Point de presse conjoint de MM. Jacques Chirac, Président de la République, et Jorge Sampaio, Président de la République portugaise, sur les relations franco-portugaises, leurs positions respectives sur le financement de l'Union européenne et la réforme de la PAC, la non-ingérence de la France dans le conflit en Guinée-Bissau et la conférence de Rambouillet sur le Kosovo, Lisbonne le 4 février 1999.

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Circonstance : Voyage d'Etat au Portugal les 4 et 5 février 1999-entretien avec M. Jorge Sampaio, Président du Portugal, à Lisbonne le 4 février 1999

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Je pense que le Président a dit lessentiel de nos entretiens. Je voudrais dabord exprimer des remerciements au peuple portugais, aux autorités portugaises, pour laccueil qui mest réservé, ainsi quà ma délégation. Un accueil, comme toujours au Portugal, courtois et chaleureux. Je voudrais dire aussi que lobjet de mon voyage est d affirmer clairement limportance que la France attache à sa relation avec le Portugal, à légard des problèmes européens, comme à légard des problèmes du monde, sur le plan culturel, comme sur le plan économique ou social.
Nous avons évoqué, effectivement, les problèmes européens, en partageant la conviction que lEurope devait poursuivre son effort de construction, et que pour cela chacun devait faire un effort. Et jai tenu à dire au Président Sampaio que la France comprenait parfaitement, à la fois la position et les préoccupations du Portugal qui dailleurs comprend celle de la France, notamment dans le domaine agricole.
Cette entente est essentielle pour lavenir de lEurope, parce que, en lan 2000, lannée prochaine, nous aurons successivement la présidence exercée par le Portugal, puis par la France. 2000 qui est une année très importante pour lEurope, tant en ce qui concerne leuro, quen ce qui concerne le marché commun, lélargissement, la réforme des institutions.
LEurope va être co-dirigée sur lensemble de lannée par le Portugal et par la France. Il est donc nécessaire que nous ayons une profonde entente, et ce nest pas difficile. Cest aussi lun des sujets que nous avons ensemble évoqué.
Et il y a les grands problèmes du monde ; nous approuvons et nous soutenons tout à fait linitiative portugaise concernant la réunion dun sommet Europe-Afrique. Nous sommes ensemble, avec nos amis espagnols, portugais et français, tous les trois, pour lorganisation et le développement du sommet Europe-Amérique Latine, qui aura lieu au mois de juin, et qui sera une première historique.
Nous approuvons tout à fait la position qui est celle du Portugal, en ce qui concerne le Timor oriental, et nous nous réjouissons de voir évoluer la situation de façon positive. Naturellement, notre position consiste à soutenir celle des autorités portugaises. Pour ce qui concerne le monde, quil sagisse du Kosovo et de ses problèmes où nous sommes ensemble en Bosnie la main dans la main, quil sagisse des problèmes du Moyen-Orient où nous avons une approche qui est extrêmement commune, et je men réjouis.
En terminant, je voudrais dire lestime et la reconnaissance que la France a et que jai pour limportante communauté portugaise française, communauté qui a su conserver sa langue, son identité, sa tradition, sa culture, tout en sintégrant complètement dans la communauté française et en apportant à mon pays, à notre pays, quelque chose de tout à fait essentiel, tant sur le plan matériel, que sur le plan culturel.
Je noublie pas, pour avoir été Maire de Paris longtemps, comme le Président la été de Lisbonne, que Paris est la troisième ville portugaise du monde. Alors voilà bien des raisons qui justifient ma joie dêtre ici, et la reconnaissance que je voudrais exprimer au Président et à tous les Portugais pour laccueil qui nous a été réservé.
QUESTION - La France est accusée de singérer dans les affaires intérieures de la Guinée-Bissau, lopposition Guinéenne proteste contre lingérence française et veut manifester devant le Parlement. Le représentant Guinéen a demandé à être reçu. Quest-ce que la France a à répondre ?
LE PRESIDENT - La France, je le dis clairement, officiellement, nest intervenue à aucun moment et en aucune façon dans ce conflit. Et toutes les informations que jai pu voir ici ou là sont dépourvues de tout fondement. Et je mets quiconque au défi de dire le contraire. Ceci étant, je voudrais simplement dire que, dans cette affaire, nous sommes solidaires des autorités portugaises, qui font un gros effort pour faire revenir la paix et le calme dans cette région dAfrique qui en a besoin. Et nous soutiendrons toujours les autorités portugaises dans cet effort vers la paix et vers le calme.
QUESTION - Monsieur le Président, comment expliquez-vous que malgré limportance des relations économiques et limportance de la communauté portugaise en France, que vous venez de rappeler, il y a eu, jusquà ce jour, des relations politiques si ténues entre les deux pays ?
LE PRESIDENT - Je ne crois pas quon puisse dire que les relations politiques soient ténues. Je crois même qu'elles sont fortes, dans la mesure où elles ne posent pas de problème. La concertation entre les autorités portugaises et les autorités françaises est permanente, le dialogue entre les deux ministres, que je salue ici, des Affaires étrangères de France et du Portugal, est un dialogue constant, je dirais presque quotidien.
Nous avons de nombreuses visites politiques croisées, nous avons une relation culturelle qui est très forte. Je regrette que nous nayons pas encore fait suffisamment defforts pour lenseignement du portugais en France et cest un retard que nous devons combler. En revanche, je me réjouis de voir le développement du français au Portugal, ou sa bonne situation. Alors, je le répète, ces relations sont des relations constantes, y compris téléphoniques, vous le savez.
QUESTION - M. le Président, vous avez évoqué avec le Président Sampaio le problème du Kosovo et la réunion de samedi à Paris ?
LE PRESIDENT - Nous avons effectivement évoqué cette question. Le Portugal sintéresse à cette région, naturellement, dailleurs les soldats portugais sont avec les soldats français en Bosnie, et le Gouvernement Portugais du Président Sampaio, appuie, comme la France, leffort diplomatique engagé pour essayer de conduire, même avec une certaine fermeté, sil le faut, les différentes parties concernées par le drame du Kosovo à une solution qui soit à la fois équitable et raisonnable. Jespère, et nous espérons ensemble, à partir de la même analyse, que tel sera lobjectif atteint à loccasion de la conférence de Rambouillet. Je reconnais que le problème est très difficile et quil est tout à fait prématuré de préjuger des résultats.