Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
C'est un plaisir pour moi de prendre la parole devant vous ce matin.
Je m'associe pleinement aux remarques qui ont été faites par Hubert Védrine. A l'endroit de la DGCID, je joins mes remerciements aux siens. Je tiens également à saluer les opérateurs des financements multilatéraux.
Le lancement de cette initiative, par la direction générale de la Coopération internationale et du Développement du ministère des Affaires étrangères, répond à un souci d'appuyer les opérateurs français dans leur recherche de financements internationaux. Nous y avons un intérêt financier. Il n'est en effet pas anormal que des institutions auxquelles la France apporte une contribution financière élevée permettent "en retour", à des experts ou des entreprises françaises, de bénéficier de leurs concours.
Il est cependant réducteur de raisonner avec la seule notion de "taux de retour". La participation française prend en effet diverses formes, qui ne sont pas toujours quantifiables. La France, a par exemple et Hubert Védrine l'a rappelé, un bon taux de retour à la Banque mondiale, puisque les entreprises françaises obtiennent de l'ordre de 8% du montant des contrats de la Banque, au regard d'une participation de 4,4% à son capital. Mais il ne faut pas s'en tenir à cette estimation. Il faut regarder secteur par secteur et se demander à chaque fois si on ne peut pas faire mieux.
Il ne s'agit pas seulement de gagner des appels d'offres. Il s'agit aussi d'obtenir que tel ou tel appel d'offre repose sur des conceptions juridiques d'inspiration française, ou encore qu'il soit possible d'y répondre en français, et le ministre de la Francophonie que je suis y est sensible.
Mesdames et Messieurs,
Je concentrerai mes propos sur le développement et sur une zone qui est le principal champ d'action de notre coopération, la ZSP. La Zone de solidarité prioritaire comprend la plupart des pays d'Afrique, ainsi que quelques pays des Caraïbes, du Moyen-Orient et de la péninsule indochinoise.
La France est solidaire du monde en développement. Contrairement à ce qui est dit parfois, la France fait un effort de solidarité exceptionnel en faveur de l'Afrique. Elle est le pays le plus généreux du G7, avec 0,39% de son produit national brut consacré au développement. Même si ce taux a diminué, il faut souligner la performance relative de la France.
Avec la fusion des ministères des Affaires étrangères et de la Coopération, ce devoir de solidarité doit s'inscrire à part entière dans l'action internationale de notre pays, au même titre que la promotion de la paix et les Droits de l'Homme, la défense du pluralisme culturel et linguistique et la diplomatie d'influence.
La ZSP élargit l'horizon de la coopération française. Elle donne accès à tous ces pays aux mêmes procédures de la coopération française. Elle nous permet, dans une démarche de partenariat, de les aider, en tenant compte de leur situation politique, économique, sociale et culturelle et bien sûr, avec une exigence d'efficacité.
Dans ces pays de la ZSP, les opérateurs français disposent, grâce notamment au tissu très dense du réseau de notre Coopération entendue au sens large, c'est à dire du ministère des Affaires étrangères et de l'Agence française de développement, d'une bonne base pour pouvoir participer à des opérations multilatérales. Pour beaucoup d'opérateurs, la participation à un programme bilatéral peut constituer une première expérience. Cette expérience est d'ailleurs prise en compte et appréciée des bailleurs de fonds multilatéraux. Je souhaiterais, à cet égard, que vos réflexions se portent sur : comment mieux articuler le bilatéral et le multilatéral.
Mesdames et Messieurs,
L'importance de nos financements au titre de l'aide publique au développement nous ont amenés à nous concerter systématiquement avec les instances multilatérales les plus actives dans le domaine du développement, notamment la Banque mondiale et la Commission européenne.
Je participe aux assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Nous tenons des réunions régulières et avons des échanges quasi-quotidiens avec ces institutions. La connaissance qui en résulte est en soi un atout pour les opérateurs.
Dans le même esprit, j'ai voulu que le Conseil d'orientation stratégique du Fonds de Solidarité prioritaire que j'ai installé en février dernier, s'ouvre à la dimension multilatérale. MM. Bernard Petit, directeur à la Commission européenne, et Zéphirin Diabré, administrateur adjoint du PNUD, ont été nommés par le Premier ministre, au sein de ce Conseil que je préside. Il est important que le mouvement actuel de déconcentration de la gestion de l'aide au développement conforte cette synergie entre aide multi et bilatérale.
Vous savez que c'est une des orientations fortes de la déclaration de refondation de la politique de développement de la Communauté, que j'ai fait adopter le 10 novembre dernier pendant la Présidence française de l'Union européenne.
J'ajoute que nous développons, dans le cadre de notre aide bilatérale, ce que nous appelons des projets "bi-multi". Ce sont des projets élaborés en partenariat avec des organisations multilatérales, notamment les agences onusiennes. Ces projets sont le fruit d'un travail conjoint, depuis leur définition jusqu'à leur mise en oeuvre. Ils existent déjà avec le BIT, la CNUCED, le PNUD, le FNUAP, l'UNICEF et l'OMS. Chaque année, ces projets multi-bi s'élèvent à plus de 60 millions de francs.
Nous avons franchi une nouvelle étape dans ce sens avec le pôle de l'OMS pour la surveillance et l'alerte des maladies transmissibles, que j'ai inauguré à Lyon le 8 février dernier : le ministère des Affaires étrangères apporte à ce centre près de 25 millions de francs sur 5 ans, dans le cadre d'un partenariat qui inclut, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, mais aussi la Communauté urbaine de Lyon et le secteur privé, en l'occurrence la Fondation Mérieux, qui apporte 50 millions de francs.
Des habitudes de travail en commun se forgent. Elles nous permettent, j'en suis sûr, de forger une coopération plus interactive, plus cohérente et donc, au total, plus efficace.
Le recours ciblé à des opérateurs, s'ils sont correctement choisis en fonction de leur capacité comme de leur potentiel au plan multilatéral, ne peut qu'apporter un supplément de savoir-faire à notre coopération au développement. J'invite donc particulièrement les "développeurs" de la DGCID et ceux de l'AFD à croiser systématiquement leur vision du bilatéral et du multilatéral avec celle des opérateurs les plus familiers des techniques, des approches et de la "culture" des projets multilatéraux.
Sur les deux dernières années, nous avons augmenté de près de 60% les dotations aux fonds fiduciaires de consultants, tout en les diversifiant et en modernisant leur gestion. Je mentionnerai le fonds fiduciaire de consultants auprès de la Banque mondiale, que nous avons le souci d'adapter au mieux aux attentes des opérateurs. D'une manière générale, nous allons poursuivre nos efforts de rationalisation et de transparence de ces fonds, tout en continuant, je le souhaite vivement, d'accroître leur dotation.
La mobilisation de l'expertise nationale des pays de la ZSP est indispensable. Et il est heureux que nos fonds fiduciaires soient également ouverts à des experts des Etats bénéficiaires.
Mesdames et Messieurs,
Parmi les multiples acteurs de la coopération française, je voudrais souligner tout particulièrement l'apport des ONG et des collectivités locales.
L'implication de la société civile ou des collectivités territoriales est une de mes priorités. J'entretiens un dialogue étroit avec ces acteurs importants de la coopération française et je m'attache à développer avec eux des partenariats opérationnels. Certains de ces acteurs maîtrisent les procédures multilatérales ; la Communauté européenne est d'ailleurs souvent leur premier partenaire. Je sais combien la constitution de réseaux et de plates-formes d'associations a aidé les petites ONG à s'orienter dans le maquis bruxellois, je pense bien sûr au CLONG, dont le rôle est indispensable et qui j'espère sortira bientôt de l'impasse où il se trouve. Au total, je dirai que la relation des ONG avec Bruxelles est devenue une évidence, au risque, parfois, de créer une dépendance.
La situation des collectivités locales est également très contrastée.
Je forme le vu que ces rencontres vous permettent de poursuivre le dialogue que vous avez engagé via Internet. Qu'elles vous permettent d'échanger vos idées sur l'utilisation de nos réseaux d'experts, le fonctionnement des institutions multilatérales, les possibilités qu'offrent les coopérations institutionnelles telles que les jumelages institutionnels dans les pays candidats à l'Union européenne, la coopération décentralisée.
Comme vous le savez, ce ministère entend aller plus loin dans la mise en commun et la coordination des points de vue. Un "Livre Blanc" sera l'expression de cette volonté. Il présentera les dix synthèses des ateliers qui vont vous réunir d'ici mercredi. A charge pour vous d'identifier "dix mesures concrètes" correspondant à ces ateliers.
Pour conclure, j'insisterai sur l'idée de "fertilisation croisée" : la culture "coopération et développement" au sein du ministère des Affaires étrangères est porteuse d'une forte tradition de dialogue avec les instances communautaires ou multilatérales. Ce dialogue doit profiter plus systématiquement aux opérateurs.
Il nous faut également tirer un meilleur parti de l'expérience de terrain acquise par les bureaux d'études et les experts français. Ce faisant, nous ajoutons un volet concret et opérationnel à notre tradition d'échange de vues avec les bailleurs multilatéraux. Nous avons tous à y gagner. C'est, je crois, le sens des travaux qui nous réunissent.
Je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 avril 2001)
Chers Amis,
C'est un plaisir pour moi de prendre la parole devant vous ce matin.
Je m'associe pleinement aux remarques qui ont été faites par Hubert Védrine. A l'endroit de la DGCID, je joins mes remerciements aux siens. Je tiens également à saluer les opérateurs des financements multilatéraux.
Le lancement de cette initiative, par la direction générale de la Coopération internationale et du Développement du ministère des Affaires étrangères, répond à un souci d'appuyer les opérateurs français dans leur recherche de financements internationaux. Nous y avons un intérêt financier. Il n'est en effet pas anormal que des institutions auxquelles la France apporte une contribution financière élevée permettent "en retour", à des experts ou des entreprises françaises, de bénéficier de leurs concours.
Il est cependant réducteur de raisonner avec la seule notion de "taux de retour". La participation française prend en effet diverses formes, qui ne sont pas toujours quantifiables. La France, a par exemple et Hubert Védrine l'a rappelé, un bon taux de retour à la Banque mondiale, puisque les entreprises françaises obtiennent de l'ordre de 8% du montant des contrats de la Banque, au regard d'une participation de 4,4% à son capital. Mais il ne faut pas s'en tenir à cette estimation. Il faut regarder secteur par secteur et se demander à chaque fois si on ne peut pas faire mieux.
Il ne s'agit pas seulement de gagner des appels d'offres. Il s'agit aussi d'obtenir que tel ou tel appel d'offre repose sur des conceptions juridiques d'inspiration française, ou encore qu'il soit possible d'y répondre en français, et le ministre de la Francophonie que je suis y est sensible.
Mesdames et Messieurs,
Je concentrerai mes propos sur le développement et sur une zone qui est le principal champ d'action de notre coopération, la ZSP. La Zone de solidarité prioritaire comprend la plupart des pays d'Afrique, ainsi que quelques pays des Caraïbes, du Moyen-Orient et de la péninsule indochinoise.
La France est solidaire du monde en développement. Contrairement à ce qui est dit parfois, la France fait un effort de solidarité exceptionnel en faveur de l'Afrique. Elle est le pays le plus généreux du G7, avec 0,39% de son produit national brut consacré au développement. Même si ce taux a diminué, il faut souligner la performance relative de la France.
Avec la fusion des ministères des Affaires étrangères et de la Coopération, ce devoir de solidarité doit s'inscrire à part entière dans l'action internationale de notre pays, au même titre que la promotion de la paix et les Droits de l'Homme, la défense du pluralisme culturel et linguistique et la diplomatie d'influence.
La ZSP élargit l'horizon de la coopération française. Elle donne accès à tous ces pays aux mêmes procédures de la coopération française. Elle nous permet, dans une démarche de partenariat, de les aider, en tenant compte de leur situation politique, économique, sociale et culturelle et bien sûr, avec une exigence d'efficacité.
Dans ces pays de la ZSP, les opérateurs français disposent, grâce notamment au tissu très dense du réseau de notre Coopération entendue au sens large, c'est à dire du ministère des Affaires étrangères et de l'Agence française de développement, d'une bonne base pour pouvoir participer à des opérations multilatérales. Pour beaucoup d'opérateurs, la participation à un programme bilatéral peut constituer une première expérience. Cette expérience est d'ailleurs prise en compte et appréciée des bailleurs de fonds multilatéraux. Je souhaiterais, à cet égard, que vos réflexions se portent sur : comment mieux articuler le bilatéral et le multilatéral.
Mesdames et Messieurs,
L'importance de nos financements au titre de l'aide publique au développement nous ont amenés à nous concerter systématiquement avec les instances multilatérales les plus actives dans le domaine du développement, notamment la Banque mondiale et la Commission européenne.
Je participe aux assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Nous tenons des réunions régulières et avons des échanges quasi-quotidiens avec ces institutions. La connaissance qui en résulte est en soi un atout pour les opérateurs.
Dans le même esprit, j'ai voulu que le Conseil d'orientation stratégique du Fonds de Solidarité prioritaire que j'ai installé en février dernier, s'ouvre à la dimension multilatérale. MM. Bernard Petit, directeur à la Commission européenne, et Zéphirin Diabré, administrateur adjoint du PNUD, ont été nommés par le Premier ministre, au sein de ce Conseil que je préside. Il est important que le mouvement actuel de déconcentration de la gestion de l'aide au développement conforte cette synergie entre aide multi et bilatérale.
Vous savez que c'est une des orientations fortes de la déclaration de refondation de la politique de développement de la Communauté, que j'ai fait adopter le 10 novembre dernier pendant la Présidence française de l'Union européenne.
J'ajoute que nous développons, dans le cadre de notre aide bilatérale, ce que nous appelons des projets "bi-multi". Ce sont des projets élaborés en partenariat avec des organisations multilatérales, notamment les agences onusiennes. Ces projets sont le fruit d'un travail conjoint, depuis leur définition jusqu'à leur mise en oeuvre. Ils existent déjà avec le BIT, la CNUCED, le PNUD, le FNUAP, l'UNICEF et l'OMS. Chaque année, ces projets multi-bi s'élèvent à plus de 60 millions de francs.
Nous avons franchi une nouvelle étape dans ce sens avec le pôle de l'OMS pour la surveillance et l'alerte des maladies transmissibles, que j'ai inauguré à Lyon le 8 février dernier : le ministère des Affaires étrangères apporte à ce centre près de 25 millions de francs sur 5 ans, dans le cadre d'un partenariat qui inclut, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, mais aussi la Communauté urbaine de Lyon et le secteur privé, en l'occurrence la Fondation Mérieux, qui apporte 50 millions de francs.
Des habitudes de travail en commun se forgent. Elles nous permettent, j'en suis sûr, de forger une coopération plus interactive, plus cohérente et donc, au total, plus efficace.
Le recours ciblé à des opérateurs, s'ils sont correctement choisis en fonction de leur capacité comme de leur potentiel au plan multilatéral, ne peut qu'apporter un supplément de savoir-faire à notre coopération au développement. J'invite donc particulièrement les "développeurs" de la DGCID et ceux de l'AFD à croiser systématiquement leur vision du bilatéral et du multilatéral avec celle des opérateurs les plus familiers des techniques, des approches et de la "culture" des projets multilatéraux.
Sur les deux dernières années, nous avons augmenté de près de 60% les dotations aux fonds fiduciaires de consultants, tout en les diversifiant et en modernisant leur gestion. Je mentionnerai le fonds fiduciaire de consultants auprès de la Banque mondiale, que nous avons le souci d'adapter au mieux aux attentes des opérateurs. D'une manière générale, nous allons poursuivre nos efforts de rationalisation et de transparence de ces fonds, tout en continuant, je le souhaite vivement, d'accroître leur dotation.
La mobilisation de l'expertise nationale des pays de la ZSP est indispensable. Et il est heureux que nos fonds fiduciaires soient également ouverts à des experts des Etats bénéficiaires.
Mesdames et Messieurs,
Parmi les multiples acteurs de la coopération française, je voudrais souligner tout particulièrement l'apport des ONG et des collectivités locales.
L'implication de la société civile ou des collectivités territoriales est une de mes priorités. J'entretiens un dialogue étroit avec ces acteurs importants de la coopération française et je m'attache à développer avec eux des partenariats opérationnels. Certains de ces acteurs maîtrisent les procédures multilatérales ; la Communauté européenne est d'ailleurs souvent leur premier partenaire. Je sais combien la constitution de réseaux et de plates-formes d'associations a aidé les petites ONG à s'orienter dans le maquis bruxellois, je pense bien sûr au CLONG, dont le rôle est indispensable et qui j'espère sortira bientôt de l'impasse où il se trouve. Au total, je dirai que la relation des ONG avec Bruxelles est devenue une évidence, au risque, parfois, de créer une dépendance.
La situation des collectivités locales est également très contrastée.
Je forme le vu que ces rencontres vous permettent de poursuivre le dialogue que vous avez engagé via Internet. Qu'elles vous permettent d'échanger vos idées sur l'utilisation de nos réseaux d'experts, le fonctionnement des institutions multilatérales, les possibilités qu'offrent les coopérations institutionnelles telles que les jumelages institutionnels dans les pays candidats à l'Union européenne, la coopération décentralisée.
Comme vous le savez, ce ministère entend aller plus loin dans la mise en commun et la coordination des points de vue. Un "Livre Blanc" sera l'expression de cette volonté. Il présentera les dix synthèses des ateliers qui vont vous réunir d'ici mercredi. A charge pour vous d'identifier "dix mesures concrètes" correspondant à ces ateliers.
Pour conclure, j'insisterai sur l'idée de "fertilisation croisée" : la culture "coopération et développement" au sein du ministère des Affaires étrangères est porteuse d'une forte tradition de dialogue avec les instances communautaires ou multilatérales. Ce dialogue doit profiter plus systématiquement aux opérateurs.
Il nous faut également tirer un meilleur parti de l'expérience de terrain acquise par les bureaux d'études et les experts français. Ce faisant, nous ajoutons un volet concret et opérationnel à notre tradition d'échange de vues avec les bailleurs multilatéraux. Nous avons tous à y gagner. C'est, je crois, le sens des travaux qui nous réunissent.
Je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 avril 2001)