Déclaration de M. Alain Juppé, Premier ministre, sur l'agriculture face aux défis de l'élargissement de l'Union européenne, la modernisation et la politique d'aménagement du territoire, Paris le 8 février 1996.

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Circonstance : Conférence annuelle agricole, Paris le 8 février 1996

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui pour cette conférence annuelle agricole, poursuivant en cela une tradition inaugurée en 1971 sous le gouvernement de Jacques CHABAN-DELMAS par son ministre de l'agriculture Michel COINTAT, et maintenue par Jacques CHIRAC ici même entre 1974 et 1976 et 1986 et 1988.
Cette conférence annuelle s'inscrit pleinement dans cette longue lignée qui, si elle a connu quelques éclipses, a contribué à accélérer la modernisation de l'agriculture et a été l'illustration de la concertation et du dialogue permanent entre les organisations professionnelles agricoles responsables et les pouvoirs publics.
Rappelons-nous quelques-unes des grandes décisions prises dans cette enceinte :
- en 1973 lancement de la politique de la montagne ;
- en 1974 lancement d'une structure d'orientation des productions et principe de la création des interprofessions ;
- en 1986 mesures fiscales ;
- en 1987 fiscalité de l'éthanol.
Tous ces thèmes se retrouvent sous une forme qui a évolué à notre menu aujourd'hui.
Grâce à toutes ces conférences, l'agriculture française a pu affronter avec succès les défis des élargissements successifs de l'Union européenne, ou de la modernisation. Son visage actuel en est donc directement issu. Je souhaite que la Conférence que nous tenons ce jour, et qui ouvre une nouvelle série, s'inscrive dans le même esprit.
Conforter l'agriculture, en l'aidant à mieux mettre en valeur ses atouts, va tout à fait dans le sens de la politique d'aménagement du territoire et est indissociable de la politique de revitalisation rurale dont je viens d'annoncer la mise en place en cette même salle lundi dernier devant le Conseil National de l'Aménagement et du Développement du Territoire.
L'agriculture, avec ses emplois directs et ses emplois indirects, tant dans le secteur du machinisme agricole que dans celui de la coopération ou de la transformation agroalimentaire est une source de richesses et d'emplois primordiale pour l'économie française.
Mais pour pouvoir produire correctement, le chef d'exploitation a besoin d'un environnement de services publics adapté à ses besoins et présent partout.
C'est aussi pour cela que j'attache une importance particulière à l'organisation et au maillage des services publics dans le monde rural.
J'en viens maintenant à l'ordre du jour qui nous rassemble.
Si je devais le définir brièvement, je dirais qu'il est conforme à ce que l'on est en droit d'attendre d'une agriculture qui poursuit sereinement et volontairement sa modernisation.
Tant sur le plan fiscal que sur celui des différents aspects sociaux, il offre la possibilité au chef d'exploitation et à sa famille de gérer dans de meilleures conditions l'exploitation où ils travaillent (c'est l'objet du premier sujet à l'ordre du jour concernant la dotation pour investissement) et de mieux faire reconnaître la valeur du travail qu'ils fournissent (c'est l'objet de tout le troisième chapitre en particulier le sujet sur le statut des personnes).
Je me félicite que nous puissions également échanger sur les sujets européens qui conditionneront une grande partie de l'activité agricole des quinze prochaines années, et que nous abordions ensemble ces thèmes fermement, sereinement et résolument.
Souvenons-nous qu'en la matière il n'y a pas de fatalité, la renégociation du préaccord de Blair House en est l'illustration. La volonté et la fermeté, lorsqu'elles sont appuyées sur un dossier technique étayé, et partagées par les partenaires concernés, payent. Si nous pouvons ensemble définir comment nous entendons relever les défis posés par l'intégration des PECO ou les négociations commerciales avec des pays tiers, nous n'en serons que plus forts et mieux écoutés à l'avenir. Car tous ici partageons la même foi en l'utilité et la nécessité de préserver et de conforter la Politique Agricole Commune.
Vous l'aurez noté, les sujets inscrits à l'ordre du jour ont une tonalité résolument structurelle. Ce ne sont pas des thèmes de circonstance. Au-delà de leur grand nombre c'est ce qui fait leur unité.
Si l'on devait retenir une seule image, une seule idée de cette conférence, ce serait bien celle de l'inauguration d'un nouveau cycle destiné à construire de façon durable le visage conquérant de l'agriculture française du XXIe siècle.