Texte intégral
Avec Elus locaux contre le Sida, nous partageons la même conviction : il n'y pas de fatalité à voir le VIH progresser si nous savons être tous mobilisés. Je tiens, cher Jean-Luc, à saluer la force de tes engagements depuis tant d'années, et souligner le rôle majeur qui a été le tien en 2005, lors de l'année sida grande cause nationale. Comme je vous l'avais dit il y a un an, en 2006, le sida est toujours pour nous grande cause nationale ; il en sera de même en 2007.
S'il y a bien un sujet sur lequel, on ne peut pas se satisfaire des résultats, c'est bien la lutte contre le sida. Sur trois thématiques importantes, nous avons besoin de nous mobiliser encore et toujours. C'est la question de la prévention et du dépistage, la question de la qualité de vie et le rôle de la France sur le plan international.
Le travail de terrain des associations est remarquable mais je souhaite aussi saluer le travail des élus locaux car ils peuvent susciter un grand nombre d'actions sur le terrain et des actions de proximité.
L'année grande cause nationale toutes les associations ont décider de travailler autrement, différemment, ensemble. Parce qu'on sait que les associations travaillent depuis longtemps aux côté des scientifiques et que les véritables pionnier sont les relais associatifs. Les politiques sont intervenus mais les piliers sont les piliers associatifs. A partir de 2005, chacun a pris conscience que si l'on voulait franchir un pas supplémentaire pour lutter contre le sida, il fallait que les associations se parlent davantage, qu'elles se comprennent davantage et surtout qu'elles s'entendent davantage. Ça c'est aujourd'hui un acquis, c'est un pilier solide et je crois que la présence d'autres responsables associatifs aujourd'hui montre bien que chacun aujourd'hui travaille avec cette même conviction.
Ce n'est pas parce que 2005 a été une année grande cause que toutes les années qui suivent doivent êtres des années en retrait par rapport au sida au contraire le sida reste et restera une grande cause nationale que le label soit là ou pas.
I/ Nos efforts doivent en effet être constants car les chiffres 2005 demeurent inquiétants.
* Ce sont 6 700 personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2005, contre 7000 en 2004.
Pas question de se satisfaire de cette avancée trop modeste ; la réalité, c'est que le sida progresse toujours : ces 6700 nouvelles contaminations s'ajoutent aux 150 000 personnes déjà atteintes du VIH. Pourquoi tant d'années après le début de l'épidémie, celle-ci progresse-t-elle toujours ? Voilà pourquoi nous avons besoin en permanence de faire attention au message concernant le sida, parce que nous savons tous qu'il y a eu depuis des années une forme de banalisation à la fois des messages de prévention et à la fois du regard qui pouvait être porté sur les personnes atteintes. Mais aujourd'hui nous avons besoin de rappeler que cette épidémie progresse toujours et que la situation a besoin d'être améliorer. Car comment considérer ces chiffres autrement que comme mauvais ! même s'ils sont anciens puisque nous donnons en fin d'année 2006 les chiffres de 2005. Il y a une forme de tendance qui se dessine pourvu que cette tendance soit forte, qu'elle soit lourde et surtout qu'elle s'accélère. nous avons besoin, même avec le recul de ces chiffres de nous dire que tous, élus, associations scientifiques, la société dans son ensemble, nous devons nous mobiliser encore et toujours. Ce message de mobilisation doit porter à mon sens sur la question de la prévention en martelant ce message, le seul message qui fera reculer l'épidémie « Restez fidèle au préservatif ». C'est avec ce mot d'ordre que l'INPES lancera sa grande campagne nationale le 1er décembre, campagne grand public qui vient nous rappeler chaque année que le sida progresse qu'il s'agit d'un risque, d'un vrai risque pour tous, c'est ce que rappelle en permanence cette campagne. Mais il faut aussi que le message de prévention soit réellement relayé en continuant à mener des campagnes spécifiques en direction des populations au sein desquelles la progression de l'épidémie est la plus importante.
* Je refuse cette banalisation de la maladie et du message de prévention ; je refuse que nous considérions ces chiffres comme normaux, voire même encourageant. Ils sont scandaleux, et c'est notre responsabilité à tous, élus, associations, société dans son ensemble de nous mobiliser autour d'un objectif clair : O nouvelle contamination. Aucun autre objectif n'est admissible.
* Pour cela, il nous faut la prévention, plus que jamais la prévention. Il ne suffit pas de répéter ce message ; il faut aussi rendre les moyens de prévention accessibles à tous, partout.
II/ C'est pourquoi nous avons fait le choix cette année de faire porter nos efforts particulièrement sur l'accès à la prévention.
* Nous devons continuer à marteler ce message, le seul message qui fera reculer l'épidémie : « Restez fidèle au préservatif ». C'est avec ce mot d'ordre que l'INPES lancera sa grande campagne nationale le 1er décembre, cette campagne grand public qui chaque année vient nous rappeler que le sida progresse. Il n'y a pas de risques élevés ou de risques faibles selon les populations, il s'agit d'un risque, d'un vrai risque, pour tous : c'est ce que rappelle cette campagne.
* Mais il faut que le message de prévention soit réellement relayé.
* Pour cela, nous continuerons à mener des campagnes spécifiques en direction des populations au sein desquelles la progression de l'épidémie est la plus importante. Car si la diminution du nombre de contaminations est nette chez des populations comme les femmes originaires d'Afrique subsaharienne (18 % des nouveaux diagnostics, 20 % en 2004, 22 % en 2003), en revanche, la progression de l'épidémie chez les hommes homosexuels est très inquiétante. Ils représentent 27 % des nouveaux diagnostics contre 23 % en 2004 et 21 % en 2003. Faire diminuer ce chiffre, notre priorité est là.
. Vous le savez, et je tiens à le répéter, je suis persuadé qu'il est possible de cibler notre action sans stigmatiser, et nous sommes d'accord là-dessus avec les associations.
Nous poursuivrons tout d'abord nos actions de prévention et d'accompagnement vers le dépistage pour les populations migrantes. Grâce aux relais associatifs, les guides de prévention et les campagnes spécifiques de l'INPES ont eu beaucoup d'impact.
L'INPES a également élaboré une campagne de communication adaptée aux départements français d'Amérique, qui permettra de changer le regard de la société sur les personnes séropositives. J'ai également soutenu la création d'un CRIPS en Guyane, qui ouvrira ses portes au début de l'année 2007. Son action de prévention et d'éducation à la santé s'étendra sur toutes les Antilles françaises et je remercie la mission (crips-dgs-inpes) qui s'est rendu sur place en octobre d'avoir su mobilier les énergies autour de ce projet. Mais n'allons pas croire que notre action s'arrête là si nous voulons changer le regard que porte la société sur les séropositifs aujourd'hui.
Les guides et supports spécifiques à destination des homosexuels masculins sont largement diffusés grâce aux associations mais aussi aux propriétaires d'établissements. Mais là je pense que nous avons besoin de procéder différemment vis à vis des professionnels
- Le syndicat national des entreprises gays, que je rencontrerai le 12 décembre prochain, a conçu une charte signée par la grande majorité des établissements ; il faut qu'elle soit signé appliquée, respectée par tous ou alors, nous devons nous poser la question des mesures supplémentaires à prendre pour que cet enjeu de santé publique soit bien compris et intégré par tout le monde.
- Je souhaite aller plus loin en réunissant au début de l'année 2007 les producteurs de films pornographiques, hétérosexuels comme homosexuels, afin de promouvoir l'usage du préservatif et l'inscription de messages de prévention dans leurs films. Je rencontrerai aussi les éditeurs de sites de rencontres afin de les inciter à afficher des messages de prévention, comme le font déjà certains.
. Pour que ces actions soient efficaces, il faut l'engagement de tous, élus locaux, associations. Ce que nous devons partager, c'est le refus de la fatalité et la volonté de faire bouger les choses et pas seulement dans les discours. On ne réussira pas sans les associations ; c'est d'ailleurs la réussite de l'année grande cause nationale d'avoir permis d'établir un dialogue fructueux avec les associations. Il n'y aura aucune baisse des crédits cette année ; toutes les actions entreprises pourront être menées à terme. Je souhaite que cette année, notre détermination soit entière pour faire reculer l'épidémie chez les homosexuels masculins. Je compte sur la plate-forme inter associative de prévention pour délivrer un message clair et précis sur l'utilisation systématique du préservatif. La protection de sa santé et la protection de la santé des autres est aussi un message que nous devons rappeler en permanence.
* Pour que cette politique de prévention soit efficace, encore faut-il que les moyens de protection soient accessibles.
. C'est pour cela que l'INPES a distribué en 2006 5,5 millions de préservatifs masculins gratuits, et près d'1 million de préservatifs féminins, notamment via les associations. Par ailleurs, des préservatifs féminins de deuxième génération seront distribués dès de le début de l'année 2007 en France. Nous serons un pays pilote en la matière car ce dispositif a besoin d'être davantage popularisé d'avantage connu . Car on sait que trop souvent c'est le seul moyen d'éviter une négociation avec le partenaire pour qu'il porte le préservatif, car trop souvent cette négociation est perdue par la femme.
. En France, la consommation de préservatifs est deux fois inférieure à celle des pays voisins : elle est de 90 millions contre 120 millions en Italie où la population est inférieure en nombre. Cela tient en partie à des questions de prix, mais aussi au manque de disponibilité du produit. C'est pourquoi nous avons souhaité développer des réseaux de distribution de proximité de manière à le rendre plus accessible, et, comme le souhaitait le Président de la République, moins cher.
. Le réflexe préservatif doit s'acquérir dès le début de la vie sexuelle. Le Ministère de l'Education nationale à vos côtés et aux côtés du ministère de la santé doit s'investir pleinement pour porter des actions de prévention et rendre le préservatif plus accessible.
* Enfin, nous comptons encore progresser dans l'accès au dépistage.
. En 2005, année de la grande cause nationale, le dépistage a progressé de 8 %, soit 5,3 millions de tests, dont moins de 10 % sont réalisés dans les CDAG. Le recours au test de dépistage semble une pratique de plus en plus développée. Mais certaines personnes n'y ont toujours pas accès comme le souligne le rapport du Conseil national du Sida.
. Je souhaite élargir la proposition de test de dépistage pour que chaque fois qu'un patient a un contact avec le système de santé, le test lui soit proposé, en particulier dans les régions très exposées comme l'Ile de France, PACA, Rhône-Alpes, les Départements français d'Amérique. Je vais demander aux COREVIH de me proposer dans chaque région des solutions pour améliorer l'accès au dépistage.
. Comme je m'y étais engagé, les CDAG ont élargi leurs d'heures d'ouverture, notamment à Paris.
. Enfin, je souhaite que les opérations hors les murs puissent se multiplier, en lien avec les associations, afin que les médecins aillent à la rencontre de populations qui fréquentent peu l'hôpital.
III/ Je souhaite que notre politique de lutte contre les discriminations trouve des traductions concrètes et rapides pour les personnes séropositives.
* Je veux saluer votre engagement dans la lutte contre les discriminations : c'est d'abord à votre niveau que nos concitoyens atteints du VIH doivent sentir qu'ils sont pleinement intégrés à la collectivité, et qu'ils sont particulièrement soutenus, accompagnés.
* La campagne de lutte contre les discriminations envers les personnes séropositives a permis de faire évoluer le regard de la société. C'est pourquoi j'ai tenu à ce qu'elle soit rediffusée à la fin de l'année, afin que le slogan « Bravo, vous faites désormais partie des gens qui n'ont plus peur d'approcher une personne séropositive » devienne une réalité pour chacun de nos concitoyens.
* Notre action a aussi concerné cette année la question de l'accès au crédit et à l'assurance des personnes présentant un risque aggravé de santé, dont font partie les personnes séropositives ; cette discrimination à leur égard est intolérable, et ne peut subsister dans une société solidaire. La nouvelle convention AERAS, qu'avec Thierry Breton nous avons signée le 6 juillet dernier, sera consacrée par un projet de loi présenté à l'Assemblée nationale le 11 décembre prochain.
* Enfin, je souhaite avancer très rapidement sur la question des restrictions d'entrée dans certains pays des personnes séropositives. Franchement, je trouve cette discrimination, injustifiée en termes de santé publique, inacceptable ; elle n'honore pas les pays qui la pratique, notamment les pays démocratiques de tradition libérale. C'est pourquoi je vais évoquer ce sujet dès jeudi prochain au Conseil européen des Ministres de la Santé, et c'est pourquoi aussi j'ai demandé à ce que la France marque son refus de cette situation, en demandant à l'OMS et à l'ONU que toute réunion concernant le sida se tienne à Genève, dans un pays qui ne pratique pas cette restriction. J'ai écrit à Dominique de Villepin et Philippe Douste-Blazy en ce sens.
* 2006 a été plus que jamais l'année de l'engagement international de la France dans la lutte contre le sida.
. C'est pour résoudre les difficultés d'accès aux médicaments pour les millions d'habitants de la planète touchés par le sida qu'a été conçu UNITAID, qui concrétise l'idée de facilité internationale d'achat de médicaments lancée par les présidents Lula et Chirac. Avec la contribution internationale de solidarité, avec les systèmes des achats groupés et des enchères inversées, nous disposons de tous les outils innovants et de tous les financements pérennes pour donner accès à tous, quel que soit son pays et son niveau de vie, aux médicaments existants. Les 19 pays désormais réunis dans l'initiative ont d'ores et déjà rassemblé 300 millions d'euros pour 2007.
. Cette politique passe aussi par notre soutien au GIP-Esther, qui aide les pays en voie de développement à mettre en place des programmes de prise en charge globale avec des personnels formés dans le cadre de jumelages. Ses moyens ont été doublés.
. Nous poursuivrons nos efforts en 2007, par la promotion de l'accès aux traitements, notamment en permettant aux pays du Sud de développer des filières de médicaments génériques, par un effort particulier sur la démographie médicale afin de distribuer au mieux les soins, mais aussi en développant l'usage des outils de protection, là encore à bas prix.
J'invite toutes les associations, dont je salue le travail quotidien, tous les élus, dont je sais l'engagement, à se mobiliser autour de cette feuille de route très claire, de cette volonté de bâtir une politique à la fois globale et ciblée de prévention, qui repose notamment sur l'accès facilité au préservatif. C'est en restant fidèle en préservatif que nous lutterons efficacement contre le VIH. Un message simple, qu'il nous faut désormais relayer ; un message simple, qui peut sauver des
milliers de vie.Source http://www.elcs.fr, le 5 janvier 2007
S'il y a bien un sujet sur lequel, on ne peut pas se satisfaire des résultats, c'est bien la lutte contre le sida. Sur trois thématiques importantes, nous avons besoin de nous mobiliser encore et toujours. C'est la question de la prévention et du dépistage, la question de la qualité de vie et le rôle de la France sur le plan international.
Le travail de terrain des associations est remarquable mais je souhaite aussi saluer le travail des élus locaux car ils peuvent susciter un grand nombre d'actions sur le terrain et des actions de proximité.
L'année grande cause nationale toutes les associations ont décider de travailler autrement, différemment, ensemble. Parce qu'on sait que les associations travaillent depuis longtemps aux côté des scientifiques et que les véritables pionnier sont les relais associatifs. Les politiques sont intervenus mais les piliers sont les piliers associatifs. A partir de 2005, chacun a pris conscience que si l'on voulait franchir un pas supplémentaire pour lutter contre le sida, il fallait que les associations se parlent davantage, qu'elles se comprennent davantage et surtout qu'elles s'entendent davantage. Ça c'est aujourd'hui un acquis, c'est un pilier solide et je crois que la présence d'autres responsables associatifs aujourd'hui montre bien que chacun aujourd'hui travaille avec cette même conviction.
Ce n'est pas parce que 2005 a été une année grande cause que toutes les années qui suivent doivent êtres des années en retrait par rapport au sida au contraire le sida reste et restera une grande cause nationale que le label soit là ou pas.
I/ Nos efforts doivent en effet être constants car les chiffres 2005 demeurent inquiétants.
* Ce sont 6 700 personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2005, contre 7000 en 2004.
Pas question de se satisfaire de cette avancée trop modeste ; la réalité, c'est que le sida progresse toujours : ces 6700 nouvelles contaminations s'ajoutent aux 150 000 personnes déjà atteintes du VIH. Pourquoi tant d'années après le début de l'épidémie, celle-ci progresse-t-elle toujours ? Voilà pourquoi nous avons besoin en permanence de faire attention au message concernant le sida, parce que nous savons tous qu'il y a eu depuis des années une forme de banalisation à la fois des messages de prévention et à la fois du regard qui pouvait être porté sur les personnes atteintes. Mais aujourd'hui nous avons besoin de rappeler que cette épidémie progresse toujours et que la situation a besoin d'être améliorer. Car comment considérer ces chiffres autrement que comme mauvais ! même s'ils sont anciens puisque nous donnons en fin d'année 2006 les chiffres de 2005. Il y a une forme de tendance qui se dessine pourvu que cette tendance soit forte, qu'elle soit lourde et surtout qu'elle s'accélère. nous avons besoin, même avec le recul de ces chiffres de nous dire que tous, élus, associations scientifiques, la société dans son ensemble, nous devons nous mobiliser encore et toujours. Ce message de mobilisation doit porter à mon sens sur la question de la prévention en martelant ce message, le seul message qui fera reculer l'épidémie « Restez fidèle au préservatif ». C'est avec ce mot d'ordre que l'INPES lancera sa grande campagne nationale le 1er décembre, campagne grand public qui vient nous rappeler chaque année que le sida progresse qu'il s'agit d'un risque, d'un vrai risque pour tous, c'est ce que rappelle en permanence cette campagne. Mais il faut aussi que le message de prévention soit réellement relayé en continuant à mener des campagnes spécifiques en direction des populations au sein desquelles la progression de l'épidémie est la plus importante.
* Je refuse cette banalisation de la maladie et du message de prévention ; je refuse que nous considérions ces chiffres comme normaux, voire même encourageant. Ils sont scandaleux, et c'est notre responsabilité à tous, élus, associations, société dans son ensemble de nous mobiliser autour d'un objectif clair : O nouvelle contamination. Aucun autre objectif n'est admissible.
* Pour cela, il nous faut la prévention, plus que jamais la prévention. Il ne suffit pas de répéter ce message ; il faut aussi rendre les moyens de prévention accessibles à tous, partout.
II/ C'est pourquoi nous avons fait le choix cette année de faire porter nos efforts particulièrement sur l'accès à la prévention.
* Nous devons continuer à marteler ce message, le seul message qui fera reculer l'épidémie : « Restez fidèle au préservatif ». C'est avec ce mot d'ordre que l'INPES lancera sa grande campagne nationale le 1er décembre, cette campagne grand public qui chaque année vient nous rappeler que le sida progresse. Il n'y a pas de risques élevés ou de risques faibles selon les populations, il s'agit d'un risque, d'un vrai risque, pour tous : c'est ce que rappelle cette campagne.
* Mais il faut que le message de prévention soit réellement relayé.
* Pour cela, nous continuerons à mener des campagnes spécifiques en direction des populations au sein desquelles la progression de l'épidémie est la plus importante. Car si la diminution du nombre de contaminations est nette chez des populations comme les femmes originaires d'Afrique subsaharienne (18 % des nouveaux diagnostics, 20 % en 2004, 22 % en 2003), en revanche, la progression de l'épidémie chez les hommes homosexuels est très inquiétante. Ils représentent 27 % des nouveaux diagnostics contre 23 % en 2004 et 21 % en 2003. Faire diminuer ce chiffre, notre priorité est là.
. Vous le savez, et je tiens à le répéter, je suis persuadé qu'il est possible de cibler notre action sans stigmatiser, et nous sommes d'accord là-dessus avec les associations.
Nous poursuivrons tout d'abord nos actions de prévention et d'accompagnement vers le dépistage pour les populations migrantes. Grâce aux relais associatifs, les guides de prévention et les campagnes spécifiques de l'INPES ont eu beaucoup d'impact.
L'INPES a également élaboré une campagne de communication adaptée aux départements français d'Amérique, qui permettra de changer le regard de la société sur les personnes séropositives. J'ai également soutenu la création d'un CRIPS en Guyane, qui ouvrira ses portes au début de l'année 2007. Son action de prévention et d'éducation à la santé s'étendra sur toutes les Antilles françaises et je remercie la mission (crips-dgs-inpes) qui s'est rendu sur place en octobre d'avoir su mobilier les énergies autour de ce projet. Mais n'allons pas croire que notre action s'arrête là si nous voulons changer le regard que porte la société sur les séropositifs aujourd'hui.
Les guides et supports spécifiques à destination des homosexuels masculins sont largement diffusés grâce aux associations mais aussi aux propriétaires d'établissements. Mais là je pense que nous avons besoin de procéder différemment vis à vis des professionnels
- Le syndicat national des entreprises gays, que je rencontrerai le 12 décembre prochain, a conçu une charte signée par la grande majorité des établissements ; il faut qu'elle soit signé appliquée, respectée par tous ou alors, nous devons nous poser la question des mesures supplémentaires à prendre pour que cet enjeu de santé publique soit bien compris et intégré par tout le monde.
- Je souhaite aller plus loin en réunissant au début de l'année 2007 les producteurs de films pornographiques, hétérosexuels comme homosexuels, afin de promouvoir l'usage du préservatif et l'inscription de messages de prévention dans leurs films. Je rencontrerai aussi les éditeurs de sites de rencontres afin de les inciter à afficher des messages de prévention, comme le font déjà certains.
. Pour que ces actions soient efficaces, il faut l'engagement de tous, élus locaux, associations. Ce que nous devons partager, c'est le refus de la fatalité et la volonté de faire bouger les choses et pas seulement dans les discours. On ne réussira pas sans les associations ; c'est d'ailleurs la réussite de l'année grande cause nationale d'avoir permis d'établir un dialogue fructueux avec les associations. Il n'y aura aucune baisse des crédits cette année ; toutes les actions entreprises pourront être menées à terme. Je souhaite que cette année, notre détermination soit entière pour faire reculer l'épidémie chez les homosexuels masculins. Je compte sur la plate-forme inter associative de prévention pour délivrer un message clair et précis sur l'utilisation systématique du préservatif. La protection de sa santé et la protection de la santé des autres est aussi un message que nous devons rappeler en permanence.
* Pour que cette politique de prévention soit efficace, encore faut-il que les moyens de protection soient accessibles.
. C'est pour cela que l'INPES a distribué en 2006 5,5 millions de préservatifs masculins gratuits, et près d'1 million de préservatifs féminins, notamment via les associations. Par ailleurs, des préservatifs féminins de deuxième génération seront distribués dès de le début de l'année 2007 en France. Nous serons un pays pilote en la matière car ce dispositif a besoin d'être davantage popularisé d'avantage connu . Car on sait que trop souvent c'est le seul moyen d'éviter une négociation avec le partenaire pour qu'il porte le préservatif, car trop souvent cette négociation est perdue par la femme.
. En France, la consommation de préservatifs est deux fois inférieure à celle des pays voisins : elle est de 90 millions contre 120 millions en Italie où la population est inférieure en nombre. Cela tient en partie à des questions de prix, mais aussi au manque de disponibilité du produit. C'est pourquoi nous avons souhaité développer des réseaux de distribution de proximité de manière à le rendre plus accessible, et, comme le souhaitait le Président de la République, moins cher.
. Le réflexe préservatif doit s'acquérir dès le début de la vie sexuelle. Le Ministère de l'Education nationale à vos côtés et aux côtés du ministère de la santé doit s'investir pleinement pour porter des actions de prévention et rendre le préservatif plus accessible.
* Enfin, nous comptons encore progresser dans l'accès au dépistage.
. En 2005, année de la grande cause nationale, le dépistage a progressé de 8 %, soit 5,3 millions de tests, dont moins de 10 % sont réalisés dans les CDAG. Le recours au test de dépistage semble une pratique de plus en plus développée. Mais certaines personnes n'y ont toujours pas accès comme le souligne le rapport du Conseil national du Sida.
. Je souhaite élargir la proposition de test de dépistage pour que chaque fois qu'un patient a un contact avec le système de santé, le test lui soit proposé, en particulier dans les régions très exposées comme l'Ile de France, PACA, Rhône-Alpes, les Départements français d'Amérique. Je vais demander aux COREVIH de me proposer dans chaque région des solutions pour améliorer l'accès au dépistage.
. Comme je m'y étais engagé, les CDAG ont élargi leurs d'heures d'ouverture, notamment à Paris.
. Enfin, je souhaite que les opérations hors les murs puissent se multiplier, en lien avec les associations, afin que les médecins aillent à la rencontre de populations qui fréquentent peu l'hôpital.
III/ Je souhaite que notre politique de lutte contre les discriminations trouve des traductions concrètes et rapides pour les personnes séropositives.
* Je veux saluer votre engagement dans la lutte contre les discriminations : c'est d'abord à votre niveau que nos concitoyens atteints du VIH doivent sentir qu'ils sont pleinement intégrés à la collectivité, et qu'ils sont particulièrement soutenus, accompagnés.
* La campagne de lutte contre les discriminations envers les personnes séropositives a permis de faire évoluer le regard de la société. C'est pourquoi j'ai tenu à ce qu'elle soit rediffusée à la fin de l'année, afin que le slogan « Bravo, vous faites désormais partie des gens qui n'ont plus peur d'approcher une personne séropositive » devienne une réalité pour chacun de nos concitoyens.
* Notre action a aussi concerné cette année la question de l'accès au crédit et à l'assurance des personnes présentant un risque aggravé de santé, dont font partie les personnes séropositives ; cette discrimination à leur égard est intolérable, et ne peut subsister dans une société solidaire. La nouvelle convention AERAS, qu'avec Thierry Breton nous avons signée le 6 juillet dernier, sera consacrée par un projet de loi présenté à l'Assemblée nationale le 11 décembre prochain.
* Enfin, je souhaite avancer très rapidement sur la question des restrictions d'entrée dans certains pays des personnes séropositives. Franchement, je trouve cette discrimination, injustifiée en termes de santé publique, inacceptable ; elle n'honore pas les pays qui la pratique, notamment les pays démocratiques de tradition libérale. C'est pourquoi je vais évoquer ce sujet dès jeudi prochain au Conseil européen des Ministres de la Santé, et c'est pourquoi aussi j'ai demandé à ce que la France marque son refus de cette situation, en demandant à l'OMS et à l'ONU que toute réunion concernant le sida se tienne à Genève, dans un pays qui ne pratique pas cette restriction. J'ai écrit à Dominique de Villepin et Philippe Douste-Blazy en ce sens.
* 2006 a été plus que jamais l'année de l'engagement international de la France dans la lutte contre le sida.
. C'est pour résoudre les difficultés d'accès aux médicaments pour les millions d'habitants de la planète touchés par le sida qu'a été conçu UNITAID, qui concrétise l'idée de facilité internationale d'achat de médicaments lancée par les présidents Lula et Chirac. Avec la contribution internationale de solidarité, avec les systèmes des achats groupés et des enchères inversées, nous disposons de tous les outils innovants et de tous les financements pérennes pour donner accès à tous, quel que soit son pays et son niveau de vie, aux médicaments existants. Les 19 pays désormais réunis dans l'initiative ont d'ores et déjà rassemblé 300 millions d'euros pour 2007.
. Cette politique passe aussi par notre soutien au GIP-Esther, qui aide les pays en voie de développement à mettre en place des programmes de prise en charge globale avec des personnels formés dans le cadre de jumelages. Ses moyens ont été doublés.
. Nous poursuivrons nos efforts en 2007, par la promotion de l'accès aux traitements, notamment en permettant aux pays du Sud de développer des filières de médicaments génériques, par un effort particulier sur la démographie médicale afin de distribuer au mieux les soins, mais aussi en développant l'usage des outils de protection, là encore à bas prix.
J'invite toutes les associations, dont je salue le travail quotidien, tous les élus, dont je sais l'engagement, à se mobiliser autour de cette feuille de route très claire, de cette volonté de bâtir une politique à la fois globale et ciblée de prévention, qui repose notamment sur l'accès facilité au préservatif. C'est en restant fidèle en préservatif que nous lutterons efficacement contre le VIH. Un message simple, qu'il nous faut désormais relayer ; un message simple, qui peut sauver des
milliers de vie.Source http://www.elcs.fr, le 5 janvier 2007