Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur le bilan des élections municipales et cantonales et sur les mesures prises en faveur des "milieux populaires", à l'Assemblée nationale le 27 mars 2001.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Je ne suis pas sûr des leçons immédiates que l'on peut tirer de ces élections locales. Les Français voteront de plus en plus en fonction des élections qui leur seront proposées et projeter les unes sur les autres m'apparaîtrait imprudent.
Je crois que dans des élections municipales, les messages qui ont été adressés l'ont d'abord été aux candidats dans les villes où ils étaient devant l'électeur. Mais puisque vous avez centré votre propos sur les problèmes que peuvent poser, dans notre pays, et particulièrement pour un responsable de gauche, l'abstention plus forte qui existe dans la jeunesse et dans les milieux populaires, je ne veux pas fuir cette question.
Ce phénomène de l'abstention plus forte dans les milieux populaires, dans les milieux défavorisés, plus encore chez les exclus et dans la jeunesse, est un phénomène qui dure maintenant depuis longtemps, qui frappe tous les pays développés et certains plus durement même que le nôtre. Cette abstention dans les milieux populaires est d'ailleurs aussi différenciée : elle n'a pas empêché, que je sache, de conquérir Paris, Lyon ou Dijon. Au contraire, on a constaté à Paris, quand il y avait un enjeu clair et une campagne digne de ce nom, que la jeunesse et une bonne partie des milieux populaires se sont en réalité mobilisées au second tour. En tout cas, une majorité comme la nôtre et un Gouvernement comme le mien, ne peuvent rester indifférents à cette situation. C'est pourquoi, la première priorité de ce Gouvernement, en dehors du service de la France et de l'intérêt général, est bien d'avoir agi en faveur des milieux populaires. 1,5 million emplois créés ! 1 million de chômeurs de moins ! C'est un changement aussi pour les milieux populaires, notamment quand le chômage recule de 40 % pour la jeunesse et de 40 % pour les ouvriers qualifiés.
Le choix de la croissance plutôt que celui de la stagnation est un choix en faveur des milieux populaires ; les 35 heures, ce sont non seulement des emplois créés mais plus de temps de vivre et ce sont ces milieux, d'abord, qui ont besoin de temps de vivre parce que leurs conditions de travail sont plus rudes. La couverture maladie universelle, c'est-à-dire l'accès aux soins pour 5 millions de personnes qui n'y avaient pas accès auparavant, c'est une mesure pour les milieux populaires ; les emplois-jeunes, c'est aussi une action qui a redonné du courage à la jeunesse. Nous allons naturellement poursuivre cette politique de baisse fiscale, par exemple, sur la TVA - c'est-à-dire ce qui touche plus directement les milieux populaires -, sur la taxe d'habitation, sur la prime pour l'emploi. Nous allons poursuivre cette politique dans les mois qui viennent avec la prestation solidarité autonomie qui va permettre, là encore, de répondre aux problèmes de dépendance des personnes âgées et des personnes les plus en difficulté.
J'aimerais donc vous indiquer qu'au-delà de tous les problèmes de désespoir, de détachement à l'égard de l'engagement politique qui sont nés de ces 15 ans de crise et contre lesquels ce Gouvernement s'est créé, nous avons bien l'intention de tirer aussi ces leçons-là des élections municipales. C'est ce dont discutera le Gouvernement samedi et naturellement, nous continuerons à en discuter avec notre majorité car cette majorité n'a pas changé à l'occasion de ces élections, c'est-à-dire avec la majorité plurielle."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 mars 2001)