Discours de François Hollande, premier secrétaire du PS, sur l'enjeu de l'élection à savoir le changement incarné par Ségolène Royal, Limoges le 29 mars 2007.

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Circonstance : Meeting à Limoges le 29 mars 2007

Texte intégral

Chers Amis, Chers Camarades,
Il m'est arrivé comme député de la Corrèze et comme maire de Tulle d'accueillir le Président de la République. Mais, là, je vais accueillir la prochaine Présidente de la République. Et je le fais au nom d'une région, la région la plus à gauche de France ; une région qui a su résister à tout, et parfois même au pire, et qui fera que ce sera ici, en Limousin, que Ségolène ROYAL fera son meilleur résultat en France.
Vous êtes venus nombreux, très nombreux. Partout où je vais, et surtout où Ségolène va, il y a des foules considérables qui se rassemblent parce que, les uns et les autres, nous avons conscience de vivre un moment important. Non pas pour nous-mêmes, non pas pour les familles politiques qui sont ici rassemblées, mais pour la France et, au-delà même de la France, pour l'Europe. Et, avec beaucoup d'immodestie, je veux aussi dire que le monde nous regarde et se pose la question de savoir quel sera le prochain visage de la France, quelle sera la France qui sera issue du vote du 6 mai prochain. Il faut que le visage de la France soit celui de Ségolène ROYAL.
Je sais qu'il y a, à 24 ou 25 jours, encore tant d'incertitudes, parce qu'il y a tant d'indécisions, et que rien n'est acquis, qu'il peut se produire le meilleur comme le pire, que tout dépend de nous. Il va falloir mener la plus belle des campagnes présidentielles ; il va falloir secouer l'indifférence, lutter contre le scepticisme, refuser le fatalisme. Il va falloir répondre à la formidable espérance qui est aujourd'hui portée sur nous, à l'attente trop longue depuis ce jour terrible du 21 avril 2002 d'un véritable choix pour décider de notre avenir. Ce choix vient enfin et sera fait le 22 avril prochain. Alors, le 22 avril, forts de savoir ce qu'il ne faut plus faire, on votera pour Ségolène ROYAL.
Mais il faut mériter la confiance de nos concitoyens ; il ne faut pas prétendre à des victoires qui ne sont pas encore acquises. J'en vois certains qui déjà se voient tout en haut de l'affiche, s'imaginent déjà là où ils ne seront jamais, inventent même des ministères odieux pour l'un, farfelu pour l'autre. Le temps, aujourd'hui, n'est pas à former des ministères ; le temps aujourd'hui est à organiser le suffrage pour qu'il se prononce librement, souverainement sur son avenir et son destin. Je vous appelle à faire confiance aux Françaises et aux Français, à les respecter et à considérer que ce sont eux, et eux seuls, qui doivent détenir le pouvoir essentiel dans une démocratie qui est de décider du prochain Président de la République.
L'enjeu dans cette élection est simple : le changement. Le changement, parce que les Françaises et les Français l'attendent, le veulent, l'espèrent. Il faut donc le produire et il n'y a qu'une candidate pour porter le changement : c'est Ségolène ROYAL. Elle est le changement, elle le représente. Non pas simplement parce qu'elle est une femme, il y a d'autres femmes qui sont aujourd'hui candidates à l'élection présidentielle, mais parce que c'est elle et elle seule qui peut devenir demain, au nom de la gauche tout entière, la prochaine Présidente de la République. Je veux pour mon pays que ce soit une socialiste qui devienne la première Présidente de la République française.
Elle est le changement, elle porte le changement, parce qu'elle a voulu une autre méthode, une autre démarche que celles que nous engagions précédemment. Nous pensions, je le pensais sans doute, que parce que nous étions socialistes, il n'y avait qu'entre socialistes que nous devions élaborer un programme et le présenter aux Français. Nous savions peut-être mieux que les Français puisque nous sommes socialistes. Mais elle nous a dit qu'il faut aussi et d'abord écouter les Français, prendre leur avis, entendre leur colère, traduire leurs aspirations et prendre, si c'est nécessaire et cela l'était, leurs propositions. C'est ainsi qu'a été construit le pacte présidentiel de Ségolène ROYAL.
Elle est donc le changement. Elle l'est parce qu'elle a su rassembler les socialistes, et c'était finalement le plus simple à faire. Je les connais tellement les socialistes : quand ils se chamaillent, ils sont insupportables, mais quand ils sont rassemblés, ils sont imbattables. Elle a aussi rassemblé la gauche. Merci aux Radicaux de gauche d'avoir compris que, cette fois-ci, leur candidate était Ségolène ROYAL. Merci au Mouvement Républicain et Citoyen d'avoir compris que cette fois-ci il ne fallait pas faire comme en 2002 et se rassembler derrière Ségolène ROYAL pour la victoire. Elle a su rassembler le « oui » et le « non » pour forger une identité européenne, celle qui nous rassemble, parce que nous aimons la France sans qu'il nous soit besoin de dire que ceux qui l'aiment moins que nous doivent quitter le territoire. Il nous suffit d'aimer tous les Français et toutes les Françaises, même ceux qui ont décidé de vivre ici, en France, et qui en ont bien le droit dès lors qu'ils respectent les valeurs de la République. Nous aimons la France sans, pour autant, la concevoir étriquée, repliée, fermée sur elle-même. Nous la voulons ouverte, généreuse, solidaire et nous la voulons européenne et internationaliste.
Ségolène ROYAL veut une France forte et elle a raison. Il faut que la France soit plus forte pour créer davantage de richesses, soit plus forte pour porter plus haut l'effort de recherche et d'enseignement supérieur. Il faut que la France soit plus forte dans sa cohésion, dans sa capacité de vivre ensemble, tous ensemble.
Oui, il faut que la France soit plus forte avec des entreprises et des salariés reconnus ; oui, il faut que la France soit plus forte pour qu'il y ait du travail pour tous et non pas simplement pour quelques-uns qui devraient travailler toujours plus pour gagner pas forcément davantage.
Mais il faut aussi que la France soit plus juste, juste dans la répartition des fruits de la croissance, que ce ne soit pas toujours pour les mêmes, que les bénéfices des entreprises puissent être distribués et pas simplement aux actionnaires, mais aussi aux salariés. Il faut que la France soit juste pour régler une nouvelle fois la question des retraites au nom de la solidarité entre générations. Il faut que la France soit juste pour qu'il y ait un accès de tous à la santé, à l'école de la République, au logement. Il faut une France qui n'ait pas peur de ceux qui vivent ici, qui n'ait pas peur des plus jeunes, qui n'ait pas peur de l'espérance de vie qui s'allonge ; il faut une France qui ait confiance en elle, et elle n'aura confiance en elle que si elle est juste et forte. Voilà le message que nous devons porter autour du pacte présidentiel ; voilà le message du changement.
Si l'on pense -et je le pense- que c'est Ségolène ROYAL qui est la force du changement, il faut voter dès le premier tour de l'élection présidentielle. Je sais bien que d'autres dans le champ de la démocratie peuvent aussi imaginer être le changement. Il y en a dans cette campagne qui se veulent plus à gauche que nous ; c'est possible, même si cela mériterait vérification. Il y a des familles politiques qui sont présentes à gauche, à l'extrême gauche ; dans cette élection, pas moins de 6 à côté de Ségolène ROYAL.
Il y a même trois trotskistes ; comment se fait-il qu'ils n'aient pas trouvé la synthèse ! Nous sommes prêts à leur dire qu'il est possible de ne présenter qu'une candidature. Etait-il écrit dans les livres du grand Léon Trotski qu'il fallait, à chaque élection présidentielle en France, présenter trois candidats, dont un paraît-il qui défend les communes rurales ? J'ai beaucoup de sympathie pour les communes rurales, mais si, maintenant, les trotskistes ont oublié la Commune de Paris, le combat révolutionnaire pour finir simplement sur la défense de l'identité communale, c'est qu'il y a eu, à mon avis, un vice de construction !
Mais, il faut que cette gauche existe, et notamment nos amis Verts, nos amis communistes que nous rassemblerons ensuite au second tour de l'élection présidentielle. Mais s'ils avaient voulu eux-mêmes prétendre à être au second tour, ils ne s'y seraient pas pris ainsi, ils ne s'y seraient pas mis à six ; s'ils se sont mis à six, c'est pour permettre à la septième -Ségolène ROYAL- d'être, elle, au second tour de l'élection présidentielle.
Autant je souhaite que Ségolène ROYAL soit au plus haut le 22 avril prochain, autant nous aurons besoin de toute la gauche pour battre la droite et changer la vie ici dans notre pays.
Mais, on me dit qu'il y aurait un autre candidat du changement. Il s'avance dans le flou et dans la brume. Il vient, nous dit-on, du centre ! Vous ne pouvez pas l'avoir reconnu puisque lui-même d'ailleurs ne sait pas d'où il vient, qui il est vraiment et où il va. C'est un voyageur sans bagage ; il était de nulle part, peut-être n'est-il même pas de ce monde. C'est un voyageur sans programme. On lui demande ses propositions, mais il n'en a aucune. Quel courage ! Il n'a pris aucun risque, il ne décevra personne. Quand on n'a pas de proposition, finalement, on ne peut pas décevoir qui que ce soit. Mais, ne pas avoir de propositions, c'est en définitive accepter le statu quo et la politique actuelle. Il est sans programme, mais il est aussi sans parti... Mais il veut en créer un au lendemain de ce que pourrait être une possible élection. Il est sans allié, même s'il nomme quelques fois certains d'entre nous avec des conditions très difficiles à réunir. Il veut, par exemple, un Delors jeune ; il n'a pas encore cité tel ou tel d'entre nous parce que nous sommes pas encore assez vieux ; une femme, il voudrait un homme... Bref, chaque fois qu'un socialiste pourrait être cité, il se récrie de socialiste. Et, celui que vous avez reconnu répond : « mais je vous ai pas adressé la parole, vous n'êtes pas concerné ; ce n'est pas à vous que j'ai posé la question, c'est à votre voisin ». Le voisin s'étonne, lui aussi... Ses alliés, on les connaît bien. Ce sont ceux avec lesquels il a gouverné, il a voté partout, dans toutes les assemblées, c'est-à-dire l'UMP, la droite. Mais, il est aussi sans mémoire. Il l'a perdue et il ne sait pas -mais mettez-vous à sa place, ce n'est pas facile- qu'il a soutenu Giscard, été avec R. Barre et appuyé la candidature d'E. Balladur... Il ne se souvient de rien. Même pas qu'il était avec Alain Juppé au gouvernement en tant que Ministre de l'Education nationale. Il a perdu de vue le 1,5 million de personnes qu'il a mises dans la rue quand il voulait remettre en cause les lois laïques de financement de l'école.
Je dois convenir de ma faiblesse. Je le croyais député à Paris depuis 1986, alors qu'il était -en définitive- agriculteur dans le Béarn. On l'avait vu dans je ne sais quelle voiture officielle... On s'était trompé. Il était sur son tracteur dans un concours de laboure. Mais, en fait, et plus sérieusement, que nous dit-il ? Il dit qu'il veut faire comme Chirac en 1995, c'est-à-dire faire croire qu'il n'est pas vraiment de droite, qu'il a trouvé à côté de lui un qui était plus à droite -ce qui est toujours possible ; à l'époque c'était Edouard Balladur que soutenait Nicolas Sarkozy et François Bayrou... On l'a retrouvé ! Cette manoeuvre, convenons-en, a marché en 1995 ; à l'époque Jacques Chirac disait qu'il était contre la fracture sociale, que la feuille de paye n'était pas l'ennemi de l'emploi et qu'il fallait même réquisitionner des logements vacants pour les donner aux sans-logis, aux sans toits parce qu'il avait rencontré l'Abbé Pierre. On se souvient de cette manoeuvre, et moi, je ne veux plus la vivre à nouveau. Je me souviens qu'il y avait des femmes et des hommes de gauche, sincères, qui disaient qu'il fallait, pour écarter Balladur, voter pour celui qui prétendait lutter contre la fracture sociale.
Aujourd'hui, si on veut écarter la droite, toute la droite, il n'y a pas besoin d'aller chercher tel ou tel au sein de la majorité sortante, il suffit de prendre le bulletin de Ségolène ROYAL et de faire le seul changement possible.
Le vote utile dès le premier tour, le vote nécessaire pour le changement n'est pas un vote pour empêcher celui-ci, pour écarter celui-là. Ce n'est pas un vote contre la droite, c'est un vote pour le changement, pour que notre pays avance, pour le progrès, pour les conquêtes, pour les réformes indispensables, pour la justice, pour l'égalité, pour que nous écrivions ensemble une nouvelle page de notre histoire. Nous ne voulons pas simplement résister, écarter, rejeter. Nous voulons être les continuateurs de ce qu'a toujours fait la gauche depuis 1936 jusqu'à aujourd'hui : changer, changer encore et donner à la France toutes ses chances d'être une Nation plus juste, plus humaine, plus forte, plus responsable, plus libre. Voilà ce que nous voulons faire ensemble.
Mais, dans toute démocratie, à un moment comme celui-ci, il y a une force du changement -celle que nous soutenons, à laquelle nous participons aujourd'hui- et un candidat de la continuité. On le cherche, il se cache parce qu'il ne veut pas être le candidat sortant. Mais, il y a bien un candidat sortant lorsqu'il est soutenu par tous ceux qui ont dirigé le pays. D'abord par Jacques Chirac qui lui-même, sans doute sortant, n'a pas voulu rentrer. Il nous a dit qui était son candidat ; il l'a dit dans ce qu'il faut bien appeler son meilleur discours puisque c'était le dernier. Son candidat, donc, c'est Nicolas Sarkozy. L'a-t-il fait pour son bien ? Je n'en sais rien. J'ai mon hypothèse. Il l'a fait tout en nous mettant en garde et le mettant en garde. Car, quand il a dit qu'il fallait ne pas céder à l'extrémisme, s'adressait-il à nous ? Nous qui avions, le 5 mai 2002, et ce fut aussi douloureux pour nous qu'honorable, préféré encore voter pour notre adversaire dans la République pour écarter l'ennemi de la République. Nous savons, nous, ce qu'est le combat contre l'extrémisme. Alors, à qui s'adressait l'avertissement de Jacques Chirac, si ce n'est à celui qui, il y a quelques jours, a fait cette proposition de « Ministère de l'Immigration et de l'identité nationale » ? La menace est là.
Nicolas Sarkozy est aussi soutenu, et là il n'y peut rien, par tous les ministres du gouvernement actuel. Dominique de Villepin lui a même dit « bon courage »... Là aussi, attention, c'est peut-être à double tranchant ! Quelle chance aussi d'être soutenu par Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé et par tous ces ministres, encore dernièrement Jean-Louis Borloo... Au prix de quoi, qu'importe d'ailleurs il est numéro deux du gouvernement, plus exactement il l'était. Il a recouvré sa liberté. Quel courage que celui de Nicolas Sarkozy ! Il a enfin quitté le Ministère de l'Intérieur ! Il a pu enfin prendre le train, mais pas à la Gare du Nord ! Il a même dormi à l'hôtel ! Quelle témérité !
Mais celui-ci est soutenu par tout le gouvernement ; il a été numéro deux du gouvernement, Ministre de l'Intérieur ; il est président de l'UMP. Il est donc responsable de la politique telle qu'elle a été menée depuis cinq ans. C'est, convenons-en, un fardeau. Ce n'est pas simple pour lui. Mettez-vous une seconde à sa place ! Porter les résultats que l'on connaît, ou plus exactement cette absence de résultat que l'on connaît : un chômage qui ne baisse que dans les statistiques quand on ne reporte pas à plus tard la publication de statistiques notamment après l'élection présidentielle ; cette précarité qui s'est développée ; ces inégalités qui se sont creusées ; ces retraites qui ont été amputées ; l'accès à la santé qui a été remis en cause ; les crédits de l'école qui ont été réduits ; le service public qui a été privatisé...
Voilà son bilan ; il est lourd : une croissance qui s'est affaiblie ; une dette publique qui a atteint un niveau record ; un déficit commercial historique. Nous comprenons donc que ce n'est pas simple d'être le candidat sortant et qu'il se cache. Il faut donc le démasquer. Il porte la responsabilité de l'échec. Alors, comment le candidat qui porte l'échec pourrait demain assurer la réussite du pays ?
Et, s'il est au moins un domaine où il ne pourra pas exonérer sa responsabilité, c'est précisément celui de la sécurité puisqu'il a été Ministre de l'Intérieur. Il avait demandé à être jugé sur ses résultats. Parlons-en de ses résultats. Les violences aux personnes ont augmenté de 14 % depuis 2002 et atteignent aujourd'hui un niveau record ; jamais il n'y a eu autant de voitures brûlées que depuis 2002 ; jamais il n'y a eu trois semaines d'émeutes urbaines qui ont fait tant de mal et pas simplement à l'image de la France à l'étranger, mais à l'image de ce que nous sommes : une grande République qui doit regarder tous ceux qui vivent ici à l'égal des autres et qui voyait là une haine, une violence qui altérait même le principe du vivre ensemble et de la laïcité. C'est sa responsabilité, parce que cela fait cinq ans qu'il mène cette politique. Pas moins de sept lois ont été votées sur la sécurité, sur l'immigration. Il a lui-même supprimé la police de proximité, pour en reconnaître les bienfaits trop tard. Il a supprimé les crédits à la prévention et usé de provocations verbales inutiles, blessantes et qui expliquent d'ailleurs qu'aujourd'hui, celui qui a été Ministre de l'Intérieur -il y a encore quelques jours- ne peut plus aller dans certains quartiers de la République, tant il risque de déchaîner la violence.
Son bilan est là ; il l'a devant les yeux. Ce qui s'est passé à la Gare du nord fut pour nous tous, notamment pour lui, une blessure. Quand il n'est plus possible pour la police d'effectuer un contrôle sans déchaîner une émeute, quand les contrôleurs eux-mêmes sont mis en cause dans leur travail, quand il y a un tel climat d'affrontement, de haine même, entre concitoyens, quand des usagers sont effrayés, quand des commerçants se cachent pour ne pas voir leurs biens altérés et quand des agents de service public voient des équipements détruits, c'est une blessure dont la responsabilité revient à Nicolas Sarkozy. Il ne faudrait pas qu'aujourd'hui il utilise son échec, car échec il y a, pour justifier encore sa politique du tout répressif.
Nicolas Sarkozy a dit, hier soir, qu'il se situait du côté des victimes. Il est du côté des responsables, c'est différent. C'est lui qui fut Ministre de l'Intérieur depuis 2002. Mais, imaginez que nous soyons en 2002, au coeur de l'élection présidentielle, et que se passe ce qui s'est passé à la gare du nord, vous verriez comme la droite nous ferait procès ! Elle nous a fait procès pour des faits bien moindres en 2002 ; elle a fait la campagne de 2002 sur la question de la sécurité, au risque d'ailleurs et cela s'est produit de favoriser l'extrême droite.
Nous n'utiliserons pas ces moyens ; nous ne manipulerons en aucune manière les chiffres ou les situations. Nous n'instrumentaliserons aucun fait-divers. Nous n'utiliserons pas le discours de la démagogie, de la peur, de la récupération, car c'est notre conception -nous la gauche ; nous sommes du côté du droit, de la loi et de la République et d'aucun autre côté. Aujourd'hui encore, nous ne laisserons pas se dévoyer le débat public, mais nous ne nous laisserons pas non plus insultés. Car, quand Nicolas Sarkozy dit qu'il est le candidat des « honnêtes gens », ceux qui ne voteront pas Nicolas Sarkozy, et ils seront majoritaires, sont aussi des honnêtes gens ! Nous ne distinguons pas les Français selon leur bulletin de vote, pas davantage selon leur couleur de peau, leurs origines ou leur confession.
Nous considérons les Français, même quand ils ne pensent pas comme nous, comme des citoyens à part entière. Il n'y a pas les bons d'un côté et les mauvais de l'autre. Il n'y a pas les vertueux d'un côté et ceux qui ne le sont pas d'un autre. Il y a simplement des citoyens dans la République qui demandent à être respectés et nous demandons à être respectés, parce que nous sommes aujourd'hui la force du changement et nous serons demain aux responsabilités du pays.
Nicolas Sarkozy est donc le candidat sortant. C'est le candidat du bilan. C'est le candidat de la droite dure. Il a bien voulu, là aussi, essayé de cacher son identité. Il a même convoqué Jaurès -sur la foi de fiches des renseignements généraux pas à jour. Il a même été cherché Blum, car il pensait que Blum avait fait les 40 heures considérant ainsi que c'était mieux que les 35 heures ! Mais, cela n'a pas duré longtemps d'aller chercher dans le patrimoine de la gauche. Soyons d'ailleurs fiers de cet hommage du vice à la vertu. Soyons fiers que les personnes que l'on cite aujourd'hui soient justement celles qui ont fait la Nation telle qu'elle est aujourd'hui et qui n'ont jamais perdu leur identité de gauche. S'ils viennent dans notre histoire, c'est que notre histoire qui est celle du peuple français est belle et qu'elle mérite hommage. Mais, quand on cite Jaurès, quand on cite Zola -et pas parce qu'il était un exilé ; d'ailleurs il faut le dire à Nicolas Sarkozy : si Zola est parti de France, ce n'est pas pour des raisons fiscales comme d'autres, c'est parce qu'il défendait Dreyfus... Cela change tout-, quand on cite Blum, il est interdit après de courir après Jean-Marie Le Pen pour capter ses suffrages au nom d'un grand Ministère de l'identité nationale et de l'immigration.
Face à ce candidat de la droite dure qui promet le démantèlement de la protection sociale avec sa franchise santé et ses régimes de retraite par capitalisation, qui promet le démantèlement du droit du travail avec son contrat à rupture par consentement mutuel avec l'employeur, qui prône l'augmentation des heures supplémentaires pour augmenter soi-disant les salaires alors que, pour augmenter les salaires, il suffit d'augmenter le SMIC et les bas salaires et de faire une grande négociation pour que le pouvoir d'achat soit revalorisé sans qu'il soit besoin de travailler davantage, qui veut démanteler l'Etat, les services publics, qui veut diminuer le nombre de fonctionnaires, nous devons porter maintenant le pacte présidentiel de Ségolène ROYAL.
CONCLUSION
Le risque, dans cette élection, ce n'est pas le changement mais la continuité en pire. Le risque, c'est la confusion ; le risque, c'est la confrontation avec le monde du travail, avec la jeunesse, les quartiers. Battez-vous, soyez conscients du moment dans lequel nous sommes. Vous êtes les héritiers, et notamment ici en Limousin, de longs combats. Vous avez génération après génération participé aux grandes conquêtes, aux grandes victoires. Vous appartenez à une terre de résistance, de fierté ; une terre qui s'est battue pour ses idées. Vous êtes à un moment où vous pouvez écrire une nouvelle page de cette histoire-là.
Et, si vous êtes conscients que nous sommes sûrement dans l'élection présidentielle la plus importante depuis 1981, que nous sommes aux portes d'un nouveau cycle de réformes, de progrès, d'avancées, de liberté ; si vous êtes à ce point-là convaincus, il faut que vous soyez encore ce soir l'équipe de campagne de Ségolène ROYAL. Il faut que vous luttiez, autant que vous le pourrez, contre l'indécision, le doute qui font que, jusqu'au dernier jour, jusqu'à la dernière heure, vous devez passer le message.
Je suis maire d'une très belle ville et je tiens moi aussi des bureaux de vote les dimanches d'élection. C'est toujours un moment émouvant de voir cette foule de citoyens qui se lève de bon matin pour faire son devoir électoral. Merci à tous les jeunes qui se sont inscrits sur les listes électorales, fin 2006, pour participer à cette fête démocratique. Je les vois arriver donc : je vois d'abord arriver les convaincus, ceux qui depuis longtemps ont mis le bulletin en bon ordre -j'allais dire en ordre juste- plié dans la poche, savent ce qu'ils ont à faire, ne passent pas dans l'isoloir, prennent l'enveloppe, y mettent le bulletin, me serrent la main en me disant : « on ne vous a pas oublié »... Il est vrai qu'il y a des dimanches où ils ne m'avaient pas oublié, mais je leur pardonne parce qu'il y a des jours où, aussi, il m'avait choisi. Et j'en vois d'autres encore qui viennent sans savoir ce qu'ils vont faire, regardant avec inquiétude tous ces bulletins disposés, cherchant le regard (j'essaye de capter le leur sans pour autant les influencer), prennent tous les bulletins, se réfugient dans l'isoloir, les posent devant eux et essayent de se souvenir d'une phrase, d'un argument, d'un mot qui emportera leur décision. Ils mettront le bulletin dans l'enveloppe et, si vous avez fait votre travail, il se pourrait bien que ce soit Ségolène qui arrive en tête même au premier tour de l'élection présidentielle. Quinze jours après, si nous avons bien fait passer le message, si nous avons donné les meilleurs arguments, si nous avons montré que nous étions la force du changement, alors ils remettront le même bulletin dans une autre enveloppe et ce sera la France présidente, la première femme Présidente de la République que nous accueillerons la prochaine fois à Limoges.
Source http://www.partisocialiste.org, le 2 avril 2007