Texte intégral
Chers amis, vous voilà, si nombreux rassemblés, si chaleureux, si engagés, si enthousiastes, si mobilisés que cela autorise tous les espoirs.
Merci d'abord à toi, Laurent, de m'avoir invitée à partager ce moment extraordinaire de ferveur populaire, sur ton territoire où tu fais de si grandes choses et depuis si longtemps.
Dans cette magnifique région dont je connais bien le président, Alain Le Vern, et le président du Conseil général, Didier Marie, et tous les élus ici rassemblés, ainsi que votre premier fédéral qui a organisé, et je l'en remercie, cet extraordinaire rassemblement.
Je voudrais dire ici, dans cette région, où les intelligences territoriales sont si fortes, que nous avons déjà une illustration de ce pacte présidentiel.
Je ne veux pas être longue, il y aurait tant de choses à citer, mais ici, dans cette Région qui a déjà fait 2000 emplois tremplins pour les jeunes, et qui a donné un véritable élan au développement durable, nous avons déjà les prémices de ce que sera la France demain si l'on tire tous les talents et tous les partis de ces intelligences des territoires.
Et puis dans ce département de Seine-Maritime, où vient d'être créé un fonds de garantie de caution pour le logement, c'est dans le pacte présidentiel.
Où l'on a déjà mis en place, et Marc Massion me le disait tout à l'heure, le revenu minimum de solidarité active, qui fera que désormais, tous les citoyens qui sortent des minima sociaux et qui reprennent le travail ne voient pas leurs revenus baisser, c'est aussi dans le pacte présidentiel.
Ce que je veux dire par là, et je suis heureuse de l'illustrer ici, c'est que la politique doit changer, elle va changer, elle va profondément changer, et en particulier, elle va tirer le bénéfice de tout ce qui se fait sur les territoires, villes, départements, régions dirigés par les forces de gauche et les forces de progrès, parce que c'est cela qui entraînera le pays.
Il se passe plein de choses à l'échelle des territoires, plein de choses qui fonctionnent et qui marchent, mais qui sont aujourd'hui entravées par un pouvoir central de droite, qui a cherché d'abord à punir l'ensemble des régions qui avaient élu à leur tête des présidents socialistes. Et on le voit dans les dégâts économiques, que Laurent évoquait à l'instant, l'ensemble des délocalisations, le manque de moyens d'investissement sur les pôles de compétitivité, j'y reviendrai. C'est le spectacle d'un gouvernement inerte, qui baisse les bras, qui pense que le libéralisme à toutes les réponses. Moi, je crois à la force des capacités humaines. Moi, je crois aux cercles vertueux. Moi, je crois aux logiques gagnant-gagnant, là où les énergies se rassemblent, parce que, au lieu d'opposer les gens les uns aux autres, au lieu de leur dire que la solution, c'est la guerre de tous contre tous, les grévistes contre les non-grévistes, les chômeurs contre ceux qui ont du travail, ceux qui n'ont pas d'heures supplémentaires contre ceux qui en auront, ceux qui sont appelés à travailler jusqu'à 70 ans, proposition absurde lorsque l'on considère qu'en France, le taux de chômage des plus de 50 ans est l'un des plus élevés d'Europe. De même que le taux de chômage des jeunes est l'un des plus élevés d'Europe. C'est pourquoi le défi que nous devons relever, c'est d'abord un défi de lutte contre toutes les formes de gaspillage, et en premier lieu contre les gaspillages humains, tout simplement.
Bien sûr, la France doit travailler plus, mais dans quel sens ? La France doit travailler plus en donnant d'abord du travail à tous, et la France doit travailler plus..., à tous ceux qui n'ont pas de travail et qui veulent travailler plus tout simplement en trouvant du travail, à tous ceux qui sont au chômage partiel et qui veulent travailler plus tout simplement en trouvant du travail à temps complet, à tous ceux qui sont en travail précaire et qui veulent tout simplement travailler plus et travailler mieux en ayant des contrats stables et sécurisés. Bien sûr, la France veut travailler plus, mais elle veut aussi davantage de justice dans la répartition des fruits de la croissance et des bénéfices. Et je le dis ici, nous réaliserons ce que la gauche a bien souvent promis mais jamais vraiment totalement réalisé, faire en sorte que sur l'orientation de la fiscalité, des prélèvements sociaux et de l'utilisation des fonds publics, une bonne fois pour toutes, que le travail soit moins taxé que le capital. C'est comme cela que nous revaloriserons le travail, et certainement pas en augmentant toutes les formes de précarité.
Vous êtes venus nombreux aujourd'hui, et vous êtes aussi venus nombreux, très nombreux dans les débats participatifs qui m'ont permis de préparer et de vous présenter ce pacte présidentiel. Tous les élus ici rassemblés aussi ont fait énormément de réunions, et cette dynamique a été très forte dans ce département et dans cette région. Nous vous avons tous écoutés, les plus vulnérables comme les plus forts, ceux qui ont parlé et ceux qui sont simplement venus assister et qui ont écrit après coup, ceux qui vont bien comme ceux qui décrochent ou qui ont peur de décrocher, ceux qui sont nos partisans depuis toujours et ceux qui ne le sont pas, mais qui ont tout simplement envie, profondément envie de changement et qui attendent désespérément une autre façon de voir les choses et une autre façon d'agir. C'est parce que vous êtes venus très nombreux, plus de 2 millions, que j'ai confiance dans la solidité de notre démarche. Et c'est pourquoi ce pacte présidentiel, qui a été fait avec vous, il est un pacte d'honneur et un pacte de confiance. Aujourd'hui, il vous appartient. C'est à vous de vous en saisir et de ne plus le lâcher.
Alors, j'ai bien entendu les objections. On m'a dit : mais ce n'est pas un programme, c'est un catalogue.
Laissez-moi vous dire, le reproche du catalogue, c'est déjà celui qu'on faisait à François Mitterrand en 1981 lorsqu'il allait à la bataille avec ses 110 propositions, c'est aussi ce qu'on disait à Léon Blum quand il proposait pêle-mêle disait-on les congés payés, la semaine de 40 heures, les assurances sociales, la lutte contre la misère, les grands travaux pour relancer l'emploi, et même la résistance au fascisme qui montait. Même chose, il a gagné.
Aujourd'hui, c'est une autre belle et grande page de notre histoire et dans cette tradition que je m'inscris avec l'oeuvre de tous les gouvernements socialistes qui se sont inscrits depuis lors et qui ont fait une oeuvre réformatrice dont nous sommes fiers et aux gouvernements auxquels nous avons, Laurent, toi et moi, participé, celui de Lionel Jospin et celui avant, de François Mitterrand et de Pierre Bérégovoy.
Non, il ne s'agit pas d'un catalogue, car quand on propose un projet et une vision de la France qui prend à bras le corps la crise des banlieues, la crise économique, la crise sociale, la crise éducative, la crise morale qui ronge la France aujourd'hui, la crise écologique, ce n'est pas un catalogue, c'est une vision pour remettre la France debout, et la France se relèvera avec votre voix et avec votre énergie.
Lorsque je vous propose, en appui sur ce que vous avez dit, un nouveau pacte avec les jeunes, d'où qu'ils viennent, en leur disant que moi, je ne vois pas en eux d'abord un problème, ou chaque fois que je vois le mot « jeune », je ne pense pas à délinquance, au contraire, chaque fois que je vois le mot jeune, je me dis que c'est là que se trouve la solution à bien de nos problèmes.
C'est ce nouveau pacte que je veux construire, et en particulier, je trouve, et je l'ai dit à l'instant, insupportable que tant de jeunes soient au chômage, et notamment parmi les jeunes qualifiés et les jeunes diplômés, car lorsque la jeunesse sent que la main ne lui est pas tendue, alors c'est tout le désir d'avenir qui s'écroule, et le pays ne peut pas se relever sans un désir d'avenir.
C'est pourquoi ce nouveau pacte avec les jeunes, c'est d'abord un devoir pour saisir l'ensemble de ce potentiel dont la France a besoin et notamment dans les quartiers populaires, dans les banlieues. C'est là que se trouve notre nouvelle frontière. C'est notre objectif, c'est la réalisation d'une France qui doit se relever dans ses quartiers car on a besoin de ses talents, de ses énergies, de son potentiel. C'est cette vision-là de la France que je défends. C'est un plan d'urgence, un plan de salut public. C'est le seul plan qui peut permettre à la France d'éviter le délitement du lien social qui la menace et que nous sentons tous venir, et rassembler dans un même projet les territoires ruraux qui aujourd'hui ont aussi un formidable potentiel qui ne demande qu'à renaître, et les territoires urbains où se trouvent tant de talents gaspillés, comme je le disais à l'instant.
C'est remettre en mouvement ce lien social et la cohérence de ce projet, on le voit bien. C'est que l'État central donne les moyens aux collectivités territoriales, communautés urbaines, départements, régions, pour qu'ils oeuvrent à l'avant-garde de ces actions.
Je crois que cette réforme en profondeur de l'État, de la façon dont il fonctionne, non pas en en rabattant sur sa capacité d'action et sur sa puissance et sur son pouvoir et sur ses compétences régaliennes, mais au contraire en faisant confiance à la proximité des actions, à leur efficacité, en traçant les cadres, mais en transférant les moyens de faire. C'est comme cela que nous ferons les économies, oui les économies que les Français attendent dans la dépense des fonds publics pour qu'un euro dépensé soit un euro utile. Mais c'est là aussi que se trouvent, j'en suis convaincue, les ressorts d'une efficacité nouvelle qui relancera la machine économique dont nous avons besoin pour créer des emplois.
Ce pacte, ce n'est pas un catalogue. C'est l'urgence et c'est la préparation de l'avenir qui refuse une société toujours plus brutale où, comme je l'ai entendu dans les débats, une bonne partie des violences est engendrée par le mépris, par l'indifférence, par le repli sur soi. Je ne veux plus qu'on entende parler, sur le territoire de la République, une, laïque et indivisible de discrimination positive, tout simplement parce que la République doit construire l'égalité réelle.
Je ne veux plus qu'on entende parler pour les jeunes Français de première, de deuxième génération, de troisième alors qu'on ne le fait jamais pour les jeunes issus des pays européens. Nous sommes tous ensemble dans la République qui nous rassemble, et nous devons accorder à chaque enfant le pouvoir de réussir dans les mêmes conditions à l'école.
Ce que je propose, c'est tout simplement, et c'est énorme dans le contexte actuel, une France forte parce qu'elle sera juste. Quand je dis que le règne sans fin du profit est intolérable aux gens les plus modestes, que le spectacle de la spéculation foncière effrénée est insupportable à ceux qui vivent de leur travail et dramatique pour ceux qui n'arrivent pas à en vivre. Quand j'ajoute qu'on ne peut pas face à cela tolérer une France où une jeune sur cinq qualifié est au chômage, où l'âge du premier emploi n'en finit pas de reculer, où la précarité des contrats se généralise, où la moitié des salariés perçoit moins de quatre cents euros par mois, où quatre millions de salariés sont payés au salaire minimum, ou moins que cela, parfois au bout de trente ans de travail, où il y a sept millions de pauvres, deux millions d'enfants qui sont condamnés à vivre dans la pauvreté.
Oui, quand je dis que, dans un pays comme la France, on ne peut pas tolérer que deux millions de personnes aient recours à l'aide alimentaire, qu'il y ait deux mille accidents graves du travail par jour, on ne peut pas accepter qu'à 35 ans, un ouvrier ou un employé ait sept ans de moins d'espérance de vie qu'un cadre supérieur, que 40 % des salariés soient exposés à des produits chimiques sur leur lieu de travail.
Quand je dis que je ne veux pas d'une France où les femmes sont les premières victimes des bas salaires, des petites pensions et où l'écart de salaire avec les hommes, à qualification égale, est encore de près de 30 %, alors je dis que le pacte social est rompu. Le pacte présidentiel, c'est d'abord cela, c'est répondre à ces colères et c'est déboucher sur des engagements précis qui permettront à la France de se relever.
Alors, il y a eu le débat sur le chiffrage. Mais comment ne pas voir le chiffrage que la droite nous laisse ? Une dette publique insoutenable, les intérêts de cette dette qui sont générés, qui représentent à eux seuls la deuxième dépense du budget de la nation, le déficit des comptes sociaux (j'en ai parlé), notre commerce extérieur déficitaire de 30 milliards d'euros, c'est-à-dire l'équivalent d'un million d'emplois perdu. Voilà leur chiffrage. Il nous appartiendra de réparer ce qu'ils ont détruit.
A travers vous, à Rouen, je veux saluer une nouvelle fois la région, une région aussi qui est gravement touchée, comme toutes les régions de France, par une grave crise économique et sociale. Comme à Rennes par exemple, je sais qu'à Eu, le site Alcatel est menacé. Comment ne pas se révolter contre le fait qu'au coeur même des pôles de compétitivité, ce sont maintenant les activités de matière grise qui sont délocalisées et qui font face à une inertie gouvernementale impardonnable.
Oui, partout où je vais, je vois des usines qui ferment, des délocalisations, des vies privées, des hommes et des femmes laissés sur le carreau, et une colère, je le répète, devant tant d'inertie.
Ces usines qui se ferment, c'est aussi une histoire qui se perd. Chaque territoire est emprunt d'une identité collective qui mérite d'être protégée car elle constitue le ciment social pour l'avenir.
Oui, nous devons être aux côtés des territoires qui résistent et qui luttent, oui nous devons proclamer ici notre solidarité avec ces salariés, qui attendent, et c'est possible, et c'est cela le principal message, qui attendent une autre façon de faire avant qu'il ne soit trop tard. Je vous le dis : c'est possible.
Nous avons d'abord la volonté de construire une véritable politique industrielle en France et en Europe. Pour la droite, la politique industrielle, c'est l'adaptation sous la contrainte et une espèce de fatalisme. Pour nous, c'est l'anticipation collective. C'est pourquoi je veux construire avec vous des territoires actifs qui se construisent collectivement, des entreprises responsables, et je crois que c'est dans la qualité du dialogue social que nous pourrons moderniser les entreprises comme dans les pays du Nord de l'Europe. Il n'y a pas d'antinomie, bien au contraire, la capacité d'anticipation des mutations, elle se fera par la modernisation du dialogue social et par l'émergence d'un syndicalisme de masse dans notre pays. C'est la seule façon de contrecarrer, en mettant les salariés dans les conseils d'administration, en régulant les mouvements financiers au service de la production et non pas de la spéculation.
Je veux aussi que l'État redéfinisse ses modalités d'intervention, un État stratège, un État développeur, un État qui investit dans la recherche et dans l'innovation, dans l'orientation des grands secteurs économiques et qui pèse sur la transformation de la société pour préparer l'avenir.
Cette volonté politique forte se traduit par des mesures précises, des mesures économiques précises. Pour les régions, je leur reconnaîtrai le rôle d'animateur du développement économique en liaison étroite avec l'enseignement supérieur et la recherche, et elles auront les moyens de développer ces synergies gagnant/gagnant. En particulier, l'État interviendra avec clarté et avec efficacité.
Je veux réconcilier la France avec les entreprises, notamment avec les petites et moyennes entreprises, celles qui aujourd'hui concentrent 60 % de l'emploi salarié et celles qui se battent pour conquérir des marchés, pour être productives, qui ne passent pas leur temps dans les spéculations financières, dans une politique de la sous-traitance, qui aujourd'hui n'est absolument pas gérée, qui dépendent des grosses entreprises du CAC 40, qui viennent de publier des profits insolents, tandis que toutes les petites et moyennes entreprises sous-traitantes, qui ont participé indirectement à ces super profits, sont parfois en grande difficulté.
C'est pourquoi je veux que la puissance publique soit acteur et soutien, en définissant les priorités sectorielles, par exemple les énergies propres et renouvelables, les systèmes de communication, l'informatique, la pharmacie, les biotechnologies et toutes les filières industrielles de pointe.
Parce que la France n'est pas seule, nous relancerons les coopérations technologiques et industrielles à l'échelle européenne.
Je remettrai à l'endroit la fiscalité. Notre fiscalité ne doit plus pénaliser l'industrie par rapport à la finance, elle ne doit plus désavantager les petites et moyennes entreprises par rapport aux grands groupes. Elle doit être conçue pour inciter à l'investissement sur le territoire français. Nous aurons l'immense tâche de réorienter l'ensemble des aides publiques au développement économique.
On me dit : mais où trouvez-vous l'argent ? Je trouve l'argent dans les 65 milliards d'euros, avec parfois des effets d'aubaine insupportables pour des entreprises qui n'en ont pas besoin, des exonérations de charges sans obligation d'emploi en contrepartie. Eh bien, tous ces moyens publics, nous les réorienterons massivement vers les entreprises qui créent, qui embauchent, qui innovent et qui se battent pour conquérir des marchés étrangers.
Au sein de l'État, nous créerons une fonction de stratégie industrielle intégrant l'ensemble des aspects technologiques territoriaux, commerciaux, financiers et environnementaux.
Vous le savez aussi, le développement économique repose sur les trois piliers.
La valeur ajoutée économique, j'en ai parlé, avec la réorientation des aides et l'investissement dans l'innovation, et aussi parce que le fait que ce sont des contrats de travail durables qui motivent les salariés et qui donc participent à la compétitivité des entreprises.
La valeur ajoutée sociale ensuite, car il est temps de la mettre à égalité avec la valeur ajoutée économique. La valeur ajoutée sociale, je l'ai dit, c'est un dialogue social renforcé, un autre rapport de force qui permet une anticipation et des compromis sociaux dans l'intérêt de l'entreprise et dans l'intérêt de la nation, et c'est la priorité donnée à l'investissement dans la ressource humaine, dans la qualification et dans la formation professionnelle. D'autres pays ont réussi, à se sortir à la fois de l'endettement, du déficit commercial extérieur et de la panne de croissance. La France a pris cinq ans de retard, il va nous falloir accélérer. Je ne cache pas que la situation est difficile, je l'ai dit tout à l'heure, mais nous devrons à marche forcée, réorienter nos efforts pendant la première et la deuxième année de l'exercice du pouvoir, et vous verrez ensuite que les choses se retourneront, et que cet investissement dans la ressource humaine et dans la matière grise et dans l'autre façon de se parler, de diriger les entreprises et de faire en sorte que tout le monde doit être à sa place avec le sentiment de pouvoir participer avec son talent, sa compétence, une capacité complémentaire de formation professionnelle, de pouvoir participer au redressement du pays.
Je suis convaincue que ce mouvement-là, ajouté au mouvement des territoires que j'exprimais tout à l'heure, permettra de donner à la France un nouvel élan dans la modernité, dans la créativité, dans ces générations qui vont se lever, et qui se diront : il y a un autre regard sur notre pays, il y a une autre façon de faire, il y a des talents cachés à déployer sur le territoire. Oui, je suis convaincue qu'il y a une autre façon de faire, et nous réussirons à remettre la France en mouvement.
Le troisième pilier est celui de l'excellence environnementale. Que de retard avons-nous accumulé ! D'autres pays en font aujourd'hui une des clés de leur développement, y compris parmi les continents émergents, et la France n'a plus le droit d'être en retard sur ces défis.
On le sait, dans ce secteur, plus de 100 000 emplois non délocalisables peuvent être créés dans les filières environnementales. Une fois de plus, je salue les efforts de la région sur les éco-activités.
Nous développerons de nouveaux métiers, de nouvelles compétences dans le domaine du bâtiment, des transports, de l'agriculture, des écoproduits, des éco-procédés, des éco-industries et des énergies renouvelables. Tout cela est un moteur de la croissance durable, tout cela permet aussi de donner de nouveaux débouchés à notre agriculture tout en respectant l'environnement.
Ce que je veux vous dire, en vous décrivant avec précision l'autre modèle de développement que nous mettrons en place ensemble, c'est qu'il n'y a plus de raisons de subir ces mutations.
Je sais que les Français sont inquiets sur les mouvements du monde, sur la montée des précarités et des insécurités, et c'est la raison pour laquelle notre responsabilité, c'est d'inventer les sécurités nouvelles qui permettront le développement de l'esprit d'entreprise et le goût du risque.
De ce point de vue-là, je sais que tout cela a un coût, me dit-on, cet investissement dans la matière grise, dans l'éducation, dans la formation, dans les services publics, bien sûr que cela a un coût, mais, mais le calcul que je fais, ou la logique que vous connaissez, puisque vous avez été, je le répète, nombreux aussi à dire ces choses que vous voyez sur le terrain, dans ce renversement des cohérences ou des décohérences passées, et dans l'invention d'une nouvelle cohérence et de nouvelles logiques, c'est que ces investissements, ils rapportent, ces investissements, ils font face à l'urgence, mais dans peu de temps, aussi, ils créent des valeurs, c'est cela, le pari que je fais.
C'est un pari raisonné, appuyé sur les savoir-faire, observatrice de ce qui a réussi dans d'autres pays. Ce que je propose, justement, c'est à partir de cela, de retrouver le courage et l'espoir.
Mes amis, à moins de deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, on voit bien qu'il y a aujourd'hui deux visions du monde qui s'opposent : ceux qui croient à la bienveillance du marché, supposé régler seul tous les problèmes, sans avoir même le besoin de penser et d'agir ou d'anticiper, et ceux qui croient à la volonté politique, à l'action collective, aux intelligences humaines, à la nécessité de la puissance publique, à la capacité d'action, à la morale de l'action, à la politique par la preuve, et c'est ce chemin que je vous propose.
Ceux qui croient, d'un côté, et ce n'est pas mon cas, que l'individu s'en tirera tout seul, et ceux qui savent que la responsabilité individuelle se conjugue avec la solidarité collective, je veux bâtir avec vous tous la gauche moderne, celle du 21e siècle. La gauche du 21e siècle, le camp du progrès, le nouveau modèle, une nouvelle façon, à partir des valeurs de gauche adaptées pour accompagner ces mutations, pour apaiser les inquiétudes. Oui, la gauche nouvelle et efficace n'oublie rien. Elle n'oublie ni les luttes ouvrières ni les conquêtes sociales. Elle n'oublie pas que ceux qui ont le pouvoir l'abandonnent rarement d'eux-mêmes. Elle n'oublie pas que trop souvent, les privilégiés donnent aux autres des leçons qui ne s'appliquent guère à eux-mêmes.
La gauche nouvelle, moderne et efficace ne renonce pas, elle ne renonce pas à l'espérance du progrès social, elle ne renonce pas à l'??galité réelle, elle n'en rabat pas sur la laïcité et sur les services publics, elle n'oublie pas de parler de la France et de la nation. Au contraire, elle sait que le combat est permanent, et qu'il n'a jamais été aussi difficile contre les forces conservatrices qui se liguent à l'échelle de la planète.
Mais la gauche efficace a aussi les yeux ouverts sur la réalité. Elle sait que, faute d'être confrontées au réel, les idées se transforment en dogmes. Elle ne confond pas, comme le disait François Mitterrand, la conviction avec le sectarisme. Elle cherche obstinément la mise en mouvement de toute la société. Elle mobilise l'effort de chacun, à condition de donner à chacun une égalité d'accès au savoir et à la réussite. Elle est prête à expérimenter tout ce qui marche, dès lors qu'il ne s'agit pas d'oublier les fins : le progrès social pour tous et le respect pour chacun. Elle veut de toutes ses forces l'émancipation des hommes et des femmes face à toutes les formes d'oppression et de domination. C'est au nom de ces valeurs que je vous demande votre confiance pour être la présidente du travail pour tous, du pouvoir d'achat garanti, de la réussite éducative, de la lutte contre toutes les formes de violence.
Voilà pourquoi, parce qu'il y a cette aspiration à plus de justice et à davantage d'efficacité, nous supprimerons le CNE pour faire du contrat à durée indéterminée la règle.
Voilà pourquoi nous exigerons des entreprises qui délocalisent ou qui licencient alors qu'elles font des bénéfices de rembourser toutes les aides publiques qu'elles ont reçues.
Voilà pourquoi nous créerons le droit au premier emploi pour les jeunes, pour qu'un jeune qualifié ou diplômé ne reste pas au chômage, et toutes les imaginations seront mobilisées pendant plus de six mois.
Voilà pourquoi nous mettrons en place une sécurité sociale professionnelle, qui permettra à chaque salarié, menacé dans son emploi, ou parce que l'entreprise a besoin à un moment d'agilité pour pouvoir conquérir des marchés ou pour faire face à une difficulté économique.
Voilà pourquoi chaque salarié, pour ne pas tomber dans le trou du chômage, qui casse les vies personnelles, les vies familiales, qui déstabilise les entreprises, voilà pourquoi la Sécurité sociale professionnelle sera créée, qui maintiendra à chaque salarié, pendant un an, 90 % de son salaire pour qu'il puisse se former ou être à la recherche active d'emploi.
Voilà pourquoi nous créerons pour les jeunes l'allocation d'autonomie, en contrepartie d'un effort, celui de se former, celui... Vous pouvez applaudir aussi !... celui de se former, celui de rechercher activement un emploi, et pour les étudiants, l'obligation d'apporter une aide scolaire gratuite aux élèves en difficulté.
- « Ségolène, Présidente ! »
- Ce que je propose, vous l'aurez compris, ce n'est pas une société de l'assistanat, car les socialistes ne se sont jamais satisfaits de l'assistanat, ça, c'est la droite qui caricature. Au contraire, la dignité humaine, c'est de maîtriser sa vie, c'est de choisir son destin, c'est de peser sur ses choix, c'est de transmettre à ses enfants les valeurs auxquelles on tient.
La solidarité, oui, c'est le contraire du chacun pour soi, raccrocher ceux qui sont au bord du chemin et leur tendre la main au bon moment.
Mais vous l'aurez compris, contre chaque droit nouveau créé, il y a aussi un devoir nouveau qui est énoncé. Je crois que c'est dans cette logique de solidarité et de responsabilité que nous construisons une société qui tiendra debout.
Je sais aussi que la vie chère est une réalité vécue par de plus en plus de Français, et plus seulement par les plus modestes, mais les catégories moyennes sont aujourd'hui touchées : les salaires stagnent, les pensions s'amenuisent, l'accès de tous à un logement de qualité est devenu difficile à cause de la spéculation immobilière.
J'ai bien lu les programmes de la droite, que ce soit de l'UMP ou de l'UDF. Il y a un mot qui n'est quasiment pas utilisé, c'est celui du pouvoir d'achat. Je vous le dis ici : je serai la présidente du pouvoir d'achat garanti, car c'est une des conditions élémentaires de la dignité humaine. Oui, le salaire minimum sera porté le plus tôt possible à 1 500 euros dans la législature, mais sans écraser la hiérarchie des salaires et en donnant en contrepartie, dans des logiques gagnant/gagnant avec l'entreprise, des moyens de formation professionnelle à ceux qui sont en bas de l'échelle des salaires.
Oui, une conférence sur les salaires et les revenus sera organisée dès le mois de juin 2007 justement pour décider d'une juste répartition des profits entre le capital et le travail.
Oui, les petites retraites et les allocations aux personnes handicapées seront revalorisées immédiatement, et nous réformerons l'indice des prix pour que le pouvoir d'achat soit effectivement garanti à partir de la vraie consommation des gens, car, on le sait, la démocratie et la transparence et la justice dans la décision politique, c'est de prendre en compte les choses telles qu'elles sont et non pas théoriquement. Et ça, combien de fois me l'a-t-on dit dans les débats participatifs : nous ne nous reconnaissons pas dans le discours politique qui prétend que le chômage baisse, alors qu'autour de nous, c'est plutôt le contraire. Nous ne nous reconnaissons pas lorsqu'on lit dans les journaux que le coût de la vie a baissé alors que l'on voit tous les jours, en faisant ses courses, que c'est le contraire. Il faut que la parole politique corresponde à la vie réelle, telle qu'elle est vécue, telle qu'elle est supportée, telle qu'elle est pensée. Cette écoute-là est absolument indispensable, et les réformes qui vont avec doivent suivre, car c'est la condition du relèvement du crédit de la parole politique. Je serai la présidente de la parole politique tenue, je serai la présidente de l'écoute de la réalité de la vie des gens.
Et puis, pour relever la France, nous avons besoin de l'Europe.
L'Europe reste la grande ambition du 21e siècle, mais je sais que vous ne voulez pas n'importe quelle Europe. Vous l'avez dit. Je ne veux pas d'une Europe qui ne serait qu'une zone de libre échange adossée à l'OTAN. Je ne veux pas d'une Europe de tous contre tous, où le dumping fiscal et social remplace la solidarité, et dans laquelle la concurrence sert de projet de société. L'Europe que nous voulons doit élever le niveau de tous les pays et de chaque individu, et non pas les abaisser. C'est pourquoi l'Europe doit se fixer comme objectif une croissance dynamique et créatrice d'emplois et qui réduit les inégalités. Nous relancerons les politiques communes sur les enjeux majeurs que nous affrontons, en Europe comme en France. La croissance résultera de l'investissement dans la recherche, dans l'innovation, dans l'environnement, dans les transports.
L'Europe, je l'ai dit aussi et je le répète, parce que ça me paraît indispensable, doit se mobiliser pour une politique industrielle. Elle doit aussi se protéger, comme le font, contrairement à ce qu'ils disent, les États-Unis d'Amérique et les grands continents émergents.
L'Europe ne doit plus s'abandonner au seul dogme de la concurrence. Et je le répète : Airbus n'aurait pas pu être lancé, et on connaît les difficultés d'aujourd'hui, là aussi, qui ne sont pas une fatalité si l'Europe serre les coudes, Airbus n'aurait pu être lancé si la doctrine actuelle de l'Europe avait été applicable en 1970. Et d'ailleurs, avec la doctrine actuelle, on se demande quel projet industriel ambitieux pourrait encore être lancé.
Alors je le redis très clairement, et je l'affirme ici, et je le redirai prochainement en Allemagne : les outils actuels de l'Europe ne sont pas adaptés. La croissance et l'emploi doivent être inscrits dans les statuts de la Banque centrale européenne. Je sais que ce sera difficile, mais les seuls combats que l'on engage ne sont pas perdus d'avance, et je vois que les syndicats européens bougent, et bougent de plus en plus fortement sur cette question. Il faudra mettre en place un gouvernement économique et social de la zone euro, pour une politique de croissance coordonnée. Le pacte de stabilité ne doit pas freiner la croissance, l'emploi et le progrès social, mais au contraire les stimuler. C'est pourquoi j'ai proposé de sortir du déficit des dépenses consacrées à la recherche et l'innovation.
Cela prendra peut-être du temps, mais peut-être pas, je le disais à l'instant : si tous les salariés d'Europe, si les organisations syndicales européennes se lèvent et exigent d'autres règles, d'autres critères, et demandent que ça change, et que ça change vraiment, et en plus, je pense que c'est comme cela aussi que l'on sera compétitif. C'est la même cohérence qu'au niveau national, c'est le progrès social qui fait la compétitivité économique. Cette nouvelle logique-là, il faut maintenant que l'Europe le comprenne : c'est l'efficacité sociale et l'efficacité environnementale qui font aussi l'efficacité économique.
Oui, l'Europe doit se protéger, et nous protéger.
Elle fera reconnaître le respect des normes sociales et environnementales pour une juste concurrence. C'est la condition de la juste concurrence que d'intégrer ces normes dans toutes les négociations de l'OMC, et la concurrence déloyale est encore plus insupportable à l'intérieur de l'Europe. Je proposerai l'instauration de taux plancher en matière d'impôts sur les sociétés pour freiner les délocalisations fiscales à l'intérieur même de l'espace européen.
Enfin, je proposerai à nos partenaires européens la négociation d'un protocole social pour renforcer les droits des travailleurs. Et là aussi, je note, dans les différents contacts que je peux avoir, que ce qui paraissait impossible encore il y a quelques mois commence à bouger, et chacun s'interroge aujourd'hui sur cette convergence et sur cette juste réconciliation entre le progrès social et le progrès économique, et c'est pourquoi j'ai confiance.
J'ai confiance dans la confrontation des visions, et dans la défense de ce pacte présidentiel que je propose aux Français, et qui est le vôtre. La France que nous proposons ne ressemble pas à celle d'aujourd'hui, et encore moins à celle que nos concurrents nous proposent.
Jamais sans doute depuis 1981, l'enjeu de l'élection présidentielle n'aura été aussi important. Deux visions de la France, deux projets de société, le chacun pour soi ou le tous ensemble, davantage d'heures supplémentaires pour les uns et moins de travail pour les autres. C'est pour les citoyens le moment de choisir, car il faut bien voir que l'absence de choix nourrit la crise démocratique, et la véritable alternative, ce n'est pas une pincée de social dans un océan libéral, ce n'est pas baisser l'impôt sur la fortune, ce n'est pas de proposer des exonérations massives, indifférenciées, coûteuses, qui profiteraient principalement à celles qui auraient embauché, et même en l'absence d'aides, la véritable alternative avec vous, avec votre force et votre enthousiasme, c'est autre chose, avec toutes les sensibilités rassemblées à gauche, et je suis heureuse aujourd'hui de ce jour qui marque un rassemblement de la famille socialiste, les radicaux aussi...
Je salue aussi nos amis radicaux et le Mouvement des citoyens, parce que nous avons l'ambition de rassembler bien au-delà, toute la gauche, bien sûr, mais bien au-delà, tous ceux qui veulent simplement que ça change, tous ceux qui pensent que l'on peut faire autrement, tous ceux qui veulent que la France se relève, tous ceux qui estiment que les inégalités nous ruinent et font aller la France à sa perte.
Oui, je suis allée, grâce à ce travail et à cette écoute, je sais que le pacte présidentiel est solide.
Je suis fière, je vous le répète, et c'est pourquoi je me sens solide et sereine, parce que j'ai construit avec vous les fondations de la maison France. Je suis fière d'avoir renoué le temps de son élaboration avec cette tradition française qui est celle des cahiers de doléance et que j'ai appelés les cahiers de l'espérance.
D'ailleurs, cette parole que vous avez prise, je vous demande de la garder, et à ceux qui ne l'ont pas prise, je vous demande de la prendre. Car avec moi, je vous le dis, la politique ne sera plus jamais la même, elle ne se fera plus jamais sans vous, elle ne se fera plus jamais sans vous écouter.
J'ai bien entendu les reproches, qui consistent à dire : mais le peuple ne peut pas décider de tout. La politique, bien sûr, c'est l'art de choisir, de trancher, et de le faire parfois d'une manière qui n'est pas nécessairement populaire. Cela ne veut pas dire non plus que j'ai oublié que l'un des premiers gestes de François Mitterrand, l'un des plus beaux, l'un des plus grands, l'un des vrais actes qui donne à la politique sa noblesse, fut l'abolition de la peine de mort, à laquelle il savait qu'une majorité de Français n'était pas favorable.
De la même façon, et je sais que cela bouscule les habitudes, lorsque je dis que nous avons à construire la France métissée, c'est-à-dire la France qui est faite de toutes ses différences, avec tous ses enfants, d'où qu'ils viennent et où qu'ils soient, je pense que cet objectif-là, qui est simplement la reconnaissance des diversités, y compris des diversités régionales, cette France-là, elle doit se lever, parce qu'on a besoin de toutes ces forces, de tous ces talents et de toutes ces authenticités. Alors que l'on cesse de crier au populisme, parce que j'ai pris la peine, avant d'agir, d'entendre ce que le peuple a à nous dire. Qu'on cesse de brandir l'épouvantail de la démocratie d'opinion, parce que je reviens tout simplement aux sources de la démocratie, dont le premier principe est, que je sache, qu'on gouverne avec le peuple et pas contre lui. C'est cela que je vous propose.
D'ailleurs, je tiendrai bon sur cette façon de faire, et que connaissent d'ailleurs tous les élus locaux de proximité. Mais il s'agit de faire émerger maintenant au plus haut niveau de l'État cette façon de faire.
Je crois tout simplement qu'on ne peut pas faire autrement, je crois que l'on ne peut pas prétendre présider aux destinées d'un pays comme la France si on ne commence pas par entendre ce que les Français ont à dire avec leurs diversités et avec leurs intelligences.
Parmi tous les candidats à l'élection présidentielle, je suis la seule à avoir accompli cette démarche. Je crois que c'est comme cela qu'on peut diriger un pays moderne, en faisant confiance à chaque citoyen, sinon, c'est la crise sociale assurée, sinon les beaux projets des réformes sortis des cartons des technocrates qui retourneront aussi vite, parce qu'ils seront inapplicables. Je crois que c'est la meilleure façon aussi de piloter le changement profond dont la France a besoin.
Alors, je vous le dis, je le dis à travers cette salle, à tous les Français, le temps de l'imagination et de l'audace est venu. Je vous le dis, l'attente de changement est profonde, et je veux être la candidate, je veux conquérir votre confiance. Rien n'est fait, il y aura encore des épreuves, il y aura des obstacles encore à franchir. Je sais que le peuple de gauche et au-delà, tous ceux qui veulent que cela change, sont exigeants, ils veulent en avoir la preuve avant de voter. C'est cette preuve que je veux leur porter dans la qualité de cette campagne électorale, dans le travail à faire pour expliquer, encore expliquer, encore convaincre, encore écouter et toujours porter cet idéal qui est plus grand que nous.
C'est pourquoi, avec vous, j'ai besoin de cette force collective, de cette force populaire en marche et exigeante, pour pouvoir porter la vérité d'une France neuve et qui veut se relever.
C'est pourquoi je vous demande de vous saisir de ce pacte présidentiel et de continuer à en parler autour de vous pour vous dire dès maintenant comment nous allons faire pour l'appliquer très rapidement.
C'est parce que les citoyens s'en saisiront, parce qu'ils en feront aussi leur propre engagement et leur propre exigence, que nous serons tenus, mais nous le sommes déjà, par la conception que nous avons de la morale en politique, mais plus les citoyens se saisiront de ce pacte, plus je serai tenue par l'ardente obligation de tenir parole et d'agir juste.
Oui, mon équipe de campagne, c'est vous ! Déployez-vous sur les territoires, allez convaincre, portez cette espérance, n'ayez peur de rien, parce que cette France juste, est-ce que vous la voulez ? Cette France forte, la souhaitez-vous ? Ce désir d'avenir, voulez-vous le porter ? Cette République du respect, voulez-vous la construire ?
Alors, avançons, n'ayons pas peur, redressons la tête, travaillons, expliquons, méritons la confiance des Français. Vive la Normandie, vive la République, vive la France !
Source http://www.desirdavenir.org, le 26 février 2007
Merci d'abord à toi, Laurent, de m'avoir invitée à partager ce moment extraordinaire de ferveur populaire, sur ton territoire où tu fais de si grandes choses et depuis si longtemps.
Dans cette magnifique région dont je connais bien le président, Alain Le Vern, et le président du Conseil général, Didier Marie, et tous les élus ici rassemblés, ainsi que votre premier fédéral qui a organisé, et je l'en remercie, cet extraordinaire rassemblement.
Je voudrais dire ici, dans cette région, où les intelligences territoriales sont si fortes, que nous avons déjà une illustration de ce pacte présidentiel.
Je ne veux pas être longue, il y aurait tant de choses à citer, mais ici, dans cette Région qui a déjà fait 2000 emplois tremplins pour les jeunes, et qui a donné un véritable élan au développement durable, nous avons déjà les prémices de ce que sera la France demain si l'on tire tous les talents et tous les partis de ces intelligences des territoires.
Et puis dans ce département de Seine-Maritime, où vient d'être créé un fonds de garantie de caution pour le logement, c'est dans le pacte présidentiel.
Où l'on a déjà mis en place, et Marc Massion me le disait tout à l'heure, le revenu minimum de solidarité active, qui fera que désormais, tous les citoyens qui sortent des minima sociaux et qui reprennent le travail ne voient pas leurs revenus baisser, c'est aussi dans le pacte présidentiel.
Ce que je veux dire par là, et je suis heureuse de l'illustrer ici, c'est que la politique doit changer, elle va changer, elle va profondément changer, et en particulier, elle va tirer le bénéfice de tout ce qui se fait sur les territoires, villes, départements, régions dirigés par les forces de gauche et les forces de progrès, parce que c'est cela qui entraînera le pays.
Il se passe plein de choses à l'échelle des territoires, plein de choses qui fonctionnent et qui marchent, mais qui sont aujourd'hui entravées par un pouvoir central de droite, qui a cherché d'abord à punir l'ensemble des régions qui avaient élu à leur tête des présidents socialistes. Et on le voit dans les dégâts économiques, que Laurent évoquait à l'instant, l'ensemble des délocalisations, le manque de moyens d'investissement sur les pôles de compétitivité, j'y reviendrai. C'est le spectacle d'un gouvernement inerte, qui baisse les bras, qui pense que le libéralisme à toutes les réponses. Moi, je crois à la force des capacités humaines. Moi, je crois aux cercles vertueux. Moi, je crois aux logiques gagnant-gagnant, là où les énergies se rassemblent, parce que, au lieu d'opposer les gens les uns aux autres, au lieu de leur dire que la solution, c'est la guerre de tous contre tous, les grévistes contre les non-grévistes, les chômeurs contre ceux qui ont du travail, ceux qui n'ont pas d'heures supplémentaires contre ceux qui en auront, ceux qui sont appelés à travailler jusqu'à 70 ans, proposition absurde lorsque l'on considère qu'en France, le taux de chômage des plus de 50 ans est l'un des plus élevés d'Europe. De même que le taux de chômage des jeunes est l'un des plus élevés d'Europe. C'est pourquoi le défi que nous devons relever, c'est d'abord un défi de lutte contre toutes les formes de gaspillage, et en premier lieu contre les gaspillages humains, tout simplement.
Bien sûr, la France doit travailler plus, mais dans quel sens ? La France doit travailler plus en donnant d'abord du travail à tous, et la France doit travailler plus..., à tous ceux qui n'ont pas de travail et qui veulent travailler plus tout simplement en trouvant du travail, à tous ceux qui sont au chômage partiel et qui veulent travailler plus tout simplement en trouvant du travail à temps complet, à tous ceux qui sont en travail précaire et qui veulent tout simplement travailler plus et travailler mieux en ayant des contrats stables et sécurisés. Bien sûr, la France veut travailler plus, mais elle veut aussi davantage de justice dans la répartition des fruits de la croissance et des bénéfices. Et je le dis ici, nous réaliserons ce que la gauche a bien souvent promis mais jamais vraiment totalement réalisé, faire en sorte que sur l'orientation de la fiscalité, des prélèvements sociaux et de l'utilisation des fonds publics, une bonne fois pour toutes, que le travail soit moins taxé que le capital. C'est comme cela que nous revaloriserons le travail, et certainement pas en augmentant toutes les formes de précarité.
Vous êtes venus nombreux aujourd'hui, et vous êtes aussi venus nombreux, très nombreux dans les débats participatifs qui m'ont permis de préparer et de vous présenter ce pacte présidentiel. Tous les élus ici rassemblés aussi ont fait énormément de réunions, et cette dynamique a été très forte dans ce département et dans cette région. Nous vous avons tous écoutés, les plus vulnérables comme les plus forts, ceux qui ont parlé et ceux qui sont simplement venus assister et qui ont écrit après coup, ceux qui vont bien comme ceux qui décrochent ou qui ont peur de décrocher, ceux qui sont nos partisans depuis toujours et ceux qui ne le sont pas, mais qui ont tout simplement envie, profondément envie de changement et qui attendent désespérément une autre façon de voir les choses et une autre façon d'agir. C'est parce que vous êtes venus très nombreux, plus de 2 millions, que j'ai confiance dans la solidité de notre démarche. Et c'est pourquoi ce pacte présidentiel, qui a été fait avec vous, il est un pacte d'honneur et un pacte de confiance. Aujourd'hui, il vous appartient. C'est à vous de vous en saisir et de ne plus le lâcher.
Alors, j'ai bien entendu les objections. On m'a dit : mais ce n'est pas un programme, c'est un catalogue.
Laissez-moi vous dire, le reproche du catalogue, c'est déjà celui qu'on faisait à François Mitterrand en 1981 lorsqu'il allait à la bataille avec ses 110 propositions, c'est aussi ce qu'on disait à Léon Blum quand il proposait pêle-mêle disait-on les congés payés, la semaine de 40 heures, les assurances sociales, la lutte contre la misère, les grands travaux pour relancer l'emploi, et même la résistance au fascisme qui montait. Même chose, il a gagné.
Aujourd'hui, c'est une autre belle et grande page de notre histoire et dans cette tradition que je m'inscris avec l'oeuvre de tous les gouvernements socialistes qui se sont inscrits depuis lors et qui ont fait une oeuvre réformatrice dont nous sommes fiers et aux gouvernements auxquels nous avons, Laurent, toi et moi, participé, celui de Lionel Jospin et celui avant, de François Mitterrand et de Pierre Bérégovoy.
Non, il ne s'agit pas d'un catalogue, car quand on propose un projet et une vision de la France qui prend à bras le corps la crise des banlieues, la crise économique, la crise sociale, la crise éducative, la crise morale qui ronge la France aujourd'hui, la crise écologique, ce n'est pas un catalogue, c'est une vision pour remettre la France debout, et la France se relèvera avec votre voix et avec votre énergie.
Lorsque je vous propose, en appui sur ce que vous avez dit, un nouveau pacte avec les jeunes, d'où qu'ils viennent, en leur disant que moi, je ne vois pas en eux d'abord un problème, ou chaque fois que je vois le mot « jeune », je ne pense pas à délinquance, au contraire, chaque fois que je vois le mot jeune, je me dis que c'est là que se trouve la solution à bien de nos problèmes.
C'est ce nouveau pacte que je veux construire, et en particulier, je trouve, et je l'ai dit à l'instant, insupportable que tant de jeunes soient au chômage, et notamment parmi les jeunes qualifiés et les jeunes diplômés, car lorsque la jeunesse sent que la main ne lui est pas tendue, alors c'est tout le désir d'avenir qui s'écroule, et le pays ne peut pas se relever sans un désir d'avenir.
C'est pourquoi ce nouveau pacte avec les jeunes, c'est d'abord un devoir pour saisir l'ensemble de ce potentiel dont la France a besoin et notamment dans les quartiers populaires, dans les banlieues. C'est là que se trouve notre nouvelle frontière. C'est notre objectif, c'est la réalisation d'une France qui doit se relever dans ses quartiers car on a besoin de ses talents, de ses énergies, de son potentiel. C'est cette vision-là de la France que je défends. C'est un plan d'urgence, un plan de salut public. C'est le seul plan qui peut permettre à la France d'éviter le délitement du lien social qui la menace et que nous sentons tous venir, et rassembler dans un même projet les territoires ruraux qui aujourd'hui ont aussi un formidable potentiel qui ne demande qu'à renaître, et les territoires urbains où se trouvent tant de talents gaspillés, comme je le disais à l'instant.
C'est remettre en mouvement ce lien social et la cohérence de ce projet, on le voit bien. C'est que l'État central donne les moyens aux collectivités territoriales, communautés urbaines, départements, régions, pour qu'ils oeuvrent à l'avant-garde de ces actions.
Je crois que cette réforme en profondeur de l'État, de la façon dont il fonctionne, non pas en en rabattant sur sa capacité d'action et sur sa puissance et sur son pouvoir et sur ses compétences régaliennes, mais au contraire en faisant confiance à la proximité des actions, à leur efficacité, en traçant les cadres, mais en transférant les moyens de faire. C'est comme cela que nous ferons les économies, oui les économies que les Français attendent dans la dépense des fonds publics pour qu'un euro dépensé soit un euro utile. Mais c'est là aussi que se trouvent, j'en suis convaincue, les ressorts d'une efficacité nouvelle qui relancera la machine économique dont nous avons besoin pour créer des emplois.
Ce pacte, ce n'est pas un catalogue. C'est l'urgence et c'est la préparation de l'avenir qui refuse une société toujours plus brutale où, comme je l'ai entendu dans les débats, une bonne partie des violences est engendrée par le mépris, par l'indifférence, par le repli sur soi. Je ne veux plus qu'on entende parler, sur le territoire de la République, une, laïque et indivisible de discrimination positive, tout simplement parce que la République doit construire l'égalité réelle.
Je ne veux plus qu'on entende parler pour les jeunes Français de première, de deuxième génération, de troisième alors qu'on ne le fait jamais pour les jeunes issus des pays européens. Nous sommes tous ensemble dans la République qui nous rassemble, et nous devons accorder à chaque enfant le pouvoir de réussir dans les mêmes conditions à l'école.
Ce que je propose, c'est tout simplement, et c'est énorme dans le contexte actuel, une France forte parce qu'elle sera juste. Quand je dis que le règne sans fin du profit est intolérable aux gens les plus modestes, que le spectacle de la spéculation foncière effrénée est insupportable à ceux qui vivent de leur travail et dramatique pour ceux qui n'arrivent pas à en vivre. Quand j'ajoute qu'on ne peut pas face à cela tolérer une France où une jeune sur cinq qualifié est au chômage, où l'âge du premier emploi n'en finit pas de reculer, où la précarité des contrats se généralise, où la moitié des salariés perçoit moins de quatre cents euros par mois, où quatre millions de salariés sont payés au salaire minimum, ou moins que cela, parfois au bout de trente ans de travail, où il y a sept millions de pauvres, deux millions d'enfants qui sont condamnés à vivre dans la pauvreté.
Oui, quand je dis que, dans un pays comme la France, on ne peut pas tolérer que deux millions de personnes aient recours à l'aide alimentaire, qu'il y ait deux mille accidents graves du travail par jour, on ne peut pas accepter qu'à 35 ans, un ouvrier ou un employé ait sept ans de moins d'espérance de vie qu'un cadre supérieur, que 40 % des salariés soient exposés à des produits chimiques sur leur lieu de travail.
Quand je dis que je ne veux pas d'une France où les femmes sont les premières victimes des bas salaires, des petites pensions et où l'écart de salaire avec les hommes, à qualification égale, est encore de près de 30 %, alors je dis que le pacte social est rompu. Le pacte présidentiel, c'est d'abord cela, c'est répondre à ces colères et c'est déboucher sur des engagements précis qui permettront à la France de se relever.
Alors, il y a eu le débat sur le chiffrage. Mais comment ne pas voir le chiffrage que la droite nous laisse ? Une dette publique insoutenable, les intérêts de cette dette qui sont générés, qui représentent à eux seuls la deuxième dépense du budget de la nation, le déficit des comptes sociaux (j'en ai parlé), notre commerce extérieur déficitaire de 30 milliards d'euros, c'est-à-dire l'équivalent d'un million d'emplois perdu. Voilà leur chiffrage. Il nous appartiendra de réparer ce qu'ils ont détruit.
A travers vous, à Rouen, je veux saluer une nouvelle fois la région, une région aussi qui est gravement touchée, comme toutes les régions de France, par une grave crise économique et sociale. Comme à Rennes par exemple, je sais qu'à Eu, le site Alcatel est menacé. Comment ne pas se révolter contre le fait qu'au coeur même des pôles de compétitivité, ce sont maintenant les activités de matière grise qui sont délocalisées et qui font face à une inertie gouvernementale impardonnable.
Oui, partout où je vais, je vois des usines qui ferment, des délocalisations, des vies privées, des hommes et des femmes laissés sur le carreau, et une colère, je le répète, devant tant d'inertie.
Ces usines qui se ferment, c'est aussi une histoire qui se perd. Chaque territoire est emprunt d'une identité collective qui mérite d'être protégée car elle constitue le ciment social pour l'avenir.
Oui, nous devons être aux côtés des territoires qui résistent et qui luttent, oui nous devons proclamer ici notre solidarité avec ces salariés, qui attendent, et c'est possible, et c'est cela le principal message, qui attendent une autre façon de faire avant qu'il ne soit trop tard. Je vous le dis : c'est possible.
Nous avons d'abord la volonté de construire une véritable politique industrielle en France et en Europe. Pour la droite, la politique industrielle, c'est l'adaptation sous la contrainte et une espèce de fatalisme. Pour nous, c'est l'anticipation collective. C'est pourquoi je veux construire avec vous des territoires actifs qui se construisent collectivement, des entreprises responsables, et je crois que c'est dans la qualité du dialogue social que nous pourrons moderniser les entreprises comme dans les pays du Nord de l'Europe. Il n'y a pas d'antinomie, bien au contraire, la capacité d'anticipation des mutations, elle se fera par la modernisation du dialogue social et par l'émergence d'un syndicalisme de masse dans notre pays. C'est la seule façon de contrecarrer, en mettant les salariés dans les conseils d'administration, en régulant les mouvements financiers au service de la production et non pas de la spéculation.
Je veux aussi que l'État redéfinisse ses modalités d'intervention, un État stratège, un État développeur, un État qui investit dans la recherche et dans l'innovation, dans l'orientation des grands secteurs économiques et qui pèse sur la transformation de la société pour préparer l'avenir.
Cette volonté politique forte se traduit par des mesures précises, des mesures économiques précises. Pour les régions, je leur reconnaîtrai le rôle d'animateur du développement économique en liaison étroite avec l'enseignement supérieur et la recherche, et elles auront les moyens de développer ces synergies gagnant/gagnant. En particulier, l'État interviendra avec clarté et avec efficacité.
Je veux réconcilier la France avec les entreprises, notamment avec les petites et moyennes entreprises, celles qui aujourd'hui concentrent 60 % de l'emploi salarié et celles qui se battent pour conquérir des marchés, pour être productives, qui ne passent pas leur temps dans les spéculations financières, dans une politique de la sous-traitance, qui aujourd'hui n'est absolument pas gérée, qui dépendent des grosses entreprises du CAC 40, qui viennent de publier des profits insolents, tandis que toutes les petites et moyennes entreprises sous-traitantes, qui ont participé indirectement à ces super profits, sont parfois en grande difficulté.
C'est pourquoi je veux que la puissance publique soit acteur et soutien, en définissant les priorités sectorielles, par exemple les énergies propres et renouvelables, les systèmes de communication, l'informatique, la pharmacie, les biotechnologies et toutes les filières industrielles de pointe.
Parce que la France n'est pas seule, nous relancerons les coopérations technologiques et industrielles à l'échelle européenne.
Je remettrai à l'endroit la fiscalité. Notre fiscalité ne doit plus pénaliser l'industrie par rapport à la finance, elle ne doit plus désavantager les petites et moyennes entreprises par rapport aux grands groupes. Elle doit être conçue pour inciter à l'investissement sur le territoire français. Nous aurons l'immense tâche de réorienter l'ensemble des aides publiques au développement économique.
On me dit : mais où trouvez-vous l'argent ? Je trouve l'argent dans les 65 milliards d'euros, avec parfois des effets d'aubaine insupportables pour des entreprises qui n'en ont pas besoin, des exonérations de charges sans obligation d'emploi en contrepartie. Eh bien, tous ces moyens publics, nous les réorienterons massivement vers les entreprises qui créent, qui embauchent, qui innovent et qui se battent pour conquérir des marchés étrangers.
Au sein de l'État, nous créerons une fonction de stratégie industrielle intégrant l'ensemble des aspects technologiques territoriaux, commerciaux, financiers et environnementaux.
Vous le savez aussi, le développement économique repose sur les trois piliers.
La valeur ajoutée économique, j'en ai parlé, avec la réorientation des aides et l'investissement dans l'innovation, et aussi parce que le fait que ce sont des contrats de travail durables qui motivent les salariés et qui donc participent à la compétitivité des entreprises.
La valeur ajoutée sociale ensuite, car il est temps de la mettre à égalité avec la valeur ajoutée économique. La valeur ajoutée sociale, je l'ai dit, c'est un dialogue social renforcé, un autre rapport de force qui permet une anticipation et des compromis sociaux dans l'intérêt de l'entreprise et dans l'intérêt de la nation, et c'est la priorité donnée à l'investissement dans la ressource humaine, dans la qualification et dans la formation professionnelle. D'autres pays ont réussi, à se sortir à la fois de l'endettement, du déficit commercial extérieur et de la panne de croissance. La France a pris cinq ans de retard, il va nous falloir accélérer. Je ne cache pas que la situation est difficile, je l'ai dit tout à l'heure, mais nous devrons à marche forcée, réorienter nos efforts pendant la première et la deuxième année de l'exercice du pouvoir, et vous verrez ensuite que les choses se retourneront, et que cet investissement dans la ressource humaine et dans la matière grise et dans l'autre façon de se parler, de diriger les entreprises et de faire en sorte que tout le monde doit être à sa place avec le sentiment de pouvoir participer avec son talent, sa compétence, une capacité complémentaire de formation professionnelle, de pouvoir participer au redressement du pays.
Je suis convaincue que ce mouvement-là, ajouté au mouvement des territoires que j'exprimais tout à l'heure, permettra de donner à la France un nouvel élan dans la modernité, dans la créativité, dans ces générations qui vont se lever, et qui se diront : il y a un autre regard sur notre pays, il y a une autre façon de faire, il y a des talents cachés à déployer sur le territoire. Oui, je suis convaincue qu'il y a une autre façon de faire, et nous réussirons à remettre la France en mouvement.
Le troisième pilier est celui de l'excellence environnementale. Que de retard avons-nous accumulé ! D'autres pays en font aujourd'hui une des clés de leur développement, y compris parmi les continents émergents, et la France n'a plus le droit d'être en retard sur ces défis.
On le sait, dans ce secteur, plus de 100 000 emplois non délocalisables peuvent être créés dans les filières environnementales. Une fois de plus, je salue les efforts de la région sur les éco-activités.
Nous développerons de nouveaux métiers, de nouvelles compétences dans le domaine du bâtiment, des transports, de l'agriculture, des écoproduits, des éco-procédés, des éco-industries et des énergies renouvelables. Tout cela est un moteur de la croissance durable, tout cela permet aussi de donner de nouveaux débouchés à notre agriculture tout en respectant l'environnement.
Ce que je veux vous dire, en vous décrivant avec précision l'autre modèle de développement que nous mettrons en place ensemble, c'est qu'il n'y a plus de raisons de subir ces mutations.
Je sais que les Français sont inquiets sur les mouvements du monde, sur la montée des précarités et des insécurités, et c'est la raison pour laquelle notre responsabilité, c'est d'inventer les sécurités nouvelles qui permettront le développement de l'esprit d'entreprise et le goût du risque.
De ce point de vue-là, je sais que tout cela a un coût, me dit-on, cet investissement dans la matière grise, dans l'éducation, dans la formation, dans les services publics, bien sûr que cela a un coût, mais, mais le calcul que je fais, ou la logique que vous connaissez, puisque vous avez été, je le répète, nombreux aussi à dire ces choses que vous voyez sur le terrain, dans ce renversement des cohérences ou des décohérences passées, et dans l'invention d'une nouvelle cohérence et de nouvelles logiques, c'est que ces investissements, ils rapportent, ces investissements, ils font face à l'urgence, mais dans peu de temps, aussi, ils créent des valeurs, c'est cela, le pari que je fais.
C'est un pari raisonné, appuyé sur les savoir-faire, observatrice de ce qui a réussi dans d'autres pays. Ce que je propose, justement, c'est à partir de cela, de retrouver le courage et l'espoir.
Mes amis, à moins de deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, on voit bien qu'il y a aujourd'hui deux visions du monde qui s'opposent : ceux qui croient à la bienveillance du marché, supposé régler seul tous les problèmes, sans avoir même le besoin de penser et d'agir ou d'anticiper, et ceux qui croient à la volonté politique, à l'action collective, aux intelligences humaines, à la nécessité de la puissance publique, à la capacité d'action, à la morale de l'action, à la politique par la preuve, et c'est ce chemin que je vous propose.
Ceux qui croient, d'un côté, et ce n'est pas mon cas, que l'individu s'en tirera tout seul, et ceux qui savent que la responsabilité individuelle se conjugue avec la solidarité collective, je veux bâtir avec vous tous la gauche moderne, celle du 21e siècle. La gauche du 21e siècle, le camp du progrès, le nouveau modèle, une nouvelle façon, à partir des valeurs de gauche adaptées pour accompagner ces mutations, pour apaiser les inquiétudes. Oui, la gauche nouvelle et efficace n'oublie rien. Elle n'oublie ni les luttes ouvrières ni les conquêtes sociales. Elle n'oublie pas que ceux qui ont le pouvoir l'abandonnent rarement d'eux-mêmes. Elle n'oublie pas que trop souvent, les privilégiés donnent aux autres des leçons qui ne s'appliquent guère à eux-mêmes.
La gauche nouvelle, moderne et efficace ne renonce pas, elle ne renonce pas à l'espérance du progrès social, elle ne renonce pas à l'??galité réelle, elle n'en rabat pas sur la laïcité et sur les services publics, elle n'oublie pas de parler de la France et de la nation. Au contraire, elle sait que le combat est permanent, et qu'il n'a jamais été aussi difficile contre les forces conservatrices qui se liguent à l'échelle de la planète.
Mais la gauche efficace a aussi les yeux ouverts sur la réalité. Elle sait que, faute d'être confrontées au réel, les idées se transforment en dogmes. Elle ne confond pas, comme le disait François Mitterrand, la conviction avec le sectarisme. Elle cherche obstinément la mise en mouvement de toute la société. Elle mobilise l'effort de chacun, à condition de donner à chacun une égalité d'accès au savoir et à la réussite. Elle est prête à expérimenter tout ce qui marche, dès lors qu'il ne s'agit pas d'oublier les fins : le progrès social pour tous et le respect pour chacun. Elle veut de toutes ses forces l'émancipation des hommes et des femmes face à toutes les formes d'oppression et de domination. C'est au nom de ces valeurs que je vous demande votre confiance pour être la présidente du travail pour tous, du pouvoir d'achat garanti, de la réussite éducative, de la lutte contre toutes les formes de violence.
Voilà pourquoi, parce qu'il y a cette aspiration à plus de justice et à davantage d'efficacité, nous supprimerons le CNE pour faire du contrat à durée indéterminée la règle.
Voilà pourquoi nous exigerons des entreprises qui délocalisent ou qui licencient alors qu'elles font des bénéfices de rembourser toutes les aides publiques qu'elles ont reçues.
Voilà pourquoi nous créerons le droit au premier emploi pour les jeunes, pour qu'un jeune qualifié ou diplômé ne reste pas au chômage, et toutes les imaginations seront mobilisées pendant plus de six mois.
Voilà pourquoi nous mettrons en place une sécurité sociale professionnelle, qui permettra à chaque salarié, menacé dans son emploi, ou parce que l'entreprise a besoin à un moment d'agilité pour pouvoir conquérir des marchés ou pour faire face à une difficulté économique.
Voilà pourquoi chaque salarié, pour ne pas tomber dans le trou du chômage, qui casse les vies personnelles, les vies familiales, qui déstabilise les entreprises, voilà pourquoi la Sécurité sociale professionnelle sera créée, qui maintiendra à chaque salarié, pendant un an, 90 % de son salaire pour qu'il puisse se former ou être à la recherche active d'emploi.
Voilà pourquoi nous créerons pour les jeunes l'allocation d'autonomie, en contrepartie d'un effort, celui de se former, celui... Vous pouvez applaudir aussi !... celui de se former, celui de rechercher activement un emploi, et pour les étudiants, l'obligation d'apporter une aide scolaire gratuite aux élèves en difficulté.
- « Ségolène, Présidente ! »
- Ce que je propose, vous l'aurez compris, ce n'est pas une société de l'assistanat, car les socialistes ne se sont jamais satisfaits de l'assistanat, ça, c'est la droite qui caricature. Au contraire, la dignité humaine, c'est de maîtriser sa vie, c'est de choisir son destin, c'est de peser sur ses choix, c'est de transmettre à ses enfants les valeurs auxquelles on tient.
La solidarité, oui, c'est le contraire du chacun pour soi, raccrocher ceux qui sont au bord du chemin et leur tendre la main au bon moment.
Mais vous l'aurez compris, contre chaque droit nouveau créé, il y a aussi un devoir nouveau qui est énoncé. Je crois que c'est dans cette logique de solidarité et de responsabilité que nous construisons une société qui tiendra debout.
Je sais aussi que la vie chère est une réalité vécue par de plus en plus de Français, et plus seulement par les plus modestes, mais les catégories moyennes sont aujourd'hui touchées : les salaires stagnent, les pensions s'amenuisent, l'accès de tous à un logement de qualité est devenu difficile à cause de la spéculation immobilière.
J'ai bien lu les programmes de la droite, que ce soit de l'UMP ou de l'UDF. Il y a un mot qui n'est quasiment pas utilisé, c'est celui du pouvoir d'achat. Je vous le dis ici : je serai la présidente du pouvoir d'achat garanti, car c'est une des conditions élémentaires de la dignité humaine. Oui, le salaire minimum sera porté le plus tôt possible à 1 500 euros dans la législature, mais sans écraser la hiérarchie des salaires et en donnant en contrepartie, dans des logiques gagnant/gagnant avec l'entreprise, des moyens de formation professionnelle à ceux qui sont en bas de l'échelle des salaires.
Oui, une conférence sur les salaires et les revenus sera organisée dès le mois de juin 2007 justement pour décider d'une juste répartition des profits entre le capital et le travail.
Oui, les petites retraites et les allocations aux personnes handicapées seront revalorisées immédiatement, et nous réformerons l'indice des prix pour que le pouvoir d'achat soit effectivement garanti à partir de la vraie consommation des gens, car, on le sait, la démocratie et la transparence et la justice dans la décision politique, c'est de prendre en compte les choses telles qu'elles sont et non pas théoriquement. Et ça, combien de fois me l'a-t-on dit dans les débats participatifs : nous ne nous reconnaissons pas dans le discours politique qui prétend que le chômage baisse, alors qu'autour de nous, c'est plutôt le contraire. Nous ne nous reconnaissons pas lorsqu'on lit dans les journaux que le coût de la vie a baissé alors que l'on voit tous les jours, en faisant ses courses, que c'est le contraire. Il faut que la parole politique corresponde à la vie réelle, telle qu'elle est vécue, telle qu'elle est supportée, telle qu'elle est pensée. Cette écoute-là est absolument indispensable, et les réformes qui vont avec doivent suivre, car c'est la condition du relèvement du crédit de la parole politique. Je serai la présidente de la parole politique tenue, je serai la présidente de l'écoute de la réalité de la vie des gens.
Et puis, pour relever la France, nous avons besoin de l'Europe.
L'Europe reste la grande ambition du 21e siècle, mais je sais que vous ne voulez pas n'importe quelle Europe. Vous l'avez dit. Je ne veux pas d'une Europe qui ne serait qu'une zone de libre échange adossée à l'OTAN. Je ne veux pas d'une Europe de tous contre tous, où le dumping fiscal et social remplace la solidarité, et dans laquelle la concurrence sert de projet de société. L'Europe que nous voulons doit élever le niveau de tous les pays et de chaque individu, et non pas les abaisser. C'est pourquoi l'Europe doit se fixer comme objectif une croissance dynamique et créatrice d'emplois et qui réduit les inégalités. Nous relancerons les politiques communes sur les enjeux majeurs que nous affrontons, en Europe comme en France. La croissance résultera de l'investissement dans la recherche, dans l'innovation, dans l'environnement, dans les transports.
L'Europe, je l'ai dit aussi et je le répète, parce que ça me paraît indispensable, doit se mobiliser pour une politique industrielle. Elle doit aussi se protéger, comme le font, contrairement à ce qu'ils disent, les États-Unis d'Amérique et les grands continents émergents.
L'Europe ne doit plus s'abandonner au seul dogme de la concurrence. Et je le répète : Airbus n'aurait pas pu être lancé, et on connaît les difficultés d'aujourd'hui, là aussi, qui ne sont pas une fatalité si l'Europe serre les coudes, Airbus n'aurait pu être lancé si la doctrine actuelle de l'Europe avait été applicable en 1970. Et d'ailleurs, avec la doctrine actuelle, on se demande quel projet industriel ambitieux pourrait encore être lancé.
Alors je le redis très clairement, et je l'affirme ici, et je le redirai prochainement en Allemagne : les outils actuels de l'Europe ne sont pas adaptés. La croissance et l'emploi doivent être inscrits dans les statuts de la Banque centrale européenne. Je sais que ce sera difficile, mais les seuls combats que l'on engage ne sont pas perdus d'avance, et je vois que les syndicats européens bougent, et bougent de plus en plus fortement sur cette question. Il faudra mettre en place un gouvernement économique et social de la zone euro, pour une politique de croissance coordonnée. Le pacte de stabilité ne doit pas freiner la croissance, l'emploi et le progrès social, mais au contraire les stimuler. C'est pourquoi j'ai proposé de sortir du déficit des dépenses consacrées à la recherche et l'innovation.
Cela prendra peut-être du temps, mais peut-être pas, je le disais à l'instant : si tous les salariés d'Europe, si les organisations syndicales européennes se lèvent et exigent d'autres règles, d'autres critères, et demandent que ça change, et que ça change vraiment, et en plus, je pense que c'est comme cela aussi que l'on sera compétitif. C'est la même cohérence qu'au niveau national, c'est le progrès social qui fait la compétitivité économique. Cette nouvelle logique-là, il faut maintenant que l'Europe le comprenne : c'est l'efficacité sociale et l'efficacité environnementale qui font aussi l'efficacité économique.
Oui, l'Europe doit se protéger, et nous protéger.
Elle fera reconnaître le respect des normes sociales et environnementales pour une juste concurrence. C'est la condition de la juste concurrence que d'intégrer ces normes dans toutes les négociations de l'OMC, et la concurrence déloyale est encore plus insupportable à l'intérieur de l'Europe. Je proposerai l'instauration de taux plancher en matière d'impôts sur les sociétés pour freiner les délocalisations fiscales à l'intérieur même de l'espace européen.
Enfin, je proposerai à nos partenaires européens la négociation d'un protocole social pour renforcer les droits des travailleurs. Et là aussi, je note, dans les différents contacts que je peux avoir, que ce qui paraissait impossible encore il y a quelques mois commence à bouger, et chacun s'interroge aujourd'hui sur cette convergence et sur cette juste réconciliation entre le progrès social et le progrès économique, et c'est pourquoi j'ai confiance.
J'ai confiance dans la confrontation des visions, et dans la défense de ce pacte présidentiel que je propose aux Français, et qui est le vôtre. La France que nous proposons ne ressemble pas à celle d'aujourd'hui, et encore moins à celle que nos concurrents nous proposent.
Jamais sans doute depuis 1981, l'enjeu de l'élection présidentielle n'aura été aussi important. Deux visions de la France, deux projets de société, le chacun pour soi ou le tous ensemble, davantage d'heures supplémentaires pour les uns et moins de travail pour les autres. C'est pour les citoyens le moment de choisir, car il faut bien voir que l'absence de choix nourrit la crise démocratique, et la véritable alternative, ce n'est pas une pincée de social dans un océan libéral, ce n'est pas baisser l'impôt sur la fortune, ce n'est pas de proposer des exonérations massives, indifférenciées, coûteuses, qui profiteraient principalement à celles qui auraient embauché, et même en l'absence d'aides, la véritable alternative avec vous, avec votre force et votre enthousiasme, c'est autre chose, avec toutes les sensibilités rassemblées à gauche, et je suis heureuse aujourd'hui de ce jour qui marque un rassemblement de la famille socialiste, les radicaux aussi...
Je salue aussi nos amis radicaux et le Mouvement des citoyens, parce que nous avons l'ambition de rassembler bien au-delà, toute la gauche, bien sûr, mais bien au-delà, tous ceux qui veulent simplement que ça change, tous ceux qui pensent que l'on peut faire autrement, tous ceux qui veulent que la France se relève, tous ceux qui estiment que les inégalités nous ruinent et font aller la France à sa perte.
Oui, je suis allée, grâce à ce travail et à cette écoute, je sais que le pacte présidentiel est solide.
Je suis fière, je vous le répète, et c'est pourquoi je me sens solide et sereine, parce que j'ai construit avec vous les fondations de la maison France. Je suis fière d'avoir renoué le temps de son élaboration avec cette tradition française qui est celle des cahiers de doléance et que j'ai appelés les cahiers de l'espérance.
D'ailleurs, cette parole que vous avez prise, je vous demande de la garder, et à ceux qui ne l'ont pas prise, je vous demande de la prendre. Car avec moi, je vous le dis, la politique ne sera plus jamais la même, elle ne se fera plus jamais sans vous, elle ne se fera plus jamais sans vous écouter.
J'ai bien entendu les reproches, qui consistent à dire : mais le peuple ne peut pas décider de tout. La politique, bien sûr, c'est l'art de choisir, de trancher, et de le faire parfois d'une manière qui n'est pas nécessairement populaire. Cela ne veut pas dire non plus que j'ai oublié que l'un des premiers gestes de François Mitterrand, l'un des plus beaux, l'un des plus grands, l'un des vrais actes qui donne à la politique sa noblesse, fut l'abolition de la peine de mort, à laquelle il savait qu'une majorité de Français n'était pas favorable.
De la même façon, et je sais que cela bouscule les habitudes, lorsque je dis que nous avons à construire la France métissée, c'est-à-dire la France qui est faite de toutes ses différences, avec tous ses enfants, d'où qu'ils viennent et où qu'ils soient, je pense que cet objectif-là, qui est simplement la reconnaissance des diversités, y compris des diversités régionales, cette France-là, elle doit se lever, parce qu'on a besoin de toutes ces forces, de tous ces talents et de toutes ces authenticités. Alors que l'on cesse de crier au populisme, parce que j'ai pris la peine, avant d'agir, d'entendre ce que le peuple a à nous dire. Qu'on cesse de brandir l'épouvantail de la démocratie d'opinion, parce que je reviens tout simplement aux sources de la démocratie, dont le premier principe est, que je sache, qu'on gouverne avec le peuple et pas contre lui. C'est cela que je vous propose.
D'ailleurs, je tiendrai bon sur cette façon de faire, et que connaissent d'ailleurs tous les élus locaux de proximité. Mais il s'agit de faire émerger maintenant au plus haut niveau de l'État cette façon de faire.
Je crois tout simplement qu'on ne peut pas faire autrement, je crois que l'on ne peut pas prétendre présider aux destinées d'un pays comme la France si on ne commence pas par entendre ce que les Français ont à dire avec leurs diversités et avec leurs intelligences.
Parmi tous les candidats à l'élection présidentielle, je suis la seule à avoir accompli cette démarche. Je crois que c'est comme cela qu'on peut diriger un pays moderne, en faisant confiance à chaque citoyen, sinon, c'est la crise sociale assurée, sinon les beaux projets des réformes sortis des cartons des technocrates qui retourneront aussi vite, parce qu'ils seront inapplicables. Je crois que c'est la meilleure façon aussi de piloter le changement profond dont la France a besoin.
Alors, je vous le dis, je le dis à travers cette salle, à tous les Français, le temps de l'imagination et de l'audace est venu. Je vous le dis, l'attente de changement est profonde, et je veux être la candidate, je veux conquérir votre confiance. Rien n'est fait, il y aura encore des épreuves, il y aura des obstacles encore à franchir. Je sais que le peuple de gauche et au-delà, tous ceux qui veulent que cela change, sont exigeants, ils veulent en avoir la preuve avant de voter. C'est cette preuve que je veux leur porter dans la qualité de cette campagne électorale, dans le travail à faire pour expliquer, encore expliquer, encore convaincre, encore écouter et toujours porter cet idéal qui est plus grand que nous.
C'est pourquoi, avec vous, j'ai besoin de cette force collective, de cette force populaire en marche et exigeante, pour pouvoir porter la vérité d'une France neuve et qui veut se relever.
C'est pourquoi je vous demande de vous saisir de ce pacte présidentiel et de continuer à en parler autour de vous pour vous dire dès maintenant comment nous allons faire pour l'appliquer très rapidement.
C'est parce que les citoyens s'en saisiront, parce qu'ils en feront aussi leur propre engagement et leur propre exigence, que nous serons tenus, mais nous le sommes déjà, par la conception que nous avons de la morale en politique, mais plus les citoyens se saisiront de ce pacte, plus je serai tenue par l'ardente obligation de tenir parole et d'agir juste.
Oui, mon équipe de campagne, c'est vous ! Déployez-vous sur les territoires, allez convaincre, portez cette espérance, n'ayez peur de rien, parce que cette France juste, est-ce que vous la voulez ? Cette France forte, la souhaitez-vous ? Ce désir d'avenir, voulez-vous le porter ? Cette République du respect, voulez-vous la construire ?
Alors, avançons, n'ayons pas peur, redressons la tête, travaillons, expliquons, méritons la confiance des Français. Vive la Normandie, vive la République, vive la France !
Source http://www.desirdavenir.org, le 26 février 2007