Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur le partenariat stratégique global franco-chinois et la promotion d'UNITAID, Pékin le 28 février 2007.

Prononcé le

Circonstance : Voyage de Ph. Douste-Blazy en Chine les 28 février et 1er mars 2007 : toast prononcé lors du dîner offert en l'honneur de M. Chen Xiaohong, vice-ministre chinois de la santé, à Pékin le 28 février 2007

Texte intégral

Monsieur le Vice-Ministre de la Santé,
Madame Deng Lin,
Monsieur le Président exécutif et Secrétaire général du Comité d'organisation des Jeux Olympiques de Pékin,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens tout d'abord à saluer la présence ce soir de Mme Deng Lin, dont le père, Deng Xiaoping, fit ses premiers pas en politique en France, à Paris. Je salue aussi la présence de M. Chen Xiaohong, vice-ministre de la Santé, et de M. Wang Wei, président exécutif et secrétaire général du comité d'organisation des Jeux Olympiques de Pékin.
Je voudrais d'abord vous dire combien cette journée fut intéressante. Avec mon homologue et ami, M. Li Zhaoxing, nous avons abordé tous les grands sujets internationaux : l'Iran, la Corée du nord, le Proche-Orient, l'Afrique, dont les deux grands sommets Chine-Afrique et Afrique-France, tout récemment.
J'ai été très heureux et très honoré d'avoir été reçu en audience par le Premier ministre M. Wen Jiabao, que j'avais eu le plaisir de recevoir à Toulouse, pour visiter les chaînes d'assemblage d'Airbus et de satellites. Nous avons discuté de notre partenariat stratégique global, partenariat voulu par nos deux chefs d'Etat. Pour moi, M. Wen Jiabao est avant tout un ami, un ami de la France.
J'ai aussi eu la chance de rencontrer Mme Chen Zhili, conseillère d'Etat, dont j'avais fait la connaissance lors de l'étape de Wuhan de la visite d'Etat du président de la République, en octobre dernier. Mme Chen Zhili a une vision que je partage : la médecine traditionnelle chinoise et la médecine occidentale ont longtemps cheminé sur des chemins différents, mais elles doivent aujourd'hui se retrouver. Dans ce domaine, nous avons beaucoup de choses à faire ensemble.
Je tiens ici à évoquer l'initiative du président de la République, Jacques Chirac, et du président Lula, qui s'appelle UNITAID. Pourquoi l'évoquer en Chine ? Je vois tout ce que ce pays fait pour l'Afrique en termes de développement, mais je vois aussi que le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de s'accroître. C'est le grand défi ce XXIème siècle. La vie d'un enfant, qu'il soit africain, européen ou chinois, est tout autant précieuse. Mais toutes les vingt secondes, un enfant meurt en Afrique du paludisme parce qu'il n'y a pas de médicaments efficaces à disposition sur place, parce que ces médicaments sont trop chers. Notre responsabilité est d'inventer un nouveau mode de mondialisation, une mondialisation que j'appelle solidaire. L'idéal serait que les ministres des Finances des pays les plus riches, de la France, des Etats-Unis, et pourquoi pas de la Chine se réunissent et décident de débloquer des fonds pour les plus pauvres.
Mais on ne peut demander aux pays riches de payer pour les pays pauvres, car les pays riches sont trop égoïstes. C'est pourquoi les présidents Chirac et Lula ont lancé cette idée d'inventer de nouveaux modes de financements solidaires, des modes de financement citoyens, en prenant une contribution sur les produits de la mondialisation.
Nous avons donc décidé d'établir un prélèvement sur les billets d'avion, un petit euro sur chaque billet d'avion. Quand la France a commencé en mai 2007, tout le monde était contre, les ministres des Finances, les compagnies aériennes. Or, aujourd'hui, nous aurons bientôt recueilli près de 500 millions de dollars pour acheter des médicaments. UNITAID est un mode de financement pérenne, qui nous permettra de demander une baisse de 10 fois, de 20 fois du prix des médicaments.
Aux cinq pays fondateurs se sont ajoutés dix, vingt pays. Lors du dernier Sommet Afrique-France, 18 pays africains nous ont rejoint. Aujourd'hui nous sommes 34 pays, et j'espère que le 35ème pays sera la Chine. La Chine est en effet très intéressée par la solidarité Sud-Sud. Je suis sûr qu'elle sera intéressée par cette initiative de solidarité désintéressée, cette initiative citoyenne pour une mondialisation solidaire. Si la Chine rejoint UNITAID, cela aura une signification extraordinaire pour deux raisons. D'abord en raison du poids démographique et du développement extraordinaire du trafic aérien dans ce pays. Un euro, c'est un tout petit peu d'argent pour chaque Chinois qui prend l'avion, mais ce serait beaucoup d'argent pour UNITAID. D'autre part, la Chine est en train de devenir l'un des pays les plus importants dans le monde, et il est important qu'elle apparaisse comme un pays solidaire.
Le monde regarde la Chine, à l'approche des Jeux Olympiques de 2008 et de l'exposition universelle de 2010. J'espère que ces deux grands événements pourront être associés à UNITAID.
Encore une fois, je tiens à vous dire que je suis particulièrement heureux de me trouver ici, en Chine, parmi vous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2007