Texte intégral
Q- Bonjour F. Goulard. Dans un peu plus d'une heure maintenant, le gouvernement présentera ses voeux à J. Chirac. Qu'est-ce que vous lui souhaitez au chef de l'Etat ?
R- Je lui souhaite une bonne année, une très bonne santé et manifestement ça marche et puis de continuer son action à la tête du pays. Voilà ! Je pense que c'est son souhait.
Q- De la continuer, éventuellement au-delà des échéances prévues, franchement je vous pose la question, vous souhaitez qu'il se représente ?
R- La réponse habituelle, c'est que naturellement la décision lui appartient. En tout cas, il nous a montré, le 31, lors de son discours de voeux, qu'il avait un projet, une vision, une action en cours et qu'il ira jusqu'à son terme.
Q- Un projet, une vision, cela va jusqu'à son terme, cela peut même aller au-delà ?
R- La réponse lui appartient. Nous verrons et nous serons, maintenant, assez rapidement fixés.
Q- C'est déjà l'heure du bilan ?
R- Il y a toujours des bilans à faire ; c'est normal, une fin d'année, le début d'une autre, c'est tout à fait naturel de faire des bilans. Vous voulez dire le bilan du quinquennat...
Q- Du gouvernement.
R- Le bilan du gouvernement ? Le bilan du gouvernement, il se lit dans un certain nombre de données et qui sont favorables, les chiffres du chômage. C'est quand même la première des priorités et des préoccupations des Français et manifestement, ça va mieux. On parle beaucoup du droit au logement actuellement et des questions des sans domicile fixe, la production de logements sociaux, qui a doublé, l'espace d'un quinquennat. Ce n'est pas un mince résultat, les choses ont bougé, les choses ont changé en moins de cinq
ans.
Q- Mais est-ce qu'il reste encore du travail à ce gouvernement, dans les quatre mois qui nous séparent des élections ?
R- Il en reste toujours, parce que le gouvernement d'un pays comme la France, cela ne s'arrête pas. Et je crois que nous sommes en train de démontrer par l'action du gouvernement que jusqu'au terme, jusqu'au terme normal des élections, le gouvernement sera au travail. C'est son devoir et c'est une réalité. Je citais l'exemple de l'emploi, nous continuons et nous aurons encore des résultats. Nous parlions du logement il y a quelques instants, le logement c'est pareil...
Q- Par exemple, il aura le temps de voter une loi sur le droit au logement opposable ?
R- Il y aura certainement des initiatives, le Premier ministre va les annoncer....
Q- Cet après-midi lors d'une conférence de presse.
R- Cela démontre à l'évidence qu'on n'a pas le droit de s'arrêter. Les élections bien sûr, c'est un grand débat démocratique, c'est tout à fait naturel. Les femmes et les hommes politiques ont le devoir d'y participer et en même temps, ceux qui sont au gouvernement, ont le devoir de continuer à agir jusqu'au bout, c'est leur devoir le plus absolu.
Q- Tout le débat autour du logement et du logement opposable, finalement ça tombe plutôt bien pour le gouvernement de D. de Villepin. Cela lui donne du grain à moudre, lui permet d'exister dans les mois qui viennent ?
R- Personne ne peut dire qu'un problème social, quel qu'il soit, aussi aigu que celui-là, tombe bien pour un gouvernement. Non ! C'est vrai que cela illustre de vraies difficultés et que nous essayons de traiter la question de l'emploi, c'est une évidence, les gens qui sont à la rue, c'est souvent parce qu'ils n'ont pas d'emploi. La question du pouvoir d'achat, qui est une question fondamentale, pour notre avenir et là, moi, je pense qu'un des enjeux des années futures, c'est la baisse des prélèvements obligatoires, la baisse des impôts pour que les Français puissent retrouver du pouvoir d'achat. Il y a une anomalie à ce qu'un salarié au SMIC par exemple, ait du mal aujourd'hui à accéder au logement. C'est une anomalie profonde de notre société...
Q- Et une anomalie qui n'a pas été réglée au cours des douze années qui viennent de s'écouler...
R- Mais vous savez, dans aucun pays, à aucun moment, tout n'est réglé. C'est notre lot, c'est notre sort d'être toujours sur la brèche, d'avoir toujours des dossiers à traiter et rien n'est définitivement acquis. En la matière comme dans d'autres, mais je crois que nous avons des grands axes à tracer pour l'avenir, celui-là en est un.
Q- Mais vous, dans votre domaine, l'enseignement supérieur, la recherche, il reste des dossiers à traiter ?
R- Mais bien sûr.
Q- Lesquels ?
R- Mais bien sûr, ils sont considérables. Alors d'abord nous sommes en train de mettre en oeuvre des orientations qui ont été fixées par la loi. C'est la recherche où on a établi les grands axes et on doit aujourd'hui...
Q- C'est la mise en oeuvre donc qui existe déjà...
R- C'est la mise en oeuvre d'une loi qui a été votée au début de l'année dernière et naturellement, c'est un travail de mise en application ; ça se fait, c'est en cours, mais ça ne s'arrête pas là.
Q- Et on peut aller plus loin, par exemple dans l'autonomie des universités ?
R- Mais évidemment, évidemment, alors l'autonomie des universités, c'est un vrai sujet, mais ce n'est pas le seul sujet. Le premier des sujets pour l'université, c'est la réforme de leur gouvernance. Aujourd'hui nos universités ont des conseils d'administration qui sont pléthoriques, des présidents qui ont trop peu de pouvoir et il faudra certainement dans les prochaines années, changer la donne. Mais il y a d'autres sujets en matière d'enseignement supérieur. Par exemple, le fait que nous avons beaucoup d'étudiants dans des filières à vocation générale qui ont souvent du mal à trouver un emploi après leur diplôme. Et trop peu d'étudiants dans les filières professionnelles qui débouchent beaucoup plus facilement sur des emplois. Ce sont des grands sujets qui ne se traitent pas en quelques mois, qui demandent de la durée, il est normal qu'il y ait des perspectives à tracer pour les cinq prochaines années.
Q- Alors, F. Goulard, vous êtes ici en direct avec nous, dans ce studio. Dans quelques minutes, vous irez à quelques mètres d'ici, au ministère de l'Intérieur prendre le traditionnel petit déjeuner de rentrée avant les voeux. Vous êtes l'un des très rares ministres à ne pas vous être encore rangé sous la bannière de N. Sarkozy. Vous serez à l'aise à ses côtés tout à l'heure ?
R- Evidemment, je serais à l'aise comme je le suis avec tous les membres du gouvernement.
Q- Vous y allez ?
R- J'y vais dès que je vous aurais quitté. Vous l'avez rappelé, c'est une réunion traditionnelle, avant d'aller présenter nos voeux au chef de l'Etat. Moi, ce que je peux vous dire là-dessus, c'est que je suis résolu à me battre pour faire gagner mon camp. Il ne doit y avoir aucune espèce d'ambiguïté là-dessus...
Q- Même s'il est représenté par N. Sarkozy ?
R- Mais nous sommes là pour gagner les prochaines élections. Cela doit être clair et en même temps, j'ai toujours conservé une indépendance et une liberté de parole. Et je le ferais jusqu'au bout, parce que je pense qu'à droite, au centre, nous avons des familles de pensées qui sont différentes. Il y a une diversité qui doit vivre, chacun doit s'exprimer et c'est en rassemblant des gens qui ne sont pas d'accord sur tout, que l'on peut gagner. Ce n'est pas au contraire, en réduisant le champ politique que l'on peut aller vers la victoire. Et la victoire, c'est notre objectif.
Q- Mais cela veut dire que,à l'heure où les militants UMP peuvent voter pour désigner leur candidat, on connaîtra les résultats le 14 janvier, mais, il n'y a qu'un seul candidat, en l'occurrence N. Sarkozy...
R- Il y a assez peu de suspense.
Q- Le jeu à vos yeux reste ouvert ?
R- Le jeu reste ouvert. Pourquoi ? Parce que tout n'est pas dit aujourd'hui. Vous évoquiez le chef de l'Etat, nous attendons naturellement sa décision. J'ai dit à plusieurs reprises que le chef du gouvernement, le Premier ministre étaient d'une certaine manière, dans la même situation avec la possibilité pour lui éventuellement de déclarer une candidature. Donc dans quelques semaines...
Q- Vous y croyez, à ça ?
R- Dans quelques semaines, nous serons fixés, l'un et l'autre, nous ferons part de leur décision et à ce moment-là, nous serons tous rassemblés pour faire gagner notre camp.
Q- Quand ? Vous avez des éléments, vous dites dans quelques semaines... c'est programmé...
R- Mais non. Moi, je ne suis pas au courant du calendrier de décision de l'un ou de l'autre, mais ce que je peux vous dire, c'est que naturellement cette échéance est proche et à partir de là, nous serons tous rassemblés pour gagner.
Q- Vous êtes inscrit à l'UMP ?
R- Je suis membre de l'UMP, naturellement j'en étais un des responsables au moment de la création et je serai candidat aux prochaines élections, sous l'étiquette de l'UMP.
Q- Et dans l'intervalle, est-ce que vous allez voter pour N. Sarkozy ?
R- Cela me paraît à peu près évident. Avec un seul candidat, le choix est restreint et je voterai donc pour le candidat de l'UMP.
Q- Donc finalement tous les ministres du gouvernement se rallient sous la bannière de N. Sarkozy ? Toutes les oppositions sont tombées, c'est un combat que vous avez perdu ?
R- J'ai toujours dit la même chose. Je pense que nous avons un devoir de nous exprimer librement. Et c'est comme cela que l'on peut gagner. Si les Françaises et les Français ont le sentiment que nous avons une offre politique réduite, que chacun ne se sent pas représenter par notre majorité, que nous espérons future, ce ne sont pas les meilleures conditions pour l'emporter. Il faut de la diversité et il faut du rassemblement. Je me suis beaucoup exprimé sous l'angle de la diversité, c'est peut-être mon caractère qui m'a porté à cela...
Q- Il y en a suffisamment, de la diversité, du rassemblement ?
R- J'essaie d'en mettre. J'essaie d'en mettre à ma place et je continuerai à le faire,
mais avec un objectif : la victoire.
Q- Pourquoi ne pas dire dès maintenant : N. Sarkozy est le seul candidat, ce sera le candidat à la présidentielle. Ce serait plus simple de donner une dynamique à la droite, à la majorité au moment où la dynamique semble assez bien enclenchée du côté socialiste ?
R- Mais laissons les choses se faire suivant leur rythme. L'opposition et la majorité ne sont pas dans la même situation.
Q- Oui, mais elles se retrouveront face à face à un moment ?
R- Mais bien sûr, mais bien sûr et nous avons le temps pour cela.
Q- Oui, mais qu'est-ce qu'il y a à gagner à ne pas le dire dès maintenant ? A part ajouter de la division ou de l'incertitude ?
R- Il n'y a pas de division, il y a simplement des personnalités qui ont à se prononcer et qui le feront à bonne date.
Q- Et vous pensez que D. de Villepin attend encore un peu, espère finalement qu'il y ait un événement, qui puisse le pousser à...
R- Mais personne n'espère d'événement qui serait heureux ou malheureux et qui pourrait favoriser telle ou telle candidature. Je crois que s'agissant du chef de l'Etat et du Premier ministre, ce sont des hommes qui ont de hautes responsabilités et qui naturellement prendront leurs décisions eut égard aux intérêts du pays et c'est à eux de se prononcer, ce n'est pas à moi de le faire pour eux.
Q- Au rang des incertitudes, il y en a une, petite, mais elle concerne M. Alliot-Marie, qui a laissé courir l'idée qu'elle envisageait de se présenter hors de l'UMP, vous y croyez ?
R- C'est son choix, c'est sa décision et nous l'attendons voilà ! C'est tout, je n'ai pas...
Q- Mais vous l'encouragez, vous ?
R- Non, je ne crois pas du tout que... M. Alliot-Marie représente un courant et je pense que son expression est utile ; elle a marqué des différences, de cette façon-là, elle concourt et elle concourra à notre victoire. Encore une fois, il est nécessaire que chacun s'exprime, il n'y a pas de discours unique, il n'y a pas de pensée unique, il y a des femmes et des hommes qui ont des valeurs en commun, mais qui sur tel ou tel dossier, sur telle ou telle affaire, peuvent exprimer des différences. C'est la richesse de notre camp, il ne faut pas réduire cette richesse-là.
Q- Après les voeux du gouvernement ce matin, il y aura les voeux du Conseil Constitutionnel, c'est cet après-midi. Le nom de J.-L. Debré qui préside actuellement l'Assemblée nationale, circule pour succéder à P. Mazeaud. Est-ce que c'est une bonne idée ?
R- Oh ! Sans commentaire pour ma part. C'est une décision du chef de l'Etat qui nomme à la présidence du Conseil Constitutionnel. La seule chose que je peux dire c'est que J.-L. Debré a une expérience aux échelons les plus élevés de l'Etat qui le prédispose à occuper de hautes fonctions y compris celle que vous venez d'évoquer.
Q- Vous, cela ne vous choquerait pas ?
R- Bien sûr que non !
Q- Il vous semble qualifié pour exercer cette fonction ?
R- Bien sûr, il a été ministre, président de l'Assemblée nationale, il a donc une expérience du fonctionnement de nos institutions, le reste ne m'appartient pas.
Q- Cela ne donnerait pas le sentiment que J. Chirac avant de s'en aller, cherche à placer ses fidèles ?
R- Vous savez, au Conseil Constitutionnel, les membres ont une responsabilité éminente. Et ce sont d'une façon très générale, des femmes et des hommes qui sont conscients de leur responsabilité et qui exercent leur rôle de juge constitutionnel sans référence à leur appartenance antérieure. Les décisions du Conseil Constitutionnel sont là, j'allais dire jour après jour, en tout cas, décision après décision pour nous montrer l'indépendance du juge constitutionnel, y compris quand les membres ont eu des responsabilités politiques dans tel ou tel camp.
Q- F. Goulard, j'ai vu que vous, vous étiez fait réélire maire de Vannes, c'était, il y a quelques jours le 22 décembre, donc un ministre de plus qui ne respecte la règle du non-cumul. Vous avez préféré vous faire réélire parce que vous anticipez un peu sur des mauvais résultats électoraux à venir ? C'est une mesure de prudence ?
R- Pas du tout. Vous savez la transition doit se faire à un moment ou à un autre, j'ai choisi de le faire au mois de décembre, en accord avec le maire qui a démissionné, qui ne se représentera pas l'année prochaine. C'est donc une question de transition...
Q- Et en accord avec J. Chirac, qui a dit qu'il ne voulait pas de ministre maire ?
R- Mais bien sûr, l'accord, j'avais posé explicitement la question au Premier ministre, nous sommes à quelques mois de l'échéance et la transition devait se faire à un moment ou à un autre. Elle s'est faite.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 janvier 2007
R- Je lui souhaite une bonne année, une très bonne santé et manifestement ça marche et puis de continuer son action à la tête du pays. Voilà ! Je pense que c'est son souhait.
Q- De la continuer, éventuellement au-delà des échéances prévues, franchement je vous pose la question, vous souhaitez qu'il se représente ?
R- La réponse habituelle, c'est que naturellement la décision lui appartient. En tout cas, il nous a montré, le 31, lors de son discours de voeux, qu'il avait un projet, une vision, une action en cours et qu'il ira jusqu'à son terme.
Q- Un projet, une vision, cela va jusqu'à son terme, cela peut même aller au-delà ?
R- La réponse lui appartient. Nous verrons et nous serons, maintenant, assez rapidement fixés.
Q- C'est déjà l'heure du bilan ?
R- Il y a toujours des bilans à faire ; c'est normal, une fin d'année, le début d'une autre, c'est tout à fait naturel de faire des bilans. Vous voulez dire le bilan du quinquennat...
Q- Du gouvernement.
R- Le bilan du gouvernement ? Le bilan du gouvernement, il se lit dans un certain nombre de données et qui sont favorables, les chiffres du chômage. C'est quand même la première des priorités et des préoccupations des Français et manifestement, ça va mieux. On parle beaucoup du droit au logement actuellement et des questions des sans domicile fixe, la production de logements sociaux, qui a doublé, l'espace d'un quinquennat. Ce n'est pas un mince résultat, les choses ont bougé, les choses ont changé en moins de cinq
ans.
Q- Mais est-ce qu'il reste encore du travail à ce gouvernement, dans les quatre mois qui nous séparent des élections ?
R- Il en reste toujours, parce que le gouvernement d'un pays comme la France, cela ne s'arrête pas. Et je crois que nous sommes en train de démontrer par l'action du gouvernement que jusqu'au terme, jusqu'au terme normal des élections, le gouvernement sera au travail. C'est son devoir et c'est une réalité. Je citais l'exemple de l'emploi, nous continuons et nous aurons encore des résultats. Nous parlions du logement il y a quelques instants, le logement c'est pareil...
Q- Par exemple, il aura le temps de voter une loi sur le droit au logement opposable ?
R- Il y aura certainement des initiatives, le Premier ministre va les annoncer....
Q- Cet après-midi lors d'une conférence de presse.
R- Cela démontre à l'évidence qu'on n'a pas le droit de s'arrêter. Les élections bien sûr, c'est un grand débat démocratique, c'est tout à fait naturel. Les femmes et les hommes politiques ont le devoir d'y participer et en même temps, ceux qui sont au gouvernement, ont le devoir de continuer à agir jusqu'au bout, c'est leur devoir le plus absolu.
Q- Tout le débat autour du logement et du logement opposable, finalement ça tombe plutôt bien pour le gouvernement de D. de Villepin. Cela lui donne du grain à moudre, lui permet d'exister dans les mois qui viennent ?
R- Personne ne peut dire qu'un problème social, quel qu'il soit, aussi aigu que celui-là, tombe bien pour un gouvernement. Non ! C'est vrai que cela illustre de vraies difficultés et que nous essayons de traiter la question de l'emploi, c'est une évidence, les gens qui sont à la rue, c'est souvent parce qu'ils n'ont pas d'emploi. La question du pouvoir d'achat, qui est une question fondamentale, pour notre avenir et là, moi, je pense qu'un des enjeux des années futures, c'est la baisse des prélèvements obligatoires, la baisse des impôts pour que les Français puissent retrouver du pouvoir d'achat. Il y a une anomalie à ce qu'un salarié au SMIC par exemple, ait du mal aujourd'hui à accéder au logement. C'est une anomalie profonde de notre société...
Q- Et une anomalie qui n'a pas été réglée au cours des douze années qui viennent de s'écouler...
R- Mais vous savez, dans aucun pays, à aucun moment, tout n'est réglé. C'est notre lot, c'est notre sort d'être toujours sur la brèche, d'avoir toujours des dossiers à traiter et rien n'est définitivement acquis. En la matière comme dans d'autres, mais je crois que nous avons des grands axes à tracer pour l'avenir, celui-là en est un.
Q- Mais vous, dans votre domaine, l'enseignement supérieur, la recherche, il reste des dossiers à traiter ?
R- Mais bien sûr.
Q- Lesquels ?
R- Mais bien sûr, ils sont considérables. Alors d'abord nous sommes en train de mettre en oeuvre des orientations qui ont été fixées par la loi. C'est la recherche où on a établi les grands axes et on doit aujourd'hui...
Q- C'est la mise en oeuvre donc qui existe déjà...
R- C'est la mise en oeuvre d'une loi qui a été votée au début de l'année dernière et naturellement, c'est un travail de mise en application ; ça se fait, c'est en cours, mais ça ne s'arrête pas là.
Q- Et on peut aller plus loin, par exemple dans l'autonomie des universités ?
R- Mais évidemment, évidemment, alors l'autonomie des universités, c'est un vrai sujet, mais ce n'est pas le seul sujet. Le premier des sujets pour l'université, c'est la réforme de leur gouvernance. Aujourd'hui nos universités ont des conseils d'administration qui sont pléthoriques, des présidents qui ont trop peu de pouvoir et il faudra certainement dans les prochaines années, changer la donne. Mais il y a d'autres sujets en matière d'enseignement supérieur. Par exemple, le fait que nous avons beaucoup d'étudiants dans des filières à vocation générale qui ont souvent du mal à trouver un emploi après leur diplôme. Et trop peu d'étudiants dans les filières professionnelles qui débouchent beaucoup plus facilement sur des emplois. Ce sont des grands sujets qui ne se traitent pas en quelques mois, qui demandent de la durée, il est normal qu'il y ait des perspectives à tracer pour les cinq prochaines années.
Q- Alors, F. Goulard, vous êtes ici en direct avec nous, dans ce studio. Dans quelques minutes, vous irez à quelques mètres d'ici, au ministère de l'Intérieur prendre le traditionnel petit déjeuner de rentrée avant les voeux. Vous êtes l'un des très rares ministres à ne pas vous être encore rangé sous la bannière de N. Sarkozy. Vous serez à l'aise à ses côtés tout à l'heure ?
R- Evidemment, je serais à l'aise comme je le suis avec tous les membres du gouvernement.
Q- Vous y allez ?
R- J'y vais dès que je vous aurais quitté. Vous l'avez rappelé, c'est une réunion traditionnelle, avant d'aller présenter nos voeux au chef de l'Etat. Moi, ce que je peux vous dire là-dessus, c'est que je suis résolu à me battre pour faire gagner mon camp. Il ne doit y avoir aucune espèce d'ambiguïté là-dessus...
Q- Même s'il est représenté par N. Sarkozy ?
R- Mais nous sommes là pour gagner les prochaines élections. Cela doit être clair et en même temps, j'ai toujours conservé une indépendance et une liberté de parole. Et je le ferais jusqu'au bout, parce que je pense qu'à droite, au centre, nous avons des familles de pensées qui sont différentes. Il y a une diversité qui doit vivre, chacun doit s'exprimer et c'est en rassemblant des gens qui ne sont pas d'accord sur tout, que l'on peut gagner. Ce n'est pas au contraire, en réduisant le champ politique que l'on peut aller vers la victoire. Et la victoire, c'est notre objectif.
Q- Mais cela veut dire que,à l'heure où les militants UMP peuvent voter pour désigner leur candidat, on connaîtra les résultats le 14 janvier, mais, il n'y a qu'un seul candidat, en l'occurrence N. Sarkozy...
R- Il y a assez peu de suspense.
Q- Le jeu à vos yeux reste ouvert ?
R- Le jeu reste ouvert. Pourquoi ? Parce que tout n'est pas dit aujourd'hui. Vous évoquiez le chef de l'Etat, nous attendons naturellement sa décision. J'ai dit à plusieurs reprises que le chef du gouvernement, le Premier ministre étaient d'une certaine manière, dans la même situation avec la possibilité pour lui éventuellement de déclarer une candidature. Donc dans quelques semaines...
Q- Vous y croyez, à ça ?
R- Dans quelques semaines, nous serons fixés, l'un et l'autre, nous ferons part de leur décision et à ce moment-là, nous serons tous rassemblés pour faire gagner notre camp.
Q- Quand ? Vous avez des éléments, vous dites dans quelques semaines... c'est programmé...
R- Mais non. Moi, je ne suis pas au courant du calendrier de décision de l'un ou de l'autre, mais ce que je peux vous dire, c'est que naturellement cette échéance est proche et à partir de là, nous serons tous rassemblés pour gagner.
Q- Vous êtes inscrit à l'UMP ?
R- Je suis membre de l'UMP, naturellement j'en étais un des responsables au moment de la création et je serai candidat aux prochaines élections, sous l'étiquette de l'UMP.
Q- Et dans l'intervalle, est-ce que vous allez voter pour N. Sarkozy ?
R- Cela me paraît à peu près évident. Avec un seul candidat, le choix est restreint et je voterai donc pour le candidat de l'UMP.
Q- Donc finalement tous les ministres du gouvernement se rallient sous la bannière de N. Sarkozy ? Toutes les oppositions sont tombées, c'est un combat que vous avez perdu ?
R- J'ai toujours dit la même chose. Je pense que nous avons un devoir de nous exprimer librement. Et c'est comme cela que l'on peut gagner. Si les Françaises et les Français ont le sentiment que nous avons une offre politique réduite, que chacun ne se sent pas représenter par notre majorité, que nous espérons future, ce ne sont pas les meilleures conditions pour l'emporter. Il faut de la diversité et il faut du rassemblement. Je me suis beaucoup exprimé sous l'angle de la diversité, c'est peut-être mon caractère qui m'a porté à cela...
Q- Il y en a suffisamment, de la diversité, du rassemblement ?
R- J'essaie d'en mettre. J'essaie d'en mettre à ma place et je continuerai à le faire,
mais avec un objectif : la victoire.
Q- Pourquoi ne pas dire dès maintenant : N. Sarkozy est le seul candidat, ce sera le candidat à la présidentielle. Ce serait plus simple de donner une dynamique à la droite, à la majorité au moment où la dynamique semble assez bien enclenchée du côté socialiste ?
R- Mais laissons les choses se faire suivant leur rythme. L'opposition et la majorité ne sont pas dans la même situation.
Q- Oui, mais elles se retrouveront face à face à un moment ?
R- Mais bien sûr, mais bien sûr et nous avons le temps pour cela.
Q- Oui, mais qu'est-ce qu'il y a à gagner à ne pas le dire dès maintenant ? A part ajouter de la division ou de l'incertitude ?
R- Il n'y a pas de division, il y a simplement des personnalités qui ont à se prononcer et qui le feront à bonne date.
Q- Et vous pensez que D. de Villepin attend encore un peu, espère finalement qu'il y ait un événement, qui puisse le pousser à...
R- Mais personne n'espère d'événement qui serait heureux ou malheureux et qui pourrait favoriser telle ou telle candidature. Je crois que s'agissant du chef de l'Etat et du Premier ministre, ce sont des hommes qui ont de hautes responsabilités et qui naturellement prendront leurs décisions eut égard aux intérêts du pays et c'est à eux de se prononcer, ce n'est pas à moi de le faire pour eux.
Q- Au rang des incertitudes, il y en a une, petite, mais elle concerne M. Alliot-Marie, qui a laissé courir l'idée qu'elle envisageait de se présenter hors de l'UMP, vous y croyez ?
R- C'est son choix, c'est sa décision et nous l'attendons voilà ! C'est tout, je n'ai pas...
Q- Mais vous l'encouragez, vous ?
R- Non, je ne crois pas du tout que... M. Alliot-Marie représente un courant et je pense que son expression est utile ; elle a marqué des différences, de cette façon-là, elle concourt et elle concourra à notre victoire. Encore une fois, il est nécessaire que chacun s'exprime, il n'y a pas de discours unique, il n'y a pas de pensée unique, il y a des femmes et des hommes qui ont des valeurs en commun, mais qui sur tel ou tel dossier, sur telle ou telle affaire, peuvent exprimer des différences. C'est la richesse de notre camp, il ne faut pas réduire cette richesse-là.
Q- Après les voeux du gouvernement ce matin, il y aura les voeux du Conseil Constitutionnel, c'est cet après-midi. Le nom de J.-L. Debré qui préside actuellement l'Assemblée nationale, circule pour succéder à P. Mazeaud. Est-ce que c'est une bonne idée ?
R- Oh ! Sans commentaire pour ma part. C'est une décision du chef de l'Etat qui nomme à la présidence du Conseil Constitutionnel. La seule chose que je peux dire c'est que J.-L. Debré a une expérience aux échelons les plus élevés de l'Etat qui le prédispose à occuper de hautes fonctions y compris celle que vous venez d'évoquer.
Q- Vous, cela ne vous choquerait pas ?
R- Bien sûr que non !
Q- Il vous semble qualifié pour exercer cette fonction ?
R- Bien sûr, il a été ministre, président de l'Assemblée nationale, il a donc une expérience du fonctionnement de nos institutions, le reste ne m'appartient pas.
Q- Cela ne donnerait pas le sentiment que J. Chirac avant de s'en aller, cherche à placer ses fidèles ?
R- Vous savez, au Conseil Constitutionnel, les membres ont une responsabilité éminente. Et ce sont d'une façon très générale, des femmes et des hommes qui sont conscients de leur responsabilité et qui exercent leur rôle de juge constitutionnel sans référence à leur appartenance antérieure. Les décisions du Conseil Constitutionnel sont là, j'allais dire jour après jour, en tout cas, décision après décision pour nous montrer l'indépendance du juge constitutionnel, y compris quand les membres ont eu des responsabilités politiques dans tel ou tel camp.
Q- F. Goulard, j'ai vu que vous, vous étiez fait réélire maire de Vannes, c'était, il y a quelques jours le 22 décembre, donc un ministre de plus qui ne respecte la règle du non-cumul. Vous avez préféré vous faire réélire parce que vous anticipez un peu sur des mauvais résultats électoraux à venir ? C'est une mesure de prudence ?
R- Pas du tout. Vous savez la transition doit se faire à un moment ou à un autre, j'ai choisi de le faire au mois de décembre, en accord avec le maire qui a démissionné, qui ne se représentera pas l'année prochaine. C'est donc une question de transition...
Q- Et en accord avec J. Chirac, qui a dit qu'il ne voulait pas de ministre maire ?
R- Mais bien sûr, l'accord, j'avais posé explicitement la question au Premier ministre, nous sommes à quelques mois de l'échéance et la transition devait se faire à un moment ou à un autre. Elle s'est faite.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 janvier 2007