Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur l'aide française pour le développement du Yémen, à Sanaa le 8 mars 2007.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement au Yémen, du 6 au 8 mars-signature du DCP France-Yémen, à Sanaa le 8 mars 2007

Texte intégral

Monsieur le Ministre du Plan et de la Coopération internationale,
Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Directeur général de la Coopération internationale,
Mesdames, Messieurs,
C'est un très grand honneur pour moi de représenter la France à l'occasion de la signature du document-cadre de partenariat, un acte majeur de solidarité et d'amitié entre nos deux pays.
Je voudrais remercier les partenaires de nos deux pays, et plus particulièrement M. Abdoul-Karem Al-Arhabi, ministre du Plan et de la Coopération internationale, et ses collaborateurs, qui ont grandement contribué à son élaboration. Je sais en effet toute l'énergie qui a été mobilisée afin que la volonté politique des présidents Jacques Chirac et Ali Abdallah Saleh, exprimée à Paris juste après la conférence de Londres, débouche au plus vite sur des actes.
Dans le cas particulier de sa coopération avec le Yémen, la France, vous le savez, a souhaité intégrer en 2002 votre pays dans sa "zone de solidarité prioritaire". En vertu de cette mesure, le Yémen a aujourd'hui accès à des instruments spécifiques de notre coopération, parmi lesquels les projets du fonds de solidarité prioritaire, le dispositif de notre assistance technique ou encore l'intervention de l'Agence française de développement. C'est pourquoi j'ai décidé l'ouverture d'un bureau de l'AFD à Sanaa, et je suis heureuse de vous confirmer qu'il sera installé dès septembre prochain. C'est donc avec une attention particulière et des moyens réservés à un cercle choisi de pays, que la France se tourne vers le Yémen.
Afin de faire évoluer l'aide vers davantage de cohérence et de lisibilité, le document-cadre de partenariat définit les lignes directrices et les moyens de notre coopération avec le Yémen pour les 5 prochaines années. A ce titre, il engage tous les acteurs de la coopération française dans votre pays : l'Etat, les collectivités locales, les ONG, les organismes de recherche, voire les entreprises. Le projet Yémen-LNG, dont Total est le chef de file, en est ainsi l'illustration : au-delà de la valorisation des ressources naturelles du pays, il s'inscrit aussi dans une logique de développement social et environnemental au travers d'actions ciblées dans les domaines de l'eau, de la santé publique, de la rénovation d'écoles, du soutien à l'industrie locale de la pêche et de la protection de la biodiversité.
Au total, ce sont près de 100 millions d'euros que la France entend ainsi consacrer au développement du Yémen entre 2007 et 2011. Cet accord place désormais la France, et c'était le souhait de nos chefs d'Etat, parmi les principaux partenaires du Yémen.
Fort de cet outil, notre pays souhaite concentrer davantage son aide sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement pertinents pour le Yémen. C'est ainsi que, dans le cadre des objectifs fixés par les autorités yéménites au titre du troisième plan pour le développement économique et social, nous avons retenu en commun deux secteurs prioritaires qui totaliseront 80 % de notre aide. Il s'agit par-là d'éviter l'écueil du saupoudrage, nuisible à l'efficacité. Ces deux secteurs sont :
- tout d'abord les infrastructures, qui feront l'objet de financements sur prêts bonifiés de l'Agence française de développement, ce qui leur permettra de bénéficier de volumes significatifs ;
- l'agriculture et la sécurité alimentaire ensuite, avec en particulier le projet d'appui au secteur de l'élevage de l'AFD. Ce secteur bénéficie actuellement de tous les instruments de l'aide française. Une contribution d'un montant de 750 000 euros d'aide alimentaire vient d'ailleurs d'être accordée à ce titre pour le Yémen par le gouvernement français.
Au-delà de ces deux secteurs de concentration, la France prévoit d'autres interventions dans des secteurs transversaux :
- la gouvernance ; et nous entendons par-là aussi la coopération décentralisée, la coopération non gouvernementale ou encore le renforcement du rôle des femmes dans la société ;
- la diversité culturelle et la promotion des langues ;
- la coopération universitaire et de recherche.
Permettez-moi de vous citer quelques projets qui illustrent bien les potentialités de ce DCP :
- d'abord le développement des infrastructures, en particulier dans le domaine de l'énergie où les besoins sont importants et essentiels : je me réjouis de l'identification rapide, à la suite d'une mission de l'AFD il y a dix jours, de deux projets susceptibles, sous réserve d'un examen plus approfondi, de faire l'objet de financements à court terme, à savoir le système de télégestion du réseau électrique et l'électrification rurale de la région de Marib ;
- ensuite, l'appui au secteur de l'élevage, qui permettra l'amélioration des conditions de vie et des revenus en zone rurale, et en particulier des femmes ;
- ou enfin le programme portant sur l'insertion économique et sociale des jeunes au Yémen, dont nous venons également, Monsieur le Ministre, de signer la convention de financement pour un montant de 2 millions d'euros. Ce projet a été préparé en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, les fédérations, les associations et les universités du Yémen. Il permettra de développer la connaissance des besoins des jeunes et de faire de leur insertion une cause nationale prioritaire en renforçant les capacités techniques de l'administration et des structures associatives non-gouvernementales et en soutenant des actions de caractère socio-culturel et économique.
Plusieurs des grands projets prévus au cours des 5 prochaines sont déjà lancés dans divers domaines : la sécurité alimentaire et l'élevage, la gouvernance et la sécurité, l'appui aux universités et à la recherche. Le projet concernant l'accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement supérieur sera lancé des 2008. Je mentionne aussi celui sur l'appui à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine yéménite qui sera signé dans les prochaines semaines, car il touche à un domaine auquel je sais le Yémen très attaché, compte tenu de son patrimoine millénaire. A cet égard, je relève qu'une mission conduite par Henri Loyrette, président directeur du musée du Louvre, sera dans les prochains jours à Sanaa pour préparer la restauration, au Louvre, de "l'homme de bronze", statue d'une grande valeur, dont une exposition temporaire à Paris, avant son retour au Yémen, permettra de faire connaître au public français une pièce majeure de la richesse du Yémen antique.
Ces actions s'appuient sur l'existence d'un tissu de partenaires dense, qui comprend des universités, des ONG ou encore plusieurs collectivités territoriales. Les projets inclus dans le document-cadre de partenariat pourront également s'appuyer sur les établissements français présents au Yémen comme le Centre français d'archéologie et de science sociale de Sanaa et le centre culturel français "Henri de Monfreid", installé à Sanaa et à Aden, et leurs partenaires en France.
Compte tenu de la qualité et de la diversité des contacts franco-yéménites, je ne doute pas d'un nouvel approfondissement de nos relations bilatérales à l'occasion de la mise en oeuvre du DCP entre nos deux pays.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2007