Texte intégral
1. Je me réjouis de vous accueillir aujourd'hui à Matignon pour la remise du premier rapport annuel du Centre d'analyse stratégique.
Il y a un an, j'ai voulu doter l'Etat d'un organe de réflexion et d'analyse en prise directe avec l'action gouvernementale : nous avons donc décidé de transformer le Commissariat au Plan en Centre d'analyse stratégique, sur le modèle de ce qui existe dans d'autres grands pays européens.
Face à des enjeux et à des évolutions de société de plus en plus complexes, l'action publique a besoin d'être mieux éclairée et mieux informée. La création du Centre d'analyse stratégique répond à ce défi.
Je veux saluer et remercier Sophie Boissard et toute son équipe pour le travail remarquable qu'ils effectuent : le rapport qu'ils m'ont remis témoigne de la qualité et de l'intérêt de leur analyse. En quelques mois, le Centre d'analyse stratégique est devenu l'un des outils importants pour éclairer l'avenir de la France.
2. Je voudrais revenir rapidement sur une conclusion forte contenue dans ce rapport, un défi essentiel que notre pays aura à relever dans les années à venir : le défi de l'emploi et de la formation.
Depuis deux ans, j'ai fait de l'emploi la priorité absolue de l'action gouvernementale : avec Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher, nous avons fait le choix d'une politique pragmatique, qui utilise tous les leviers pour faire baisser le chômage. Les résultats sont là : en un an le chômage à reculé de 10 %. Selon les estimations de l'INSEE, nous serons en juin prochain au niveau le plus bas jamais atteint par la France depuis 25 ans.
Partant de ces résultats, nous devons être lucides sur l'évolution de l'emploi en France au cours des 10 prochaines années. Il y a deux réalités auxquelles nous devons faire face.
La première, c'est que le chômage ne baissera pas sans une politique de l'emploi active.
L'évolution de la démographie n'entraînera pas mécaniquement une baisse du chômage. Ce n'est pas parce que la population active diminuera que le chômage disparaîtra. C'est au contraire parce que nous aurons un nombre toujours plus important de personnes au travail, notamment des jeunes, des femmes, des seniors, que la croissance augmentera et que nous pourrons créer des emplois. Il est temps de sortir définitivement des logiques malthusiennes de l'emploi pour entrer dans le cercle vertueux du plein emploi. Dans la lutte contre le chômage, notre pays ne peut se permettre ni pause, ni retour en arrière.
Nous devrons au contraire dans les prochaines années maintenir des politiques de l'emploi énergiques et inventer de nouveaux instruments. Nous serons passés en 2 ans de plus de 10 % à 8 % de taux de chômage. L'objectif, désormais, c'est de passer de 8 % à 6 %. Pour cela, nous devons notamment avancer vers la fusion ANPE-Unedic, comme l'a indiqué le président de la République, et remettre à plat, sur la base des travaux actuels des partenaires sociaux, notre système d'allocations chômage. Nous devons aussi réfléchir tous ensemble, avec les syndicats, avec les entreprises, avec les économistes, à la mise en place d'une vraie flexi-sécurité à la française. Donnons aux salariés les moyens de faire face à la mobilité pour qu'elle soit pour eux un atout et non pas un risque. Donnons aux entreprises les moyens d'être plus compétitives et de gagner dans la mondialisation.
La deuxième réalité, qui est mise en évidence avec beaucoup de force par le Centre d'analyse stratégique, c'est que nous allons de plus en plus vers un marché du travail à deux vitesses.
Nous risquons d'avoir d'un côté les bons emplois, des emplois stables et bien rémunérés dans les métiers qualifiés, et de l'autre des emplois plus fragiles, des métiers avec des horaires et des durées de travail plus diversifiés, des changements plus fréquents et des qualifications moins élevées, notamment dans les services.
Tout l'enjeu, c'est de renforcer ces emplois, d'en faire des emplois de bonne qualité, des emplois valorisants qui permettent de progresser dans la carrière professionnelle, avec des salaires qui augmentent. C'est un objectif particulièrement important pour l'hôtellerie-restauration, sur laquelle j'ai demandé à Thierry Costes de me remettre un rapport. Il réfléchira notamment à la valorisation et à la modernisation d'un secteur qui est décisif pour l'attractivité de notre pays et la création d'emplois.
Pour améliorer la qualité des emplois, la clé, c'est la formation : elle doit être ouverte à tous et tout au long de la vie. Le rapport du Centre d'analyse stratégique fait deux propositions intéressantes à ce sujet :
La première, c'est une année de formation gratuite pour les moins qualifiés : dans les dix ans qui suivent l'entrée sur le marché du travail, une année de formation complète devrait être offerte à tous ceux qui n'auraient pas atteint un certain niveau d'études ou de qualification. Nous sommes en train de la mettre en place pour les apprentis junior, qui débutent à 14 ans. Il serait utile que ce dispositif soit ouvert à tous ceux dont les qualifications sont les moins élevées. Pour que cette mesure soit efficace, elle devrait s'accompagner d'une réforme en profondeur de notre système de formation continue. Nous avons besoin d'un système plus simple, plus accessible et plus juste. Ce grand chantier d'intérêt national est d'ailleurs la principale recommandation du rapport Delors. J'aurai l'occasion de m'exprimer à ce sujet dans les prochaines semaines.
La deuxième proposition, c'est un engagement total en faveur des jeunes qui souhaitent acquérir une qualification ou un diplôme de bon niveau et qui ne disposent pas des ressources suffisantes. Poursuivre la réforme des bourses est une piste. Elle pourrait s'accompagner de la mise en place d'un système de prêts avantageux. Nous aurions ainsi un dispositif beaucoup plus solide, qui permettrait de répondre réellement aux besoins matériels et financiers de ces jeunes. Tirer le plus de jeunes possible vers le haut, donner à chacun la chance d'avoir une bonne qualification pour la vie, voilà quel doit être notre objectif. J'ai demandé au Centre d'analyse stratégique de me remettre des propositions expertisées d'ici le 15 février.
J'ai insisté aujourd'hui sur l'emploi, j'aurai l'occasion de m'exprimer dans les jours à venir sur trois grands défis qui sont au coeur de la France de demain et qui sont analysés dans le rapport du Centre d'analyse stratégique :
Le premier, c'est la famille : elle a profondément changé dans les dernières décennies. Cela appelle un renouvellement des dispositifs d'accompagnement et de soutien de la famille, ainsi que de l'offre de services publics.
Le deuxième défi, ce sont les inégalités. Nous avons réussi à contenir les inégalités matérielles par rapport à la situation des autres grands pays développés. Mais les inégalités de statut, de formation, d'accès à la culture, aux grandes écoles, restent encore importantes. C'est bien contre cela que nous devons continuer à lutter, grâce à une politique résolue d'égalité des chances.
Le troisième défi, c'est la compétitivité de nos entreprises : face à une concurrence mondiale de plus en plus rude, il est impératif de maintenir nos positions et de conquérir de nouveaux marchés. C'est le niveau de vie des Français qui en dépend. Thierry Breton a fait un travail remarquable pour permettre à nos entreprises de se développer dans les meilleures conditions. Il a notamment souligné l'importance de l'innovation et de la recherche dans le rapport qu'il m'a remis sur l'économie de l'immatériel : ce sont les vrais enjeux de l'avenir.
Je reviendrai sur ces questions la semaine prochaine à l'occasion de mes voeux à la presse.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 9 janvier 2007
Il y a un an, j'ai voulu doter l'Etat d'un organe de réflexion et d'analyse en prise directe avec l'action gouvernementale : nous avons donc décidé de transformer le Commissariat au Plan en Centre d'analyse stratégique, sur le modèle de ce qui existe dans d'autres grands pays européens.
Face à des enjeux et à des évolutions de société de plus en plus complexes, l'action publique a besoin d'être mieux éclairée et mieux informée. La création du Centre d'analyse stratégique répond à ce défi.
Je veux saluer et remercier Sophie Boissard et toute son équipe pour le travail remarquable qu'ils effectuent : le rapport qu'ils m'ont remis témoigne de la qualité et de l'intérêt de leur analyse. En quelques mois, le Centre d'analyse stratégique est devenu l'un des outils importants pour éclairer l'avenir de la France.
2. Je voudrais revenir rapidement sur une conclusion forte contenue dans ce rapport, un défi essentiel que notre pays aura à relever dans les années à venir : le défi de l'emploi et de la formation.
Depuis deux ans, j'ai fait de l'emploi la priorité absolue de l'action gouvernementale : avec Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher, nous avons fait le choix d'une politique pragmatique, qui utilise tous les leviers pour faire baisser le chômage. Les résultats sont là : en un an le chômage à reculé de 10 %. Selon les estimations de l'INSEE, nous serons en juin prochain au niveau le plus bas jamais atteint par la France depuis 25 ans.
Partant de ces résultats, nous devons être lucides sur l'évolution de l'emploi en France au cours des 10 prochaines années. Il y a deux réalités auxquelles nous devons faire face.
La première, c'est que le chômage ne baissera pas sans une politique de l'emploi active.
L'évolution de la démographie n'entraînera pas mécaniquement une baisse du chômage. Ce n'est pas parce que la population active diminuera que le chômage disparaîtra. C'est au contraire parce que nous aurons un nombre toujours plus important de personnes au travail, notamment des jeunes, des femmes, des seniors, que la croissance augmentera et que nous pourrons créer des emplois. Il est temps de sortir définitivement des logiques malthusiennes de l'emploi pour entrer dans le cercle vertueux du plein emploi. Dans la lutte contre le chômage, notre pays ne peut se permettre ni pause, ni retour en arrière.
Nous devrons au contraire dans les prochaines années maintenir des politiques de l'emploi énergiques et inventer de nouveaux instruments. Nous serons passés en 2 ans de plus de 10 % à 8 % de taux de chômage. L'objectif, désormais, c'est de passer de 8 % à 6 %. Pour cela, nous devons notamment avancer vers la fusion ANPE-Unedic, comme l'a indiqué le président de la République, et remettre à plat, sur la base des travaux actuels des partenaires sociaux, notre système d'allocations chômage. Nous devons aussi réfléchir tous ensemble, avec les syndicats, avec les entreprises, avec les économistes, à la mise en place d'une vraie flexi-sécurité à la française. Donnons aux salariés les moyens de faire face à la mobilité pour qu'elle soit pour eux un atout et non pas un risque. Donnons aux entreprises les moyens d'être plus compétitives et de gagner dans la mondialisation.
La deuxième réalité, qui est mise en évidence avec beaucoup de force par le Centre d'analyse stratégique, c'est que nous allons de plus en plus vers un marché du travail à deux vitesses.
Nous risquons d'avoir d'un côté les bons emplois, des emplois stables et bien rémunérés dans les métiers qualifiés, et de l'autre des emplois plus fragiles, des métiers avec des horaires et des durées de travail plus diversifiés, des changements plus fréquents et des qualifications moins élevées, notamment dans les services.
Tout l'enjeu, c'est de renforcer ces emplois, d'en faire des emplois de bonne qualité, des emplois valorisants qui permettent de progresser dans la carrière professionnelle, avec des salaires qui augmentent. C'est un objectif particulièrement important pour l'hôtellerie-restauration, sur laquelle j'ai demandé à Thierry Costes de me remettre un rapport. Il réfléchira notamment à la valorisation et à la modernisation d'un secteur qui est décisif pour l'attractivité de notre pays et la création d'emplois.
Pour améliorer la qualité des emplois, la clé, c'est la formation : elle doit être ouverte à tous et tout au long de la vie. Le rapport du Centre d'analyse stratégique fait deux propositions intéressantes à ce sujet :
La première, c'est une année de formation gratuite pour les moins qualifiés : dans les dix ans qui suivent l'entrée sur le marché du travail, une année de formation complète devrait être offerte à tous ceux qui n'auraient pas atteint un certain niveau d'études ou de qualification. Nous sommes en train de la mettre en place pour les apprentis junior, qui débutent à 14 ans. Il serait utile que ce dispositif soit ouvert à tous ceux dont les qualifications sont les moins élevées. Pour que cette mesure soit efficace, elle devrait s'accompagner d'une réforme en profondeur de notre système de formation continue. Nous avons besoin d'un système plus simple, plus accessible et plus juste. Ce grand chantier d'intérêt national est d'ailleurs la principale recommandation du rapport Delors. J'aurai l'occasion de m'exprimer à ce sujet dans les prochaines semaines.
La deuxième proposition, c'est un engagement total en faveur des jeunes qui souhaitent acquérir une qualification ou un diplôme de bon niveau et qui ne disposent pas des ressources suffisantes. Poursuivre la réforme des bourses est une piste. Elle pourrait s'accompagner de la mise en place d'un système de prêts avantageux. Nous aurions ainsi un dispositif beaucoup plus solide, qui permettrait de répondre réellement aux besoins matériels et financiers de ces jeunes. Tirer le plus de jeunes possible vers le haut, donner à chacun la chance d'avoir une bonne qualification pour la vie, voilà quel doit être notre objectif. J'ai demandé au Centre d'analyse stratégique de me remettre des propositions expertisées d'ici le 15 février.
J'ai insisté aujourd'hui sur l'emploi, j'aurai l'occasion de m'exprimer dans les jours à venir sur trois grands défis qui sont au coeur de la France de demain et qui sont analysés dans le rapport du Centre d'analyse stratégique :
Le premier, c'est la famille : elle a profondément changé dans les dernières décennies. Cela appelle un renouvellement des dispositifs d'accompagnement et de soutien de la famille, ainsi que de l'offre de services publics.
Le deuxième défi, ce sont les inégalités. Nous avons réussi à contenir les inégalités matérielles par rapport à la situation des autres grands pays développés. Mais les inégalités de statut, de formation, d'accès à la culture, aux grandes écoles, restent encore importantes. C'est bien contre cela que nous devons continuer à lutter, grâce à une politique résolue d'égalité des chances.
Le troisième défi, c'est la compétitivité de nos entreprises : face à une concurrence mondiale de plus en plus rude, il est impératif de maintenir nos positions et de conquérir de nouveaux marchés. C'est le niveau de vie des Français qui en dépend. Thierry Breton a fait un travail remarquable pour permettre à nos entreprises de se développer dans les meilleures conditions. Il a notamment souligné l'importance de l'innovation et de la recherche dans le rapport qu'il m'a remis sur l'économie de l'immatériel : ce sont les vrais enjeux de l'avenir.
Je reviendrai sur ces questions la semaine prochaine à l'occasion de mes voeux à la presse.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 9 janvier 2007