Déclaration de Mme Ségolène Royal, députée PS et candidate à l'élection présidentielle de 2007, sur les priorités de son action : la lutte contre le chômage des jeunes, la défense de la sécurité sociale, les aides aux petites entreprises, la fin de la discrimination ainsi que sur les valeurs qu'elle entend défendre, Lille le 3 mai 2007.

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Circonstance : Meeting à Lille le 3 mai 2007

Texte intégral

Bonsoir Lille !
Bonsoir le Nord.
Merci à tous d'être aussi nombreux rassemblés ! Je vois toute cette foule devant moi, toute cette foule sentimentale ! Toute cette foule, et vous tous, et j'ai envie, ce soir, simplement de vivre ce bonheur que vous me donnez, une nouvelle fois, ce soir, à Lille. Merci pour ce bonheur. Merci. Merci pour cette joie extraordinaire, pour ce miracle à chaque fois recommencé, et ce soir si particulier, si particulier parce que c'est le dernier grand rassemblement. Demain, je vais en Bretagne, je ne veux pas minimiser la réunion de Brest, mais ce soir, c'est notre dernier grand, immense rassemblement populaire !
« Ségolène, Présidente ! »
Quand autour de moi, on me demande : mais comment tu fais pour rester encore debout ? La réponse, elle est là : devant moi, je suis debout grâce à vous parce que vous l'êtes aussi, je suis debout grâce à vous parce que vous voulez aussi que la France se remette debout.
Je suis libre grâce à vous, parce que je sens votre amitié, je sens votre proximité, je sens votre énergie, et je sens tout simplement que nous nous aimons très fort ; oui, que nous nous aimons très fort, et c'est pourquoi, dimanche prochain, cette victoire que nous voulons tant, cette victoire que nous désirons tant pour la France, cette victoire, elle est maintenant à portée de main. Alors je vous demande encore pendant deux jours de vous mobiliser pour que, dimanche prochain...
Ségolène, Présidente !
Merci à Gilles Parniaud et à la fédération du Nord d'avoir organisé ce vaste rassemblement. Merci à Renaud qui est venu tout à l'heure à l'improviste, et qui nous a donné de l'émotion. Merci à Pierre Mauroy pour son indéfectible fidélité. Merci à Martine pour son talent, et merci à toi, Jacques, merci à Jacques Delors pour sa sagesse, pour son invention, pour ses combats de toujours.
Merci à tous les élus, à tous les responsables politiques ici rassemblés autour de vous, autour de nous.
Merci aux responsables des autres partis politiques, Jean-Pierre Chevènement et Jean-Michel Baylet, qui sont là ce soir, avec Christiane Taubira. Merci à Dominique, merci à Elisabeth, merci à vous tous d'être ici représentés. Merci à Michel d'être là, vous êtes là si nombreux, à Dominique, à Pierre, à Daniel, je ne peux pas tous vous citer, mais je vous vois tous rassemblés... Arnaud qui est là.
Puis je voudrais remercier toute mon équipe de campagne, François Rebsamen et Jean-Louis Bianco, les deux directeurs, l'ensemble des porte-parole qui sont là aussi ce soir, Patrick Menucci qui, sans faille, a organisé tous ces meetings, et que ceux que je n'ai pas cités veuillent bien m'en excuser.
Mais je voudrais vous le redire ici ce soir, il reste deux jours : ne vous démobilisez pas, mon équipe, continuez à convaincre autour de vous, parce que mon équipe de campagne, c'est vous, c'est chacun d'entre vous, c'est vous qui allez porter le peuple, c'est vous qui avez déclenché ce mouvement populaire, c'est vous, et ici dans cette région ouvrière, dans cette région du Nord, où l'on sait ce que la valeur travail veut dire, où on sait ce qu'être dur à la peine veut dire, où l'on sait ce que l'on attend pour lutter contre les inégalités, contre toutes les formes de précarité, pour lutter contre le chômage, pour lutter contre la vie chère, pour lutter pour un logement décent, pour lutter pour la réussite scolaire, pour lutter pour la République. Ici, on sait tout ce que cela veut dire.
Et c'est pourquoi je suis particulièrement heureuse de vous dire ici ce soir, d'abord de vous remercier pour toutes celles et ceux qui, au premier tour, m'ont apporté leur suffrage, pour toutes celles et ceux, pour cette participation citoyenne exceptionnelle, pour cet élan civique du premier tour de l'élection présidentielle, pour ce mouvement profond, pour cette vague qui continue à monter et qui doit monter, je compte sur vous, jusqu'à dimanche prochain. Oui, faisons-la monter avec bonheur, cette vague, elle n'est pas encore à son maximum.
Beaucoup de choses vont se jouer pendant ces deux derniers jours. Il y a eu le grand rassemblement de Charlety, que l'ensemble de la France a vu, et ce soir, c'est un rassemblement de même ampleur, de même densité, de même amitié, de même fraternité, de même enthousiasme que je vois ici devant moi.
C'est vous, peuple de France, c'est vous, militants, citoyens, citoyennes, c'est vous, hommes et femmes, toujours de plus en plus nombreux au cours de ce long périple, de cette longue campagne, qui avez fait ce que je suis ici ce soir, devant vous : une femme volontaire, une femme libre, une femme combattante, une femme affranchie, une femme qui ne dépend d'aucun clan, d'aucun dogme, d'aucune puissance d'argent, d'aucun groupe de médias, une femme qui sent tout simplement qu'elle a la responsabilité de parler aussi au nom des sans voix, de ceux qui ont trop longtemps pensé que la politique ne pouvait plus rien pour eux, de ceux qui étaient désespérés d'attendre quelque chose qui ne venait pas. C'est avec vous tous et vous toutes que je veux, dimanche prochain, réussir la France présidente et vous conduire à la victoire !
Oui, je vais vous conduire à la victoire tout simplement parce que vous le méritez. Vous le méritez, parce que vous vous êtes mis en mouvement pour mettre fin, et il est temps, à un système dépassé qui a tellement aggravé les inégalités et les précarités. Il est urgent d'inventer une France neuve, une France protectrice, une France dynamique, une France fraternelle et une France conquérante. C'est à cela que je veux vous conduire, et nous y parviendrons !
Nous allons la construire ensemble, cette France neuve qui va permettre à chacun de réussir sa vie et de réussir sa vie d'abord grâce à l'éducation. Et nous remettrons l'éducation au coeur de tout et en avant de tout.
Oui, la République tiendra sa promesse égalitaire parce que, dans l'éducation, comme le dit Jacques Delors, un trésor est caché dedans, ce trésor, nous l'avons entre les mains, et c'est à tous les enfants, tous les enfants pour lesquels je veux ce que j'ai voulu pour mes propres enfants. Voilà ce que la France va demain leur donner, ce trésor, ce trésor de la famille qui éduque ses enfants, ce trésor de l'éducation qui est donné à tous et à chacun, ce trésor que demain la République donnera et mettra à portée de tous.
Vous le savez, je ne veux pas d'une France du chacun pour soi, dominée par la loi du plus fort et par la concentration du pouvoir entre quelques mains, toujours les mêmes. Je veux une France qui soit à l'avant-garde d'une Europe sociale, qui lutte contre les délocalisations et qui protège la planète, je veux une France qui se réforme sans brutalité, sans mépris et qui répare la fracture républicaine. Voilà la France présidente que nous allons construire dimanche !
Avec vous, nous ferons reculer toutes les injustices, toutes les formes de violence, toutes les formes de brutalité. Avec vous, la France présidente remettra les citoyens au coeur de l'action politique, et la parole que vous avez prise durant cette campagne, vous devrez la garder et ne plus jamais la lâcher, parce que la démocratie aura un souffle nouveau, grâce à la réforme des institutions. La République, c'est vous, la démocratie c'est vous, je la veux pour vous, mon projet, c'est vous, et c'est tous ensemble que nous allons le construire.
Oui, nous allons réconcilier l'efficacité économique et la justice sociale, parce que sans justice, il n'y a pas de performance économique possible. D'autres pays l'ont compris bien avant nous, et cette réconciliation-là est nécessaire, c'est le vrai fondement de la valeur travail. C'est parce que les salariés seront bien payés que la valeur travail sera respectée, c'est parce que les salariés seront respectés que la valeur travail sera garantie, c'est parce que l'égalité salariale entre les hommes et les femmes sera réalisée que les salariés seront motivés. Et cette Sécurité sociale professionnelle que la droite nous promet aujourd'hui dans les derniers jours de campagne, elle a eu cinq ans pour la mettre en place, nous, nous la réaliserons, nous, nous la ferons, parce que nos valeurs fondamentales, elles sont là : c'est lorsqu'il y a un respect mutuel entre partenaires sociaux que nous pouvons avancer ensemble, et non pas en dressant les uns contre les autres. C'est parce que nous ferons grandir un syndicalisme respecté que nos entreprises iront de l'avant, c'est parce que nous aiderons l'innovation, la recherche, la formation professionnelle, et que nous permettrons à chaque salarié d'avoir accès à la formation professionnelle qui lui permettra de progresser tout au long de sa carrière.
Je ne veux plus voir un ouvrier, une ouvrière commencer au SMIC et terminer quarante ans plus tard au SMIC. Non ! Dans une France moderne, ce n'est plus possible. La France présidente garantira à chaque salarié la possibilité de progresser dans son travail, dans sa qualification, dans son salaire, et donc de donner l'exemple de l'effort récompensé pour tous, et pas seulement pour quelques-uns.
Voilà le projet que je vous propose, voilà la France moderne que nous allons construire ensemble. Voilà ce que j'appelle construire un avenir pour chacun, le respect pour chacun. Mais le progrès social pour tous, parce que cela n'est pas incompatible avec une croissance économique qui repart, bien au contraire, c'en est même la condition, la première condition, c'est cet investissement massif dans la valeur humaine, dans la ressource humaine, dans la formation professionnelle, dans la qualité des hommes et des femmes, et c'est parce que les hommes et les femmes, les salariés de ce pays, les travailleurs de toutes les professions se remettront debout en ayant l'espérance de progresser et d'avancer que la France entière se redressera et avancera. Voilà ce que nous allons bâtir ensemble.
Et c'est pourquoi la France présidente engagera immédiatement la bataille de la lutte contre le chômage. Les premières décisions iront à la hausse du SMIC, des bas salaires et des petites retraites.
Quand j'entends certains me dire « 980 euros nets par mois, c'est déjà trop », à ceux-là, je leur dis « mais vous ? Pourriez-vous vivre avec 980 euros nets par mois ? » Non. C'est pourquoi nous revaloriserons et nous remonterons le SMIC et les bas salaires, et nous les ferons de telle façon à ce que cela ne pèse pas principalement sur les entreprises de main-d'oeuvre. Car nous ferons en sorte qu'une bonne fois pour toutes, cet engagement si souvent pris et jamais réalisé soit enfin réalisé, c'est-à-dire que le travail sera moins taxé que le capital, et c'est comme cela que la France avancera.
Les emplois tremplins pour les jeunes seront immédiatement mis en place pour qu'aucun jeune ne puisse rester sans activité ou sans travail pendant plus de six mois. Je ne veux plus que la jeunesse de la France soit gaspillée, je ne veux plus qu'un seul jeune qualifié ou diplômé, qui a fait l'effort d'accéder à une qualification et à une formation, reste au chômage pendant plus de six mois.
Il y aura une mobilisation nationale, ce sera le pays tout entier qui devra se mobiliser contre le chômage des jeunes, parce que si les jeunes sont au chômage, c'est tout le pays qui va mal.
Quand j'entends certains parler de l'effort récompensé, mais la première façon de récompenser l'effort, c'est de faire en sorte que les entreprises tendent la main aux jeunes pour leur donner leur chance. Et cette chance, les politiques publiques se mettront en mouvement avec imagination, avec mobilisation. Toutes les bonnes idées seront rassemblées : les emplois tremplins ici, les bourses tremplins là, l'encouragement des jeunes à créer leurs entreprises, le premier emploi pour ceux qui sont sans qualification et qui sortent du système sans n'avoir rien entre les mains. A ceux-là, nous leur donnerons le contrat d'une première chance pour accéder à cet emploi qui, demain, leur permettra de reprendre confiance en eux-mêmes.
Cette bataille centrale essentielle contre le chômage n'oubliera pas les salariés de plus de cinquante ans, et notamment les femmes qui se retrouvent si souvent sur le carreau, qui se retrouvent si souvent aux emplois précaires, qui se retrouvent si souvent au chômage partiel, et ce sont souvent elles les travailleuses pauvres : 80 % des travailleurs pauvres sont des femmes. Eh bien, je leur dis à ces femmes, à toutes les femmes, à celles qui travaillent comme à celles qui ne travaillent pas, à celles qui sont en famille comme à celles qui sont seules, à ces millions de femmes seules de toutes générations, à celles qui ont choisi d'élever leurs enfants, et je le redis, c'est aussi l'un des plus beaux métiers du monde, je leur dis que la précarité n'a pas de sens lorsqu'elles arrivent à l'âge de la retraite. Je revaloriserai la situation des femmes seules, des pensions de réversion, des petites retraites, et de tout ce qui peut leur permettre de leur garantir l'accès à la santé, aujourd'hui si fragile et si menacée par les différents projets de déremboursement de soins, qui va prioritairement frapper les personnes âgées et nos anciens.
Avec moi, la Sécurité sociale sera non seulement protégée, préservée, mais elle sera consolidée par la création de la cinquième branche de la Sécurité sociale pour les personnes âgées et pour les personnes handicapées, parce que cela relève de la solidarité élémentaire entre les générations.
Je nouerai avec les entreprises, avec les petites et moyennes entreprises, je l'ai dit tout à l'heure, un contrat de progrès. Nous allons mettre fin aux gaspillages, aux abus de toutes sortes dans toutes ces grandes entreprises, celles du Cac 40, celles qui sont insolentes, celles qui veulent les plus hautes rémunérations et les stock-options, les parachutes dorés, celles que la droite feint d'avoir ignorées. Et on ne se lasse pas de rappeler que le pactole avec lequel est parti l'ancien patron d'Airbus est l'équivalent, tenez-vous bien, de quatre mille emplois payés au SMIC, et la droite nous fait croire qu'elle ignorait tout cela. Non seulement elle ne l'ignorait pas, mais elle a donné son autorisation pour cela, et elle a supprimé la loi sur la transparence des rémunérations.
Tout cela cessera, parce que désormais, les représentants des salariés feront partie des organes dirigeants des entreprises et seront associés, comme dans tous les pays modernes, aux décisions stratégiques.
Et les pays qui vont bien, qui vont très bien, les pays qui ont débloqué la croissance, ce ne sont pas, comme on entend le dire, ceux qui ont détaxé quelques heures supplémentaires, ce sont les pays qui ont modernisé le dialogue social, qui ont investi dans l'innovation et dans la recherche, ce sont les pays qui ont mis en place, comme nous le ferons, un plan massif de formation professionnelle. Voilà les pays qui vont de l'avant, voilà les pays modernes qui réussissent, voilà comment demain la France se relèvera, grâce à vous, cela dépend de vous, cela dépend de ce qui va se passer dimanche prochain !
Oui, cela dépend de ce qui va se passer dimanche prochain. On dit aujourd'hui que la France est en déclin. C'est vrai qu'elle est tirée, et parfois désespérément, vers le bas, et que chacun se demande : « Mais quelle va être l'étape suivante ? Est-ce que je vais être un peu plus dégradé vers l'échelon du dessous ? » C'est comme cela aussi que l'on attise les jalousies, que l'on attise les haines, l'esprit de revanche. Nous, nous n'avons aucun esprit de revanche, nous avons un esprit de conquête, nous avons l'optimisme au coeur, nous avons la joie au coeur, nous voulons rendre à la France son sourire.
Ce que je vous propose à vous tous, à ceux qui vont bien, mais aussi qui vont bien et qui s'occupent de ceux qui vont moins bien, à ceux qui vont moins bien et qui ont envie que pour eux, ça aille mieux mais qui ne font pas porter la responsabilité de ce qui leur arrive à leur voisin ou à celui qui est différent, ce que je vous propose, au contraire, c'est de faire converger les énergies positives, c'est que chacun trouve en lui-même, au plus profond de lui-même une énergie qui ne demande qu'à se déployer. Ce que je veux, c'est que chacun puisse déployer cette énergie qu'il sent au sein de lui-même, mais cette énergie qui est parfois si bridée, bridée de tant de blocages, bridée de tant de discours négatifs, bridée de tant d'ombres, ce que je veux déployer à travers le pays et en chacun de vous, ce n'est pas la part d'ombre qui sommeille en nous-mêmes, et qui est parfois dangereusement flattée ici ou là, non, ce n'est pas la part d'ombre que je veux réveiller, c'est la part de lumière, c'est la part d'espérance, c'est la part de la joie, c'est la part du sourire, c'est la part de la France qui s'aime telle qu'elle est, c'est la part de l'imagination, c'est la part du regard fraternel, du regard posé sur celui qui va moins vite, sur celui qui est plus lent, sur celui qui est différent, sur celui qui a du mal à s'intégrer, sur celui qui comprend que d'un côté, on lui propose d'aller toujours plus vite, toujours plus fort, toujours plus haut, de franchir je ne sais quelle étape, de gagner je ne sais quel maillot jaune, de franchir je ne sais quelle marche, et celui qui ne va pas assez vite, il sera laissé sur le bord du chemin ! Mais non ! Moi je vous dis : chacun ira à son rythme, et nous attendrons ceux qui vont un peu plus lentement, sans freiner ceux qui veulent accélérer. Mais nous ne laisserons pas dans le fossé ceux qui vont un peu plus lentement, au contraire, nous les prendrons par la main, et nous leur dirons : vous êtes différents, c'est un peu plus difficile, mais on va essayer tous ensemble que ces différences reculent parce que justement, on va se tenir par la main, on ne va oublier personne. On va garantir des solidarités fondamentales. On ne dira plus que quelques-uns...
Ségolène ! Ségolène !
Dans la France présidente, on ne dira pas qu'il faut que quelques-uns, les plus riches, deviennent encore plus riches avec le bouclier fiscal pour que tous les autres aient quelques miettes. Ça, ça ne marche pas puisque, même avec le bouclier fiscal, on en voit certains quand même franchir les frontières pour éviter de payer leurs impôts. Donc ce système ne peut pas marcher, ce système, il est même destructeur pour la France.
Moi, je vous propose le contraire : c'est parce qu'il y aura de la création de richesses et de la croissance économique et que cette croissance sera répartie équitablement que tout le monde pourra se relever et se tirer vers le haut. Voilà la différence !
Et cette différence-là, on sait bien que ça marche, et il faudra aussi lutter, farouchement lutter contre toutes les formes de discrimination, les discriminations entre hommes et femmes, les discriminations que subissent les handicapés, les discriminations liées à la couleur de la peau, les discriminations liées à l'âge aussi, où l'on voit des salariés se sentir mis au rebut, certains me l'ont dit « nous sommes mis au rebut sous prétexte que nous avons dépassé l'âge » et j'ai même vu des femmes de quarante-cinq ans mises au rebut sous prétexte qu'il y avait une génération plus jeune. Je ne veux pas d'opposition entre les générations.
Je veux que l'expérience au contraire soit valorisée et soit mise au service des plus jeunes, c'est pourquoi je veux la validation des acquis de l'expérience professionnelle, pour que l'avancée en âge, dans cette espèce de jeunisme qui met au rancard dès que l'on n'est pas formaté selon je ne sais quel modèle, qui est loin d'être un modèle idéal, là aussi, il y a des discriminations insupportables. Je veux rassembler toutes les générations de France dans leurs diversités, je veux rassembler tous les enfants de France quelle que soit leur origine et leur quartier, et qu'il n'y ait plus de discrimination à l'embauche.
Je veux rassembler toutes les croyances, et même ceux qui n'ont pas de croyance, dans leurs diversités des convictions et des engagements. Je veux rassembler les villes et les campagnes, les centres-villes et les quartiers, je veux rassembler ceux qui savent et ceux qui pensent en savoir moins, mais ils savent aussi tous quelque chose, tous citoyens, vous êtes tous des experts de ce qui vous concerne. Je veux rassembler tous ces talents dans leurs diversités. Tout le monde sera mis à contribution pour mettre la France en mouvement, comme ce soir, car vous vous mettez en mouvement dans cette campagne, je sais que c'est parce que vous voulez aussi que le pouvoir change. Sinon, vous ne seriez pas là ! Vous ne seriez pas là aussi nombreux si vous n'aviez pas envie que la politique change ! Eh bien, avec moi, la politique va changer !
Elle ne sera plus jamais comme avant. Je veux sortir de l'enfermement dans les dogmes, je veux sortir de la confrontation bloc contre bloc, je veux que nous soyons ouverts sur les autres, je veux que toutes les bonnes idées soient rassemblées. Je veux tout cela sans jamais en rabattre sur les valeurs fondamentales de liberté, d'égalité et de fraternité, parce que c'est au nom de ces valeurs que je me bats.
Je ne veux pas laisser la fracture, ne laissons pas la fracture républicaine se creuser. C'est de cela qu'il s'agit aussi dimanche prochain.
Nous, nous avons les valeurs républicaines profondément chevillées au corps, nous n'acceptons pas de faire acclamer dans les réunions publiques des mots qui n'ont rien à voir avec la République, des mots comme « liquider », comme « reformater », comme « karcher » ! Non, jamais vous ne m'entendrez mobiliser ce que je disais tout à l'heure, la responsabilité de la France présidente, la responsabilité d'une présidente de la République, c'est de ne jamais se laisser aller à flatter à ce qu'il y a, je le disais tout à l'heure et je le respecte, de plus obscur ou de plus mesquin dans l'être humain. Bien au contraire !
C'est pourquoi, dans cette France que nous aimons, il y a place pour tous et pour toutes. Il y a place, oui, pour tous et pour toutes, pourvu que ces valeurs fondamentales soient respectées, pourvu que ce qui a fait le combat de toujours de la gauche et du progrès social ne soit jamais oublié, pourvu que ce qu'ont fait les générations qui nous ont précédés, et rappelons-nous Fourmi*, le 1er mai, ces jeunes qui ont perdu la vie parce qu'ils luttaient pour le droit syndical, pour le droit du travail, pour la semaine des quarante heures, pour les congés payés, pour le progrès social, pour le respect des familles, pour le logement décent. Et ceux qui étaient contre eux déjà à cette époque où l'on perdait la vie pour conquérir ses droits et ses libertés, même ceux qui étaient contre eux à cette époque ont bénéficié de ces combats-là.
Eh bien, je le dis aujourd'hui, c'est la même chose : les combats que nous conduisons sont les combats justes, ce sont ceux qui permettront à la France de se relever.
Et ceux qui nous combattent aujourd'hui, ayons de l'indulgence pour eux, car je leur dis : ces combats pour la justice que je mène en votre nom, ces combats pour la Sécurité sociale, ces combats pour la relance économique, ces combats pour la hausse des bas salaires, ces combats pour la formation professionnelle, ces combats pour une école plus juste et plus performante, ces combats pour la recherche et pour l'innovation, ces combats pour relever le défi écologique, aujourd'hui, il y en a qui nous combattent sur ces combats, et pourtant, demain, si nous gagnons, ils en bénéficieront aussi, et nous leur faisons ce cadeau ! Ne lésinons pas sur la générosité !
Ils ne le savent même pas encore eux-mêmes, mais si la France présidente gagne dimanche prochain, ceux qui sont contre nous aujourd'hui gagneront eux aussi d'une certaine façon, parce que la France plus belle sera plus forte, parce que la France plus juste sera plus forte, parce que la France reviendra avec sa dignité à la table de l'Europe, parce que la France retrouvera sa place dans le monde et qu'elle participera à l'oeuvre de paix, parce que je vous représenterai avec fierté, avec dignité, avec efficacité, parce que je me tiendrai debout...
« On va gagner ! »
Parce que je sais que nous allons réussir à rendre la France meilleure, je sais que nous allons réussir à donner à chacun la chance de pouvoir progresser, je sais que nous allons réussir à réaffirmer les valeurs fondamentales qui nous font tenir debout ensemble. Je sais que nous allons réussir à faire reculer toutes les formes de violence.
Oui, je vous propose de bâtir une France présidente de la non-violence, de la non-arrogance, de la non-brutalité, parce que nous n'avons pas le droit, compte tenu de l'immensité des défis qu'il y a à relever, nous n'avons pas le droit de perdre de l'énergie dans les brutalités et les violences, c'est de l'énergie perdue. Je veux tout simplement qu'il n'y ait que des énergies positives. Et ce soir, à Lille, je vous demande de mobiliser vos énergies positives !
Il vous reste... Il vous reste deux jours pour cela. Je compte sur vous.
Il y en a qui hésitent encore, il y en a qui ont déjà pris une autre décision, mais cette décision n'est peut-être pas définitive, on peut encore les retourner, mais bien sûr, il y en a que l'on peut encore convaincre et qui croient qu'ils ne vont pas voter pour moi, mais peut-être que d'ici dimanche prochain, ils vont changer d'avis en vous voyant, parce qu'ils ont, en vous voyant, envie de nous rejoindre. Ils ont, en vous voyant, envie aussi de venir participer à cet élan d'affection, de solidarité, d'amitié. Ils ont envie, en nous voyant nous aimer si fort, ils ont envie aussi de faire partie de ce moment exceptionnel que nous espérons tous pour dimanche prochain.
Alors, je leur tends la main. Venez, venez avec nous ! Venez partager ce bonheur ! Venez partager ce désir, ce désir d'avancer ! Venez rendre à la France son sourire, son espérance, sa confiance en elle, son amour de la beauté, son amour de la culture, venez construire une France artistique et culturelle ! Venez avec nous construire la France de toutes les espérances, de toutes les joies, de toutes les peines que l'on saura consoler, de tous les souvenirs merveilleux de cette campagne que je veux voir prolonger après dimanche, à travers tout le pays, pour que toute cette force soit mise au service de la France.
Voilà ce que je vous demande ce soir, à Lille. Je sens que c'est possible. Tout dépend de vous. Je sens cette vague qui se lève et dont j'aurai besoin demain pour bien présider la France.
Je sens aussi, parce que vous m'avez donné le courage, l'immense courage, que reculent les objections de ceux qui pensaient, et qui pensent peut-être encore un peu : mais au fond, est-ce bien raisonnable de choisir une femme ? Mais je vais vous le dire : non seulement le temps des femmes est venu, mais le temps pour le plus grand bonheur d'ailleurs des hommes et des femmes, mais aussi parce que c'est le choix de l'audace, et que nous sommes regardés à l'échelle de la planète. Et au risque de vous paraître un peu immodeste, quand je lis ce qui se dit dans la presse étrangère, dans celle qui nous regarde, dans celle qui regarde la France, ce grand pays qui a porté à travers le monde des valeurs universelles, ce grand pays qui n'est jamais si grand, et quand il rencontre une grande idée, comme disait François Mitterrand, ici à Lille, ils font tous les deux le tour du monde. Quand je vois ces millions d'hommes et de femmes qui se demandent : mais est-ce que la France va oser ? Je vous dis : osez ! Osez ! Osez, oui, vous ne le regretterez pas, parce que la garantie que je vous donne, c'est la garantie des valeurs fondamentales que je viens à nouveau de développer devant vous : la garantie de l'éducation, la garantie des familles qui fonctionnent bien, la garantie du travail respecté et valorisé, la garantie des entreprises qui redémarrent, la garantie de la revalorisation des retraites et de la protection de nos anciens, la garantie de la Sécurité sociale et la garantie de la modernité parce que je vais moderniser la politique, mettre un souffle de nouveauté.
La garantie, et je sais que beaucoup de Français se posent cette question, la garantie de la lutte contre toutes les formes de gaspillage. Oui, avec moi, un euro dépensé sera un euro utile, la France sera bien gérée pour que les moyens publics aillent à ceux qui en ont le plus besoin. Voilà la garantie que je vous donne.
Mais surtout, ce que je veux porter, c'est un idéal, c'est une espérance, c'est un rêve qui deviendra réalité, et non pas un rêve abstrait dans les discours. C'est une France fière d'elle-même, une France fière de l'audace qu'elle aura dimanche prochain, c'est une France qui saura désormais qu'une nouvelle page de son histoire va s'écrire. Je vous invite à écrire avec moi cette nouvelle page de cette histoire, je vous donne la garantie que cette page sera belle, lumineuse, que vous en serez fiers, que la France retrouvera son sourire, que la France sera regardée avec respect et avec admiration parce que le peuple français sera regardé avec admiration pour ce qu'il va accomplir dimanche prochain.
Alors à dimanche !
Vive la République, vive la France !
Source http://www.desirsdavenir.org, le 4 mai 2007