Déclaration de Mme Nelly Olin, ministre de l'écologie et du développement durable, sur la lutte contre le dérèglement climatique, Paris le 2 février 2007.

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Circonstance : Oouverture de l'atelier "Lutter contre le dérèglement climatique" à la Conférence de Paris, le 2 février 2007

Texte intégral

Monsieur le Commissaire,
Monsieur le Président ;
Messieurs les Ministres, Chers collègues ;
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Monsieur le Secrétaire Général ;
Monsieur le Directeur ;
Le GIEC vient de rendre publiques ses conclusions ce matin et je veux saluer le travail collectif des experts scientifiques, avec une mention particulière à l'excellence de la Présidence de Susan Solomon qu'elle assume avec M.Qin Dahe. Je veux également remercier Jean Jouzel qui apporte pour la France toute la rigueur de son expertise.
Le débat scientifique vient de franchir une nouvelle étape. Susan Solomon va nous en faire partager les points essentiels en ouverture de cet atelier en nous démontrant que le diagnostic scientifique s'affine sur la gravité du changement climatique.
L'action sur les changements climatiques a trop longtemps été retardée par un débat sur la réalité du phénomène. Ce faux débat est terminé. Personne ne peut plus contester l'urgence d'agir collectivement.
Certaines voix s'élèvent pour déclarer que le coût de la lutte contre les changements climatiques va être trop élevé.
Or le rapport Stern vient de le rappeler avec force : ce n'est pas le coût de l'action qui doit nous effrayer, mais bien le coût de l'inaction aux conséquences incalculables.
Aux résultats précis de ce débat scientifique intense et de haut niveau doit maintenant répondre le débat politique, public et citoyen, car de ce débat dépendra la préservation même de l'humanité et notre capacité à façonner une société apte à relever les défis du futur.
La lutte contre les changements climatiques est par définition une lutte commune qui nécessite une concertation et une coordination internationales.
En 1992, nous nous sommes dotés de la Convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques qui fixe l'objectif ultime de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau non dangereux.
En 1997 nous avons adopté le protocole de Kyoto. Il instaure pour la première fois des objectifs contraignants de limitation des émissions pour les pays développés et donne ainsi une valeur économique à la tonne de carbone non-émise dans l'atmosphère.
Le temps est venu de faire un nouveau pas pour renforcer l'action mondiale et élaborer une vision partagée.
La lutte contre le dérèglement climatique ne doit pas être réduite à un débat sur les réductions et les contraintes :
Il s'agit au contraire d'accélérer la transformation de nos économies et de nos sociétés où la croissance engendre non pas une augmentation mais une réduction des émissions de gaz à effet de serre, grâce à trois actions :
D'abord, la génération et la diffusion des technologies peu ou pas émettrices de gaz à effet de serre, l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables, le captage et le stockage du CO². Ceci passe par de nouvelles coopérations sur les technologies regroupant les pays industrialisés, les pays en développement et les entreprises ;
Ensuite, la modification des choix d'investissements pour favoriser le recours à ces technologies. Le financement carbone constitue à cet égard un vecteur clef ;
Enfin le changement des comportements car la solution n'est pas seulement technologique. Je vois émerger une véritable prise de conscience des populations aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement.
Limiter le réchauffement mondial en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels implique que le monde suive désormais un scénario de référence avec une réduction des émissions mondiales de 50% en moyenne d'ici 2050, en poursuivant cette réduction par la suite, ce qui nécessite de réfléchir activement au partage du fardeau pour lequel les pays industrialisés sont prêts à effectuer un effort particulier, mais qui ne suffira pas à lui seul.
Mais l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre doit se doubler de politiques internationales destinées à contrer les effets du réchauffement climatique qui se manifestent déjà.
Nous aurons donc à mettre en oeuvre une véritable solidarité mondiale pour assister les pays les plus vulnérables, en particulier les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires.
Le protocole de Kyoto prévoit déjà une nouvelle source de financement pour l'adaptation, à savoir un prélèvement sur les crédits carbone issus du mécanisme pour un développement propre. Il convient, à mes yeux, de poursuivre cette approche et d'identifier d'autres moyens pour financer cette priorité qu'est l'adaptation.
Cette conférence de Paris peut contribuer à la relance en 2007 des négociations internationales sur le climat, en vue de la négociation d'un nouvel accord qui complétera le protocole de Kyoto d'ici 2009 au plus tard.
Notre objectif n'est pas seulement de réfléchir à la lutte contre les changements climatiques, mais de renforcer plus globalement la gouvernance mondiale sur l'environnement. Source http://www.ecologie.gouv.fr, le 5 février 2007