Texte intégral
Chers amis,
chers amis, et comme on aurait dit autrefois dans un autre parti mais le mot est si beau que je ne veux pas m'en priver ni vous en priver,
chers camarades...
Depuis maintenant 6 mois, je sillonne la France avec vous, avec les militants verts
Partout, j'ai été accueillie chaleureusement par des milliers de citoyens, qui hier encore étaient dans l'alerte, dans la résistance, et qui aujourd'hui continuent à conduire des luttes magnifiques, à inventer des solutions nouvelles, à préparer l'adaptation de notre pays aux mutations profondes du monde.
La crise climatique, la fin du pétrole abondant et pas cher, le risque d'affrontement des civilisations ailleurs mais aussi ici avec tout ce que ça veut dire pour la paix civile, la perte de confiance profonde vis-à-vis des points de repère traditionnels, le mal vivre, le délitement du lien entre les générations, et la violence qui monte partout.
Jamais, dans aucune rencontre, même la plus improvisée, on ne m'a dit que les idées et les pratiques des Verts, étaient à côté de la plaque.
- Dans aucun débat, on ne m'a dit que nous défendions des solutions irréalistes ou hors de portée.
- Partout, j'ai vu de la curiosité, partout j'ai vu de l'intérêt, devant les propositions de notre contrat écologique, de la surprise parfois, quand les plus éloignés de nous découvrent que les solutions vertes ne se réduisent pas aux bus bondés, pour les uns, et à aux voitures hybrides, pour les autres, au bio pour les bobos, et à Leader Price pour les prolos.
- J'ai vu, j'ai vu de l'enthousiasme, de la passion quand on découvre que la révolution écologique est créatrice d'emplois, de dizaine de milliers d'emplois de qualité, qu'elle est au coeur d'une autre politique industrielle, d'une autre politique de santé, d'une autre politique de l'école et de la formation, tout au long de la vie.
J'ai rencontré des chefs d'entreprises et des syndicalistes qui sont soulagés de ne plus avoir à opposer de façon systématique l'économie, l'écologie et l'emploi.
J'ai travaillé avec les ouvriers de Corbehem, dans le Pas de Calais, qui veulent garder des machines fabriquant du papier, des machines destinées à être démontées pour être réinstallées au Brésil , là où n'existe aucune réglementation de rejets polluants pour protéger l'eau. Ces ouvriers auraient pu être en colère contre les écologistes. Et ils disent : « là ou l'écologie aurait pu nous détruire, nous voulons que l'écologie nous sauve, nous voulons produire des sacs papier en chanvre pour remplacer les sacs plastiques à la caisse. »
Nous avons le soutien des agriculteurs, des entrepreneurs du bassin d'emploi, du Conseil régional. Ces salariés ne m'ont pas dit que notre proposition de fonds régionaux d'aide à la reprise coopérative d'entreprises en difficulté serait irresponsable.
J'ai rencontré les résidents du foyer Bara à Montreuil , ils n'ont pas trouvé absurde la proposition des Verts de geler les avoirs des chefs d'état corrompus de la Françafrique, coupables d'assassinats, de malversations, de crimes écologiques.
Mais plus prêt de nous, ils ont trouvé normal aussi la lutte des Verts de Paris, revendiquant des conditions décentes de logements non pas en grande banlieue mais au coeur de Paris, au plus prêt de leur lieu de travail comme nous l'avons demandé dans chaque arrondissement.
J'ai rencontré des médecins, des infirmiers et nous sommes tombés d'accord pour constater que la plupart des maladies nouvelles sont aujourd'hui liées aux conditions de vie, de travail et à la dégradation de l'environnement. Nous sommes tombés d'accord pour dire qu'il serait totalement délirant et déraisonnable de laisser espérer que demain le traitement de l'obésité, ça serait une nouvelle pilule miracle alors qu'il serait si simple de renforcer les moyens de la prévention pour associer l'exercice physique et l'équilibre alimentaire.
J'ai rencontré l'intersyndicale d'Alcatel Lucent, j'ai senti du plaisir chez les représentants de l'intersyndicale à travailler avec nous à l'idée d'une conversion écologique dans l'industrie des télécommunications , en développant de nouvelles solutions pour répondre aux nouveaux besoins de la population.
J'ai vu encore les pêcheurs à la criée de Lorient, avec un peu d'angoisse au départ car il y a quelques années, c'était pas facile pour un écologiste d'aller rencontrer des pêcheurs qui pensaient que le pétrole cher, c'était de notre faute et que la gestion des ressources naturelles encore une lubie de nantis, et ce que nous avons discuté cette fois-ci en matière de préservation de la ressource halieutique m'a paru très proche de ce qu'ils vivent et de ce qu'il proposent eux-mêmes. Et surprise pour moi nous avons vendus des cartes des Verts à la criée de Lorient.
Et si on m'avait dit qu'un jour j'irais en Picardie rencontrer des gros producteurs de pommes de terre et de céréales, qui travaillent souvent très seuls sur 400 hectares de terre sans aucun arbre, si on m'avait dit qu'on aurait un fou rire ensemble quand ils ont reconnu qu'ils s'étaient comportés comme des idiots , ce sont leurs mots, en repoussant le moment d'adapter des pratiques plus responsables au nouvel état du monde et à l'état de l'environnement.
Et que dire de l'accueil plus qu'amical fait à la candidate des Verts devant les étudiants de l'UNEF à Lille, devant les associations de lutte contre l'exclusion rassemblées à Strasbourg, devant les chercheurs qui débattaient à Fleurance, devant les créateurs et les cultureux au Théâtre de la Colline, devant les associations réunies à Paris.
Et à ce propos, et puisque Monique Vuaillat, que je voudrais remercier ici très chaleureusement, pour avoir accepté de venir à ce meeting, est parmi nous, je voudrais dire aussi quelques mots de l'éducation qui a été l'objet de bien des rencontres puisque les candidats sont allés plancher tour à tour devant les différents corps de métiers. J'ai rencontré beaucoup d'enseignants au cours de cette campagne.
Tous m'ont dit leur colère devant la succession des réformes imposées d'en haut, au gré des lubies ou des poussées de nostalgie des ministres qui se succèdent. Tous m'ont dit leur colère devant la suppression par les gouvernements de droite successifs de milliers de postes, devant la remise en cause, à gauche même parfois, de la carte scolaire, et du principe du collège unique.
Mais tous m'ont dit aussi leur souffrance parce qu'ils ont envie d'aider leurs élèves et qu'ils vivent affreusement mal l'éviction de dizaine de milliers d'entre eux chaque année dans une situation d'échec humiliante et douloureuse. Tous m'ont dit leurs difficultés à l'idée que quels que soient leurs efforts, ils avaient d'une certaine façon intériorisé l'idée qu'ils ne pourraient pas tous les aider.
Mais j'ai bien senti aussi chez les enseignants le sentiment d'être dans le collimateur pour une autre raison : parce qu'ils appartiennent à une profession qui connaît le rôle de la puissance publique dans la promotion de l'égalité, qui vit de prés la réalité sociale de notre pays et qui refuse la normalisation idéologique de la société française.
Au fond, ce qu'on leur reproche, aux profs, c'est d'être plus que beaucoup d'autres hostiles, allergiques à une vision utilitariste du savoir, à la logique qui transforme tout en marchandise...
Alors nous les Verts, nous considérons qu'ils devraient être au coeur du nouveau contrat écologique et républicain à passer entre les générations entre les populations, entre les territoires pour un nouveau projet d'école, pour un nouveau projet éducatif.
Dans cette campagne, à travers la lettre que je leur ai adressée, nous avons défendu trois grandes idées :
- Pour que l'école redevienne un lieu d'étude heureuse, parions sur le fait qu'elle redevienne aussi pour les élèves un lieu de vie !
- Pour que l'école soit un lieu d'étude heureuse, parions sur la possibilité pour tous d'être éduqués, donnons à tous le temps d'apprendre !
- Pour que l'école soit un lieu d'étude heureuse, donnons-lui sa place dans la recherche et dans l'innovation !
A l'opposé des politiques qui prévoient l'orientation précoce, l'apprentissage à 14 ans, nous avons proposé que tous les élèves puissent atteindre, à partir de parcours différenciés et de rythmes adaptés, le niveau de fin de seconde.
A l'opposé des politiques répressives, nous avons proposé l'extension de la démocratie scolaire.
A l'opposé des politiques de ségrégation entre les villes et les quartiers, nous avons proposé l'affectation des moyens en fonction de l'origine sociale des élèves, et la mise en place de véritables réseaux territoriaux d'éducation.
Eh bien je peux vous le dire là encore que quand on parle de fond, quand on refuse la démagogie, l'intérêt pour la politique reprend le dessus.
Car nulle part, avec les enseignants comme avec tous nos autres interlocuteurs, je n'ai cédé à la tentation de faire du racolage catégoriel.
Chaque fois que l'on hisse le niveau de jeu, chaque fois que l'on parle des enjeux globaux, nos concitoyens sont au rendez vous.
Car ils savent que le monde dans lequel nous vivrons demain, bientôt , dans 20 ans, n'aura plus grand chose à voir avec celui d' aujourd'hui et qu'il vaut mieux s'y préparer que le subir !
Ils savent bien par exemple que les mutations climatiques risquent de bouleverser les migrations internationales, de redistribuer complètement la carte des productions industrielles et agricoles, et que les accidents qui se produiront auront un coût et une portée considérables, je pense comme Yves Cochet qu'il faut agir et vite.
Ils savent que nous devrons tous changer de haut en bas, toutes nos habitudes, sur tous les territoires, dans toutes les activités, nos relations internationales doivent être rééquilibrées, nos politiques publiques sont concernées dans toutes leurs dimensions: fiscalité nouvelle, réforme de l'état, transformations au quotidien de nos habitudes de consommation, de notre façon de travailler, de nous déplacer, de gérer nos déchets, notre manière de vivre ensemble.
Je voudrais qu'à cette heure, au moment où certains sont tentés de baisser les bras, nous soyons fiers que si cette perception a progressé dans l'opinion, ce n'est pas seulement sous la pression des faits, c'est aussi sous l'influence des Verts
Alors qu'est ce qui manque ?
Alors qu'est ce qui manque pour que nous ayons l'impression que cette fois, un élan va se créer, qu'une dynamique va se mettre en marche et qu'est ce qui manque pour que la gauche ne rate pas cette fois l'occasion d'aller vraiment plus loin ?
Ce qui manque, mes chers amis, ce ne sont pas les solutions techniques : malgré les retards pris en France, on sait faire de l'écologie, et on est capable d'en faire à une grande échelle. On sait faire de la solidarité, on sait aussi faire de la démocratie.
Ce qui manque, c'est la certitude qu'on peut inverser le courant, qu'on peut mettre un coup d'arrêt à un processus qui ne ressemble à rien de ce que l'on a connu jusqu'à présent et qu'on ne sait pas par quel bout empoigner.
C'est l'ambiance politique de cette campagne, dont l'opinion attendait pourtant beaucoup, qui ajoute encore au désarroi.
Ce qui pèse d'abord sur la campagne, c'est la peur, c'est la peur que le pire ne l'emporte.
Et le pire en France, serait à la fois l'élection du candidat de la droite autoritaire et conservatrice, et la progression des idées racistes et fascistes de l'extrême droite dont il s'inspire de plus en plus.
Cette peur, cette peur je la comprends, cette peur même je la partage.
L'obsession d'en finir avec mai 68 et l'aversion pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à une utopie, conduit Nicolas Sarkozy à fouler aux pieds les valeurs qui sont les nôtres et qui inspirent notre contrat écologique.
Quand je vois la façon dont on rafle les enfants d'immigrés dans les cours d'écoles, dont on arrête leurs parents, quand je vois la façon dont on cherche à attirer les étrangers qui ont déjà fait des études à l'étranger et dont on chasse les étudiants qui voudraient terminer chez nous leur cursus scolaire. Je me dis que l'arrivée du candidat de l'UMP à l'Elysée, est lourde de très grands désordres.
Quand je vois la manipulation scandaleuse à laquelle se livre la droite à l'occasion des incidents de la Gare du Nord et qui vise à faire revenir le débat sur le terrain de la sécurité, quand je vois le prix payé devant un tribunal pour une rébellion à agent au cours des incidents dans cette même gare, je me demande en effet combien vaudront demain devant une autre juridiction de la République, les abus de biens publics commis sous la précédente mandature à l'Hôtel de Ville de Paris, et les coups tordus de l'affaire Clearstream.
Et j'ose espérer, j'ose espérer qu'aucune amnistie n'a été négociée par qui que ce soit concernant ces faits de délinquance là. Et j'ose affirmer que le garant c'est les Verts et c'est Denis Baupin aux élections municipales l'année prochaine.
Ce que redoutent avec raison nos concitoyens, c'est qu'on passe directement de Raffarin à Berlusconi et de Villepin à Bush.
Car le bilan moral de la droite est aussi catastrophique que son bilan social.
Elle a si gravement échoué dans à peu près tous les domaines qu'elle en vient comme dans les régimes les plus déliquescents, à nommer bien sûr tous les copains à des postes principaux de responsabilité de la République, mais encore à manipuler ses propres chiffres , des chiffres que nous contestions déjà mais qui sont manipulés encore plus gravement que d'habitude: ceux du chômage, de la hausse des prix ou de la délinquance.
Nous avons d'autres raisons d'être extrêmement inquiets.
Nicolas Sarkozy nous invite à travailler d'avantage, plus et plus longtemps.
Nous ne devons pas habiter la même Planète, Mr Sarkozy :
Parce que nous connaissons la réalité des choses, nous savons qu'il y a dans notre pays des millions de personnes qui n'ont pas le choix, qui travaillent beaucoup, qui travaillent trop, dont l'intensité du travail s'est aggravée ces dernières années avec ce que ça veut dire comme stress, comme tension et aussi comme suicides dans certaines entreprises où le management par le stress est une réalité quotidienne. Nous savons qu'il y a des millions de ces salariés qui ne peuvent pas refuser des heures supplémentaires à leur employeur, qui ne peuvent pas refuser de revenir le samedi ou d'attendre le dernier moment pour savoir si ils pourront prendre leurs vacances. Et puis il y a des millions de personnes aussi qui cumulent les temps partiels .Vous savez, c'est les emplois Borloo, on en a créé 300 000, 300 000 emplois. Oui, oui, je connais bien. J'en occupe moi même 3. Parce que c'est ça qu'il faut faire si on veut passer au dessus du seuil de pauvreté. En sachant que ne seront jamais indemnisés les temps de déplacement, les temps d'habillage et de déshabillage et que ne sera jamais concrétisé l'espoir d'une formation qualifiante. Et puis il y a ceux qui ne travaillent pas du tout, qui sont au chômage, qu'on culpabilise, qu'on marginalise, et auxquels on dit : « Dites donc, là, ça serait bien de montrer que vous êtres insérés en faisant un petit boulot de temps en temps. »
Et il y a tous ceux, que ne rencontrent évidemment que ceux qui prennent le métro, comme le disait Denis tout à l'heure, tous ces gens qui se lèvent tôt tous les matins, et qui s'entassent dans les bouchons ou dans des transports bondés. Je vois tous ces gens, des femmes souvent,qui tous les jours ont à arbitrer entre reprendre un travail à mi-temps, dans une société de nettoyage ou un fast-food, ou sur l'aéroport de Roissy au prix d'une perte de revenus - faire garder les enfants, prendre un abonnement de bus - ou tourner en rond chez elles en se disant que ,plus tard, quand les enfants seront grands, ça sera encore plus difficile de reprendre un travail. Je vois des gens qui sont angoissés pour l'avenir de leurs enfants, qui ne trouvent pas de logements, qui sont sur-endettés même quand ils gagnent leur vie, qui stressent et qui n'ont plus de temps à eux.
L'inquiétude des gens, elle se nourrit de cette certitude que si la droite reste au pouvoir, elle banalisera les heures supplémentaires, elle supprimera le RMI, elle privatisera la sécu, elle reculera l'âge de la retraite, et donnera libre cours à ses obsessions de la propreté sociale et du nettoyeur à haute pression, et de la lutte contre les chômeurs fraudeurs.
Devant cette angoisse, nous avons tous au cours de ces dernières semaines rencontré des amis, des voisins, des collègues, qui se disaient, qui nous disaient « Ne dispersons pas nos voix, ne risquons pas le pire ! »
Alors je vais répéter ce soir encore ce que je dis depuis le début de cette campagne : l'écologie n'est jamais facile avec la gauche, mais elle est impossible avec la droite.
La situation écologique est si grave, le désarroi démocratique et l'urgence sociale si grands qu'il faut tout faire pour battre la droite, et qu'il faut pour cela une alliance à gauche, fondée sur un programme clair et sur des engagements clairs.
Mais la nécessité de battre la droite, la peur que ne se reproduise le scénario du 21 avril 2002 ne doit pas se transformer en panique généralisée.
Car on assiste à un jeu de dominos perdants/ perdants dont je veux souligner l'extrême perversité :
Parmi les électeurs socialistes , y compris parmi ceux qui ont voté non au Traité européen, on s'interroge sur l'opportunité de voter pour un candidat qui découvre après de 30 ans de carrière politique que l'ENA est une machine à fabriquer des technocrates, pour un candidat dont les représentants locaux gouvernent des centaines de villes et de conseil généraux avec l'UMP et qui découvrent comme ça, le temps d'une campagne électorale, qu'il faudrait dépasser le vieux clivage droite/gauche, pour un démocrate chrétien fraîchement converti, qui a mis 30 ans à comprendre que Nicolas Sarkozy est décidément un affreux type de droite, qui a comme modèle le « Chirac 95 » et dont le programme économique et social se réduit à s'agiter comme un cabri en criant « Baisse des charges ! Baisse des charges ».
Et nous on a mis un moment à comprendre de quoi il parlait parce qu'on parle jamais de charges mais de contributions sociales pour mettre en oeuvre des politiques publiques qui nous permettent de vivre ensemble.
Et voila qu'émus par la poussée du béarnais, certains électeurs verts ou de la gauche radicale s'interrogent, contre leurs propres intuitions, contre leurs propres convictions pour savoir s'ils ne vont pas voler au secours de Ségolène Royal.
Alors que les propositions de la candidate socialiste en matière de salaires, de retraites ou de minima sociaux suivent à peine l'évolution des augmentations réglementaires.
Elle avait à peine fini de cliquer sur le pacte écologique, que tous les barons socialistes se sont précipités pour contester l'idée d'un moratoire sur les incinérateurs, pour vendre l'idée d'une reprise de la construction de l'EPR, ou pour ressortir les vieux projets d'autoroutes.
J'en appelle donc à ce que chacun ici se ressaisisse :
Il n'y a aucun risque de nouveau 21 avril si les électeurs verts votent pour la candidate des verts, si les électeurs socialistes votent pour la candidate socialiste, et si les électeurs communistes votent pour la candidate communiste.
Le seul résultat de cette fable du vote utile inventée pendant la primaire de son parti, pour distancer ses concurrents, c'est d'avoir jeté le trouble.
Lorsque les électeurs se sont aperçus que les choses n'étaient pas si simples, et que le style n'y suffirait sans doute pas, un certain nombre se sont trouvés tentés de voter « encore plus utile ». Pour un candidat qui pourrait écraser Nicolas Sarkozy par la simple addition des votes de droite et de gauche.
Heureusement en arithmétique, comme en politique on n'additionne pas les carpes et des lapins !
Je trouve à la fois discourtois et contre-productif que la candidate socialiste, craignant de perdre des voix sur sa droite, cède à la tentation de tenter d'en détourner quelques autres sur son flanc écologiste.
En affirmant être la « seule candidate écologiste ».
Chère Ségolène, je te le dis tranquillement, en toute amitié, en toute bravitude, je ne crains, en la matière, pas la comparaison.
Et je te dis, chère Ségolène en toute amitié et très sereinement qu'il vaudrait mieux ces dernières semaines, que le PS se concentre sur ses électeurs en vadrouille à l'UDF, plutôt que de faire du chantage auprès des électeurs écologistes.
Et cela pour une raison bien simple : les électeurs verts, la gauche les retrouvera au soir du premier tour. Les électeurs socialistes égarés chez les démocrates chrétiens risquent de faire défaut longtemps à la gauche, le 22 avril. Et au delà.
Il est vrai qu'il y a un autre facteur de trouble qui fait que la tendance est à la patinoire électorale.
C'est l'incroyable pression des médias de droite ou de gauche qui organisent cette campagne comme une sorte de show « à l'américaine ».
Un jour je fais monter untel, un jour je le fais descendre, au total, j'entretiens le suspense par une dramaturgie de mauvais feuilleton télévisé.
Faut il l'expliquer par la structure du capital des grands groupes des médias? Sans doute. Mais aussi par la culture dominante dans la société du spectacle: vendre du papier, faire de l'audience.
Qui sortira du loft ? Voilà ce qui fait vendre.
Au diable le fond, au diable les idées.
Ce qui compte, c'est l'évènement, la politique considérée comme un jeu télévisé où l'on convoque un jour les sans logis, le lendemain les chasseurs, le surlendemain les patrons, une autre fois les salariés d'Airbus.
Et je pose la question ce soir, ils sont où cette semaine les salariés d'Airbus ? Est ce qu'on sait ce que vont devenir leurs sous-traitants ?
Et les reportages sur les toiles de tente des enfants de Don Quichotte ? Il sont passés de la première page aux pages des faits divers. Il y a quelques semaines, Augustin Legrand était un nouvel Abbé Pierre. Aujourd'hui il n'y a plus un ministre pour le prendre au téléphone.
Comme si la politique, c'était la somme des intérêts des clientèles, des catégories sociales qui défilent, des catégories auxquelles on promet tour à tour : « Ne vous inquiétez pas, au lendemain des élections, j'augmente le budget, j'augmente les effectifs, vous serez reçus au ministère, vous serez considérés. » Mais on promet plusieurs fois les mêmes sommes tour à tour, jour après jour.
La présidentielle, la démocratie ça ne peut pas se réduire à ça.
C'est la définition d'un projet global, des priorités, de l'intérêt général, c'est la couleur qu'on donne à un projet pour vivre ensemble.
Un mot encore sur les sondeurs qui sont à la politique ce que sont les consultants pendant la coupe du monde de football ou pire encore les consultants militaires qui observent les bombes qui tombent en direct sur les populations sur leurs écrans de télévision !
Ils indiquent qu'ils redressent leurs chiffres, qu'ils en rajoutent à Le Pen qu'ils en enlèvent aux écologistes.
Mais pourquoi alors, à côté des chiffres qu'ils redressent, ne publient ils pas les chiffres non redressés ?
Pourquoi est-il possible de publier un sondage qui donne François Bayrou à 22%, à égalité avec Ségolène Royal, et n'est-il pas possible d'expliquer pourquoi ce sondage a été désavoué dans les heures qui suivent par l'organisme chargé de contrôles ?
A force de faire et de défaire des rois de papier, on finit par ancrer l'idée qu'il y a des candidats qui comptent et d'autres qui ne comptent pas, on réduit la campagne à la bande des deux, ou des quatre, ce qui nous ramène pour les plus âgés d'entre nous assez loin en arrière.
Les gros tout en haut, les petits, après, ailleurs, plus tard !
Il y a pourtant, mes chers amis, et vous le savez, et je veux qu'on l'entende, il y a pourtant des petits candidats qui ont de très grandes idées et des grands candidats qui en ont des faiblardes ; la démocratie exige une compétition loyale entre les idées.
Elle supposerait aussi une sorte égalité des moyens. Vous n'avez guère vu de reportages sur les moyens financiers dont disposent les uns et les autres dans cette campagne ?
Est-ce qu'on vous a dit que les Verts dépenseront au total pour toute la campagne du premier au dernier jour le tiers à peine de la somme consacrée par le Ministre de l'intérieur sortant à son sacre bonapartiste à la porte de Versailles ?
Ce qui intéresse depuis deux mois, ce ne sont donc pas les programmes, ce sont les petites phrases, surtout si elles permettent de crucifier un adversaire.
Je ne parlerai pas des adversaires, certains seront déçus encore ce soir, je ne dirai pas non plus du mal de Nicolas Hulot qui fait du bon boulot pour sensibiliser l'opinion aux questions écologiques !
Alors évidement ça fait couler de l'encre et de la salive. Il a découvert l'écologie après d'autres ? La belle affaire !
Il va moins loin que nous ? Encore heureux mais où est le problème, si ça permet à ceux qui, hier encore, niaient la réalité de la crise de sauver la face et de reconnaître que oui c'est un sujet, que oui il va falloir enfin agir !
Le message est simple : c'est une autre obsession, c'est un autre message qui sont martelés ici : « Les Verts, c'est fini, on en a plus besoin ».
Enfin quand même ! Vous connaissez Denis Baupin. Il a, contre des lobbies puissants, avec une ténacité que seuls ceux qui ne le connaissent pas pouvaient imaginer plus faible, fait avancer une politique des transports publics innovante et fait rouler en temps et en heure un tramway, à la satisfaction des usagers.
Et voilà, et voilà un hebdomadaire parisien, de « gôche », dont les pages regorgent de pubs pour d'insolents produits de luxe et de tout autant détestables 4x4, qui se transforme en apôtre des piétons martyrs, en défenseurs des pauvres des banlieues et de leurs voitures d'occasion, et qui se dresse contre cet ayatollah intégriste !
Ont-ils reconnu en Ile de France justement que la gratuité des transports pour les personnes les plus pauvres et que le ticket d'une heure et demie étaient une initiative des Verts ?
Ont-ils rappelé que la politique de développement des TER a été portée sur les fonds baptismaux par la première présidente Verte d'une région, Marie-Christine Blandin ?
Rendent-ils compte de la mobilisation des Verts contre l'absurde construction d'une ligne spéciale pour trimballer cadres et touristes vers Roissy alors que le RER B, entasse et roule les banlieusards au lieu de les transporter ?
Ont-ils évoqué le travail des élus régionaux qui constituent aujourd'hui l'essentiel du bilan dans les régions passées à gauche en 2004 ?
Non, non ! Parce qu'ils aiment l'écologie, mais pas les écologistes, exigeants, remuants, et jamais contents !
Si l'écologie ne s'attaquait ni aux OGM, ni à la PAC, ni à la pollution de l'air, ni au bruit, ni aux trusts chimiques qui nous empoisonnent, ni aux chasseurs de gibiers d'eau qui nous contestent la gestion des espaces naturels sensibles, elle serait belle et douce.
Si l'écologie se contentait de bavarder au lieu de passer à l'acte en matière d'énergies renouvelables, si elle ne contestait pas la disparition des terres agricoles sous les hectares de bitume.
Si les écologistes, qui aiment la planète parce qu'ils aiment les humains, ne s'intéressaient pas aux sans papiers et aux pauvres qu'on entasse au bord des périphériques et des aéroports, s'ils ne s'occupaient pas des ouvriers amiantés et des enfants asthmatiques , ce serait quand même vachement plus agréable de les inviter à dîner en ville.
« Alors on ne comprend pas, Madame Voynet, on ne comprend pas. Vous êtes contre la voiture et vous avez apporté votre soutien aux grévistes de PSA Aulnay en lutte pour leurs feuilles de paye bloquées à 1500 euros bruts, après 25 années de chaîne. » Ben oui: ça n'empêche pas de parler avec eux de l'évolution de leurs métiers, de la volonté de construire des voitures plus petites, moins gourmandes, de développer le transport collectif, de relocaliser l'économie. Ca n'empêche pas de leur dire que nous proposons dans notre contrat écologique que pour ce faire, on prime les entreprises qui acceptent de rapprocher leurs productions de leurs clients.
Alors en effet les Verts dérangent. Un des enjeux de cette campagne c'est de savoir s'ils vont pouvoir continuer à le faire.
Ce dont il faut avoir peur, ce n'est pas que la candidate socialiste soit éliminée au premier tour, elle ne le sera pas, c'est que toutes les idées écologistes auxquelles croient des millions de citoyens, que toutes les idées, toutes les propositions qui font l'essentiel de notre engagement et de nos vies depuis tant d'années soient éliminées. Avec une certitude: ne pas peser sur le second.
Ce que serait une France avec des Verts à 1%, avec ou sans les socialistes, je vais vous le dire :
C'est la relance illico du nucléaire, c'est la réalisation de tous les projets délirants qui pullulent partout : l'incinérateur de Fos, le doublement de l'A7 dans la vallée du Rhône, le creusement de nouvelles mines de charbon dans la Nièvre, la capitulation sur les OGM, la modernisation de la force de frappe contre laquelle , les Verts sont aujourd'hui les seuls à faire clairement campagne...
Ce que nous a appris notre passage au gouvernement de la gauche plurielle, ce n'est pas que les socialistes seraient dotés d'un gène qui les rendrait plus aptes que les autres à la trahison, mais qu'ils n'éprouvent de respect pour leurs partenaires qu'à la hauteur de leur poids électoral et c'est qu'ils sont extraordinairement sensibles aux lobbies et groupes de pression, les céréaliers, les distributeurs d'eau, ou les marchands d'armes.
Et la gauche avec des Verts à 1%, ce serait contre les lobbies et contre les groupes de pression, comme un couteau sans lame et sans manche :
Ce serait, sans contrepoids, le retour en force des thématiques autoritaires, l'enterrement de toute idée même de réduction du temps de travail sur laquelle la gauche n'ose même pas revendiquer son bilan et assumer ses choix. Ça serait la valse hésitation sur les logiciels libres, le ralliement à la grande économie, au détriment des services publics, et de l'économie sociale et solidaire.
Ce serait le harcèlement par les forces de l'ordre des jeunes dans les quartiers contre lequel, sous prétexte d'ordre juste, les socialistes restent tétanisés.
A gauche comme à droite, j'entends qu'il faut que les usagers payent leurs transports en commun.
C'est la règle aujourd'hui et à cette heure, nous ne la contestons pas, même s' ils nous arrive de penser qu'il y a quelque chose d'injuste dans le fait que ceux qui choisissent de ne pas avoir de voiture ou ceux qui pour des raisons économiques, ne peuvent pas avoir de voiture, payent sur leurs impôts via la TVA le financement des routes et en plus leur ticket de transport.
Je suis donc, parce que je crois que la loi doit être la même pour tous et qu'elle protège, je suis pour qu'on paye son ticket, mais je suis aussi pour que les plus aisés payent des impôts pour financer les outils de la solidarité et les services qui sont nécessaires pour répondre à des besoins béants: le service public de la petite enfance, la sécurité maritime...
Je suis pour qu'on rende inéligibles les élus convaincus de fraude et de corruption, je suis pour que les passagers des avions payent le kérosène qu'ils consomment, je suis pour qu'on paye de façon générale les matières premières au prix qu'elles coûtent, en intégrant , bien sûr Régis, le travail et l'impact sur l'environnement.
Je suis pour que les pollueurs payent leurs pollutions.
Je suis favorable à ce que chacun prenne sa part et je pense que ça serait beaucoup plus facile de convaincre les jeunes de payer leur ticket et de montrer leurs papiers quand on le leur demande, si chacun prenait sa part de l'effort commun, si la loi était la même pour tous et si on n'avait pas le sentiment que les valeurs de la République se résument pour certains à des slogans vides de sens. Et je le dis tous les soirs, je le dirai jusqu'au bout de cette campagne, moi je pense que la défense des valeurs de la République, ça ne peut pas se limiter à agiter des drapeaux le jour de la fête nationale, ou à exiger des joueurs de l'équipe de France de football qu'ils connaissent les paroles de la Marseillaise. Les valeurs de la République, c'est liberté, égalité, fraternité, non-violence, laïcité, solidarité, coopération, autonomie, responsabilité.
Je veux vous entendre car ces valeurs elles ne sont pas à Nicolas Sarkozy, elles ne sont pas à Ségolène Royal, elles sont à nous !
Elles sont à nous, et ça nous donne l'incroyable responsabilité de mettre en place les politiques qui vont permettre à chacun dans ce pays de vibrer quand on les entend.
Si les Verts pèsent, les engagements pris maintes et maintes fois, et qui n'ont pas été tenus pour mille et une raisons, seront soumis à une vigilance démocratique, celle de la pluralité.
Alors, oui nous pourrons porter le budget consacré à l'aide publique au développement au niveau demandé par l'ONU et les ONG. Oui, nous pourrons changer de politique de l'immigration, régulariser les sans papiers, sortir l'immigration de la tutelle du ministère de l'intérieur et mettre en place enfin un véritable ministère de la coopération solidaire.
Oui, nous pourrons engager une relance des politiques européennes de l'énergie, et des transports, et une refonte de la politique agricole commune.
Oui, nous pourrons relancer l'Europe: car ne nous y trompons pas, le rejet du Traité a d'abord été le rejet d'une Europe amputée, incapable de jouer son rôle, qu'il s'agisse d'éliminer d'absurdes concurrences en son sein, en mettant l'Europe sociale et fiscale, ou de peser au niveau mondial pour une vraie régulation des échanges et pour la défense des droits des pays du Sud.
Oui, avec des Verts qui comptent, la 6ème République prendra un sens car sans nous personne n'agira pour la suppression du Sénat et pour sa transformation en Chambre des régions, personne n'agira pour qu'on ajoute à la 120ème proposition de la candidate socialiste, la centième, faite il y a un quart de siècle par un candidat socialiste, déjà en 1981, de l'attribution du droit de vote aux résidents ??trangers non européens !
Nous pourrons vraiment entreprendre de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité de 80 % aujourd'hui à 50 % demain pour en sortir en 2030, nous pourrons organiser, comme nous l'avons promis et demandé à plusieurs reprises un référendum sur l'énergie.
Nous pourrons engager un vaste programme de sauvegarde de la bio-diversité et des espaces naturels, de l'eau, de l'air. Partout dans les espaces extraordinaires et aussi dans les milieu de tous les jours, y compris ici à Paris, nous voulons protéger Passer domesticus, et corvus frugilingus.
Tous les soirs, j'essaie de trouver en latin des noms d'oiseaux régionaux. C'est l'occasion de regarder comment nos interprètes en langues des signes s'en sortent. Merci à Francis, à Frédérique et à Béatrice !
Nous pourrons, cher Régis Hochart , planifier l'interdiction des pesticides dans l'agriculture, soutenir les circuits courts de production , passer à 15 % puis à 20 % et peut être demain à 25 % d'agriculture biologique parce que je suis d'accord avec toi, notre souci c'est pas d'entretenir une niche luxueuse qui serait interdite aux pauvres, nous souhaitons, à terme, que la qualité soit le standard pour tous! Et nous souhaitons bien sûr que tous les paysans soient associés aux efforts qui sont à réaliser dans la période qui vient.
A l'arrivée, ce qui nous importe ce n'est pas de faire un catalogue des mesures. Si vous êtes là ce soir c'est que vous avez déjà regardé le contrat écologique , vous êtes d'accord, vous avez vu les propositions, les têtes de chapitre. Ce qui nous importe c'est de remettre en cause le modèle dominant, le modèle de la consommation, du toujours plus, le modèle de la compétition, chacun seul contre tous les autres, le modèle productiviste, qui nous propose non pas de travailler tous et de partager, mais de travailler chacun pour soi pour espérer s'en sortir sans son voisin.
Nous voulons du temps, du temps libre, du temps pour soi, du temps pour les autres, pour se former, pour apprendre, pour s'occuper de nos enfants, pour apprendre à cuisiner, pour tomber amoureux, pour militer, pour s'engager, pour être élu peut être demain.
Et nous voulons restaurer la crédibilité du discours politique.
Un discours qui est aujourd'hui extraordinairement violent, pour les jeunes notamment.
Des jeunes à qui on va proposer, nous les soixante-huitards, de payer nos retraites, d'assumer la dette et de gérer un monde dévasté. Mais eux on les a armés pour ça ! Ils ont des stages : on attend depuis un an la publication du décret qui doit permettre enfin de rémunérer les stages. On attend depuis des années un message politique fort qui dirait aux jeunes : "Nous devons vous mettre le pied à l'étrier, vous avez le droit de travailler, vous avez le droit d'être des citoyens."
Quel autre parti que les Verts permet à des jeunes d'espérer être élu avant que le titulaire du poste épuisé par cinq mandats au Sénat ne cède la place ?
Nous souhaitons aussi habiter le monde en harmonie avec nos voisins. Et nous savons que ça ne se résume pas à l'affirmation d'une identité française désuète; comme si la France n'était pas depuis longtemps nourrie des apports des régions qui l'ont fondée, comme si la France n'était pas depuis longtemps riche de tous ceux qui sont venus de Pologne, d'Italie, d'Algérie, du Mali et d'ailleurs.
Nous serons clairs là-dessus. Les Français seront clairs sur ce qu'ils sont, si nous contribuons à préciser que nous assumons notre multi appartenance, notre citoyenneté planétaire, notre citoyenneté européenne, notre identité française dans laquelle il y a évidemment tant de facettes, tant de couleurs, tant de métissage, que nous pourrons l'assumer aussi envers ceux qui viendront encore demain.
Aujourd'hui, ce qui mine au niveau international notre crédibilité, c'est bien sûr le discours ampoulé et grandiloquent sur la France patrie des droits de l'Homme, la France puissance, la France qui dicte sa règle.
Mais c'est surtout la distance que nous avons introduite entre nos ambitions et notre pratique. Je veux que mon pays soit capable de parler fort en Europe et dans le monde, pour qu'on intervienne enfin au Darfour. Je veux que mon pays soit courageux quand il s'agit de dire à Poutine, qui est capable d'ouvrir ou de fermer des robinets de gaz, que son comportement en Tchétchènie est atroce et inhumain. Je veux que mon pays arrête d'affréter des Airbus remplis de chefs d'entreprises pour aller vendre des centrales nucléaires et des avions et des usines clef en main à des dirigeants chinois qui n'attendent qu'une chose : qu'ils se cousent les lèvres et qu'ils se taisent sur ce qui se passe au Tibet et sur le sort des journalistes emprisonnés.
Je veux que mon pays soit capable d'agir en Europe pour que reprenne enfin l'aide européenne à la Palestine alors qu'un gouvernement d'union nationale est en place. Je veux, cher Juan, te dire au nom de tous les Verts français et européens, que nous ne vous oublions pas, que nous nous battons avec vous. Comme le dit si bien Renaud qui nous a apporté son soutien, "Nous ne serons libres que quand Ingrid le sera".
L'heure de vérité approche.
Quel militant du développement local peut croire que le vote pour un parti socialiste en retour de chevènementisme, serait un facteur positif pour l'indispensable décentralisation de ce pays, pour la fusion des départements et des régions, pour une réforme de la fiscalité locale qui donne enfin aux collectivités les moyens de leur autonomie, pour la reconnaissance des langues régionales ?
Quel militant écologiste peut dire, sans se rendre compte qu'on lui fera le coup désormais a chaque élection, qu'à la présidentielle, il fera une exception en ne votant pas Vert, mais promis juré, il reviendra à la maison aux législatives et peut être aux municipales ?
Quel militant associatif environnemental peut sérieusement penser qu'un vote qui marginaliserait les Verts serait meilleur pour ses combats de tous les jours ?
Car enfin, chers amis, chers amis naturalistes, militants de toujours de la protection de l'environnement, avec lesquels nous avons mené tant de luttes, que croyez vous qu'il se passera dès le 23 avril si le parti de la candidate la mieux notée de tous par l'Alliance pour la Planète n'est plus en situation de peser ?
Sébastien, que nous sommes heureux, d'accueillir, comme un ami, le sait bien : On ne pourra pas se contenter longtemps encore de colmater les brèches, ici ou là, avec les Vice-présidents et les adjoints Verts dans les régions et dans les villes.
Le mouvement associatif de l'environnement a besoin d'être reconnu, soutenu. La crise écologique nous impose d'agir à plus grande échelle : le temps des expérimentations qui nous sont concédées çà et là, à la marge, sans déranger, est dépassé : nous devons d'urgence écologiser toutes les politiques publiques au niveau national, au niveau régional, au niveau local.
Comment le faire ? Comment le faire sans peser au plan national ?
Alors je vous le dis, mes chers amis, quels que soient les calculs, quelles que soient les craintes, il faut avoir le courage de voter pour ses idées, pour ses propres convictions !
Parce que si du courage vous n'en avez pas, comment le mien pourrait-il suffire ?
Je voudrais pour terminer, vous dire un petit mot sur les Verts, ce petit mouvement si énervant, et si précieux.
Nous sommes affreusement désordonnés. Nous sommes parfois même honteusement divisés.
Mais je voudrais qu'on me cite une seule situation où les Verts auraient mis en danger une majorité à laquelle ils participent, pour d'autres raisons que des engagements non tenus et des promesses bafouées.
Car oui, ce qui nous intéresse, c'est pas le bureau avec les collaborateurs, c'est pas la bagnole, c'est pas l'indemnité, c'est pas le titre honorifique, c'est que les signatures soient honorées et que les contrats passés soient respectés.
C'est aussi la condition pour qu'on arrête de dire que les politiciens sont tous pareils et que leur parole ne vaut que le temps que l'encre sèche en bas du contrat.
Les Verts, chère Cécile, sont des militants compétents, courageux. Je voudrais ici en votre nom à tous saluer ceux qui sont menacés de mort parce qu'ils luttent pour la qualité de l'eau en Bretagne, ceux qui sont interdits de séjour dans les secteurs où règne l'ordre des porteurs de fusils, ceux qui sont poursuivis parce qu'ils s'opposent à la dissémination des OGM dans la nature.
Tous ceux qui, jour après jour, mènent des batailles ingrates, obscures : des batailles de l'écologie concrète.
Contre un contournement autoroutier, pour le bio à la cantine, pour éviter un supermarché de plus, pour réimplanter des artisans, pour dépolluer des sols là où on voudrait, sur du radon, sur des déchets radioactifs, construire une école ou une crèche...
Et je vais vous dire deux choses qui sont aussi au coeur du vote du 22 avril : ce ne sont pas des considérations internes, ça concerne l'ensemble du peuple de l'écologie ! L'ensemble de ceux qui hésitent et qui le moment venu mettront dans l'urne le bulletin Vert.
Quel que soit le résultat des élections, nous devrons, après la séquence électorale, nous atteler a la construction d'un grand parti écologiste qui aille bien au-delà des rangs des Verts actuels, un parti rénové, un parti ouvert, un parti divers, un parti populaire !
Mais je voudrais, ici, vous dire qu'un tel parti ne se fera pas sans l'énergie, sans le talent, l'honnêteté des militants et des élus Verts. Personne ne rayera d'un trait de plume notre histoire collective, nos combats de 20 ans, l'expérience que nous avons acquise et l'estime que nous avons conquise dans la population et qui font, quand ils sont interrogés, que nos concitoyens nous estiment, même quand ils ne votent pas encore pour nous.
Dans cette affaire, je le redis, nous ne courons après aucun strapontin ministériel.
Nous ne servons et ne servirons la soupe à personne. Il y a mille autres façons pour un militant écologiste de servir ses idées que de participer à un gouvernement qui ne changerait pas réellement la face du monde.
Alors l'enjeu est clair : vous avez des convictions, vous êtes écologistes, vous êtes attachés à la résolution des défis écologiques et sociaux qui nous attendent, vous savez depuis longtemps et vous êtes encore plus sûrs aujourd'hui qu'on ne fera pas d'écologie sans justice sociale et qu'on avancera pas dans la justice sociale sans prendre en compte l'écologie.
Vous choisissez la Révolution écologique comme un choix positif pour l'avenir, comme le pari de décider la mutation de civilisation plutôt que de la subir.
Vous voulez inventer la vie qui va avec le monde qui vient.
Vous pensez qu'il est déjà bien tard, vous craignez qu'il ne soit déjà trop tard.
Mais vous avez entre les mains une arme absolue, une arme non violente, une arme optimiste et obstinée : c'est votre bulletin de vote.
Alors ne votez pas contre vous-mêmes, ne vous laissez pas dépouiller de vos convictions par de petits chantages et de grandes manipulations !
Vous utiliserez votre arme non-violente pour créer la surprise et faire entendre la voix de ceux qui n'en ont pas, la voix des écologistes le 22 avril !
Merci à vous tous !
Source http://blog.voynet2007.fr, le 10 avril 2007
chers amis, et comme on aurait dit autrefois dans un autre parti mais le mot est si beau que je ne veux pas m'en priver ni vous en priver,
chers camarades...
Depuis maintenant 6 mois, je sillonne la France avec vous, avec les militants verts
Partout, j'ai été accueillie chaleureusement par des milliers de citoyens, qui hier encore étaient dans l'alerte, dans la résistance, et qui aujourd'hui continuent à conduire des luttes magnifiques, à inventer des solutions nouvelles, à préparer l'adaptation de notre pays aux mutations profondes du monde.
La crise climatique, la fin du pétrole abondant et pas cher, le risque d'affrontement des civilisations ailleurs mais aussi ici avec tout ce que ça veut dire pour la paix civile, la perte de confiance profonde vis-à-vis des points de repère traditionnels, le mal vivre, le délitement du lien entre les générations, et la violence qui monte partout.
Jamais, dans aucune rencontre, même la plus improvisée, on ne m'a dit que les idées et les pratiques des Verts, étaient à côté de la plaque.
- Dans aucun débat, on ne m'a dit que nous défendions des solutions irréalistes ou hors de portée.
- Partout, j'ai vu de la curiosité, partout j'ai vu de l'intérêt, devant les propositions de notre contrat écologique, de la surprise parfois, quand les plus éloignés de nous découvrent que les solutions vertes ne se réduisent pas aux bus bondés, pour les uns, et à aux voitures hybrides, pour les autres, au bio pour les bobos, et à Leader Price pour les prolos.
- J'ai vu, j'ai vu de l'enthousiasme, de la passion quand on découvre que la révolution écologique est créatrice d'emplois, de dizaine de milliers d'emplois de qualité, qu'elle est au coeur d'une autre politique industrielle, d'une autre politique de santé, d'une autre politique de l'école et de la formation, tout au long de la vie.
J'ai rencontré des chefs d'entreprises et des syndicalistes qui sont soulagés de ne plus avoir à opposer de façon systématique l'économie, l'écologie et l'emploi.
J'ai travaillé avec les ouvriers de Corbehem, dans le Pas de Calais, qui veulent garder des machines fabriquant du papier, des machines destinées à être démontées pour être réinstallées au Brésil , là où n'existe aucune réglementation de rejets polluants pour protéger l'eau. Ces ouvriers auraient pu être en colère contre les écologistes. Et ils disent : « là ou l'écologie aurait pu nous détruire, nous voulons que l'écologie nous sauve, nous voulons produire des sacs papier en chanvre pour remplacer les sacs plastiques à la caisse. »
Nous avons le soutien des agriculteurs, des entrepreneurs du bassin d'emploi, du Conseil régional. Ces salariés ne m'ont pas dit que notre proposition de fonds régionaux d'aide à la reprise coopérative d'entreprises en difficulté serait irresponsable.
J'ai rencontré les résidents du foyer Bara à Montreuil , ils n'ont pas trouvé absurde la proposition des Verts de geler les avoirs des chefs d'état corrompus de la Françafrique, coupables d'assassinats, de malversations, de crimes écologiques.
Mais plus prêt de nous, ils ont trouvé normal aussi la lutte des Verts de Paris, revendiquant des conditions décentes de logements non pas en grande banlieue mais au coeur de Paris, au plus prêt de leur lieu de travail comme nous l'avons demandé dans chaque arrondissement.
J'ai rencontré des médecins, des infirmiers et nous sommes tombés d'accord pour constater que la plupart des maladies nouvelles sont aujourd'hui liées aux conditions de vie, de travail et à la dégradation de l'environnement. Nous sommes tombés d'accord pour dire qu'il serait totalement délirant et déraisonnable de laisser espérer que demain le traitement de l'obésité, ça serait une nouvelle pilule miracle alors qu'il serait si simple de renforcer les moyens de la prévention pour associer l'exercice physique et l'équilibre alimentaire.
J'ai rencontré l'intersyndicale d'Alcatel Lucent, j'ai senti du plaisir chez les représentants de l'intersyndicale à travailler avec nous à l'idée d'une conversion écologique dans l'industrie des télécommunications , en développant de nouvelles solutions pour répondre aux nouveaux besoins de la population.
J'ai vu encore les pêcheurs à la criée de Lorient, avec un peu d'angoisse au départ car il y a quelques années, c'était pas facile pour un écologiste d'aller rencontrer des pêcheurs qui pensaient que le pétrole cher, c'était de notre faute et que la gestion des ressources naturelles encore une lubie de nantis, et ce que nous avons discuté cette fois-ci en matière de préservation de la ressource halieutique m'a paru très proche de ce qu'ils vivent et de ce qu'il proposent eux-mêmes. Et surprise pour moi nous avons vendus des cartes des Verts à la criée de Lorient.
Et si on m'avait dit qu'un jour j'irais en Picardie rencontrer des gros producteurs de pommes de terre et de céréales, qui travaillent souvent très seuls sur 400 hectares de terre sans aucun arbre, si on m'avait dit qu'on aurait un fou rire ensemble quand ils ont reconnu qu'ils s'étaient comportés comme des idiots , ce sont leurs mots, en repoussant le moment d'adapter des pratiques plus responsables au nouvel état du monde et à l'état de l'environnement.
Et que dire de l'accueil plus qu'amical fait à la candidate des Verts devant les étudiants de l'UNEF à Lille, devant les associations de lutte contre l'exclusion rassemblées à Strasbourg, devant les chercheurs qui débattaient à Fleurance, devant les créateurs et les cultureux au Théâtre de la Colline, devant les associations réunies à Paris.
Et à ce propos, et puisque Monique Vuaillat, que je voudrais remercier ici très chaleureusement, pour avoir accepté de venir à ce meeting, est parmi nous, je voudrais dire aussi quelques mots de l'éducation qui a été l'objet de bien des rencontres puisque les candidats sont allés plancher tour à tour devant les différents corps de métiers. J'ai rencontré beaucoup d'enseignants au cours de cette campagne.
Tous m'ont dit leur colère devant la succession des réformes imposées d'en haut, au gré des lubies ou des poussées de nostalgie des ministres qui se succèdent. Tous m'ont dit leur colère devant la suppression par les gouvernements de droite successifs de milliers de postes, devant la remise en cause, à gauche même parfois, de la carte scolaire, et du principe du collège unique.
Mais tous m'ont dit aussi leur souffrance parce qu'ils ont envie d'aider leurs élèves et qu'ils vivent affreusement mal l'éviction de dizaine de milliers d'entre eux chaque année dans une situation d'échec humiliante et douloureuse. Tous m'ont dit leurs difficultés à l'idée que quels que soient leurs efforts, ils avaient d'une certaine façon intériorisé l'idée qu'ils ne pourraient pas tous les aider.
Mais j'ai bien senti aussi chez les enseignants le sentiment d'être dans le collimateur pour une autre raison : parce qu'ils appartiennent à une profession qui connaît le rôle de la puissance publique dans la promotion de l'égalité, qui vit de prés la réalité sociale de notre pays et qui refuse la normalisation idéologique de la société française.
Au fond, ce qu'on leur reproche, aux profs, c'est d'être plus que beaucoup d'autres hostiles, allergiques à une vision utilitariste du savoir, à la logique qui transforme tout en marchandise...
Alors nous les Verts, nous considérons qu'ils devraient être au coeur du nouveau contrat écologique et républicain à passer entre les générations entre les populations, entre les territoires pour un nouveau projet d'école, pour un nouveau projet éducatif.
Dans cette campagne, à travers la lettre que je leur ai adressée, nous avons défendu trois grandes idées :
- Pour que l'école redevienne un lieu d'étude heureuse, parions sur le fait qu'elle redevienne aussi pour les élèves un lieu de vie !
- Pour que l'école soit un lieu d'étude heureuse, parions sur la possibilité pour tous d'être éduqués, donnons à tous le temps d'apprendre !
- Pour que l'école soit un lieu d'étude heureuse, donnons-lui sa place dans la recherche et dans l'innovation !
A l'opposé des politiques qui prévoient l'orientation précoce, l'apprentissage à 14 ans, nous avons proposé que tous les élèves puissent atteindre, à partir de parcours différenciés et de rythmes adaptés, le niveau de fin de seconde.
A l'opposé des politiques répressives, nous avons proposé l'extension de la démocratie scolaire.
A l'opposé des politiques de ségrégation entre les villes et les quartiers, nous avons proposé l'affectation des moyens en fonction de l'origine sociale des élèves, et la mise en place de véritables réseaux territoriaux d'éducation.
Eh bien je peux vous le dire là encore que quand on parle de fond, quand on refuse la démagogie, l'intérêt pour la politique reprend le dessus.
Car nulle part, avec les enseignants comme avec tous nos autres interlocuteurs, je n'ai cédé à la tentation de faire du racolage catégoriel.
Chaque fois que l'on hisse le niveau de jeu, chaque fois que l'on parle des enjeux globaux, nos concitoyens sont au rendez vous.
Car ils savent que le monde dans lequel nous vivrons demain, bientôt , dans 20 ans, n'aura plus grand chose à voir avec celui d' aujourd'hui et qu'il vaut mieux s'y préparer que le subir !
Ils savent bien par exemple que les mutations climatiques risquent de bouleverser les migrations internationales, de redistribuer complètement la carte des productions industrielles et agricoles, et que les accidents qui se produiront auront un coût et une portée considérables, je pense comme Yves Cochet qu'il faut agir et vite.
Ils savent que nous devrons tous changer de haut en bas, toutes nos habitudes, sur tous les territoires, dans toutes les activités, nos relations internationales doivent être rééquilibrées, nos politiques publiques sont concernées dans toutes leurs dimensions: fiscalité nouvelle, réforme de l'état, transformations au quotidien de nos habitudes de consommation, de notre façon de travailler, de nous déplacer, de gérer nos déchets, notre manière de vivre ensemble.
Je voudrais qu'à cette heure, au moment où certains sont tentés de baisser les bras, nous soyons fiers que si cette perception a progressé dans l'opinion, ce n'est pas seulement sous la pression des faits, c'est aussi sous l'influence des Verts
Alors qu'est ce qui manque ?
Alors qu'est ce qui manque pour que nous ayons l'impression que cette fois, un élan va se créer, qu'une dynamique va se mettre en marche et qu'est ce qui manque pour que la gauche ne rate pas cette fois l'occasion d'aller vraiment plus loin ?
Ce qui manque, mes chers amis, ce ne sont pas les solutions techniques : malgré les retards pris en France, on sait faire de l'écologie, et on est capable d'en faire à une grande échelle. On sait faire de la solidarité, on sait aussi faire de la démocratie.
Ce qui manque, c'est la certitude qu'on peut inverser le courant, qu'on peut mettre un coup d'arrêt à un processus qui ne ressemble à rien de ce que l'on a connu jusqu'à présent et qu'on ne sait pas par quel bout empoigner.
C'est l'ambiance politique de cette campagne, dont l'opinion attendait pourtant beaucoup, qui ajoute encore au désarroi.
Ce qui pèse d'abord sur la campagne, c'est la peur, c'est la peur que le pire ne l'emporte.
Et le pire en France, serait à la fois l'élection du candidat de la droite autoritaire et conservatrice, et la progression des idées racistes et fascistes de l'extrême droite dont il s'inspire de plus en plus.
Cette peur, cette peur je la comprends, cette peur même je la partage.
L'obsession d'en finir avec mai 68 et l'aversion pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à une utopie, conduit Nicolas Sarkozy à fouler aux pieds les valeurs qui sont les nôtres et qui inspirent notre contrat écologique.
Quand je vois la façon dont on rafle les enfants d'immigrés dans les cours d'écoles, dont on arrête leurs parents, quand je vois la façon dont on cherche à attirer les étrangers qui ont déjà fait des études à l'étranger et dont on chasse les étudiants qui voudraient terminer chez nous leur cursus scolaire. Je me dis que l'arrivée du candidat de l'UMP à l'Elysée, est lourde de très grands désordres.
Quand je vois la manipulation scandaleuse à laquelle se livre la droite à l'occasion des incidents de la Gare du Nord et qui vise à faire revenir le débat sur le terrain de la sécurité, quand je vois le prix payé devant un tribunal pour une rébellion à agent au cours des incidents dans cette même gare, je me demande en effet combien vaudront demain devant une autre juridiction de la République, les abus de biens publics commis sous la précédente mandature à l'Hôtel de Ville de Paris, et les coups tordus de l'affaire Clearstream.
Et j'ose espérer, j'ose espérer qu'aucune amnistie n'a été négociée par qui que ce soit concernant ces faits de délinquance là. Et j'ose affirmer que le garant c'est les Verts et c'est Denis Baupin aux élections municipales l'année prochaine.
Ce que redoutent avec raison nos concitoyens, c'est qu'on passe directement de Raffarin à Berlusconi et de Villepin à Bush.
Car le bilan moral de la droite est aussi catastrophique que son bilan social.
Elle a si gravement échoué dans à peu près tous les domaines qu'elle en vient comme dans les régimes les plus déliquescents, à nommer bien sûr tous les copains à des postes principaux de responsabilité de la République, mais encore à manipuler ses propres chiffres , des chiffres que nous contestions déjà mais qui sont manipulés encore plus gravement que d'habitude: ceux du chômage, de la hausse des prix ou de la délinquance.
Nous avons d'autres raisons d'être extrêmement inquiets.
Nicolas Sarkozy nous invite à travailler d'avantage, plus et plus longtemps.
Nous ne devons pas habiter la même Planète, Mr Sarkozy :
Parce que nous connaissons la réalité des choses, nous savons qu'il y a dans notre pays des millions de personnes qui n'ont pas le choix, qui travaillent beaucoup, qui travaillent trop, dont l'intensité du travail s'est aggravée ces dernières années avec ce que ça veut dire comme stress, comme tension et aussi comme suicides dans certaines entreprises où le management par le stress est une réalité quotidienne. Nous savons qu'il y a des millions de ces salariés qui ne peuvent pas refuser des heures supplémentaires à leur employeur, qui ne peuvent pas refuser de revenir le samedi ou d'attendre le dernier moment pour savoir si ils pourront prendre leurs vacances. Et puis il y a des millions de personnes aussi qui cumulent les temps partiels .Vous savez, c'est les emplois Borloo, on en a créé 300 000, 300 000 emplois. Oui, oui, je connais bien. J'en occupe moi même 3. Parce que c'est ça qu'il faut faire si on veut passer au dessus du seuil de pauvreté. En sachant que ne seront jamais indemnisés les temps de déplacement, les temps d'habillage et de déshabillage et que ne sera jamais concrétisé l'espoir d'une formation qualifiante. Et puis il y a ceux qui ne travaillent pas du tout, qui sont au chômage, qu'on culpabilise, qu'on marginalise, et auxquels on dit : « Dites donc, là, ça serait bien de montrer que vous êtres insérés en faisant un petit boulot de temps en temps. »
Et il y a tous ceux, que ne rencontrent évidemment que ceux qui prennent le métro, comme le disait Denis tout à l'heure, tous ces gens qui se lèvent tôt tous les matins, et qui s'entassent dans les bouchons ou dans des transports bondés. Je vois tous ces gens, des femmes souvent,qui tous les jours ont à arbitrer entre reprendre un travail à mi-temps, dans une société de nettoyage ou un fast-food, ou sur l'aéroport de Roissy au prix d'une perte de revenus - faire garder les enfants, prendre un abonnement de bus - ou tourner en rond chez elles en se disant que ,plus tard, quand les enfants seront grands, ça sera encore plus difficile de reprendre un travail. Je vois des gens qui sont angoissés pour l'avenir de leurs enfants, qui ne trouvent pas de logements, qui sont sur-endettés même quand ils gagnent leur vie, qui stressent et qui n'ont plus de temps à eux.
L'inquiétude des gens, elle se nourrit de cette certitude que si la droite reste au pouvoir, elle banalisera les heures supplémentaires, elle supprimera le RMI, elle privatisera la sécu, elle reculera l'âge de la retraite, et donnera libre cours à ses obsessions de la propreté sociale et du nettoyeur à haute pression, et de la lutte contre les chômeurs fraudeurs.
Devant cette angoisse, nous avons tous au cours de ces dernières semaines rencontré des amis, des voisins, des collègues, qui se disaient, qui nous disaient « Ne dispersons pas nos voix, ne risquons pas le pire ! »
Alors je vais répéter ce soir encore ce que je dis depuis le début de cette campagne : l'écologie n'est jamais facile avec la gauche, mais elle est impossible avec la droite.
La situation écologique est si grave, le désarroi démocratique et l'urgence sociale si grands qu'il faut tout faire pour battre la droite, et qu'il faut pour cela une alliance à gauche, fondée sur un programme clair et sur des engagements clairs.
Mais la nécessité de battre la droite, la peur que ne se reproduise le scénario du 21 avril 2002 ne doit pas se transformer en panique généralisée.
Car on assiste à un jeu de dominos perdants/ perdants dont je veux souligner l'extrême perversité :
Parmi les électeurs socialistes , y compris parmi ceux qui ont voté non au Traité européen, on s'interroge sur l'opportunité de voter pour un candidat qui découvre après de 30 ans de carrière politique que l'ENA est une machine à fabriquer des technocrates, pour un candidat dont les représentants locaux gouvernent des centaines de villes et de conseil généraux avec l'UMP et qui découvrent comme ça, le temps d'une campagne électorale, qu'il faudrait dépasser le vieux clivage droite/gauche, pour un démocrate chrétien fraîchement converti, qui a mis 30 ans à comprendre que Nicolas Sarkozy est décidément un affreux type de droite, qui a comme modèle le « Chirac 95 » et dont le programme économique et social se réduit à s'agiter comme un cabri en criant « Baisse des charges ! Baisse des charges ».
Et nous on a mis un moment à comprendre de quoi il parlait parce qu'on parle jamais de charges mais de contributions sociales pour mettre en oeuvre des politiques publiques qui nous permettent de vivre ensemble.
Et voila qu'émus par la poussée du béarnais, certains électeurs verts ou de la gauche radicale s'interrogent, contre leurs propres intuitions, contre leurs propres convictions pour savoir s'ils ne vont pas voler au secours de Ségolène Royal.
Alors que les propositions de la candidate socialiste en matière de salaires, de retraites ou de minima sociaux suivent à peine l'évolution des augmentations réglementaires.
Elle avait à peine fini de cliquer sur le pacte écologique, que tous les barons socialistes se sont précipités pour contester l'idée d'un moratoire sur les incinérateurs, pour vendre l'idée d'une reprise de la construction de l'EPR, ou pour ressortir les vieux projets d'autoroutes.
J'en appelle donc à ce que chacun ici se ressaisisse :
Il n'y a aucun risque de nouveau 21 avril si les électeurs verts votent pour la candidate des verts, si les électeurs socialistes votent pour la candidate socialiste, et si les électeurs communistes votent pour la candidate communiste.
Le seul résultat de cette fable du vote utile inventée pendant la primaire de son parti, pour distancer ses concurrents, c'est d'avoir jeté le trouble.
Lorsque les électeurs se sont aperçus que les choses n'étaient pas si simples, et que le style n'y suffirait sans doute pas, un certain nombre se sont trouvés tentés de voter « encore plus utile ». Pour un candidat qui pourrait écraser Nicolas Sarkozy par la simple addition des votes de droite et de gauche.
Heureusement en arithmétique, comme en politique on n'additionne pas les carpes et des lapins !
Je trouve à la fois discourtois et contre-productif que la candidate socialiste, craignant de perdre des voix sur sa droite, cède à la tentation de tenter d'en détourner quelques autres sur son flanc écologiste.
En affirmant être la « seule candidate écologiste ».
Chère Ségolène, je te le dis tranquillement, en toute amitié, en toute bravitude, je ne crains, en la matière, pas la comparaison.
Et je te dis, chère Ségolène en toute amitié et très sereinement qu'il vaudrait mieux ces dernières semaines, que le PS se concentre sur ses électeurs en vadrouille à l'UDF, plutôt que de faire du chantage auprès des électeurs écologistes.
Et cela pour une raison bien simple : les électeurs verts, la gauche les retrouvera au soir du premier tour. Les électeurs socialistes égarés chez les démocrates chrétiens risquent de faire défaut longtemps à la gauche, le 22 avril. Et au delà.
Il est vrai qu'il y a un autre facteur de trouble qui fait que la tendance est à la patinoire électorale.
C'est l'incroyable pression des médias de droite ou de gauche qui organisent cette campagne comme une sorte de show « à l'américaine ».
Un jour je fais monter untel, un jour je le fais descendre, au total, j'entretiens le suspense par une dramaturgie de mauvais feuilleton télévisé.
Faut il l'expliquer par la structure du capital des grands groupes des médias? Sans doute. Mais aussi par la culture dominante dans la société du spectacle: vendre du papier, faire de l'audience.
Qui sortira du loft ? Voilà ce qui fait vendre.
Au diable le fond, au diable les idées.
Ce qui compte, c'est l'évènement, la politique considérée comme un jeu télévisé où l'on convoque un jour les sans logis, le lendemain les chasseurs, le surlendemain les patrons, une autre fois les salariés d'Airbus.
Et je pose la question ce soir, ils sont où cette semaine les salariés d'Airbus ? Est ce qu'on sait ce que vont devenir leurs sous-traitants ?
Et les reportages sur les toiles de tente des enfants de Don Quichotte ? Il sont passés de la première page aux pages des faits divers. Il y a quelques semaines, Augustin Legrand était un nouvel Abbé Pierre. Aujourd'hui il n'y a plus un ministre pour le prendre au téléphone.
Comme si la politique, c'était la somme des intérêts des clientèles, des catégories sociales qui défilent, des catégories auxquelles on promet tour à tour : « Ne vous inquiétez pas, au lendemain des élections, j'augmente le budget, j'augmente les effectifs, vous serez reçus au ministère, vous serez considérés. » Mais on promet plusieurs fois les mêmes sommes tour à tour, jour après jour.
La présidentielle, la démocratie ça ne peut pas se réduire à ça.
C'est la définition d'un projet global, des priorités, de l'intérêt général, c'est la couleur qu'on donne à un projet pour vivre ensemble.
Un mot encore sur les sondeurs qui sont à la politique ce que sont les consultants pendant la coupe du monde de football ou pire encore les consultants militaires qui observent les bombes qui tombent en direct sur les populations sur leurs écrans de télévision !
Ils indiquent qu'ils redressent leurs chiffres, qu'ils en rajoutent à Le Pen qu'ils en enlèvent aux écologistes.
Mais pourquoi alors, à côté des chiffres qu'ils redressent, ne publient ils pas les chiffres non redressés ?
Pourquoi est-il possible de publier un sondage qui donne François Bayrou à 22%, à égalité avec Ségolène Royal, et n'est-il pas possible d'expliquer pourquoi ce sondage a été désavoué dans les heures qui suivent par l'organisme chargé de contrôles ?
A force de faire et de défaire des rois de papier, on finit par ancrer l'idée qu'il y a des candidats qui comptent et d'autres qui ne comptent pas, on réduit la campagne à la bande des deux, ou des quatre, ce qui nous ramène pour les plus âgés d'entre nous assez loin en arrière.
Les gros tout en haut, les petits, après, ailleurs, plus tard !
Il y a pourtant, mes chers amis, et vous le savez, et je veux qu'on l'entende, il y a pourtant des petits candidats qui ont de très grandes idées et des grands candidats qui en ont des faiblardes ; la démocratie exige une compétition loyale entre les idées.
Elle supposerait aussi une sorte égalité des moyens. Vous n'avez guère vu de reportages sur les moyens financiers dont disposent les uns et les autres dans cette campagne ?
Est-ce qu'on vous a dit que les Verts dépenseront au total pour toute la campagne du premier au dernier jour le tiers à peine de la somme consacrée par le Ministre de l'intérieur sortant à son sacre bonapartiste à la porte de Versailles ?
Ce qui intéresse depuis deux mois, ce ne sont donc pas les programmes, ce sont les petites phrases, surtout si elles permettent de crucifier un adversaire.
Je ne parlerai pas des adversaires, certains seront déçus encore ce soir, je ne dirai pas non plus du mal de Nicolas Hulot qui fait du bon boulot pour sensibiliser l'opinion aux questions écologiques !
Alors évidement ça fait couler de l'encre et de la salive. Il a découvert l'écologie après d'autres ? La belle affaire !
Il va moins loin que nous ? Encore heureux mais où est le problème, si ça permet à ceux qui, hier encore, niaient la réalité de la crise de sauver la face et de reconnaître que oui c'est un sujet, que oui il va falloir enfin agir !
Le message est simple : c'est une autre obsession, c'est un autre message qui sont martelés ici : « Les Verts, c'est fini, on en a plus besoin ».
Enfin quand même ! Vous connaissez Denis Baupin. Il a, contre des lobbies puissants, avec une ténacité que seuls ceux qui ne le connaissent pas pouvaient imaginer plus faible, fait avancer une politique des transports publics innovante et fait rouler en temps et en heure un tramway, à la satisfaction des usagers.
Et voilà, et voilà un hebdomadaire parisien, de « gôche », dont les pages regorgent de pubs pour d'insolents produits de luxe et de tout autant détestables 4x4, qui se transforme en apôtre des piétons martyrs, en défenseurs des pauvres des banlieues et de leurs voitures d'occasion, et qui se dresse contre cet ayatollah intégriste !
Ont-ils reconnu en Ile de France justement que la gratuité des transports pour les personnes les plus pauvres et que le ticket d'une heure et demie étaient une initiative des Verts ?
Ont-ils rappelé que la politique de développement des TER a été portée sur les fonds baptismaux par la première présidente Verte d'une région, Marie-Christine Blandin ?
Rendent-ils compte de la mobilisation des Verts contre l'absurde construction d'une ligne spéciale pour trimballer cadres et touristes vers Roissy alors que le RER B, entasse et roule les banlieusards au lieu de les transporter ?
Ont-ils évoqué le travail des élus régionaux qui constituent aujourd'hui l'essentiel du bilan dans les régions passées à gauche en 2004 ?
Non, non ! Parce qu'ils aiment l'écologie, mais pas les écologistes, exigeants, remuants, et jamais contents !
Si l'écologie ne s'attaquait ni aux OGM, ni à la PAC, ni à la pollution de l'air, ni au bruit, ni aux trusts chimiques qui nous empoisonnent, ni aux chasseurs de gibiers d'eau qui nous contestent la gestion des espaces naturels sensibles, elle serait belle et douce.
Si l'écologie se contentait de bavarder au lieu de passer à l'acte en matière d'énergies renouvelables, si elle ne contestait pas la disparition des terres agricoles sous les hectares de bitume.
Si les écologistes, qui aiment la planète parce qu'ils aiment les humains, ne s'intéressaient pas aux sans papiers et aux pauvres qu'on entasse au bord des périphériques et des aéroports, s'ils ne s'occupaient pas des ouvriers amiantés et des enfants asthmatiques , ce serait quand même vachement plus agréable de les inviter à dîner en ville.
« Alors on ne comprend pas, Madame Voynet, on ne comprend pas. Vous êtes contre la voiture et vous avez apporté votre soutien aux grévistes de PSA Aulnay en lutte pour leurs feuilles de paye bloquées à 1500 euros bruts, après 25 années de chaîne. » Ben oui: ça n'empêche pas de parler avec eux de l'évolution de leurs métiers, de la volonté de construire des voitures plus petites, moins gourmandes, de développer le transport collectif, de relocaliser l'économie. Ca n'empêche pas de leur dire que nous proposons dans notre contrat écologique que pour ce faire, on prime les entreprises qui acceptent de rapprocher leurs productions de leurs clients.
Alors en effet les Verts dérangent. Un des enjeux de cette campagne c'est de savoir s'ils vont pouvoir continuer à le faire.
Ce dont il faut avoir peur, ce n'est pas que la candidate socialiste soit éliminée au premier tour, elle ne le sera pas, c'est que toutes les idées écologistes auxquelles croient des millions de citoyens, que toutes les idées, toutes les propositions qui font l'essentiel de notre engagement et de nos vies depuis tant d'années soient éliminées. Avec une certitude: ne pas peser sur le second.
Ce que serait une France avec des Verts à 1%, avec ou sans les socialistes, je vais vous le dire :
C'est la relance illico du nucléaire, c'est la réalisation de tous les projets délirants qui pullulent partout : l'incinérateur de Fos, le doublement de l'A7 dans la vallée du Rhône, le creusement de nouvelles mines de charbon dans la Nièvre, la capitulation sur les OGM, la modernisation de la force de frappe contre laquelle , les Verts sont aujourd'hui les seuls à faire clairement campagne...
Ce que nous a appris notre passage au gouvernement de la gauche plurielle, ce n'est pas que les socialistes seraient dotés d'un gène qui les rendrait plus aptes que les autres à la trahison, mais qu'ils n'éprouvent de respect pour leurs partenaires qu'à la hauteur de leur poids électoral et c'est qu'ils sont extraordinairement sensibles aux lobbies et groupes de pression, les céréaliers, les distributeurs d'eau, ou les marchands d'armes.
Et la gauche avec des Verts à 1%, ce serait contre les lobbies et contre les groupes de pression, comme un couteau sans lame et sans manche :
Ce serait, sans contrepoids, le retour en force des thématiques autoritaires, l'enterrement de toute idée même de réduction du temps de travail sur laquelle la gauche n'ose même pas revendiquer son bilan et assumer ses choix. Ça serait la valse hésitation sur les logiciels libres, le ralliement à la grande économie, au détriment des services publics, et de l'économie sociale et solidaire.
Ce serait le harcèlement par les forces de l'ordre des jeunes dans les quartiers contre lequel, sous prétexte d'ordre juste, les socialistes restent tétanisés.
A gauche comme à droite, j'entends qu'il faut que les usagers payent leurs transports en commun.
C'est la règle aujourd'hui et à cette heure, nous ne la contestons pas, même s' ils nous arrive de penser qu'il y a quelque chose d'injuste dans le fait que ceux qui choisissent de ne pas avoir de voiture ou ceux qui pour des raisons économiques, ne peuvent pas avoir de voiture, payent sur leurs impôts via la TVA le financement des routes et en plus leur ticket de transport.
Je suis donc, parce que je crois que la loi doit être la même pour tous et qu'elle protège, je suis pour qu'on paye son ticket, mais je suis aussi pour que les plus aisés payent des impôts pour financer les outils de la solidarité et les services qui sont nécessaires pour répondre à des besoins béants: le service public de la petite enfance, la sécurité maritime...
Je suis pour qu'on rende inéligibles les élus convaincus de fraude et de corruption, je suis pour que les passagers des avions payent le kérosène qu'ils consomment, je suis pour qu'on paye de façon générale les matières premières au prix qu'elles coûtent, en intégrant , bien sûr Régis, le travail et l'impact sur l'environnement.
Je suis pour que les pollueurs payent leurs pollutions.
Je suis favorable à ce que chacun prenne sa part et je pense que ça serait beaucoup plus facile de convaincre les jeunes de payer leur ticket et de montrer leurs papiers quand on le leur demande, si chacun prenait sa part de l'effort commun, si la loi était la même pour tous et si on n'avait pas le sentiment que les valeurs de la République se résument pour certains à des slogans vides de sens. Et je le dis tous les soirs, je le dirai jusqu'au bout de cette campagne, moi je pense que la défense des valeurs de la République, ça ne peut pas se limiter à agiter des drapeaux le jour de la fête nationale, ou à exiger des joueurs de l'équipe de France de football qu'ils connaissent les paroles de la Marseillaise. Les valeurs de la République, c'est liberté, égalité, fraternité, non-violence, laïcité, solidarité, coopération, autonomie, responsabilité.
Je veux vous entendre car ces valeurs elles ne sont pas à Nicolas Sarkozy, elles ne sont pas à Ségolène Royal, elles sont à nous !
Elles sont à nous, et ça nous donne l'incroyable responsabilité de mettre en place les politiques qui vont permettre à chacun dans ce pays de vibrer quand on les entend.
Si les Verts pèsent, les engagements pris maintes et maintes fois, et qui n'ont pas été tenus pour mille et une raisons, seront soumis à une vigilance démocratique, celle de la pluralité.
Alors, oui nous pourrons porter le budget consacré à l'aide publique au développement au niveau demandé par l'ONU et les ONG. Oui, nous pourrons changer de politique de l'immigration, régulariser les sans papiers, sortir l'immigration de la tutelle du ministère de l'intérieur et mettre en place enfin un véritable ministère de la coopération solidaire.
Oui, nous pourrons engager une relance des politiques européennes de l'énergie, et des transports, et une refonte de la politique agricole commune.
Oui, nous pourrons relancer l'Europe: car ne nous y trompons pas, le rejet du Traité a d'abord été le rejet d'une Europe amputée, incapable de jouer son rôle, qu'il s'agisse d'éliminer d'absurdes concurrences en son sein, en mettant l'Europe sociale et fiscale, ou de peser au niveau mondial pour une vraie régulation des échanges et pour la défense des droits des pays du Sud.
Oui, avec des Verts qui comptent, la 6ème République prendra un sens car sans nous personne n'agira pour la suppression du Sénat et pour sa transformation en Chambre des régions, personne n'agira pour qu'on ajoute à la 120ème proposition de la candidate socialiste, la centième, faite il y a un quart de siècle par un candidat socialiste, déjà en 1981, de l'attribution du droit de vote aux résidents ??trangers non européens !
Nous pourrons vraiment entreprendre de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité de 80 % aujourd'hui à 50 % demain pour en sortir en 2030, nous pourrons organiser, comme nous l'avons promis et demandé à plusieurs reprises un référendum sur l'énergie.
Nous pourrons engager un vaste programme de sauvegarde de la bio-diversité et des espaces naturels, de l'eau, de l'air. Partout dans les espaces extraordinaires et aussi dans les milieu de tous les jours, y compris ici à Paris, nous voulons protéger Passer domesticus, et corvus frugilingus.
Tous les soirs, j'essaie de trouver en latin des noms d'oiseaux régionaux. C'est l'occasion de regarder comment nos interprètes en langues des signes s'en sortent. Merci à Francis, à Frédérique et à Béatrice !
Nous pourrons, cher Régis Hochart , planifier l'interdiction des pesticides dans l'agriculture, soutenir les circuits courts de production , passer à 15 % puis à 20 % et peut être demain à 25 % d'agriculture biologique parce que je suis d'accord avec toi, notre souci c'est pas d'entretenir une niche luxueuse qui serait interdite aux pauvres, nous souhaitons, à terme, que la qualité soit le standard pour tous! Et nous souhaitons bien sûr que tous les paysans soient associés aux efforts qui sont à réaliser dans la période qui vient.
A l'arrivée, ce qui nous importe ce n'est pas de faire un catalogue des mesures. Si vous êtes là ce soir c'est que vous avez déjà regardé le contrat écologique , vous êtes d'accord, vous avez vu les propositions, les têtes de chapitre. Ce qui nous importe c'est de remettre en cause le modèle dominant, le modèle de la consommation, du toujours plus, le modèle de la compétition, chacun seul contre tous les autres, le modèle productiviste, qui nous propose non pas de travailler tous et de partager, mais de travailler chacun pour soi pour espérer s'en sortir sans son voisin.
Nous voulons du temps, du temps libre, du temps pour soi, du temps pour les autres, pour se former, pour apprendre, pour s'occuper de nos enfants, pour apprendre à cuisiner, pour tomber amoureux, pour militer, pour s'engager, pour être élu peut être demain.
Et nous voulons restaurer la crédibilité du discours politique.
Un discours qui est aujourd'hui extraordinairement violent, pour les jeunes notamment.
Des jeunes à qui on va proposer, nous les soixante-huitards, de payer nos retraites, d'assumer la dette et de gérer un monde dévasté. Mais eux on les a armés pour ça ! Ils ont des stages : on attend depuis un an la publication du décret qui doit permettre enfin de rémunérer les stages. On attend depuis des années un message politique fort qui dirait aux jeunes : "Nous devons vous mettre le pied à l'étrier, vous avez le droit de travailler, vous avez le droit d'être des citoyens."
Quel autre parti que les Verts permet à des jeunes d'espérer être élu avant que le titulaire du poste épuisé par cinq mandats au Sénat ne cède la place ?
Nous souhaitons aussi habiter le monde en harmonie avec nos voisins. Et nous savons que ça ne se résume pas à l'affirmation d'une identité française désuète; comme si la France n'était pas depuis longtemps nourrie des apports des régions qui l'ont fondée, comme si la France n'était pas depuis longtemps riche de tous ceux qui sont venus de Pologne, d'Italie, d'Algérie, du Mali et d'ailleurs.
Nous serons clairs là-dessus. Les Français seront clairs sur ce qu'ils sont, si nous contribuons à préciser que nous assumons notre multi appartenance, notre citoyenneté planétaire, notre citoyenneté européenne, notre identité française dans laquelle il y a évidemment tant de facettes, tant de couleurs, tant de métissage, que nous pourrons l'assumer aussi envers ceux qui viendront encore demain.
Aujourd'hui, ce qui mine au niveau international notre crédibilité, c'est bien sûr le discours ampoulé et grandiloquent sur la France patrie des droits de l'Homme, la France puissance, la France qui dicte sa règle.
Mais c'est surtout la distance que nous avons introduite entre nos ambitions et notre pratique. Je veux que mon pays soit capable de parler fort en Europe et dans le monde, pour qu'on intervienne enfin au Darfour. Je veux que mon pays soit courageux quand il s'agit de dire à Poutine, qui est capable d'ouvrir ou de fermer des robinets de gaz, que son comportement en Tchétchènie est atroce et inhumain. Je veux que mon pays arrête d'affréter des Airbus remplis de chefs d'entreprises pour aller vendre des centrales nucléaires et des avions et des usines clef en main à des dirigeants chinois qui n'attendent qu'une chose : qu'ils se cousent les lèvres et qu'ils se taisent sur ce qui se passe au Tibet et sur le sort des journalistes emprisonnés.
Je veux que mon pays soit capable d'agir en Europe pour que reprenne enfin l'aide européenne à la Palestine alors qu'un gouvernement d'union nationale est en place. Je veux, cher Juan, te dire au nom de tous les Verts français et européens, que nous ne vous oublions pas, que nous nous battons avec vous. Comme le dit si bien Renaud qui nous a apporté son soutien, "Nous ne serons libres que quand Ingrid le sera".
L'heure de vérité approche.
Quel militant du développement local peut croire que le vote pour un parti socialiste en retour de chevènementisme, serait un facteur positif pour l'indispensable décentralisation de ce pays, pour la fusion des départements et des régions, pour une réforme de la fiscalité locale qui donne enfin aux collectivités les moyens de leur autonomie, pour la reconnaissance des langues régionales ?
Quel militant écologiste peut dire, sans se rendre compte qu'on lui fera le coup désormais a chaque élection, qu'à la présidentielle, il fera une exception en ne votant pas Vert, mais promis juré, il reviendra à la maison aux législatives et peut être aux municipales ?
Quel militant associatif environnemental peut sérieusement penser qu'un vote qui marginaliserait les Verts serait meilleur pour ses combats de tous les jours ?
Car enfin, chers amis, chers amis naturalistes, militants de toujours de la protection de l'environnement, avec lesquels nous avons mené tant de luttes, que croyez vous qu'il se passera dès le 23 avril si le parti de la candidate la mieux notée de tous par l'Alliance pour la Planète n'est plus en situation de peser ?
Sébastien, que nous sommes heureux, d'accueillir, comme un ami, le sait bien : On ne pourra pas se contenter longtemps encore de colmater les brèches, ici ou là, avec les Vice-présidents et les adjoints Verts dans les régions et dans les villes.
Le mouvement associatif de l'environnement a besoin d'être reconnu, soutenu. La crise écologique nous impose d'agir à plus grande échelle : le temps des expérimentations qui nous sont concédées çà et là, à la marge, sans déranger, est dépassé : nous devons d'urgence écologiser toutes les politiques publiques au niveau national, au niveau régional, au niveau local.
Comment le faire ? Comment le faire sans peser au plan national ?
Alors je vous le dis, mes chers amis, quels que soient les calculs, quelles que soient les craintes, il faut avoir le courage de voter pour ses idées, pour ses propres convictions !
Parce que si du courage vous n'en avez pas, comment le mien pourrait-il suffire ?
Je voudrais pour terminer, vous dire un petit mot sur les Verts, ce petit mouvement si énervant, et si précieux.
Nous sommes affreusement désordonnés. Nous sommes parfois même honteusement divisés.
Mais je voudrais qu'on me cite une seule situation où les Verts auraient mis en danger une majorité à laquelle ils participent, pour d'autres raisons que des engagements non tenus et des promesses bafouées.
Car oui, ce qui nous intéresse, c'est pas le bureau avec les collaborateurs, c'est pas la bagnole, c'est pas l'indemnité, c'est pas le titre honorifique, c'est que les signatures soient honorées et que les contrats passés soient respectés.
C'est aussi la condition pour qu'on arrête de dire que les politiciens sont tous pareils et que leur parole ne vaut que le temps que l'encre sèche en bas du contrat.
Les Verts, chère Cécile, sont des militants compétents, courageux. Je voudrais ici en votre nom à tous saluer ceux qui sont menacés de mort parce qu'ils luttent pour la qualité de l'eau en Bretagne, ceux qui sont interdits de séjour dans les secteurs où règne l'ordre des porteurs de fusils, ceux qui sont poursuivis parce qu'ils s'opposent à la dissémination des OGM dans la nature.
Tous ceux qui, jour après jour, mènent des batailles ingrates, obscures : des batailles de l'écologie concrète.
Contre un contournement autoroutier, pour le bio à la cantine, pour éviter un supermarché de plus, pour réimplanter des artisans, pour dépolluer des sols là où on voudrait, sur du radon, sur des déchets radioactifs, construire une école ou une crèche...
Et je vais vous dire deux choses qui sont aussi au coeur du vote du 22 avril : ce ne sont pas des considérations internes, ça concerne l'ensemble du peuple de l'écologie ! L'ensemble de ceux qui hésitent et qui le moment venu mettront dans l'urne le bulletin Vert.
Quel que soit le résultat des élections, nous devrons, après la séquence électorale, nous atteler a la construction d'un grand parti écologiste qui aille bien au-delà des rangs des Verts actuels, un parti rénové, un parti ouvert, un parti divers, un parti populaire !
Mais je voudrais, ici, vous dire qu'un tel parti ne se fera pas sans l'énergie, sans le talent, l'honnêteté des militants et des élus Verts. Personne ne rayera d'un trait de plume notre histoire collective, nos combats de 20 ans, l'expérience que nous avons acquise et l'estime que nous avons conquise dans la population et qui font, quand ils sont interrogés, que nos concitoyens nous estiment, même quand ils ne votent pas encore pour nous.
Dans cette affaire, je le redis, nous ne courons après aucun strapontin ministériel.
Nous ne servons et ne servirons la soupe à personne. Il y a mille autres façons pour un militant écologiste de servir ses idées que de participer à un gouvernement qui ne changerait pas réellement la face du monde.
Alors l'enjeu est clair : vous avez des convictions, vous êtes écologistes, vous êtes attachés à la résolution des défis écologiques et sociaux qui nous attendent, vous savez depuis longtemps et vous êtes encore plus sûrs aujourd'hui qu'on ne fera pas d'écologie sans justice sociale et qu'on avancera pas dans la justice sociale sans prendre en compte l'écologie.
Vous choisissez la Révolution écologique comme un choix positif pour l'avenir, comme le pari de décider la mutation de civilisation plutôt que de la subir.
Vous voulez inventer la vie qui va avec le monde qui vient.
Vous pensez qu'il est déjà bien tard, vous craignez qu'il ne soit déjà trop tard.
Mais vous avez entre les mains une arme absolue, une arme non violente, une arme optimiste et obstinée : c'est votre bulletin de vote.
Alors ne votez pas contre vous-mêmes, ne vous laissez pas dépouiller de vos convictions par de petits chantages et de grandes manipulations !
Vous utiliserez votre arme non-violente pour créer la surprise et faire entendre la voix de ceux qui n'en ont pas, la voix des écologistes le 22 avril !
Merci à vous tous !
Source http://blog.voynet2007.fr, le 10 avril 2007