Texte intégral
Bonjour et merci de votre présence. Quelques points sur les travaux déjà effectués aujourd'hui.
Nous avons commencé ce matin par un point sur l'état des négociations commerciales internationales.
A notre demande, la Commission a présenté l'état des négociations sur le Cycle de Doha. Vous le savez, il n'y a aucun signe de flexibilité américaine sur les aides agricoles et, de leur côté, les grands pays émergents n'offrent rien de substantiel en matière d'accès au marché pour nos produits et nos services. Dans ces conditions, j'ai remercié la Commission de continuer à informer le Conseil : ce sont des négociations importantes qui justifient un suivi régulier par le Conseil et nous serons très vigilants sur ce point. Mais je lui ai surtout rappelé que la France est et restera inflexible sur le fond : aucun accord ne pourra être accepté s'il n'est pas équilibré. Il faut redire clairement que ce n'est pas à l'Union européenne de faire des concessions, c'est à ses partenaires de bouger. L'Union a fait des offres, elle est même allée, pour sa part, jusqu'à la limite de ses marges de manoeuvre en faisant une offre ambitieuse en octobre 2005.
Nous nous sommes aussi entretenus de l'état du prochain Sommet Union européenne-Etats-Unis, prévu à Washington le 30 avril.
La préparation me semble satisfaisante et nous sommes favorables au renforcement du partenariat économique entre l'Europe et les Etats-Unis. Il nous faut encore clarifier certaines choses avec les Américains. Cela fait partie des choses qui ont été dites par plusieurs délégations ce matin et, en particulier, nous insistons sur les liens entre la politique énergétique et le changement climatique. Sur ce sujet, il nous semble essentiel de mesurer davantage que l'avenir de la planète et l'avenir de l'humanité sont menacés par le réchauffement climatique. Comme l'Union a une politique active en la matière, qu'elle a adopté, lors du dernier Conseil européen, au mois de mars, des positions fortes et incitatives, il serait bon que ses principaux partenaires prennent davantage en compte le défi du changement climatique. Nous sommes aussi nombreux à souligner la nécessité de mettre à l'ordre du jour de cette initiative économique euro-américaine des sujets importants pour nous et pour nos entreprises, en particulier la question des marchés publics ou des investissements. Nous le disons traditionnellement mais je l'ai dit à nouveau ce matin.
Nos discussions ont aussi porté sur l'Afrique et sur le Moyen-Orient.
Sur l'Afrique plusieurs points étaient à l'ordre du jour.
D'abord le Darfour : la situation justifie toujours que toute l'attention nécessaire soit accordée par l'Union européenne à ce qui se passe là-bas, pour contribuer à mettre un terme à la tragédie humanitaire qui se déroule au Darfour. Nous avons dénoncé le climat de violence et le chaos sécuritaire qui se poursuivent sur place. Ils constituent une menace permanente pour les populations civiles et ils mettent en péril l'acheminement de l'aide humanitaire. Vous avez vu que ces difficultés ont aussi coûté la vie à neuf soldats de l'AMIS au cours des quatre dernières semaines. Nous appelons donc les parties à respecter l'accord de cessez-le-feu. Il y a cependant un élément nouveau, plus positif, sur cette question du Darfour puisque le président Béchir a donné, le 16 avril, son accord au déploiement d'une force venant renforcer et soutenir l'AMIS qui est déjà sur place. C'est une étape très importante. Je dois souligner que c'est grâce à la persévérance du Secrétaire général des Nations unies que cet accord a pu être obtenu. Ceci démontre que le dialogue peut porter ses fruits, lorsqu'il est appuyé par un message de fermeté et d'unité de la communauté internationale. Il faudra maintenant mettre l'accord donné le 16 avril en application mais aussi parvenir rapidement à un accord sur la troisième et dernière étape qui est le déploiement de la force hybride ONU-Union africaine.
Parallèlement à cela, l'Europe soutient les efforts de médiation, afin de parvenir à un accord politique entre les autorités soudanaises et les groupes rebelles, accord politique qui pourrait garantir une solution durable. Nous avons entendu ce matin le rapport de M. Eliasson, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Darfour, qui conduit une médiation politique dans cet objectif de parvenir à mettre sur pied un accord politique et nous l'avons encouragé dans ses efforts. Et enfin, nous avons rappelé la nécessité de déployer une mission des Nations unies à l'est du Tchad et au nord-est de la République centrafricaine pour éviter que le conflit ne s'étende vers des pays voisins, Tchad et RCA. Les affrontements armés qui se sont déroulés le 9 avril dernier en soulignent, s'il en était besoin, l'urgence.
Nous avons aussi évoqué la Somalie et le Zimbabwe au titre des questions africaines.
Sur la Somalie, nous avons rappelé que seul un processus de réconciliation nationale réellement inclusif, s'adressant à toutes les parties, peut permettre d'espérer enrayer la spirale de la violence qui se poursuit.
Sur le Zimbabwe, les Européens ont rappelé leur condamnation de la répression particulièrement violente de l'opposition. Nous avons aussi exprimé notre préoccupation devant la détérioration de la situation tant économique que politique. Nous soutenons sur ce dossier les efforts de la SADC et en particulier ceux du président Mbeki qui est en charge d'une mission de médiation.
Concernant le Moyen-Orient, nous avons d'abord fait un point de la situation créée par la mise en place d'un gouvernement d'union nationale dans les Territoires palestiniens. C'est un élément nouveau depuis notre dernière réunion, un élément important également et dont nous souhaitons tenir compte, puisque nous l'avons longtemps appelé de nos voeux.
Sur le Proche-Orient, nous sommes nombreux à nous être exprimés. J'ai, pour ma part, à nouveau dit à mes collègues que nous devions conforter la dynamique créée par la formation du gouvernement d'union nationale palestinien en adoptant des mesures concrètes en matière de contacts politiques et aussi en matière d'aide, contacts politiques avec certains des membres du gouvernement et aide, avec à la clé la question de la reprise de l'aide directe dont nous avions déjà parlé au moment du Gymnich. S'agissant des contacts, plusieurs Etats membres ont déjà rencontré, que ce soit sur place ou en Europe, des membres de ce gouvernement n'appartenant pas au Hamas. C'est donc de fait la ligne européenne, mais aussi une ligne que vous retrouverez dans la déclaration que nous adopterons formellement tout à l'heure et qui est agréée depuis la fin de la matinée : son paragraphe 4 précise les choses.
En ce qui concerne l'aide nous considérons que les Européens doivent poser la question de la reprise de l'aide directe au gouvernement palestinien, même s'ils ne sont pas seuls en charge de cette question, loin de là. Il faudra se poser, en même temps que cette question de la reprise de l'aide directe, celle du partage du fardeau et nous l'avons fait cet après-midi. Il nous faut aider le nouveau gouvernement palestinien à mettre sur pied les mécanismes qui lui permettront de recevoir une aide directement, dans des conditions de transparence et d'efficacité conformes à ce que nous souhaitons. C'est l'un des points qui ont été évoqués lors de l'entretien entre le président de la République et le président Abbas à Paris, la semaine dernière. C'est aussi l'un de ceux dont nous avons parlé aujourd'hui. M. Solana nous a fait part de son évaluation sur la situation, Mme Ferrero-Waldner nous fait part de ses contacts avec M. Salam Fayyad, et c'est avec ces personnalités, et en liaison étroite avec le président Abbas bien sûr, que doit se développer maintenant un dialogue permettant de reprendre la coopération avec les Palestiniens, selon des modalités et un calendrier qui doivent être agréés très précisément entre l'Union européenne et le gouvernement palestinien.
Sur le plan politique, nous avons réaffirmé notre volonté d'aider à la reprise d'un processus politique entre Palestiniens et Israéliens sur la base de la Feuille de route, vous le verrez là aussi dans le texte de la déclaration.
Nous avons, pendant ce débat sur le Proche et Moyen-Orient, également évoqué la question du Liban. Je l'ai fait, mais beaucoup de nos collègues l'ont fait également. J'ai particulièrement appelé l'attention de nos partenaires sur la mise en place du tribunal à caractère international. C'est le seul moyen de mettre fin à l'impunité et le moyen le plus efficace pour contribuer à la stabilité de ce pays ami qu'est le Liban. J'ai donc dit le soutien de la France à la mission de bons offices des Nations unies, conduite par M. Nicolas Michel, en espérant qu'elle puisse permettre l'obtention rapide d'un accord entre les différentes parties libanaises concernées. Si tel était le cas, nous en serions heureux. Si un tel accord était impossible, la communauté internationale devrait prendre ses responsabilités pour permettre la mise en place du tribunal à caractère international conformément à la résolution 1644, en recourant à une nouvelle résolution du Conseil de sécurité sous chapitre VII. C'est aussi, vous l'avez vu, l'opinion de M. Nicolas Michel.
Il restera à ce Conseil à aborder la question de l'Iran, mais je crois que là-dessus vous savez l'essentiel, puisque dans la ligne de la réunion précédente du Conseil Affaires générales nous avons adopté la position commune par laquelle nous mettons en oeuvre la seconde résolution de sanctions, la 1747. Je souligne que sur ce dossier, la fermeté de la communauté internationale produit des résultats et c'est quelque chose que nous devons nous employer à poursuivre, tout en recherchant évidemment, cela va de soi, l'unité de la communauté internationale. Je vous rappelle enfin que sur ce sujet, la volonté de dialogue des Européens a toujours été présente malgré l'absence de volonté, je dois le dire, en réciproque des responsables iraniens. Néanmoins, pour nous, les sanctions ne sont pas une fin en soi, elles sont un moyen de parvenir à un objectif et nous gardons toujours ouverte la voie du dialogue si, du côté iranien, on peut manifester un intérêt pour ce dialogue.
Voilà pour l'essentiel des travaux de ce Conseil, sous réserve du dernier point qui n'est pas formellement encore achevé.
Q - Vos collègues ont-ils commenté le résultat des élections françaises ?
R - Mes collègues n'ont pas évoqué ce sujet, mais ce n'est pas le cadre, ni le lieu pour le faire. Ce n'est donc pas non plus pour moi l'occasion de vous en parler. Nous sommes ici dans une configuration européenne. La seule chose que je peux vous confier, c'est que la Présidence, au moment où elle me passait la parole pour la première fois, a parlé en termes positifs du déroulement des élections françaises. Le taux de participation, en particulier, a frappé l'ensemble de nos partenaires. C'est une bonne nouvelle pour la démocratie.
Q - (Sur le Sommet UE-Etats-Unis)
R - Il y a encore dans la perspective de ce sommet des progrès à faire, nous semble-t-il, dans la façon dont nous pourrons nous exprimer conjointement pour parler du sujet du changement climatique et en particulier du lien entre politique de l'énergie et lutte contre le changement climatique, et sur la question de l'après 2012, l'après Kyoto. L'Europe est très engagée pour elle-même pour contribuer à un accord international prenant le relais de Kyoto. Les décisions du dernier Conseil européen sont importantes, je l'ai dit, - 20% d'ores et déjà et - 30% en cas d'accord international. Nous avons une politique forte et qui vise également à être un facteur incitatif pour nos partenaires, qui ne peuvent pas ignorer que le changement climatique est une réalité. Le changement climatique est engagé et menace l'avenir de l'humanité, comme le concluait l'appel de Paris.
Q - Avez-vous abordé le Sommet UE-Russie ?
R - Nous ne l'avons pas fait sachant que les dernières nouvelles qui sont en notre possession, malheureusement, montrent que le blocage persiste, ce que nous regrettons mais nous soutenons les efforts de la Présidence et de la Commission pour aller de l'avant et s'efforcer d'aplanir les difficultés qui restent, de façon à ce qu'on puisse avoir un mandat de négociation maintenant pour l'Union européenne. Mais les échos de ces derniers jours n'étaient pas exactement ce que nous espérions.
Q - Sur la Pologne, que faire pour surmonter le blocage ?
R - Poursuivre le dialogue avec l'ensemble des parties. La Pologne a droit à notre solidarité, elle est constante et manifestée par ses partenaires. Néanmoins, ce qui est en jeu dans le futur accord entre l'Union européenne et la Russie dépasse le cadre des questions d'exportation ou d'importation de tel ou tel produit. Nous le prenons en compte et nous cherchons à faire que l'accord qui n'a pas pu encore se faire se fasse dans les prochains jours, si possible, sinon dans les prochaines semaines.
Q - Qu'attendez-vous de la rencontre annoncée entre M. Solana et M. Laridjani ?
R - J'en attends ce que je vous en ai dit et nous en attendons en tant qu'Européens ce que reflétera notre position commune. L'Iran n'a pas respecté ses engagements. La communauté internationale s'efforce donc de lui rappeler quels sont ces engagements et, tout en adoptant une attitude de fermeté, tout en ayant dû prendre en compte, y compris aux Nations unies, l'absence de coopération de la part de l'Iran, souhaite poursuivre un dialogue avec l'Iran qui est un grand pays, avec lequel nous avons toujours souhaité maintenir ouverte la porte du dialogue tout en rappelant les conditions de celui-ci. Alors nous verrons mercredi s'il y a une tonalité nouvelle de la part des autorités iraniennes ; elles ne le manifestent pas jusqu'à présent, mais nous souhaitions, par avance, leur faire part de cette disposition qui est la nôtre à poursuivre dans la voie du dialogue pour les amener au respect de ce qui est, purement et simplement, leurs propres engagements.
Q - Cuba figurera-t-il dans les conclusions de sommet Union européenne-Etats-Unis ? Etant donné le blocage américain, croyez-vous qu'une déclaration conjointe Union européenne-Etats-Unis soit nécessaire et positive ?
R - C'est vrai qu'il y a quelques pays européens qui ont des différences de sensibilité sur cette question mais je crois pouvoir vous dire que mention sera faite de Cuba dans la déclaration transatlantique. Vous le verrez, nous en avons parlé ce matin, cela devrait permettre de finaliser le texte.
Q - (Sur le décès du président Eltsine)
R - Je l'ai appris en venant dans cette salle. Je crois qu'il est plus sage que les hautes autorités de mon pays s'expriment avant moi mais je suis sûre qu'elles le feront et je vous demande de le vérifier avant de faire état de ma réaction.
Il nous faut, en tant que pays ami de la Russie, saluer la mémoire du Président Eltsine qui a été un partenaire de qualité pour nous, avec une personnalité et un charisme inégalés. Mais dont je veux surtout rappeler aujourd'hui qu'il a été l'un de ceux qui se sont dressés au bon moment pour être du côté des démocrates et mettre son pays sur la voie de la modernité. Nous savons qu'il y a encore du chemin à parcourir mais en ce jour nous devons hélas regretter sa disparition, c'est surtout ce souvenir que je voudrais rappeler à votre mémoire.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 avril 2007
Nous avons commencé ce matin par un point sur l'état des négociations commerciales internationales.
A notre demande, la Commission a présenté l'état des négociations sur le Cycle de Doha. Vous le savez, il n'y a aucun signe de flexibilité américaine sur les aides agricoles et, de leur côté, les grands pays émergents n'offrent rien de substantiel en matière d'accès au marché pour nos produits et nos services. Dans ces conditions, j'ai remercié la Commission de continuer à informer le Conseil : ce sont des négociations importantes qui justifient un suivi régulier par le Conseil et nous serons très vigilants sur ce point. Mais je lui ai surtout rappelé que la France est et restera inflexible sur le fond : aucun accord ne pourra être accepté s'il n'est pas équilibré. Il faut redire clairement que ce n'est pas à l'Union européenne de faire des concessions, c'est à ses partenaires de bouger. L'Union a fait des offres, elle est même allée, pour sa part, jusqu'à la limite de ses marges de manoeuvre en faisant une offre ambitieuse en octobre 2005.
Nous nous sommes aussi entretenus de l'état du prochain Sommet Union européenne-Etats-Unis, prévu à Washington le 30 avril.
La préparation me semble satisfaisante et nous sommes favorables au renforcement du partenariat économique entre l'Europe et les Etats-Unis. Il nous faut encore clarifier certaines choses avec les Américains. Cela fait partie des choses qui ont été dites par plusieurs délégations ce matin et, en particulier, nous insistons sur les liens entre la politique énergétique et le changement climatique. Sur ce sujet, il nous semble essentiel de mesurer davantage que l'avenir de la planète et l'avenir de l'humanité sont menacés par le réchauffement climatique. Comme l'Union a une politique active en la matière, qu'elle a adopté, lors du dernier Conseil européen, au mois de mars, des positions fortes et incitatives, il serait bon que ses principaux partenaires prennent davantage en compte le défi du changement climatique. Nous sommes aussi nombreux à souligner la nécessité de mettre à l'ordre du jour de cette initiative économique euro-américaine des sujets importants pour nous et pour nos entreprises, en particulier la question des marchés publics ou des investissements. Nous le disons traditionnellement mais je l'ai dit à nouveau ce matin.
Nos discussions ont aussi porté sur l'Afrique et sur le Moyen-Orient.
Sur l'Afrique plusieurs points étaient à l'ordre du jour.
D'abord le Darfour : la situation justifie toujours que toute l'attention nécessaire soit accordée par l'Union européenne à ce qui se passe là-bas, pour contribuer à mettre un terme à la tragédie humanitaire qui se déroule au Darfour. Nous avons dénoncé le climat de violence et le chaos sécuritaire qui se poursuivent sur place. Ils constituent une menace permanente pour les populations civiles et ils mettent en péril l'acheminement de l'aide humanitaire. Vous avez vu que ces difficultés ont aussi coûté la vie à neuf soldats de l'AMIS au cours des quatre dernières semaines. Nous appelons donc les parties à respecter l'accord de cessez-le-feu. Il y a cependant un élément nouveau, plus positif, sur cette question du Darfour puisque le président Béchir a donné, le 16 avril, son accord au déploiement d'une force venant renforcer et soutenir l'AMIS qui est déjà sur place. C'est une étape très importante. Je dois souligner que c'est grâce à la persévérance du Secrétaire général des Nations unies que cet accord a pu être obtenu. Ceci démontre que le dialogue peut porter ses fruits, lorsqu'il est appuyé par un message de fermeté et d'unité de la communauté internationale. Il faudra maintenant mettre l'accord donné le 16 avril en application mais aussi parvenir rapidement à un accord sur la troisième et dernière étape qui est le déploiement de la force hybride ONU-Union africaine.
Parallèlement à cela, l'Europe soutient les efforts de médiation, afin de parvenir à un accord politique entre les autorités soudanaises et les groupes rebelles, accord politique qui pourrait garantir une solution durable. Nous avons entendu ce matin le rapport de M. Eliasson, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Darfour, qui conduit une médiation politique dans cet objectif de parvenir à mettre sur pied un accord politique et nous l'avons encouragé dans ses efforts. Et enfin, nous avons rappelé la nécessité de déployer une mission des Nations unies à l'est du Tchad et au nord-est de la République centrafricaine pour éviter que le conflit ne s'étende vers des pays voisins, Tchad et RCA. Les affrontements armés qui se sont déroulés le 9 avril dernier en soulignent, s'il en était besoin, l'urgence.
Nous avons aussi évoqué la Somalie et le Zimbabwe au titre des questions africaines.
Sur la Somalie, nous avons rappelé que seul un processus de réconciliation nationale réellement inclusif, s'adressant à toutes les parties, peut permettre d'espérer enrayer la spirale de la violence qui se poursuit.
Sur le Zimbabwe, les Européens ont rappelé leur condamnation de la répression particulièrement violente de l'opposition. Nous avons aussi exprimé notre préoccupation devant la détérioration de la situation tant économique que politique. Nous soutenons sur ce dossier les efforts de la SADC et en particulier ceux du président Mbeki qui est en charge d'une mission de médiation.
Concernant le Moyen-Orient, nous avons d'abord fait un point de la situation créée par la mise en place d'un gouvernement d'union nationale dans les Territoires palestiniens. C'est un élément nouveau depuis notre dernière réunion, un élément important également et dont nous souhaitons tenir compte, puisque nous l'avons longtemps appelé de nos voeux.
Sur le Proche-Orient, nous sommes nombreux à nous être exprimés. J'ai, pour ma part, à nouveau dit à mes collègues que nous devions conforter la dynamique créée par la formation du gouvernement d'union nationale palestinien en adoptant des mesures concrètes en matière de contacts politiques et aussi en matière d'aide, contacts politiques avec certains des membres du gouvernement et aide, avec à la clé la question de la reprise de l'aide directe dont nous avions déjà parlé au moment du Gymnich. S'agissant des contacts, plusieurs Etats membres ont déjà rencontré, que ce soit sur place ou en Europe, des membres de ce gouvernement n'appartenant pas au Hamas. C'est donc de fait la ligne européenne, mais aussi une ligne que vous retrouverez dans la déclaration que nous adopterons formellement tout à l'heure et qui est agréée depuis la fin de la matinée : son paragraphe 4 précise les choses.
En ce qui concerne l'aide nous considérons que les Européens doivent poser la question de la reprise de l'aide directe au gouvernement palestinien, même s'ils ne sont pas seuls en charge de cette question, loin de là. Il faudra se poser, en même temps que cette question de la reprise de l'aide directe, celle du partage du fardeau et nous l'avons fait cet après-midi. Il nous faut aider le nouveau gouvernement palestinien à mettre sur pied les mécanismes qui lui permettront de recevoir une aide directement, dans des conditions de transparence et d'efficacité conformes à ce que nous souhaitons. C'est l'un des points qui ont été évoqués lors de l'entretien entre le président de la République et le président Abbas à Paris, la semaine dernière. C'est aussi l'un de ceux dont nous avons parlé aujourd'hui. M. Solana nous a fait part de son évaluation sur la situation, Mme Ferrero-Waldner nous fait part de ses contacts avec M. Salam Fayyad, et c'est avec ces personnalités, et en liaison étroite avec le président Abbas bien sûr, que doit se développer maintenant un dialogue permettant de reprendre la coopération avec les Palestiniens, selon des modalités et un calendrier qui doivent être agréés très précisément entre l'Union européenne et le gouvernement palestinien.
Sur le plan politique, nous avons réaffirmé notre volonté d'aider à la reprise d'un processus politique entre Palestiniens et Israéliens sur la base de la Feuille de route, vous le verrez là aussi dans le texte de la déclaration.
Nous avons, pendant ce débat sur le Proche et Moyen-Orient, également évoqué la question du Liban. Je l'ai fait, mais beaucoup de nos collègues l'ont fait également. J'ai particulièrement appelé l'attention de nos partenaires sur la mise en place du tribunal à caractère international. C'est le seul moyen de mettre fin à l'impunité et le moyen le plus efficace pour contribuer à la stabilité de ce pays ami qu'est le Liban. J'ai donc dit le soutien de la France à la mission de bons offices des Nations unies, conduite par M. Nicolas Michel, en espérant qu'elle puisse permettre l'obtention rapide d'un accord entre les différentes parties libanaises concernées. Si tel était le cas, nous en serions heureux. Si un tel accord était impossible, la communauté internationale devrait prendre ses responsabilités pour permettre la mise en place du tribunal à caractère international conformément à la résolution 1644, en recourant à une nouvelle résolution du Conseil de sécurité sous chapitre VII. C'est aussi, vous l'avez vu, l'opinion de M. Nicolas Michel.
Il restera à ce Conseil à aborder la question de l'Iran, mais je crois que là-dessus vous savez l'essentiel, puisque dans la ligne de la réunion précédente du Conseil Affaires générales nous avons adopté la position commune par laquelle nous mettons en oeuvre la seconde résolution de sanctions, la 1747. Je souligne que sur ce dossier, la fermeté de la communauté internationale produit des résultats et c'est quelque chose que nous devons nous employer à poursuivre, tout en recherchant évidemment, cela va de soi, l'unité de la communauté internationale. Je vous rappelle enfin que sur ce sujet, la volonté de dialogue des Européens a toujours été présente malgré l'absence de volonté, je dois le dire, en réciproque des responsables iraniens. Néanmoins, pour nous, les sanctions ne sont pas une fin en soi, elles sont un moyen de parvenir à un objectif et nous gardons toujours ouverte la voie du dialogue si, du côté iranien, on peut manifester un intérêt pour ce dialogue.
Voilà pour l'essentiel des travaux de ce Conseil, sous réserve du dernier point qui n'est pas formellement encore achevé.
Q - Vos collègues ont-ils commenté le résultat des élections françaises ?
R - Mes collègues n'ont pas évoqué ce sujet, mais ce n'est pas le cadre, ni le lieu pour le faire. Ce n'est donc pas non plus pour moi l'occasion de vous en parler. Nous sommes ici dans une configuration européenne. La seule chose que je peux vous confier, c'est que la Présidence, au moment où elle me passait la parole pour la première fois, a parlé en termes positifs du déroulement des élections françaises. Le taux de participation, en particulier, a frappé l'ensemble de nos partenaires. C'est une bonne nouvelle pour la démocratie.
Q - (Sur le Sommet UE-Etats-Unis)
R - Il y a encore dans la perspective de ce sommet des progrès à faire, nous semble-t-il, dans la façon dont nous pourrons nous exprimer conjointement pour parler du sujet du changement climatique et en particulier du lien entre politique de l'énergie et lutte contre le changement climatique, et sur la question de l'après 2012, l'après Kyoto. L'Europe est très engagée pour elle-même pour contribuer à un accord international prenant le relais de Kyoto. Les décisions du dernier Conseil européen sont importantes, je l'ai dit, - 20% d'ores et déjà et - 30% en cas d'accord international. Nous avons une politique forte et qui vise également à être un facteur incitatif pour nos partenaires, qui ne peuvent pas ignorer que le changement climatique est une réalité. Le changement climatique est engagé et menace l'avenir de l'humanité, comme le concluait l'appel de Paris.
Q - Avez-vous abordé le Sommet UE-Russie ?
R - Nous ne l'avons pas fait sachant que les dernières nouvelles qui sont en notre possession, malheureusement, montrent que le blocage persiste, ce que nous regrettons mais nous soutenons les efforts de la Présidence et de la Commission pour aller de l'avant et s'efforcer d'aplanir les difficultés qui restent, de façon à ce qu'on puisse avoir un mandat de négociation maintenant pour l'Union européenne. Mais les échos de ces derniers jours n'étaient pas exactement ce que nous espérions.
Q - Sur la Pologne, que faire pour surmonter le blocage ?
R - Poursuivre le dialogue avec l'ensemble des parties. La Pologne a droit à notre solidarité, elle est constante et manifestée par ses partenaires. Néanmoins, ce qui est en jeu dans le futur accord entre l'Union européenne et la Russie dépasse le cadre des questions d'exportation ou d'importation de tel ou tel produit. Nous le prenons en compte et nous cherchons à faire que l'accord qui n'a pas pu encore se faire se fasse dans les prochains jours, si possible, sinon dans les prochaines semaines.
Q - Qu'attendez-vous de la rencontre annoncée entre M. Solana et M. Laridjani ?
R - J'en attends ce que je vous en ai dit et nous en attendons en tant qu'Européens ce que reflétera notre position commune. L'Iran n'a pas respecté ses engagements. La communauté internationale s'efforce donc de lui rappeler quels sont ces engagements et, tout en adoptant une attitude de fermeté, tout en ayant dû prendre en compte, y compris aux Nations unies, l'absence de coopération de la part de l'Iran, souhaite poursuivre un dialogue avec l'Iran qui est un grand pays, avec lequel nous avons toujours souhaité maintenir ouverte la porte du dialogue tout en rappelant les conditions de celui-ci. Alors nous verrons mercredi s'il y a une tonalité nouvelle de la part des autorités iraniennes ; elles ne le manifestent pas jusqu'à présent, mais nous souhaitions, par avance, leur faire part de cette disposition qui est la nôtre à poursuivre dans la voie du dialogue pour les amener au respect de ce qui est, purement et simplement, leurs propres engagements.
Q - Cuba figurera-t-il dans les conclusions de sommet Union européenne-Etats-Unis ? Etant donné le blocage américain, croyez-vous qu'une déclaration conjointe Union européenne-Etats-Unis soit nécessaire et positive ?
R - C'est vrai qu'il y a quelques pays européens qui ont des différences de sensibilité sur cette question mais je crois pouvoir vous dire que mention sera faite de Cuba dans la déclaration transatlantique. Vous le verrez, nous en avons parlé ce matin, cela devrait permettre de finaliser le texte.
Q - (Sur le décès du président Eltsine)
R - Je l'ai appris en venant dans cette salle. Je crois qu'il est plus sage que les hautes autorités de mon pays s'expriment avant moi mais je suis sûre qu'elles le feront et je vous demande de le vérifier avant de faire état de ma réaction.
Il nous faut, en tant que pays ami de la Russie, saluer la mémoire du Président Eltsine qui a été un partenaire de qualité pour nous, avec une personnalité et un charisme inégalés. Mais dont je veux surtout rappeler aujourd'hui qu'il a été l'un de ceux qui se sont dressés au bon moment pour être du côté des démocrates et mettre son pays sur la voie de la modernité. Nous savons qu'il y a encore du chemin à parcourir mais en ce jour nous devons hélas regretter sa disparition, c'est surtout ce souvenir que je voudrais rappeler à votre mémoire.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 avril 2007