Texte intégral
Trois chantiers pour une mondialisation respectueuse
(Paris, 23 décembre 2006)
Les résultats du sondage publié récemment par le German Marshall Fund confirment la relation ambiguë qu'entretiennent les Français avec la mondialisation. Alors qu'avec 83 % d'opinion favorable à l'aide au développement, les Français affichent une générosité supérieure à la moyenne européenne, ils sont seulement 47 % à considérer que la mondialisation est positive, et 55 % d'entre eux sont attachés au maintien de barrières commerciales. Nombre de ces réserves sont aussi partagées par certains de nos concitoyens européens et par nos amis des Etats-Unis.
Ce résultat n'est pas une surprise. La libéralisation des capitaux, l'arrivée fracassante des pays émergents Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) et le développement des innovations technologiques ont durablement modifié le paysage économique mondial et les règles qui le régissent. Une course de vitesse s'est engagée entre ces changements de plus en plus rapides, la mise en place de règles mondiales et l'adaptation de nos systèmes économiques et sociaux à ces nouvelles contraintes.
Nous n'avons, pour le moment, réussi ni à articuler un discours positif sur la mondialisation, ni à agir de manière efficace et cohérente sur les plans national et international pour maintenir un haut niveau de protection sociale sur le long terme et pour garantir une mondialisation plus fructueuse et mieux partagée. Cette incapacité à donner à nos concitoyens et crédibles explique pourquoi les effets de la mondialisation effraient. Devant le risque d'appauvrissement, voire de marginalisation d'une France qui resterait statique dans un monde en mouvement qui n'a aucune intention de s'arrêter pour nous, il est urgent de reprendre la main.
Pour cela, il faut engager une véritable révolution de notre conception de la mondialisation. La mondialisation ne nous impose aucun modèle, mais elle nous interroge sur nous-mêmes, sur notre projet de société et sur le rôle que la France et l'Europe entendent jouer dans le monde de demain. Nous devons aussi faire en sorte que la mondialisation soit plus juste, plus respectueuse de l'environnement, au service de l'homme. En complément des actions déjà conduites par la France, je propose d'explorer trois chantiers.
Responsabilité. Les citoyens, les salariés, les consommateurs, les actionnaires et les entreprises doivent être des acteurs responsables de la mondialisation. Pour cela, ils doivent d'abord être bien informés. Des actions de pédagogie et d'information sur la mondialisation à destination des citoyens, des étudiants et des élèves, sont nécessaires. Les dispositifs de marquage méritent d'être améliorés afin de permettre aux consommateurs d'être en mesure de choisir des produits et des services en fonction de leur impact sur l'environnement et du respect des droits fondamentaux du travail, par exemple en ce qui concerne le travail des enfants. Les comportements des entreprises doivent aussi être plus transparents vis-à-vis de leurs clients et de leurs actionnaires.
Loyauté. Seul un libre-échange reposant sur des règles loyales sera durable. Il est normal que nos partenaires commerciaux cherchent à profiter de la mondialisation, il est injuste et inacceptable qu'ils le fassent au mépris des droits de la propriété intellectuelle, des Droits de l'Homme, ou des droits fondamentaux du travail. La mise en oeuvre de ces règles doit faire l'objet d'une plus grande rigueur et d'une meilleure transparence. Je leur propose qu'un nouvel indicateur crédible et indépendant mette au grand jour les agissements des principaux acteurs du commerce mondial et classe les pays en fonction du respect de ces règles fondamentales.
Durabilité. Enfin, le chantier d'une mondialisation durable qui accepte et respecte la diversité des valeurs et intègre mieux les effets spéciaux et environnementaux du développement des échanges. Les préoccupations sociales et environnementales doivent, par exemple, être systématiquement intégrées dans les accords commerciaux. Les négociations commerciales bilatérales que l'Union va lancer prochainement avec l'Inde, la Corée du Sud et les pays de l'Asean constituent une excellente opportunité pour mettre en oeuvre cette nouvelle façon de commercer avec nos partenaires. En France, les transitions économiques et sociales induites par l'ouverture aux échanges doivent être facilitées et mieux accompagnées afin d'en limiter le coût social. Par l'utilisation, notamment, d'un fonds français d'adaptation à la mondialisation, nous pourrions faciliter la reconversion des salariés des secteurs fragiles touchés par la concurrence internationale.
Afin d'avancer rapidement dans cette direction, j'ai décidé de lancer un groupe de haut niveau constitué de représentants du monde de l'entreprise, du monde universitaire et du monde spirituel, qui fera des propositions avant avril 2007.
La mondialisation est un sujet majeur pour les décennies à venir. La France doit y participer, de préférence à l'avant-garde, pour proposer une finalité et des valeurs.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 décembre 2006
(Paris, 23 décembre 2006)
Les résultats du sondage publié récemment par le German Marshall Fund confirment la relation ambiguë qu'entretiennent les Français avec la mondialisation. Alors qu'avec 83 % d'opinion favorable à l'aide au développement, les Français affichent une générosité supérieure à la moyenne européenne, ils sont seulement 47 % à considérer que la mondialisation est positive, et 55 % d'entre eux sont attachés au maintien de barrières commerciales. Nombre de ces réserves sont aussi partagées par certains de nos concitoyens européens et par nos amis des Etats-Unis.
Ce résultat n'est pas une surprise. La libéralisation des capitaux, l'arrivée fracassante des pays émergents Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) et le développement des innovations technologiques ont durablement modifié le paysage économique mondial et les règles qui le régissent. Une course de vitesse s'est engagée entre ces changements de plus en plus rapides, la mise en place de règles mondiales et l'adaptation de nos systèmes économiques et sociaux à ces nouvelles contraintes.
Nous n'avons, pour le moment, réussi ni à articuler un discours positif sur la mondialisation, ni à agir de manière efficace et cohérente sur les plans national et international pour maintenir un haut niveau de protection sociale sur le long terme et pour garantir une mondialisation plus fructueuse et mieux partagée. Cette incapacité à donner à nos concitoyens et crédibles explique pourquoi les effets de la mondialisation effraient. Devant le risque d'appauvrissement, voire de marginalisation d'une France qui resterait statique dans un monde en mouvement qui n'a aucune intention de s'arrêter pour nous, il est urgent de reprendre la main.
Pour cela, il faut engager une véritable révolution de notre conception de la mondialisation. La mondialisation ne nous impose aucun modèle, mais elle nous interroge sur nous-mêmes, sur notre projet de société et sur le rôle que la France et l'Europe entendent jouer dans le monde de demain. Nous devons aussi faire en sorte que la mondialisation soit plus juste, plus respectueuse de l'environnement, au service de l'homme. En complément des actions déjà conduites par la France, je propose d'explorer trois chantiers.
Responsabilité. Les citoyens, les salariés, les consommateurs, les actionnaires et les entreprises doivent être des acteurs responsables de la mondialisation. Pour cela, ils doivent d'abord être bien informés. Des actions de pédagogie et d'information sur la mondialisation à destination des citoyens, des étudiants et des élèves, sont nécessaires. Les dispositifs de marquage méritent d'être améliorés afin de permettre aux consommateurs d'être en mesure de choisir des produits et des services en fonction de leur impact sur l'environnement et du respect des droits fondamentaux du travail, par exemple en ce qui concerne le travail des enfants. Les comportements des entreprises doivent aussi être plus transparents vis-à-vis de leurs clients et de leurs actionnaires.
Loyauté. Seul un libre-échange reposant sur des règles loyales sera durable. Il est normal que nos partenaires commerciaux cherchent à profiter de la mondialisation, il est injuste et inacceptable qu'ils le fassent au mépris des droits de la propriété intellectuelle, des Droits de l'Homme, ou des droits fondamentaux du travail. La mise en oeuvre de ces règles doit faire l'objet d'une plus grande rigueur et d'une meilleure transparence. Je leur propose qu'un nouvel indicateur crédible et indépendant mette au grand jour les agissements des principaux acteurs du commerce mondial et classe les pays en fonction du respect de ces règles fondamentales.
Durabilité. Enfin, le chantier d'une mondialisation durable qui accepte et respecte la diversité des valeurs et intègre mieux les effets spéciaux et environnementaux du développement des échanges. Les préoccupations sociales et environnementales doivent, par exemple, être systématiquement intégrées dans les accords commerciaux. Les négociations commerciales bilatérales que l'Union va lancer prochainement avec l'Inde, la Corée du Sud et les pays de l'Asean constituent une excellente opportunité pour mettre en oeuvre cette nouvelle façon de commercer avec nos partenaires. En France, les transitions économiques et sociales induites par l'ouverture aux échanges doivent être facilitées et mieux accompagnées afin d'en limiter le coût social. Par l'utilisation, notamment, d'un fonds français d'adaptation à la mondialisation, nous pourrions faciliter la reconversion des salariés des secteurs fragiles touchés par la concurrence internationale.
Afin d'avancer rapidement dans cette direction, j'ai décidé de lancer un groupe de haut niveau constitué de représentants du monde de l'entreprise, du monde universitaire et du monde spirituel, qui fera des propositions avant avril 2007.
La mondialisation est un sujet majeur pour les décennies à venir. La France doit y participer, de préférence à l'avant-garde, pour proposer une finalité et des valeurs.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 décembre 2006