Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur le rôle du Conseil supérieur de la réserve militaire et la réforme des réserves, Paris le 4 décembre 2000.

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Circonstance : Ouverture de la 1ère assemblée plénière du Conseil supérieur de la Réserve militaire, Paris le 4 décembre 2000

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de présider et d'ouvrir cette première assemblée plénière du Conseil Supérieur de la Réserve Militaire, en compagnie de Jean-Pierre Masseret. Vous êtes réunis aujourd'hui pour préparer l'avenir de la réserve dans nos armées, et je suis venu vous dire, moi qui ai pour tâche de préparer l'avenir de notre défense, toute l'importance de la mission de conseil qui vous est confiée.
[l'aboutissement de la réforme des réserves]
La création de ce conseil est d'abord un aboutissement, une des dernières étapes de la refonte de notre système de défense décidée en 1996 et que je mets en uvre depuis maintenant trois ans. Elle est issue de la loi du 22 octobre 1999, qui clôt le vaste ensemble législatif lié à la professionnalisation en organisant la réserve militaire et le système de défense.
La refonte de nos armées a en effet conforté la place de la réserve, considérée comme l'une des composantes fondamentales de notre outil de défense, et organisée en réserve opérationnelle et réserve citoyenne.
Composante à part entière des forces armées, la réserve opérationnelle reçoit la charge de renforcer leurs capacités. Elle a déjà montré combien elle était un appui précieux pour permettre aux armées de remplir leurs missions. Certains réservistes participent à des opérations extérieures, et apportent des savoir-faire spécifiques en particulier dans les affaires civilo-militaires. D'autres sont intervenus sur le territoire national pour des missions de service public, en particulier lors des catastrophes de décembre dernier. Ces quelques exemples, parmi beaucoup d'autres preuves de disponibilité et d'efficacité des hommes et des femmes de la réserve, montrent combien celle-ci est désormais présente quotidiennement au service de l'intérêt général.
Le législateur a également créé une réserve citoyenne, plus particulièrement chargée d'être un relais entre la Nation et ses armées. Interface entre les mondes civils et militaires, les réservistes doivent contribuer de manière décisive à la pérennité des liens qui unissent la Nation à ses armées. J'y reviendrai.
[l'aboutissement d'une démarche de concertation]
La création du Conseil Supérieur de la Réserve Militaire s'inscrit dans cette démarche de réorganisation. Elle s'inscrit également en continuité avec l'esprit de concertation qui a présidé à l'émergence d'une nouvelle réserve.
Jean-Pierre Masseret et moi-même avons préparé la loi en menant des discussions approfondies avec l'ensemble des acteurs concernés, en particulier le Conseil Supérieur des Etudes de réserve. C'est cette intense concertation qui a permis de dégager les principes sur lesquels repose aujourd'hui la réserve.
Le Conseil Supérieur de la Réserve Militaire prolonge et élargit ce principe de concertation. En réunissant des militaires, des représentants des associations de réservistes, et des représentants de la société civile dans toute sa diversité, il est une institution d'interface unique en son genre. Vous devez être conscient de l'importance, et en même temps de l'originalité de votre mission : il ne s'agit ici ni de débat idéologique, ni de représentation d'intérêts professionnels, mais de la mise en commun d'opinions et d'expériences pour préparer l'avenir de la réserve et la pérennité du lien entre la Nation et ses armées.
[préparer l'avenir de la réserve]
J'attends en effet beaucoup de vos avis et de vos recommandations sur l'organisation de la réserve. Les principes ont été posés, mais il reste encore beaucoup à faire, beaucoup à inventer pour faire vivre cette nouvelle réserve. Il est clair notamment qu'un effort véritable doit être entrepris, en particulier par les armées elles mêmes, pour attirer des jeunes Français et Françaises vers la réserve.
La très large composition du Conseil, et notamment la présence de représentants du monde professionnel est d'abord un atout majeur pour développer les partenariats entre la réserve et le monde du travail. Ces partenariats sont essentiels pour garantir la flexibilité, la souplesse d'emploi de la réserve opérationnelle. Il s'agit là de l'un des grands dossiers dont vous recevez la charge.
Vous avez également un rôle important à jouer dans la mise en place de la réserve citoyenne, dans la définition précise de ses missions et de ses modes d'action. Il y a là beaucoup d'opportunités, beaucoup d'énergies prêtes à uvrer pour faire vivre l'esprit de défense. Grâce à la diversité de vos formations et de vos expériences, vous pourrez être un véritable réservoir d'idées dans ce domaine.
Je compte également sur vous pour trouver les moyens de relever le grand défi que rencontre aujourd'hui la réserve : le défi du recrutement, alors que la suspension du service national vient tarir le vivier de compétences et d'énergies dont pouvait disposer la réserve.
La solution à ces problèmes passe plus largement par une meilleure connaissance et reconnaissance des réserves, tant dans la société française que vis à vis des armées car leur rôle doit être mieux mis en valeur. Il y a là pour vous une importante réflexion à mener sur les moyens pour y parvenir. Nous travaillons dans ce sens en réfléchissant actuellement à la réalisation, à l'automne 2001, d'un symposium national qui permettrait aux cadres d'actives et de réserve de se retrouver ensemble pour discuter de leurs préoccupations communes.

[le renouvellement des liens entre la Nation et ses armées]
Vous le voyez, ces problèmes dépassent en fait largement la seule question des réserves, et concernent l'ensemble des liens qui unissent la Nation et ses armées. Jean-Pierre Masseret et moi-même veillons constamment à assurer la pérennité de ces liens. Ainsi avons nous décidé d'installer symboliquement le secrétariat général de votre Conseil dans un immeuble au cur de la capitale. Ce lieu aura vocation à être la maison de la défense à PARIS et préfigure la traduction concrète et locale des liens que nous voulons favoriser et pérenniser sur l'ensemble du territoire entre la Nation et ses forces armées. C'est l'un des enjeux majeurs de la professionnalisation, et j'attends là encore beaucoup de votre action.
Il importe en premier lieu que les Armées restent pleinement en phase avec l'ensemble de la société française et ses évolutions. C'est le sens de la réforme du recrutement et de la formation des officiers que j'ai présentée il y a peu en Conseil des Ministres.
Nous devons également veiller à ce que l'esprit de défense, élément essentiel de la démocratie, reste bien vivant dans notre société. La défense ne doit pas devenir une service public comme un autre, elle reste de la responsabilité de tous les citoyens, même si seuls certains d'entre eux sont aujourd'hui chargés de maîtriser la violence au besoin par la force et au péril de leur vie, si la République le leur demande.
Par sa hauteur de vue, par la diversité exceptionnelle de ceux qui le composent, le Conseil Supérieur de la Réserve Militaire a un rôle particulier à jouer dans cette tâche. Je sais que vous avez pleinement conscience de l'importance de ces questions pour l'avenir de notre Nation et de sa sécurité. J'attends donc avec un grand intérêt les avis et les recommandations que vous me transmettrez.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 12 février 2001)