Texte intégral
Q - Quelle est la position de la France concernant l'affaire "Geremek" ?
R - Une nouvelle loi est en vigueur en Pologne, qui fait obligation à des centaines de milliers de citoyens de déclarer leur passé. M. Geremek a choisi de désobéir à une loi éminemment contestable et peut-être même anticonstitutionnelle. Il a donc droit à notre soutien et à notre solidarité. Je lui ai à nouveau affirmé tout à l'heure mon amitié et mon estime.
Q - Nous attendons que le président du Parlement se prononce, il est question qu'un eurodéputé perde son siège, pouvez-vous nous expliquer ?
R - Le Parlement européen doit respecter les différentes lois nationales qui sont relatives à l'élection des députés au Parlement européen. Néanmoins, ce qui se passe pose une grave question, parce qu'il faut surtout dire que de telles lois ou réglementations, ce n'est pas cela la démocratie européenne. La démocratie européenne, c'est une communauté de valeurs et de principes, c'est le respect des libertés fondamentales. Et il faudra que le nouveau pays partenaire qu'est la Pologne, progressivement, - mieux qu'aujourd'hui peut-être - comprenne que dans une démocratie européenne, ce genre de choses ne se fait pas et ne peut pas se faire. Toutes les réactions ont été unanimes, et je souhaite que la France ne soit pas la seule à apporter son soutien à M. Geremek qui est une personnalité estimable, historique mais qui est surtout un élu au Parlement européen.
Q - La France apporte son soutien à M. Geremek. Mais a-t-elle protesté au niveau de la Pologne, s'est-elle prononcée au niveau du Parlement européen ?
R - Nous sommes en contact avec le Parlement européen. J'ai écrit au président du Parlement européen, mais pour ce qui concerne la Pologne, il faut savoir qu'une procédure est en cours en Pologne même. Cette loi contestable et critiquable est devant la Cour constitutionnelle polonaise, qui ne s'est pas encore prononcée, qui doit le faire avant le milieu du mois de mai. J'espère que pendant ce laps de temps, les autorités polonaises utiliseront la réflexion et l'amitié et comprendront le message que les uns et les autres nous leur adressons.
Q - La Pologne, encore une fois, se distingue en Europe, prend une certaine direction. Quel est votre sentiment là-dessus et cela peut-il remettre en cause les relations privilégiées entre la France et la Pologne ?
R - Il y a un rappel à faire, qui est celui des règles de la démocratie européenne. La démocratie européenne n'est pas fondée sur ce que l'on voit en ce moment, elle est fondée sur le respect de l'autre, sur la tolérance et sur les libertés fondamentales. Quand on entre dans l'Union européenne, on s'engage à respecter les valeurs et les principes de l'Union. C'est un message clair, c'est le message de la France à ce pays ami et à ce grand pays qu'est la Pologne, je souhaite que nous ne soyons pas les seuls à lui rappeler cela.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mai 2007