Extraits d'une conférence de presse de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur les événements organisés à l'occasion du 50ème anniversaire du Traité de Rome, à Paris le 16 mars 2007.

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Circonstance : Présentation des évènements organisés à l'occasion du 50ème anniversaire du Traité de Rome, à Paris le 16 mars 2007

Texte intégral

Dans neuf jours maintenant, le 25 mars, sera célébré le 50ème anniversaire du Traité de Rome. Le 25 mars a été un événement majeur dans l'histoire de notre continent et dans notre histoire. Nous le commémorerons sous différentes formes, de façon politique, vous le savez bien sûr, avec la réunion exceptionnelle des chefs d'Etat ou de gouvernement à Berlin, les 24 au soir et 25 mars, et avec un certain nombre de manifestations en France et dans chacun des pays européens.
En introduction, et avant de vous présenter ce que l'on a organisé, je voudrais vraiment souligner que ce moment doit nous permettre de prendre davantage conscience d'où nous venons, c'est-à-dire d'un continent qui a été ravagé par les guerres, génération après génération, qui a été divisé, qui a été victime des totalitarismes et des nationalismes, et prendre conscience aussi de ce que nous avons réussi à faire, par la force de la volonté et du courage, années après années, depuis 50 ans. Et ce que nous avons réussi à faire, c'est une Europe qui soit un continent en paix, où nous avons pu ancrer la liberté et la démocratie, et qui soit pour nous un espace de développement économique et social. C'est cela la formidable réussite de la construction européenne, on l'oublie parfois un peu trop, alors que ce sont des biens sans prix.
Cet anniversaire doit être l'occasion d'en prendre davantage conscience, non seulement de s'en souvenir, mais d'y trouver la force de bâtir pour l'avenir et pour les 50 années qui viennent. Je ne parlerai pas davantage politique puisque nous avons eu l'occasion, et nous aurons l'occasion, de reparler de ce sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement. Je me suis aussi exprimée à l'Assemblée nationale et au Sénat, nous avons mis à votre disposition ce que j'ai pu d'ores et déjà dire de la prochaine réunion des chefs d'Etat ou de gouvernement, de son importance, et ce que j'ai pu dire aussi de la préparation de ces déclarations. Ce n'est pas l'objet de ma présentation ce matin.
Ce que l'on veut vous montrer, ce sont les événements que nous avons soutenus ou lancés, et qui se dérouleront en France à partir des tous prochains jours à l'occasion du 50ème anniversaire du Traité de Rome.
Je voudrais d'abord vous parler du Comité d'honneur que nous avons mis en place. Vous avez dans votre dossier, sa composition, Sarah Biasini - vous verrez pourquoi tout à l'heure - a bien voulu accepter d'en être la jeune marraine. Ce Comité d'honneur associe des acteurs de la construction européenne, au moment de la négociation et de la signature du Traité de Rome, parmi eux, Maurice Faure qui est le président de ce Comité. Maurice Faure qui, non seulement a négocié et signé le Traité de Rome en 1957, mais qui se trouve être le dernier signataire vivant du Traité de Rome. Jean-François Deniau nous a quitté, vous le savez, je veux à nouveau lui rendre hommage, ce fut un grand Européen, et un homme de conviction autant que d'action. Il était membre du Comité et a participé à la réunion d'installation du Comité. Jean François-Poncet, l'un des négociateurs auprès de Maurice Faure, est lui aussi membre de ce Comité.
Nous y avons mis également les acteurs politiques d'aujourd'hui, non seulement votre ministre déléguée, mais aussi Philippe Douste-Blazy naturellement, et Renaud Donnedieu de Vabres avec lequel j'avais eu l'idée de créer ce Comité. Et puis un certain nombre d'autres grands témoins : vous retrouverez des gens que vous connaissez bien, des présidents d'associations à vocation européenne - Jacques Delors nous a fait l'honneur d'accepter d'être membre de ce Comité -, des parlementaires, acteurs d'aujourd'hui et responsables politiques également, et puis des journalistes, certains de vos confrères, qui, à un titre ou un autre, ce sont manifestés, ce sont déclarés prêts à nous aider pour alimenter la deuxième chose dont je veux vous parler qui est le site traitederome.fr. Le Comité nous aide à avoir des idées. Il fait des propositions, il contribue aussi par son talent et ses capacités propres à les mettre en oeuvre.
Beaucoup des membres ce sont déjà exprimés sur ce site traitederome.fr. Il est ouvert maintenant depuis quelques semaines et a pour vocation de permettre de trouver des informations tant sur l'histoire du Traité de Rome, et donc sur la construction européenne, que sur les manifestations prévues aujourd'hui. On y trouve des archives historiques, certaines d'entre elles, d'ailleurs, sont inédites et n'étaient jamais encore sorties des archives du Quai d'Orsay, un certain nombre de télégrammes diplomatiques ou de documents d'époque, des photos, des films d'archives. Certains de ces documents n'étaient pas sortis jusqu'ici, je le précise. Des informations aussi sur l'histoire de la construction européenne et puis, dans la partie "actualité", des tribunes, des contributions, des témoignages, des vidéos d'un certain nombre de personnalités. Certaines tribunes se sont plu à imaginer ce que serait l'Europe sans l'Europe : un peu de politique fiction, mais la fiction permet souvent la réflexion ! Et si tel ou tel d'entre vous est disposé à y contribuer, je lui ouvre volontiers les pages de traitederome.fr. Naturellement, ce site renvoie à d'autres sites que nous avons mis en place avec la Commission européenne dans le cadre du GIE (groupement d'intérêt économique) Sources d'Europe, notamment touteleurope.fr, qui marche depuis un peu moins d'un an et qui est formidable !
J'ai ensuite souhaité que l'Europe soit plus présente sur des moyens de communications nouveaux et que nous soyons présents sur ''Second Life'', univers virtuel pour une Europe bien réelle, univers où se retrouvent un certain nombre d'internautes. Nous avons acheté un terrain et bâti une Maison de l'Europe depuis le 19 février. Le conseiller qui va nous faire la démonstration s'est choisi un personnage avec un nom à partir de la liste qui existait, nous avons choisi, Traité de Rome oblige, Madame ou Mademoiselle Rossini, dotée du prénom d'Europe : "Europe Rossini" existe ainsi depuis le 19 février et elle parle tous les jours avec les résidents de ''Second Life''. Le 25 mars, naturellement, est inscrit parmi les événements du monde "Second Life".
(Démonstration)
L'exposition que l'on trouve sur ''Second Life'' me permet de vous parler de ce film, dont vous avez peut-être déjà entendu parler au moment où le tournage était achevé puisque la presse en a parlé. "Nous nous sommes tant haïs" sera diffusé le 24 mars en ouverture de ces commémorations et en première partie de soirée sur France 3. Ce film porte sur les débuts de la construction européenne, relatés à travers une histoire d'amour de deux jeunes personnages, une Française et un Allemand. Sarah Biasini a le rôle principal, elle vous en parlera tout à l'heure. Nous allons regarder la bande-annonce, mais je voulais simplement indiquer que nous avons soutenu, avec d'autres, ce film qui est une initiative formidable, courageuse parce que montrer à une heure de grande écoute un film sur l'Europe n'avait rien d'évident ! C'est une bonne initiative, donc nous l'avons soutenue très fortement. Je suis ravie qu'elle ait pu déboucher, c'est un beau film, nous l'avons projeté en avant-première, lundi, à France Télévisions.
(Bande annonce + intervention Sarah Biasini)
Merci beaucoup Sarah. Je disais tout à l'heure qu'il fallait un certain courage pour diffuser une oeuvre sur l'Europe à 20h50 : ce film montre surtout qu'il fallait du vrai courage pour faire l'Europe. Vous verrez que, là aussi, on l'oublie trop et je crois que l'occasion était belle de le rappeler. Que c'était difficile, très difficile, et qu'il fallait de la vision, de la volonté et du courage pour réussir à dépasser nos divisions, mettre en commun un certain nombre de choses et dégager l'intérêt général qui est celui de nos nations. C'est donc une oeuvre utile à tous les points de vue. Sarah, notre héroïne, a donc accepté à ce titre d'être la marraine du Comité d'honneur. Elle en est membre, elle y participe et je peux vous dire qu'elle y participe même activement. Elle a beaucoup d'idées et nous aide beaucoup en diverses occasions. Je la remercie tout particulièrement d'être venue à nouveau ce matin.
Je vais maintenant vous parler de la pièce de 2 euro prévue dans le cadre de cette commémoration. Voici cette pièce de 2 euro. Elle sera frappée dans tous les pays qui ont adopté l'euro, c'est-à-dire non seulement les 6 pays fondateurs, signataires du Traité de Rome, mais aussi les 7 autres qui nous ont rejoints. C'est d'ailleurs la première fois que, sur une pièce en euro, la face, que l'on appelle ''la face nationale'' est une face, en réalité, commune. La pièce qui est frappée à partir de maintenant - je dirai quelques mots tout à l'heure sur le calendrier de production bien sûr -, est donc une pièce qui représente, dans tous les pays euro, le Traité de Rome. On voit les signatures, et notamment la signature de Maurice Faure, pour la France, sur un fond qui est le pavage dessiné par Michel Ange de la place du Capitole à Rome. Pourquoi ? Eh bien parce que nul n'ignore que le Traité de Rome a été signé dans la salle des Horaces et des Curiaces au Capitole, à Rome.
Chaque pays, bien-sûr, a écrit dans sa langue les informations qui le concernent, mais cette face commune est une première, et c'est politiquement, pas seulement symboliquement mais politiquement, un acte fort et tangible de l'unité de l'Europe que d'avoir cette face commune sur une pièce de monnaie. Cette pièce est la première, je la sortirai de son écrin tout à l'heure pour que vous puissiez la filmer, et il y en aura en France 9,4 millions qui seront mises en production de masse à partir du 2 avril. 1 million par semaine seront produits, jusqu'à atteindre le chiffre de 9,4 millions que nous avons fixé avec Thierry Breton. Nous la trouverons donc progressivement en circulation à partir du moment où elle sera en production de masse. Au total, 83 millions de pièces de 2 euro seront frappées dans les pays de la zone euro. Et voilà une manifestation de l'Europe tangible !
Nous avons aussi réédité les Mémoires de Jean Monnet en partenariat avec le Livre de Poche. Vous en avez à votre disposition, vous êtes tout à fait libre, non seulement d'en prendre, mais de les lire ! On y retrouve un certain nombre de réflexions intéressantes et nous y avons mis un bandeau 50ème anniversaire du Traité de Rome.
Le film, les Mémoires, la pièce, je vais maintenant vous parler du timbre !
Un timbre commémoratif sera émis avec un fond bleu, cela va de soi, et des gens qui se tiennent la main, cela va de soi aussi - l'Europe c'est l'Europe des peuples -, c'est cela la signification européenne. Ce timbre courant de 54 centimes d'euro sera émis pour le premier jour au Quai d'Orsay, ce lieu historique, puisque le 9 mai 1950, la déclaration Schuman y était prononcée. A partir de 10h, le 23 mars, nous ouvrons un bureau de poste éphémère qui permettra de trouver ce timbre. Cinq millions d'exemplaires seront édités.
Nous avons également pensé aux jeunes en organisant une série d'événements, d'abord un concours de reportages que je fais en partenariat avec France 24. Les jeunes de 14 à 26 ans, dont beaucoup dans des classes de vidéos dans les lycées, ont été invités à faire un reportage sur l'Europe, sur le Traité de Rome, sur ce qu'évoque pour eux l'Europe. Le reportage gagnant sera choisi par le Comité d'honneur dans sa prochaine et dernière réunion lundi prochain. Il sera diffusé en boucle, à plusieurs reprises, sur France 24, le 25 mars, et puis nous inviterons le gagnant et sa classe à passer une journée à Bruxelles en partenariat avec la SNCF, qui nous aide et que je dois remercier, voilà qui est fait ! Cela permet de mobiliser un certain nombre de lycées ou de collèges, et aussi de montrer le regard qu'ont les jeunes sur l'Europe.
Nous avons aussi pensé aux jeunes Erasmus puisque cette année est à la fois le 50ème anniversaire du Traité de Rome et le 20ème anniversaire de ce formidable programme qu'est Erasmus. Erasmus, donc, lancé en 1987, qui s'est beaucoup développé depuis, et notamment sous l'impulsion d'Edith Cresson lorsqu'elle était Commissaire en charge de ces questions et dont je veux saluer l'action, qui a été décisive. Erasmus est un immense succès et a notamment été popularisé par "l'Auberge espagnole" et par le film qui a suivi, qui s'appelle "Les poupées russes". Ce programme a permis à presque 1,5 millions de jeunes européens, c'est considérable, d'effectuer un stage de 3 mois, 6 mois, ou jusqu'à un an dans un autre pays de l'Union. Ce sont environ 25.000 jeunes Français qui bénéficient de ce programme. S'ajoute d'ailleurs à celui-ci un autre programme à destination des jeunes qui s'appelle Leonardo. Il s'adresse non pas aux jeunes étudiants, mais aux jeunes apprentis ou en formation professionnelle. Il est moins connu mais il est efficace, il permet aussi la découverte de l'autre, il permet souvent l'accès à l'emploi également par des stages professionnels dans un autre pays de l'Union européenne.
La France connaît bien ces programmes, elle est à la fois le pays qui en bénéficie le plus, qui a le plus grand nombre d'étudiants ou de jeunes professionnels qui bénéficient de ces programmes, et le pays qui reçoit le plus d'étudiants ou de jeunes grâce à ces programmes européens. Alors pour fêter à la fois l'Europe et Erasmus, et pour s'adresser aux jeunes qui - ce qui est indispensable dans ces affaires européennes qui sont techniquement complexes et où on oublie de parler de l'essentiel, l'essentiel qui est la paix et qui est ce qu'on peut faire ensemble grâce à ça en commun - on a voulu, avec les jeunes Erasmus, faire la fête. Il n'y a aucune raison d'être triste quand on parle de l'Europe ! Et donc le 25 mars se dérouleront plusieurs concerts dans deux salles parisiennes qui sont la Maroquinerie et le Nouveau Casino, réservé aux étudiants Erasmus, donnés par des groupes venant de pays européens, France comprise.
Je vous parle enfin, pour ce qui concerne les jeunes, d'une opération que nous avions menée l'an dernier pour le 9 mai, qui s'adressait à tous les lycées et collèges, qui consistait à leur donner un kit pédagogique pour permettre aux professeurs, s'ils le souhaitaient, de parler d'Europe en disposant de divers supports pédagogiques : affiches, quizz, etc. Cela a très bien marché, nous en avions diffusé 40 000 à l'ensemble des lycées et collèges en partenariat avec l'Education nationale et le Mouvement européen. Nous avons donc renouvelé cette opération cette année mais à l'occasion du 25 mars - pour faire du 25 mars quelque chose qui concerne tout le monde, partout - et donc nous leur adressons, de la même façon, 40 000 kits pédagogiques.
N'oublions pas que les jeunes sont aussi présents sur ''Second Life''. Les jeunes ne sont pas les seuls à être internautes mais c'est aussi en pensant à eux et à la nécessité dans laquelle nous sommes de parler impérativement à la jeunesse que j'ai pensé à tout cela.
Un dernier mot sur les associations pour conclure cette présentation et nous répondrons volontiers à vos questions. A l'automne dernier, j'ai lancé un appel à projets pour que naissent un certain nombre d'idées partout en France pour célébrer ce 50ème anniversaire. Nous avons reçu beaucoup de dossiers, j'ai pu aider dans le cadre de mes fonctions une quarantaine d'associations, et des manifestations auront lieu dans toute la France à l'occasion du 25 mars. Parmi ces manifestations, la plus connue est sans doute celle qui se déroulera à Lille, pour ''les Etats généraux de l'Europe'' qui est une opération montée avec plusieurs associations qui ont toutes les qualités sauf une celle de penser à dire que nous les soutenons puissamment en tant qu'associations et pour cette opération, donc je le fais à leur place !
Cette manifestation sera, je pense, quelque chose de très réussi avec la participation de nombreuses personnalités européennes, Jacques Delors, le commissaire Jacques Barrot, Alain Lamassoure, Pierre Lequiller, Sarah Biasini. Je serai quant à moi représentée par Sébastien de Gasquet. Au total donc, 40 manifestations sur l'ensemble du territoire national, dont vous trouverez la liste sur le site traitederome.fr puisqu'il a aussi pour objectif, je ne l'ai pas dit tout à l'heure, de vous permettre de connaître tout ce qui est organisé en France, que ce soit soutenu par le ministère délégué aux Affaires européennes ou non d'ailleurs. D'autres exemples de ces opérations : la Maison de l'Europe de Nantes organise un "voyage à Rome", je mets des guillemets puisque c'est une exposition-spectacle à Nantes. A Besançon, il y aura un cabaret européen, et à Marseille des expositions et des animations de rues. Ce sont quelques exemples parmi d'autres. Je terminerai par Paris : l'association ''Paneurope'' organise le départ d'un ballon à gaz le 24, à 20h, à partir de Paris Vincennes. Je ne sais pas si cela permettra de faire le tour du monde en ballon, mais je souhaiterais que l'on forme tous le voeu que ce ballon fasse au moins le tour de l'Europe, si les vents lui sont favorables, ce qui est bien l'idée de ces manifestations pour nous permettre de retrouver l'élan originel !
Je conclus par ces mots et nous sommes à votre disposition, les uns et les autres, Sarah Biasini, et l'ensemble de mon cabinet ou moi-même répondre à vos questions, si vous souhaitez revenir sur tel ou tel aspect de ces manifestations.
(...)./.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 mars 2007