Texte intégral
Une journaliste - Comment expliquez-vous que vous ayez enregistré plus de 38 000 adhésions en un an alors que la variation est de 5 000 adhérents seulement entre 2004 et 2005 ?
Daniel SANCHEZ - Nous enregistrons des adhésions mais le solde n'est pas positif dans les mêmes proportions en raison des départs en retraite, de départs de la Confédération ou des mobilités des salariés. C'est ce que nous appelons le phénomène du « panier percé » contre lequel nous souhaitons lutter en défendant de meilleures conditions de vie syndicale.
Bernard THIBAULT - Nous devons enregistrer 6 à 7% d'adhésions annuelles pour maintenir le nombre de nos adhérents. Ceci s'est vérifié au cours des quatre années antérieures. En enregistrant 30 000 à 45 000 adhésions, on ne parvient ainsi (suivant les années) qu'à maintenir les effectifs globaux. Nous avons du mal à faire face à la précarité au travail de nos adhérents ainsi qu'à leur mobilité professionnelle et à l'instabilité dans l'emploi. Nous avons aussi du mal à nous organiser au sein du syndicat pour faire en sorte qu'un syndiqué changeant d'emploi, de statut ou de région maintienne son adhésion. Sur ce point, nous avons néanmoins quelques pistes. Nous sommes par exemple en phase de mise en place de la carte permanente, qui se veut une formule d'adhésion plus souple. Elle est destinée particulièrement aux travailleurs saisonniers, aux travailleurs du commerce et aux retraités, qui se montrent eux aussi plus mobiles.
Un journaliste - Si je lis bien les documents du dossier de presse, vous avez enregistré 31 337 adhésions en 2006 contre 38 707 à la même période l'année précédente.
Bernard THIBAULT - Effectivement, car nous continuons à raisonner avec nos pratiques et notre système anciens. Un exercice comptable dure, à la CGT, 24 mois, ce qui est beaucoup trop. Nous approchons de la clôture des comptes 2005 mais nous ne pourrons communiquer sur les chiffres définitifs 2006 que fin 2007, y compris s'agissant du nombre d'adhésions. Nous faisons plusieurs types de recensements des adhésions : il y a celles qui nous sont communiquées mais nous souhaitons aussi vérifier la perception des cotisations correspondantes.
Une journaliste - Quand comptez-vous atteindre le cap du million d'adhérents ?
Bernard THIBAULT - Nous aurions déjà dû l'atteindre, si nous avions réalisé nos voeux. Nous souhaitons atteindre ce pallier le plus rapidement possible mais nous n'avons pas fixé de date. Le nombre de nos adhérents s'est stabilisé au-dessus de 700 000 adhérents, ce qui est certes important, mais n'est pas suffisant. Si nous parvenions à atteindre le seuil du million d'adhérents, cela témoignerait d'une capacité nouvelle de la CGT à prendre pied durablement dans des secteurs où nous avons du mal à nous implanter.
Une journaliste - Avez-vous réalisé des percées dans de nouveaux secteurs ? Certains sont-ils plus difficiles que d'autres ?
Bernard THIBAULT - Il n'y a pas de secteurs faciles. Au cours des dernières années, parmi les évolutions dans la composition de nos forces syndiquées, il apparaît qu'une majorité de nos adhérents est issue du secteur privé. Il s'agit d'une évolution indéniable.
Gérard BILLON - La tendance générale de cette évolution est en effet marquée par une augmentation des adhésions dans le secteur privé, notamment suite à nos efforts suscités par une précarité importante. La Fédération du Commerce et des Services est passée de 22 000 syndiqués il y a quatre ans à 30 000 adhérents aujourd'hui. Chacun connaît les difficultés liées aux conditions de travail, à la précarité et à la répression syndicale dans ce secteur. Nous constatons aussi une augmentation dans des secteurs de la fonction publique au sein desquels le nombre de salariés sous contrat privé augmente. Ces constats témoignent de la réussite de certains de nos efforts. L'augmentation des adhésions dans ces secteurs fragilise cependant la durabilité de l'adhésion syndicale. C'est le principal défi que nous devons relever aujourd'hui. Le syndicalisme doit s'adapter à ces réalités pour permettre une vie syndicale dans de bonnes conditions.
Un journaliste - Dans la période électorale actuelle, comment comptez-vous faire émerger un discours syndical ? Quel peut être le discours de la CGT dans cette période ? Apparemment, le programme social de Nicolas Sarkozy exerce un attrait sur les catégories populaires. Comment analysez-vous ce phénomène ?
Bernard THIBAULT - Il n'est pas contradictoire de continuer à poser la question de la syndicalisation en période électorale. Peut-être cette période peut-elle même nous aider à mieux poser encore ce problème. Quels que soient les scénarios, les salariés français sont trop faiblement syndiqués. Si le bilan social de notre pays est aujourd'hui celui que nous connaissons, à savoir une très forte critique des décisions économiques et sociales, sans doute cela s'explique-t-il en partie par une trop faible organisation des syndicats pour faire entendre leurs points de vue et porter leurs revendications. Or ce fait demeurera, à mes yeux, quel que soit le résultat de l'élection présidentielle. Plusieurs enquêtes ont montré qu'un salarié sur deux, dans notre pays, était prêt à se syndiquer. La marge de progression du syndicalisme est donc considérable.
Dans le même temps, un des premiers obstacles à la syndicalisation effective est la peur des représailles dans l'entreprise. Il nous faut donc agir et je souhaiterais que les responsables politiques s'expriment sur ce sujet : il nous faut défendre les libertés syndicales en car ceci ne constitue pas un fait acquis dans toutes les entreprises en France.
Quoi qu'il en soit, la CGT conserve en tout cas la meilleure réputation au plan syndical et singulièrement parmi les jeunes. C'est un atout que nous devons exploiter plus que nous ne le faisons aujourd'hui, y compris en interne : dans nos propres rangs, l'idée est trop souvent répandue que les jeunes seraient moins disponibles ou moins favorables au fait syndical. Ce n'est pas vrai.
Tels sont les atouts que nous pouvons exploiter dans cette période.
Un journaliste - Constatez-vous une adéquation entre la meilleure image de la CGT et les nouvelles adhésions que vous enregistrez ? Vous aviez notamment affirmé que vous étiez prêts à syndiquer des étudiants. Est-ce le cas ?
Bernard THIBAULT - Un certain nombre d'étudiants sont syndiqués. Certains ont même une double affiliation et il ne vous aura pas échappé qu'un certain nombre d'étudiants sont aussi salariés. La CGT est ouverte à la syndicalisation de tout salarié, sans qu'il y ait de confusion des ambitions ou des rôles : nous sommes une organisation de salariés et nous ne souhaitons pas nous transformer en une organisation d'étudiants. Mais du fait de leur statut très souvent précaire, les étudiants ont plus intérêt encore que d'autres à s'organiser pour défendre leurs droits. Parmi nos adhérents et parmi nos responsables, il existe des délégués syndicaux qui sont étudiants et qui ne sont pas toujours salariés à temps plein.
S'agissant des nouvelles adhésions, nous sommes dans des taux classiques pour les jeunes, sans phénomène particulièrement nouveau à signaler. Il est clair en tout cas que les jeunes entrent de plus en plus tard dans la vie active (avec un âge moyen d'entrée dans la vie active de 24 ans aujourd'hui), ce qui rend plus difficile l'adhésion de jeunes âgés de 20 à 24 ans. Là aussi, cela nous renvoie à notre capacité à nous organiser. Peut-être n'avons-nous pas inventé toutes les formules que nous pourrions offrir pour permettre à ces jeunes de se syndiquer.
Un journaliste - Vous avez évoqué les libertés syndicales. Comment analysez-vous la proposition de Nicolas Sarkozy visant à faire voter la reprise du travail ou non par les salariés à bulletin secret en cas de conflit de plus de dix jours ?
Bernard THIBAULT - Ces propos ne sont pas nouveaux. Et il est assez spectaculaire de constater que la seule réforme datée dans son calendrier - annoncée pour le mois de juin 2007 - consiste à s'attaquer au droit de grève. Cela me semble révélateur du type de politique que se propose de défendre le candidat de l'UMP. Quoi qu'il en soit, sa proposition d'organiser un référendum sur l'organisation du droit de grève est anticonstitutionnelle, puisque le droit de grève est un droit individuel permettant à tout salarié d'avoir recours, s'il le souhaite, au droit de grève dans un cadre collectif. Demander qu'il soit nécessaire de remplir la condition de majorité pour exercer le droit de grève revient à remettre en cause un droit constitutionnel fondamental. Pour le reste, je trouve savoureux d'envisager une règle dans laquelle le droit de la majorité s'imposerait, auquel cas le recours à la consultation majoritaire pourrait contraindre une part des salariés à faire grève alors même qu'ils ne le souhaitent pas. Plus fondamentalement, ceci témoigne d'une volonté explicite de s'attaquer au droit de grève.
Une journaliste - J'ai l'impression d'entendre le même discours qu'il y a un an, deux ans, trois ans, sur la nécessité de syndiquer davantage de salariés. Vos résultats ne sont pas très brillants. Qu'est-ce qui a changé et qu'est-ce qui doit changer fondamentalement pour que la CGT syndique enfin tous ceux qui disent l'apprécier ?
Bernard THIBAULT - Ce sont les résultats qui doivent changer. Et le fait que nous tenions le même discours depuis plusieurs années prouve la cohérence de nos orientations. Il faut être obstiné sur ces sujets, en interne comme en externe. En interne, juste après cette semaine de syndicalisation, le Comité Confédéral National se réunira les 30 et 31 janvier sur ce même sujet. Cela nous permettra de dresser le bilan de la semaine de syndicalisation et d'étudier quelles autres propositions nous devons prendre pour faire évoluer nos résultats. Nous devons susciter une dynamique qui se traduise dans les résultats, dans les chiffres, dans les implantations. Au-delà des textes de Congrès, nous avons conscience qu'il y a des choses à gagner. Il n'est pas vrai que la syndicalisation repose sur des phénomènes naturels et spontanés : en tous temps, elle se conquiert. Nous partons du principe que la CGT peut s'appuyer, au plan syndical, sur de réels atouts que tout le monde n'a pas. Nous devons en être conscients nous-mêmes avant d'en convaincre les autres.
Vous estimez que les résultats de la CGT ne sont pas spectaculaires. C'est vrai. Mais nous sommes parvenus à une stabilisation de longue durée de nos effectifs et cela ne me paraît pas négligeable. Cela montre que nous avons un socle à partir duquel nous pouvons nous développer.
Daniel SANCHEZ - Ce n'est pas la première fois que nous sommes interpellés de cette façon et nous avons cherché à étudier la façon dont fonctionnait le syndicalisme dans la réalité. Il apparaît que sa colonne vertébrale réside dans l'investissement militant de collègues, en tant que délégués du personnel ou élus du Comité d'entreprise. Lorsque le syndicalisme a cette vitrine, il reste peu d'espace pour montrer quel rôle peuvent jouer les syndiqués. Nous sollicitons ceux-ci pour construire des revendications. Les négociations annuelles obligatoires démarrent en ce moment dans le secteur privé et nous souhaitons impulser un mouvement qui permette de construire des revendications avec les salariés.
A titre d'exemple, un jeune qui rentre aujourd'hui sur le marché du travail souhaite avant tout pouvoir s'en sortir, bénéficier de la reconnaissance de ses diplômes et pouvoir évoluer. Nous devons lui montrer que le syndicat, en mettant la force de la revendication collective à la disposition de ses aspirations, peut l'aider. De la même façon, nous devons proposer des permanences juridiques utiles à des salariés appelés à se présenter devant les Prud'hommes. Nous voyons bien que l'offre de syndicalisation ne peut s'adresser à tous les salariés de la même façon : un cadre, un jeune ou un salarié privé d'emploi ne perçoivent pas de la même façon le fait syndical. La question de l'adhésion doit être envisagée concrètement, sous ces différents angles.
Une journaliste - Comment va se traduire cette campagne de syndicalisation dans l'entreprise ?
Daniel SANCHEZ - Nous avons ciblé des entreprises et des zones d'emploi où nous n'existons pas suffisamment et nous mettrons nos forces en commun, en termes de secteurs : des salariés de la métallurgie, de l'énergie, du commerce, vont de retrouver autour d'actions communes pour convaincre les salariés de notre capacité à les aider.
Une journaliste - Sur les 715 000 adhérents que vous revendiquez, quelle est la part des différentes fédérations ?
Gérard BILLON - Nous allons clôturer nos chiffres 2005 dans un mois et nous fournirons précisément cette ventilation des adhésions, fédération par fédération. Selon les chiffres 2004, les salariés de droit privé représentaient 52,4% des adhérents.
Un journaliste - La proportion était inverse il y a quelques années.
Gérard BILLON - En effet. L'analyse des chiffres que nous publierons dans un mois mettra sans doute en lumière une progression de nos adhérents travaillant sous contrat de droit privé.
Un journaliste - Compte tenu des déserts syndicaux qui existent pour la CGT, avez-vous réfléchi à des actions unitaires ou à des initiatives communes avec d'autres organisations syndicales ?
Bernard THIBAULT - De telles démarches ne nous choqueraient pas. Nous en avions même retenu le principe dans le cadre d'orientations définies précédemment. Il semble malheureusement que le contexte ne se prête guère à des initiatives communes, puisque des désaccords se font jour sur des questions comme la représentativité syndicale et la validité des accords d'entreprise. Pour notre part, nous lançons une campagne de syndicalisation et nous faisons la démonstration que ceci n'est pas contradictoire avec une réflexion sur les règles de représentativité. Dès lors que les syndicats engagent l'ensemble des salariés, de par la loi, ils doivent se voir déléguer des mandats définis au niveau de l'ensemble des salariés.
Daniel SANCHEZ - Lorsqu'un syndicat s'implante dans une entreprise, il arrive que les salariés demandent à auditionner différents syndicats. Ce fut le cas récemment dans une entreprise du Val-d'Oise, par exemple. Ce n'est pas une règle générale mais cette démarche est observée de plus en plus souvent.
Une journaliste - Où irez-vous vous-même lundi, pour le lancement de la campagne de syndicalisation ?
Bernard THIBAULT - Je me rendrai à Montreuil ; il est clair que l'ensemble de la Direction confédérale va s'impliquer dans cette action.
Une journaliste - Il existe des Maisons de l'emploi, mises en place par Jean-Louis Borloo. Il existe maintenant des Maisons de la CGT. Est-ce nouveau ?
Bernard THIBAULT - Non, ce n'est pas nouveau et la CGT est une grande Maison !
Un journaliste - Envisagez-vous de passer d'une tradition de syndicalisme d'entreprise à une implantation plus forte dans certains secteurs professionnels, comme le commerce par exemple ?
Bernard THIBAULT - Nous prenons appui sur des initiatives qui nous semblent intéressantes, comme celles qui ont vu le jour à la mi-novembre à travers la construction de syndicats de sites, y compris pour les plus petites entreprises. Nous devons nous inspirer de ces bons exemples pour les multiplier. Dans certaines zones commerciales, il existe désormais des sections syndicales composées de représentants de petits commerces. Nous souhaitons renforcer ce type de démarche afin de permettre à des salariés qui n'avaient pas accès au syndicalisme jusqu'à présent - souvent en raison de la faible taille de leur entreprise - de nous rejoindre.
Un journaliste - Comment allez-vous intervenir dans la campagne ? Allez-vous rencontrer certains candidats à l'élection présidentielle?
Bernard THIBAULT - Un Comité Confédéral National se réunit les 30 et 31 janvier. Parmi les questions à l'ordre du jour figureront le bilan de la campagne de syndicalisation et un point d'étape sur un certain nombre d'actions de la Confédération. Nous prendrons aussi un moment pour analyser l'actualité ; le contexte préélectoral que nous connaissons en fait partie. Les Unions départementales et les fédérations professionnelles pourront s'exprimer à cette occasion, à la suite de quoi la Commission exécutive de la Confédération s'exprimera, sans doute dans le courant du mois de mars.
Le cadre de notre intervention est déjà connu. En premier lieu, nous allons continuer, durant cette période, à remplir notre mission et à porter nos revendications, en incitant les salariés à se mobiliser et à exprimer collectivement leurs revendications. Cela nous semble un des meilleurs moyens permettant d'assurer une place à ces revendications dans la campagne électorale.
En deuxième lieu, nous ne sommes ni dans une démarche de soutien ni dans une démarche de co-élaboration de quelque programme ou de quelque proposition que ce soit. Nous avons néanmoins la prétention (conformément à la décision n°6 prise lors de notre dernier Congrès) d'être un des acteurs dont l'opinion peut compter dans les débats de société. Nous avons également indiqué que nous savions faire la différence entre ceux qui nous soutiennent ou nous comprennent et ceux qui nous combattent. Nous pourrons légitimement nous exprimer durant cette période, en particulier sur le bilan des cinq années écoulées depuis la dernière élection présidentielle.
La CGT sera tout à fait à même de s'exprimer sur ce bilan, en particulier du point de vue des politiques économiques et sociales mises en oeuvre pendant cette période. Il est d'ailleurs à noter que le candidat officiel de la majorité sortante n'entend pas assumer cette part de bilan de la politique économique et sociale. Nous devrons sans doute, avec d'autres, rappeler qu'il doit assumer, à titre personnel, une part de ce bilan, et ce pour plusieurs raisons. Ce candidat a la présidentielle a été titulaire de plusieurs portefeuilles ministériels, dans différents gouvernements et, plus généralement, fait partie de la majorité qui gouverne depuis cinq ans. Le bilan que les salariés peuvent dresser de ces cinq dernières années est à l'évidence très différent de celui que pourra en faire le MEDEF. A l'occasion de son assemblée générale, sans doute celui-ci exprimera-t-il un « toujours plus ». Le bilan de cette période est en tout cas très nettement en faveur de l'organisation patronale et non en faveur des organisations de défense des salariés.
Un journaliste - Allez-vous rencontrer des candidats à l'élection présidentielle ?
Bernard THIBAULT - Nous n'allons pas mener de démarche particulière. Si nous sommes sollicités, nous verrons quelle attitude adopter.
Sur la base des déclarations et des prises de position des uns et des autres, je suis en tout cas frappé par la faible place accordée aux réformes qui devront être discutées, voire négociées, avec les représentants syndicaux. Après que tant de gouvernements se soient pris les pieds dans le tapis sur des réformes discutées en cercles restreints, je ne comprends pas que les candidats en présence n'insistent pas davantage sur la nécessité de créer un espace de négociation à propos de sujets tels que les contrats de travail, la politique de l'emploi ou les politiques fiscales.
Une journaliste - Que pensez-vous de la proposition de Nicolas Sarkozy visant à exonérer de charges sociales les heures supplémentaires ?
Bernard THIBAULT - Ceci s'inscrit dans la droite ligne des politiques menées. Nicolas Sarkozy a exercé des responsabilités de premier plan dans un gouvernement qui a diminué la rémunération des heures supplémentaires en les portant de 25% à 10% pour les salariés des PME, pour ne citer que cet exemple. Je ne vois là rien de bien nouveau, si ce n'est une posture proposant d'aller encore un peu plus loin dans la même direction.
Une journaliste - Avez-vous déjà rencontré Monsieur Sarkozy ?
Bernard THIBAULT - Non.
Une journaliste - On voit que Nicolas Sarkozy persiste dans sa proposition visant à ouvrir les élections professionnelles, au premier tour, aux salariés syndiqués et non syndiqués. Y voyez-vous une attaque contre la CGT ?
Bernard THIBAULT - Il est clair que les syndicats ne peuvent être perçus que comme gênants, à la lumière des axes principaux de la politique que souhaite mettre en oeuvre Nicolas Sarkozy. Les tenants d'une approche thatchérienne du fait syndical semblent dominants au sein de la majorité actuelle.
Un journaliste - A Montpellier, vous avez discuté des rapports entre le syndicalisme et la campagne présidentielle. Des dirigeants de la CGT ont appelé à s'engager pour Marie-Georges Buffet.
Bernard THIBAULT - Les dirigeants nationaux sont des citoyens et peuvent s'exprimer publiquement s'ils en font le choix. Dans le même temps, une responsabilité syndicale nationale incite à éviter toute instrumentalisation ou toute interprétation particulière. Il revient aux dirigeants nationaux, dans ce cadre, de déterminer quelle attitude adopter. Ils sont certainement conscients des éventuels risques d'instrumentalisation.Source http://www.cgt.fr, le 14 février 2007