Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, président de l'UMP et candidat à l'élection présidentielle, en réponse à des questions sur l'emploi, le temps et le contrat de travail, Paris le 18 mars 2007.

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Texte intégral

Q - La France s'asphyxie et les entreprises étouffent sous le poids des charges et contraintes réglementaires...
N.S - Oui, il faut mettre un terme à cette situation où l'Etat crée des contraintes pour 95% des citoyens et des entreprises, pour régler - sans y parvenir - les problèmes des 5% qui en posent.
Q - Il ne doit pas avoir d'autre priorité que la réduction rapide et significative du chômage.
N.S - En effet, et pour cela il faut travailler davantage, permettre à ceux qui veulent travailler plus pour gagner davantage de le faire et aider résolument ceux qui veulent reprendre un emploi dans leur recherche et leur formation. Il n'y aura toutefois de surcroît de travail que si le travail paie et que s'il paie avec justice. Les allègements de charges doivent être réservés aux branches qui actualisent régulièrement leur grille salariale. Les plans de stock-options doivent être ouverts à tous les salariés et pas seulement à quelques privilégiés. Le capitalisme doit avoir une éthique.
Q - Le MEDEF appelle à une véritable stratégie économique faisant de la France, un pays de recherche et d'innovation.
N.S - Je souhaite aligner les moyens de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur ceux de nos concurrents, mais aussi entreprendre la réforme des universités dont notre pays a besoin.
Q - Mise en place d'une fiscalité compétitive...
N.S - L'inscription des principes de sécurité juridique et de confiance légitime dans la Constitution, ainsi que celui de la « règle d'or », selon lequel les déficits publics ne sont autorisés que pour financer des dépenses d'investissement, fait partie de mon projet présidentiel.
Q - Le temps de travail et l'abrogation des 35 heures...
N.S - Il est aussi rigide de demander l'abrogation des 35 heures que de l'avoir imposé unilatéralement à toutes les entreprises et à la fonction publique, comme l'a fait le gouvernement de Lionel Jospin. Les 35 heures sont désormais un acquis social et l'on ne voit pas comment l'on pourrait obliger les salariés à travailler 39 heures en étant payés 35. Ce qui est important en revanche, c'est de permettre à tous ceux qui veulent travailler plus que 35 heures, ou plus tard que 60 ans, de le faire.
Q - Réforme et adaptation des régimes sociaux...
N.S - La loi Fillon assure le financement des régimes de retraites jusqu'en 2020, pour peu que nous atteignions le plein emploi d'ici 2015 et que la productivité du travail augmente. C'est en ce sens que doit agir notre politique économique et sociale, le plein emploi étant à mes yeux possible et souhaitable bien avant. Je souhaite qu'avec les partenaires sociaux, nous mettions en place un nouveau régime d'assurance-chômage, avec des indemnités plus élevées, plus sécurisantes, plus justes, mais également plus incitatives au retour à l'emploi. Sur le plan général, il est évident que la fiscalité qui pèse sur le travail est trop élevée et qu'il faut la réduire en échange d'une fiscalité pesant sur la pollution et, éventuellement, en fonction du bilan qui pourra être tiré de l'expérience allemande, sur la consommation.
Q - Moderniser le droit des contrats de travail...
N.S - Je propose la création d'un contrat unique à durée indéterminée, plus souple pour les entreprises, grâce à des procédures de licenciement moins longues et moins incertaines, plus gratifiant pour les salariés car il sera unique et, dès le départ, à durée indéterminée. Il mettra fin à la segmentation du marché du travail et donnera sa chance à tout salarié de faire valoir son mérite et ses talents, quels que soient son âge, sa qualification, sa place dans l'entreprise.
Q - La réforme de l'Etat et une action volontariste pour réduire la dette publique...
N.S - C'est la croissance qui permettra de réduire durablement la dette. Toute notre politique doit donc viser à desserrer les freins de la croissance, c'est-à-dire encourager le travail, investir dans l'innovation, l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche, faire revenir les talents, les investisseurs et les chercheurs.
Q - En matière d'éducation...
N.S - L'école a trois missions : l'égalité des chances, l'émancipation et l'épanouissement par le savoir, la connaissance et la culture, l'acquisition des compétences fondamentales pour réussir dans la vie professionnelle. Elle ne doit sacrifier aucune des trois. C'est possible.
Q - Concilier développement économique et développement durable...
N.S - L'écologie est une condition et le moteur de la croissance de demain. La demande écologique créera des milliers d'emplois. Les pays qui seront en avance auront un avantage décisif pour proposer à leurs partenaires des produits et des technologies propres.
L'Europe est une chance historique et le socle sur lequel se bâtit notre compétitivité...
N.S Un accord institutionnel permettant à l'Europe de fonctionner, de mettre en oeuvre des projets concrets et aux pays qui veulent avancer plus vite de le faire, doit être adopté rapidement. L'Europe doit également se doter de frontières. Source http://www.medef.fr, le 30 mars 2007