Texte intégral
Une société se juge à la façon dont elle honore ses anciens. Ce sont eux qui lui ont permis de se développer. Ils lui apportent leur expérience, leur vision du monde. Je le sais personnellement. L'acuité du regard des aînés de ma famille, leur passion pour la politique : ce sont à table ou au téléphone des discussions qui n'en finissent pas... Aujourd'hui peut-être encore plus, les grands-parents ont par exemple un rôle essentiel dans la construction de la personnalité de l'enfant. Quand les familles sont en crises, ils sont bien souvent un pilier solide.
Notre société a besoin des personnes âgées
L'espérance de vie augmente régulièrement d'un trimestre par an, avec une augmentation plus importante encore de l'espérance de vie sans handicap. Et pourtant, tout se passe comme si la société n'avait pas encore intégré cette révolution qui se produit sous nos yeux, celle de vivre plus longtemps, et en meilleur santé. Au contraire, dans les slogans, les publicités, on passe sous silence l'âge de la vieillesse. Pire, de plus en plus de personnes âgées vivent dans une grande solitude, comme l'a montré l'épisode catastrophique de la canicule. On propose comme modèle celui de l'éternelle jeunesse, en oubliant la richesse d'une vie vécue et assumée jusqu'au bout.
L'utilisation des compétences des seniors est aujourd'hui négligée, alors que les besoins ne manquent pas, en particulier dans la formation des jeunes. Les élèves ont par exemple besoins de tuteurs pour les études dirigées, comme les apprentis pour leur formation professionnelle. Je ne veux pas d'une société qui considère l'âge de la retraite comme la limite après laquelle personne n'a plus à offrir ses talents à la collectivité. Nous avons une importante réflexion à mener, en lien avec l'idée d'activité universelle que j'ai développée, qui permet à chacun d'être utile par ses compétences, au sein des associations, des collectivités locales, moyennant une rémunération supplémentaire.
La retraite : pour une nouvelle réforme
Parlons de la retraite, justement. Parce qu'à côté des progrès de la médecine et de l'espérance de vie, il y a celui du niveau de vie des personnes âgées. Je défends le principe de la retraite par répartition, qui fait appel à la solidarité générationnelle. La réforme de 2003 n'assure pas cette pérennité. Je préconise la gestion paritaire du régime général avec une réelle autonomie, l'évolution vers un régime par points, dans le privé et dans le public, qui permette à chacun de choisir librement l'âge de départ à la retraite et qui assure l'équilibre financier du régime par la fixation chaque année des valeurs d'achat et de liquidation du point. Et enfin, dans un souci d'équité, la mise en extinction des régimes spéciaux. Il restera à la solidarité nationale de financer les trimestres non cotisés : service militaire, chômage, et éventuellement le temps passé auprès des enfants. Nous devons assurer une retraite minimale à 80 % du SMIC.
Le défi de la dépendance : pour une politique globale
La question de la santé de nos anciens est primordiale. La dépendance et le soin sont des questions très sensibles, sources de grandes souffrances et de solitude.
Il faut d'abord bien séparer les deux points : la limite entre la dépendance et le soin est très floue aujourd'hui ; des structures mieux adaptées doivent être créées.
La dépendance nécessite d'une part une vraie politique de prévention, pour la retarder au maximum ( obésité, cholestérol, hypertension, tabac, alcool), par l'encouragement à une réelle hygiène de vie par l'activité physique et intellectuelle.
En matière de prévention, toutes les interventions doivent être par ailleurs coordonnées. Je déplore la totale absence de coordination des différentes agences de sécurité sanitaire et environnementale, qui ne sont pas sous la responsabilité d'un seul ministère, et forment au sein de leur ministère de rattachement, un véritable Etat dans l'Etat.
Lorsque la dépendance survient, il convient avant tout de favoriser le maintien à domicile, par la mise en place d'une politique globale, qui prévoie des aides à l'adaptation au logement, des services d'aide à la personne, et l'aide aux aidants-familiaux.
Un progrès a été fait avec la création de la Caisse Autonomie, qui a créé plus de places en gérontologie. Mais il faut être encore plus réactif. Surtout, il ne faut pas oublier les zones rurales où les personnes ont particulièrement besoin d'assistance. Le rôle des médecins traitants est considérable et il faut impérativement les encourager financièrement à venir s'installer et à rester en milieu rural.
Des alternatives à l'hébergement collectif doivent être développées, notamment l'accueil de jour et l'hébergement temporaire. Enfin, quand l'hébergement devient nécessaire, les établissements doivent demeurer de taille humaine. Il convient de prévoir des aides à l'investissement pour baisser le coût de l'hébergement, augmenter le nombre de personnels, aujourd'hui très inférieurs en France à la moyenne européenne.
Enfin, pour reconnaître la place essentielle des personnes âges dans notre société, la solidarité nationale doit jouer. Le service civique universel que je propose pourrait prendre la forme d'un accompagnement de ces personnes dans des maisons de retraites, ou à leur domicile.
Tout ceci a un coût. Et il ne diminuera pas. C'est à la collectivité d'en assurer la part la plus importante. Nous devons mieux la coordonner, en évitant les financements croisés. Mais ce coût est aussi un investissement sur l'avenir, pour la construction d'une société réconciliée, où chacun aura sa place, et pourra faire partager ses compétences et son expérience.Source http://www.bayrou.fr, le 21 février 2007
Notre société a besoin des personnes âgées
L'espérance de vie augmente régulièrement d'un trimestre par an, avec une augmentation plus importante encore de l'espérance de vie sans handicap. Et pourtant, tout se passe comme si la société n'avait pas encore intégré cette révolution qui se produit sous nos yeux, celle de vivre plus longtemps, et en meilleur santé. Au contraire, dans les slogans, les publicités, on passe sous silence l'âge de la vieillesse. Pire, de plus en plus de personnes âgées vivent dans une grande solitude, comme l'a montré l'épisode catastrophique de la canicule. On propose comme modèle celui de l'éternelle jeunesse, en oubliant la richesse d'une vie vécue et assumée jusqu'au bout.
L'utilisation des compétences des seniors est aujourd'hui négligée, alors que les besoins ne manquent pas, en particulier dans la formation des jeunes. Les élèves ont par exemple besoins de tuteurs pour les études dirigées, comme les apprentis pour leur formation professionnelle. Je ne veux pas d'une société qui considère l'âge de la retraite comme la limite après laquelle personne n'a plus à offrir ses talents à la collectivité. Nous avons une importante réflexion à mener, en lien avec l'idée d'activité universelle que j'ai développée, qui permet à chacun d'être utile par ses compétences, au sein des associations, des collectivités locales, moyennant une rémunération supplémentaire.
La retraite : pour une nouvelle réforme
Parlons de la retraite, justement. Parce qu'à côté des progrès de la médecine et de l'espérance de vie, il y a celui du niveau de vie des personnes âgées. Je défends le principe de la retraite par répartition, qui fait appel à la solidarité générationnelle. La réforme de 2003 n'assure pas cette pérennité. Je préconise la gestion paritaire du régime général avec une réelle autonomie, l'évolution vers un régime par points, dans le privé et dans le public, qui permette à chacun de choisir librement l'âge de départ à la retraite et qui assure l'équilibre financier du régime par la fixation chaque année des valeurs d'achat et de liquidation du point. Et enfin, dans un souci d'équité, la mise en extinction des régimes spéciaux. Il restera à la solidarité nationale de financer les trimestres non cotisés : service militaire, chômage, et éventuellement le temps passé auprès des enfants. Nous devons assurer une retraite minimale à 80 % du SMIC.
Le défi de la dépendance : pour une politique globale
La question de la santé de nos anciens est primordiale. La dépendance et le soin sont des questions très sensibles, sources de grandes souffrances et de solitude.
Il faut d'abord bien séparer les deux points : la limite entre la dépendance et le soin est très floue aujourd'hui ; des structures mieux adaptées doivent être créées.
La dépendance nécessite d'une part une vraie politique de prévention, pour la retarder au maximum ( obésité, cholestérol, hypertension, tabac, alcool), par l'encouragement à une réelle hygiène de vie par l'activité physique et intellectuelle.
En matière de prévention, toutes les interventions doivent être par ailleurs coordonnées. Je déplore la totale absence de coordination des différentes agences de sécurité sanitaire et environnementale, qui ne sont pas sous la responsabilité d'un seul ministère, et forment au sein de leur ministère de rattachement, un véritable Etat dans l'Etat.
Lorsque la dépendance survient, il convient avant tout de favoriser le maintien à domicile, par la mise en place d'une politique globale, qui prévoie des aides à l'adaptation au logement, des services d'aide à la personne, et l'aide aux aidants-familiaux.
Un progrès a été fait avec la création de la Caisse Autonomie, qui a créé plus de places en gérontologie. Mais il faut être encore plus réactif. Surtout, il ne faut pas oublier les zones rurales où les personnes ont particulièrement besoin d'assistance. Le rôle des médecins traitants est considérable et il faut impérativement les encourager financièrement à venir s'installer et à rester en milieu rural.
Des alternatives à l'hébergement collectif doivent être développées, notamment l'accueil de jour et l'hébergement temporaire. Enfin, quand l'hébergement devient nécessaire, les établissements doivent demeurer de taille humaine. Il convient de prévoir des aides à l'investissement pour baisser le coût de l'hébergement, augmenter le nombre de personnels, aujourd'hui très inférieurs en France à la moyenne européenne.
Enfin, pour reconnaître la place essentielle des personnes âges dans notre société, la solidarité nationale doit jouer. Le service civique universel que je propose pourrait prendre la forme d'un accompagnement de ces personnes dans des maisons de retraites, ou à leur domicile.
Tout ceci a un coût. Et il ne diminuera pas. C'est à la collectivité d'en assurer la part la plus importante. Nous devons mieux la coordonner, en évitant les financements croisés. Mais ce coût est aussi un investissement sur l'avenir, pour la construction d'une société réconciliée, où chacun aura sa place, et pourra faire partager ses compétences et son expérience.Source http://www.bayrou.fr, le 21 février 2007