Texte intégral
Q - Vous avez évoqué l'union maghrébine. Vous avez souhaité que cette union se fasse au plus vite. Quel pourrait-être le rôle de la France pour aider les pays du Maghreb à aplanir leurs difficultés en vue de cet objectif ?
R - D'abord en leur disant que nous avons eu cette expérience, bien que nos histoires respectives soient différentes. Nous nous sommes aperçus qu'il n'était plus possible d'agir seul dans un monde globalisé. Nous disons donc à nos amis maghrébins qu'il faudra, à un moment donné, qu'ils mènent également cette réflexion. Il ne nous revient pas de donner des leçons, mais il me semble néanmoins que, compte tenu de la croissance que connaissent les cinq pays du Maghreb, je ne vois pas comment ils ne gagneraient pas à constituer un marché commun. C'est exactement ce qui se passe en Europe, où nos échanges économiques sont essentiellement tirés par le haut grâce au marché intérieur.
(...)
Q - Est-ce que l'identité nationale française inclut cette dimension maghrébine ?
R - Ce sont les vagues migratoires successives qui ont façonné l'identité française. C'est une richesse. Cette identité n'est fondée ni sur une religion, ni sur des critères ethniques, mais bien sur la volonté et la capacité du "vivre ensemble", comme l'a rappelé Ernest Renan. Je crois donc que, dans la mondialisation, la diversité de notre pays est une richesse et une force. La présence de Français d'origine maghrébine est un pont jeté entre les deux rives de la Méditerranée. C'est un outil extraordinaire de rayonnement économique et culturel.
Q - Comment comptez-vous accompagner les pays du Maghreb vers davantage de liberté et de démocratie ?
Est-ce que vous confirmez les perspectives d'un déplacement du président de la République en Algérie ?
R - La France est le pays des Droits de l'Homme et doit toujours les défendre. Je l'ai toujours fait. J'ai toujours posé des questions à mes homologues, et s'il faut recevoir une Ligue de défense des Droits de l'Homme, je le fais également, comme à l'ambassade de France, récemment, en Tunisie. Je suis fier de l'avoir fait.
S'agissant du voyage du président, je ne suis pas au courant. Il revient au président de la République de déterminer ses déplacements.
Q - (S'agissant de la continuité de la politique étrangère française sur le Sahara occidental après les élections présidentielles)
R - Le règlement de cette question est de nature à ouvrir des perspectives pour renforcer l'unité, la stabilité et l'intégration du Maghreb. La France considère que tous les efforts allant dans le sens d'une solution doivent être encouragés. Nous continuons à estimer qu'un dialogue de confiance entre les Etats de la région serait indispensable pour sortir ce dossier de l'impasse dans laquelle il se trouve actuellement. Le Maroc s'est engagé à présenter un plan d'autonomie de cette région. Nous avons pris connaissance de ses grandes lignes. Elles nous paraissent aller dans le sens de l'ouverture d'un dialogue entre les parties. Nous espérons que cette démarche constructive et sérieuse constituera une opportunité pour la reprise des négociations, qui aboutiront, nous l'espérons, à une solution politique acceptable pour l'ensemble des parties, dans le cadre des Nations unies.
Q - Où en est le traité d'amitié franco-algérien ?
R - Le voyage du président Chirac en Algérie a été un succès considérable sur le plan politique, culturel et économique pour l'Algérie et pour la France. Il y a eu la question de l'article 4 de la loi de février 2005, article qui a été supprimé. Le président de la République a dit qu'il ne revenait pas aux hommes politiques mais aux historiens d'écrire l'histoire. Après cela, je me suis rendu en Algérie. J'ai des relations de grande amitié avec mon homologue, M. Bedjaoui, pour lequel j'ai la plus grande estime et le plus grand respect. Mais cette grande question relève des chefs d'Etat.
Sachez cependant que nos relations avec l'Algérie sont excellentes, en dépit des hauts et des bas.
Q - A propos de la situation financière de l'Institut du Monde arabe, avez-vous réfléchi à une augmentation de la contribution de la partie française ?
R - L'Institut du Monde arabe est un joyau pour la diplomatie française et la France. Il s'inscrit en effet dans la lignée de l'action diplomatique des présidents de la République qui se sont succédés ces dernières années. Je pense notamment à François Mitterrand et à Jacques Chirac aujourd'hui. L'Institut illustre cet équilibre entre le monde musulman et le monde occidental. C'est un lieu de dialogue, notamment politique.
La question de la contribution de cette année n'est pas tant importante que celle de ce qui va se passer dans les années à venir. Nous allons travailler à un partenariat, à une convention pluriannuelle entre le ministère - et donc Bercy - et l'Institut du Monde arabe. Un effort de gestion doit certainement être mené. S'agissant de la contribution de cette année, j'ai le plaisir de vous confirmez que nous allons reconduire une subvention exceptionnelle de 3 millions d'euros. J'ai obtenu l'accord du ministre délégué au Budget, Jean-François Copé./.
Q - Cette rencontre sur le Maghreb qui intervient en fin de quinquennat, est-ce que c'est à la fois la clôture d'un quinquennat et une proposition de programme par rapport au candidat que vous soutenez ?
R - L'avenir de la France c'est la Méditerranée. Et donc, passer par la Méditerranée c'est notre avenir commun, c'est passer à la fois par les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée.
Nous avons beaucoup à faire avec les pays du Maghreb. Notre relation est unique et notre avenir commun. Lorsque l'on voit la croissance des pays du Maghreb, lorsqu'on voit cette jeunesse dans les pays du Maghreb, lorsque l'on voit cette envie que nous avons, nous, de parler avec eux, de travailler avec eux, et quand on voit les jeunes du Maghreb aimer aussi la France, je crois qu'on a beaucoup de choses à faire ensemble.
Q - C'est la proposition du candidat... ?
R - C'est une proposition d'un ministre des Affaires étrangères qui a beaucoup travaillé sur le Maghreb, qui a lancé un groupe de travail, il y a 22 mois, et qui voulait relancer ce groupe de travail. Je l'ai fait de manière honnête, de manière objective, au nom de mon pays. Mais si les candidats veulent me l'emprunter, ils sont les bienvenus. (...)
Q - Monsieur le Ministre, vous avez parlé de projets ambitieux pour la formation des cadres et des élites. Mais, par contre, il y a aussi le terrorisme, la pauvreté, l'immigration clandestine. Comment peut-on faire face à ces défis ?
R - On ne peut réussir à lutter contre le terrorisme, la grande pauvreté, les grandes pandémies que par une idée nouvelle, par des financements nouveaux, ce que j'ai appelé UNITAID, ce programme financé par une contribution d'un euro par billet d'avion. Les personnes qui peuvent se permettre de prendre un billet d'avion pour aller très loin peuvent payer un euro. Et avec cela on achète des médicaments pour les pays du Sud qui ne peuvent pas les acheter.
Si vous n'avez par une démarche citoyenne mondiale pour une mondialisation efficace, pour une mondialisation solidaire, ce seront des dizaines et des dizaines de millions de personnes qui partiront du Sud pour aller vers le Nord. Ce serait une catastrophe. Ce serait surtout - et vous l'avez très bien dit - une humiliation et une colère qui pourraient très bien se terminer en une déstabilisation des démocraties du Nord.
Q - Qu'en est-il du traité d'amitié entre l'Algérie et la France ?
R - Nos relations sont excellentes avec l'Algérie et les présidents l'ont souligné.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mars 2007
R - D'abord en leur disant que nous avons eu cette expérience, bien que nos histoires respectives soient différentes. Nous nous sommes aperçus qu'il n'était plus possible d'agir seul dans un monde globalisé. Nous disons donc à nos amis maghrébins qu'il faudra, à un moment donné, qu'ils mènent également cette réflexion. Il ne nous revient pas de donner des leçons, mais il me semble néanmoins que, compte tenu de la croissance que connaissent les cinq pays du Maghreb, je ne vois pas comment ils ne gagneraient pas à constituer un marché commun. C'est exactement ce qui se passe en Europe, où nos échanges économiques sont essentiellement tirés par le haut grâce au marché intérieur.
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Q - Est-ce que l'identité nationale française inclut cette dimension maghrébine ?
R - Ce sont les vagues migratoires successives qui ont façonné l'identité française. C'est une richesse. Cette identité n'est fondée ni sur une religion, ni sur des critères ethniques, mais bien sur la volonté et la capacité du "vivre ensemble", comme l'a rappelé Ernest Renan. Je crois donc que, dans la mondialisation, la diversité de notre pays est une richesse et une force. La présence de Français d'origine maghrébine est un pont jeté entre les deux rives de la Méditerranée. C'est un outil extraordinaire de rayonnement économique et culturel.
Q - Comment comptez-vous accompagner les pays du Maghreb vers davantage de liberté et de démocratie ?
Est-ce que vous confirmez les perspectives d'un déplacement du président de la République en Algérie ?
R - La France est le pays des Droits de l'Homme et doit toujours les défendre. Je l'ai toujours fait. J'ai toujours posé des questions à mes homologues, et s'il faut recevoir une Ligue de défense des Droits de l'Homme, je le fais également, comme à l'ambassade de France, récemment, en Tunisie. Je suis fier de l'avoir fait.
S'agissant du voyage du président, je ne suis pas au courant. Il revient au président de la République de déterminer ses déplacements.
Q - (S'agissant de la continuité de la politique étrangère française sur le Sahara occidental après les élections présidentielles)
R - Le règlement de cette question est de nature à ouvrir des perspectives pour renforcer l'unité, la stabilité et l'intégration du Maghreb. La France considère que tous les efforts allant dans le sens d'une solution doivent être encouragés. Nous continuons à estimer qu'un dialogue de confiance entre les Etats de la région serait indispensable pour sortir ce dossier de l'impasse dans laquelle il se trouve actuellement. Le Maroc s'est engagé à présenter un plan d'autonomie de cette région. Nous avons pris connaissance de ses grandes lignes. Elles nous paraissent aller dans le sens de l'ouverture d'un dialogue entre les parties. Nous espérons que cette démarche constructive et sérieuse constituera une opportunité pour la reprise des négociations, qui aboutiront, nous l'espérons, à une solution politique acceptable pour l'ensemble des parties, dans le cadre des Nations unies.
Q - Où en est le traité d'amitié franco-algérien ?
R - Le voyage du président Chirac en Algérie a été un succès considérable sur le plan politique, culturel et économique pour l'Algérie et pour la France. Il y a eu la question de l'article 4 de la loi de février 2005, article qui a été supprimé. Le président de la République a dit qu'il ne revenait pas aux hommes politiques mais aux historiens d'écrire l'histoire. Après cela, je me suis rendu en Algérie. J'ai des relations de grande amitié avec mon homologue, M. Bedjaoui, pour lequel j'ai la plus grande estime et le plus grand respect. Mais cette grande question relève des chefs d'Etat.
Sachez cependant que nos relations avec l'Algérie sont excellentes, en dépit des hauts et des bas.
Q - A propos de la situation financière de l'Institut du Monde arabe, avez-vous réfléchi à une augmentation de la contribution de la partie française ?
R - L'Institut du Monde arabe est un joyau pour la diplomatie française et la France. Il s'inscrit en effet dans la lignée de l'action diplomatique des présidents de la République qui se sont succédés ces dernières années. Je pense notamment à François Mitterrand et à Jacques Chirac aujourd'hui. L'Institut illustre cet équilibre entre le monde musulman et le monde occidental. C'est un lieu de dialogue, notamment politique.
La question de la contribution de cette année n'est pas tant importante que celle de ce qui va se passer dans les années à venir. Nous allons travailler à un partenariat, à une convention pluriannuelle entre le ministère - et donc Bercy - et l'Institut du Monde arabe. Un effort de gestion doit certainement être mené. S'agissant de la contribution de cette année, j'ai le plaisir de vous confirmez que nous allons reconduire une subvention exceptionnelle de 3 millions d'euros. J'ai obtenu l'accord du ministre délégué au Budget, Jean-François Copé./.
Q - Cette rencontre sur le Maghreb qui intervient en fin de quinquennat, est-ce que c'est à la fois la clôture d'un quinquennat et une proposition de programme par rapport au candidat que vous soutenez ?
R - L'avenir de la France c'est la Méditerranée. Et donc, passer par la Méditerranée c'est notre avenir commun, c'est passer à la fois par les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée.
Nous avons beaucoup à faire avec les pays du Maghreb. Notre relation est unique et notre avenir commun. Lorsque l'on voit la croissance des pays du Maghreb, lorsqu'on voit cette jeunesse dans les pays du Maghreb, lorsque l'on voit cette envie que nous avons, nous, de parler avec eux, de travailler avec eux, et quand on voit les jeunes du Maghreb aimer aussi la France, je crois qu'on a beaucoup de choses à faire ensemble.
Q - C'est la proposition du candidat... ?
R - C'est une proposition d'un ministre des Affaires étrangères qui a beaucoup travaillé sur le Maghreb, qui a lancé un groupe de travail, il y a 22 mois, et qui voulait relancer ce groupe de travail. Je l'ai fait de manière honnête, de manière objective, au nom de mon pays. Mais si les candidats veulent me l'emprunter, ils sont les bienvenus. (...)
Q - Monsieur le Ministre, vous avez parlé de projets ambitieux pour la formation des cadres et des élites. Mais, par contre, il y a aussi le terrorisme, la pauvreté, l'immigration clandestine. Comment peut-on faire face à ces défis ?
R - On ne peut réussir à lutter contre le terrorisme, la grande pauvreté, les grandes pandémies que par une idée nouvelle, par des financements nouveaux, ce que j'ai appelé UNITAID, ce programme financé par une contribution d'un euro par billet d'avion. Les personnes qui peuvent se permettre de prendre un billet d'avion pour aller très loin peuvent payer un euro. Et avec cela on achète des médicaments pour les pays du Sud qui ne peuvent pas les acheter.
Si vous n'avez par une démarche citoyenne mondiale pour une mondialisation efficace, pour une mondialisation solidaire, ce seront des dizaines et des dizaines de millions de personnes qui partiront du Sud pour aller vers le Nord. Ce serait une catastrophe. Ce serait surtout - et vous l'avez très bien dit - une humiliation et une colère qui pourraient très bien se terminer en une déstabilisation des démocraties du Nord.
Q - Qu'en est-il du traité d'amitié entre l'Algérie et la France ?
R - Nos relations sont excellentes avec l'Algérie et les présidents l'ont souligné.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mars 2007