : "C'est pas terrible comme idée"...
R- A partir du moment où on identifie les clubs de supporters à qui on vend les billets ; évidemment, ceux qui ne sont pas identifiés, ceux qui achètent les billets un par un n'auront rien à faire dans les tribunes Boulogne. On sait très bien que ce sont des supporters dits "indépendants", en tout cas des spectateurs dits "indépendants". Et on sait que la plupart du temps, les violences viennent de leur fait.
Q- Et donc, pour vous, ça suffit comme solution pour le 13 décembre ?
R- Tout à l'heure, vous disiez la solution, non ce sont des solutions qu'il faut apporter. Voilà des solutions à court terme. Chacun prend ses responsabilités y compris les clubs de supporters. Ceux qui sont identifiés, ceux qui sont tout à fait aptes, je crois, à encourager leur équipe mais à respecter les valeurs de la République. Maintenant, je vous le dis : chacun est devant ses responsabilités. On le verra le 13 décembre.
Q- Ce problème de la violence dans le football, c'est spécifique à Paris, c'est unique à Paris. Ou bien en France, il y a des problèmes aussi ?
R- C'est, je crois, très spécifique au football et tout à l'heure, j'entendais votre auditeur qui faisait référence au rugby, je vais vous citer un exemple très court. Lors de la dernière saison, il y a eu un PSG-OM ; et un ancien joueur du PSG qui évoluait au sein de l'OM qui n'a pas pu tirer des corners, pourquoi ? Il recevait des dizaines de projectiles sur la tête. Il aurait fallu que le délégué de la Ligue arrête le match, carrément. Je ne vois pas pourquoi on n'arrête pas un match de football quand il ne peut pas se dérouler dans de bonnes conditions. Voyez, je crois que ça part simplement d'une sorte de banalisation de la violence, que ce soit sur le terrain, dans les tribunes et aux abords du stade.
Q- Vous jugez que la Ligue professionnelle de Football a été trop complaisante...
R- On ne meurt pas à 25 ans dans ou aux abords d'un stade. Je crois que c'est un moment très fort. Chacun doit être devant ses responsabilités. Chacun doit savoir où se situe le respect des règles, le respect de l'autre, et chacun doit y participer.
Q- Vous jugez que les autorités du football ont été trop complaisantes avec ce phénomène de violence ?
R- Je ne dis pas complaisantes mais je vous dis une sorte de banalisation régulière depuis des années et des années. Et voilà malheureusement où on peut en arriver. Mais ce n'est pas le premier exemple. Je crois que maintenant, il faut avoir une traçabilité des billets, identifier chacun des porteurs de billets : qu'il ne puisse pas y avoir "j'achète un billet" - "je le donne à quelqu'un d'autre". Voilà c'est un travail, encore une fois, très précis dans lequel d'ailleurs, les pouvoirs publics ont leur rôle.
Q- On n'a pas l'impression que vous vous impliquez beaucoup, justement...
R- Mais bien sûr que si !
Q- F. Thiriez, président de la Ligue professionnelle de Football dit : "A Paris, il y a 300 meneurs, et on peut faire une interdiction administrative : les convoquer au commissariat au moment du match. 300 personnes, on les connaît. Aux autorités de prendre leurs responsabilités".
R- Nous montons en puissance. Il y a déjà une trentaine d'interdictions administratives : soixante-dix prononcées par la Justice...
Q- Administratives ?
R- Une trentaine... mais la loi vient d'être votée sur le sujet, il y a à peine quelques mois. Et aussi, il faut que le Préfet de Police qui prononce ses interdictions administratives le fasse en toute connaissance de cause.
Q- Souhaitez-vous que ça soit fait pour le match du 13 décembre ?
R- Bien évidemment. Et cela va être fait évidemment. Il a été donné instruction au Préfet de police d'augmenter très sensiblement le nombre d'interdits administratifs. Cela va être fait.
Q- Pour le match de Coupe d'Europe, précisément ?
R- Pour le match de Coupe d'Europe et bien évidemment, pour les autres également, pour ceux qui vont suivre...
Q- Ca, c'est une information parce que visiblement, les pouvoirs publics qui n'ont pas beaucoup parlé tout au long de ce week-end.
R- Ah si, le préfet de police l'a dit d'ailleurs, juste après la réunion qui s'était tenue il y a une dizaine de jours, Place Beauvau. Le préfet de police a dit qu'il allait augmenter sensiblement le nombre d'interdits administratifs. Cela était déjà possible.
Q- Vous étiez la semaine dernière, je crois, au ministère de l'intérieur, quand la réunion a eu lieu. Et on a appris, on a été un peu surpris, que le président du Club de Boulogne qui est interdit de stade, était à la réunion ?
R- Moi, je trouve ça très bien. Je vais vous dire pourquoi. Parce que tous les présidents d'associations sont maintenant au fait, au courant de ce qu'il va être fait. Il ne pourra pas dire : "Ah ben non, je n'étais pas au courant. Je ne savais pas". Maintenant, tous ces présidents de clubs de supporters savent que s'ils ne participent pas à l'effort qui est nécessaire pour éradiquer la violence dans les stades, le décret va être officialisé demain matin, va être promulgué demain matin, eh bien ces clubs pourront être menacés de dissolution. Voilà donc tout le monde est au courant ; et chacun devant ses responsabilités.
Q- Demain matin, le décret ?
R- Tout à fait.
Q- D'accord. Autre compétition, politique celle-là. N. Sarkozy est le
candidat de l'UMP, c'est votre candidat ?
R- Ecoutez, N. Sarkozy a réussi à faire de l'UMP un très beau parti politique : 300.000 adhérents, un vrai débat. Contrairement à ce que certains ont dit, il y a débat, il y a eu débat. Il y a un programme qui est dense, qui exprime une vraie dynamique...
Q- Et c'est votre candidat ?
R- Alors maintenant, il y a la possibilité pour d'autres candidats jusqu'au 30
décembre de se présenter. Je crois que le ton est au rassemblement
aujourd'hui. On le voit bien : la candidate du PS travaille. Elle est très
active. Il nous faut maintenant être rassemblés, il nous faut avoir un candidat
fort, solide. Je crois que N. Sarkozy a fait beaucoup pour l'UMP.
Maintenant, à voir s'il y a d'autres candidats avant le 30 décembre.
Q- Alors, c'est votre candidat ?
R- En tout cas, il a fait beaucoup pour la France et je pense que : il sait agir
maintenant à exprimer une dynamique pour le pays.
Ah, c'est pas facile. Oui ou Non ? On va dire que c'est son candidat.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 décembre 2006