Texte intégral
C'est pour moi un très grand plaisir de vous accueillir ici, dans ce grand amphithéâtre de la Sorbonne, pour cette première "rencontre de l'éducation nationale pour la santé".
Vous avez répondu très nombreux à notre invitation et je m'en réjouis.
Comme le montrent les sondages, la santé constitue aujourd'hui, avec l'éducation, la principale préoccupation de nos concitoyens.
Il n'est donc pas étonnant que la société attende beaucoup de l'Éducation nationale pour la santé des élèves et des étudiants.
Pour répondre à cette attente, de très nombreuses actions sont entreprises chaque année par la communauté éducative et ses partenaires institutionnels et associatifs.
Or, l'importance de cet engagement n'est malheureusement pas suffisamment connue et valorisée, à l'intérieur comme à l'extérieur de notre institution.
Mieux faire connaître ces actions est pourtant fondamental. Car la communication et la valorisation des bonnes initiatives facilitent leur généralisation, et permettent donc une meilleure efficacité de l'action collective.
C'est pourquoi j'ai souhaité que soit désormais organisé, chaque année, un colloque destiné à faire le point sur un thème choisi parmi tous ceux qui concernent la santé en milieu scolaire et universitaire.
Pour ouvrir cette journée, je souhaiterais commencer par vous dire quelques mots de la politique de notre ministère dans le domaine de la santé.
L'objectif que nous poursuivons est la réussite de tous les élèves et de tous les étudiants, quelle que soit leur situation.
Or la santé est un facteur essentiel de la réussite scolaire et universitaire.
Car si un jeune n'est pas en bonne santé, s'il souffre de troubles physiques ou psychiques, il ne dispose plus de chances égales de réussite.
A tous les niveaux de la formation, nous devons donc être en mesure de faire face aux problèmes de santé des élèves et des étudiants.
Je dois rappeler qu'un important travail d'évaluation de leur situation est engagé depuis plusieurs mois par la mission parlementaire d'information sur la santé et la protection sociale des étudiants, sous la direction du député Laurent Wauquiez.
Le travail de cette mission est complémentaire de celui accompli sous l'égide du professeur Jean Michel Dubernard, qui préside la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale.
Il nous sera, à François Goulard et à moi, d'une grande utilité pour améliorer la réponse aux besoins des étudiants dans le domaine sanitaire.
Dans ce domaine, l'Éducation nationale, en étroit partenariat avec le ministère de la santé et des solidarités, a défini quatre priorités.
Je citerai tout d'abord la lutte contre les addictions : alcool, toxicomanie, tabac.
Concernant la lutte contre le tabac, d'importantes mesures ont été, comme vous le savez, décidées récemment par le gouvernement avec un fort engagement personnel du Premier ministre et du ministre de la santé et des solidarités, Xavier Bertrand.
Ce dernier est d'ailleurs venu, il y a quelques jours, en souligner l'importance, à mes côtés, devant les recteurs.
Je profite d'ailleurs de l'occasion pour vous annoncer la création, pour la première fois, à la rentrée 2007, d'au moins 4 postes d'enseignants hospitalo-universitaires en addictologie.
Cette création, souhaitée par le Président de la république, est, là encore, le résultat de la très étroite collaboration entre le ministère de la santé et le nôtre.
La seconde priorité retenue est la promotion d'une nutrition saine et équilibrée.
Prioritaire également est l'éducation à la sexualité et à la prévention des maladies sexuellement transmissibles.
S'agissant de la prévention du SIDA, je tiens tout particulièrement à ce que l'objectif de la mise à disposition de préservatifs à 20 centimes dans tous les lycées de France, fixé par le Président de la République, soit maintenant atteint à très court terme.
Là aussi, j'en ai rappelé l'importance aux recteurs, en leur demandant d'intervenir auprès des proviseurs pour que les conseils d'administration de tous les lycées soient saisis de cette nécessité.
La quatrième priorité, enfin, c'est l'apprentissage des gestes de premiers secours.
Les textes réglementaires (décret et circulaire) pris cette année permettent maintenant que tous les élèves soient initiés aux gestes qui sauvent, avec une formation progressive tout au long du premier et du second degré.
Je souligne par ailleurs que l'éducation à la santé est désormais inscrite dans le socle commun des connaissances que notre pays vient d'adopter pour la première fois dans son histoire, c'est-à-dire dans le texte de référence qui définit le minimum que doit maîtriser un jeu à la fin de la scolarité obligatoire.
L'éducation à la santé sera aussi un des éléments du nouveau cahier des charges de la formation des enseignants qui est actuellement en cours d'élaboration, et dont j'ai annoncé hier les grandes lignes.
Vous le savez, les acteurs de la communauté éducative qui s'investissent dans des actions de prévention sont nombreux : enseignants, membres du personnel médico-social, intervenants associatifs,... sans oublier les parents dont le rôle est ici essentiel.
Nombreux sont aussi, je le sais, ceux qui regrettent que le personnel médico-social de l'Éducation nationale ne soit pas plus nombreux.
Il est vrai que la tâche de ce personnel est lourde et qu'elle ne cesse de croître.
En effet la société française est de plus en plus exigeante avec l'Éducation nationale.
Au-delà de la transmission des savoirs, elle se voit confier bien d'autres tâches qui, toutes, relèvent du service public d'éducation : je pense, par exemple, à l'éducation civique, à l'éducation à la sécurité routière, ... et, bien sûr, à l'éducation à la santé.
De nombreuses lois viennent ainsi élargir régulièrement les missions de nos équipes médico-sociales. Parmi les dernières, déjà promulguées ou en préparation, citons la loi relative à la politique de santé publique, la loi sur le handicap, le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance et le projet de loi réformant la protection de l'enfance.
Chacun de ces textes législatifs comporte un volet qui concerne notre ministère ; chacun définit au moins une tâche nouvelle à accomplir par la communauté éducative.
Pour réaliser ces nouvelles missions, mobiliser de nouveaux moyens était devenu indispensable.
Voilà pourquoi j'ai décidé de poursuivre notre programme de renforcement du corps des infirmièr(e)s de l'éducation nationale, programme comportant la création de 300 postes nouveaux chaque année pendant cinq ans.
Le corps des médecins de l'Éducation nationale bénéficie, quant à lui, de l'ouverture cette année de 111 postes au concours de titularisation.
Enfin, dans le cadre des discussions autour du projet de loi de finances, je me suis engagé à créer 20 postes de médecins pour assurer la médecine préventive des personnels et 50 postes de médecins et d'assistantes sociales pour les élèves.
L'Assemblée nationale a d'ailleurs souhaité confirmer cette décision par la création de 10 postes de médecins supplémentaires pour le service de médecine scolaire.
Je voudrais insister sur le fait que cet élargissement du recrutement a lieu alors même que le ministère réalise d'importants efforts pour mieux utiliser l'argent public. C'est donc un vrai choix politique, une vraie priorité, que nous avons définis en faveur de la santé scolaire.
Par ailleurs, dans le souci d'éviter une dégradation des services rendus par nos équipes médico-sociales, j'ai demandé aux recteurs de veiller à ce que ce secteur conserve dans chaque académie une enveloppe financière appropriée à ses missions.
Je recevrai prochainement les syndicats de médecins et d'infirmiers scolaires pour échanger avec eux sur leurs objectifs et leurs attentes.
Après avoir brossé à grands traits la politique générale de l'Éducation nationale, je voudrais dire un mot sur le thème retenu pour cette première rencontre : la prévention des conduites à risque chez les élèves et les étudiants.
Car il s'agit d'un domaine dans lequel la situation semble se dégrader, tant à l'école qu'à l'université, alors même que certaines actions préventives ont fait la preuve de leur efficacité.
Il était donc urgent d'ouvrir un grand débat sur ce sujet.
Chacun des aspects de ce thème fera l'objet d'un exposé introductif par un éminent spécialiste. Je suis particulièrement attentif à la prévention des "conduites suicidaires" qui représentent, dans notre pays, la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de circulation.
Après quoi, quelques témoignages d'actions entreprises en milieu scolaire ou universitaire seront présentés.
Puis la parole vous sera donnée, pour un échange que je souhaite le plus riche possible.
Bien évidemment, cette journée ne suffira pas à apporter toutes les réponses sur un sujet aussi complexe que celui de la prévention des conduites à risque.
Mais je suis convaincu qu'il n'y a pas de fatalité en la matière, et qu'en nous mobilisant, nous pourrons mieux prévenir ces comportements dangereux, réduire leur nombre et leur incidence sur la santé des jeunes.
Avant de conclure, je souhaite bien sûr remercier tous ceux qui ont oeuvré pour la réussite de cette première rencontre.
Un grand merci tout d'abord à ceux qui vont vous permettre de bénéficier de leur expertise, messieurs Gregory Michel, Xavier Pommereau, William Lowenstein et Jacques Fortin.
Merci aussi à ceux qui viendront témoigner tout à l'heure des actions qu'ils ont pu entreprendre en milieu scolaire ou universitaire.
Merci enfin, à tous ceux qui dans notre administration centrale mais aussi dans les académies ont oeuvré pour la bonne organisation de cette manifestation.
Le succès de cette première rencontre sera pour chacun d'entre eux, j'en suis certain, la meilleure récompense de leurs efforts.
Pour conclure je forme le voeu qu'à l'issue de cette journée, tous ceux qui y auront participé se sentent mieux armés pour apporter, chacun dans son domaine, une contribution efficace à l'indispensable lutte contre les conduites à risque chez les élèves et les étudiants.
C'est avec regret que je quitte cette réunion à laquelle j'aurais eu plaisir à participer plus longuement, mais le Conseil des Ministres étant avancé de 24 heures cette semaine, je dois m'y rendre sans plus tarder.
Je vous laisse en bonnes mains, celles de Michel Field qui va animer toute cette journée avec son brio habituel.
Je vous souhaite bon travail à toutes et à tous.Source http://www.education.gouv.fr, le 28 novembre 2006