Texte intégral
C. Barbier.- "Jour J", "moment décisif" : les superlatifs abondent. Le débat télévisé de ce soir peut-il vraiment faire basculer le vote de dimanche ?
R.- Oui. L'élément du choix que va être le débat, va contribuer à forger la conviction, à un moment, de beaucoup de nos concitoyens qui n'ont pas encore décidé de ce qu'ils allaient faire dimanche. Donc, je pense que si ce débat est regardé, et il le sera, par 20 millions de téléspectateurs, peut-être que beaucoup sont là pour encourager, et de loin, et de façon, d'ailleurs, assez impuissante, leur candidat, mais beaucoup aussi hésitent et décideront de ce qu'ils ont à faire, peut-être à la suite de ce débat.
Q.- S. Royal n'a pas affronté N. Sarkozy en débat depuis 1993 ; vous, vous l'avez affronté en avril 2005. Alors, quels conseils avez-vous donné à votre compagne et candidate pour mieux le déstabiliser ?
R.- Aucun débat ne peut ressembler à celui que l'on va vivre ce soir, parce que c'est le débat majeur. C'est un débat présidentiel, autre chose, est que d'avoir une discussion, je l'ai eue, ou un débat, au moment d'une élection européenne ou au moment d'une élection législative. Ce que je pense de N. Sarkozy c'est qu'il est parfaitement prévisible, on sait...
Q.- C'est-à-dire ?
R.- On sait ce qu'il va dire, il n'y a pas de surprise. Il a, sur tous les sujets, des discours qui sont rodés, qui sont prêts ; je ne les juge pas sur le fond, mais je sais ce que va être sa méthode, c'est-à-dire développer ses arguments, aller jusqu'au bout de ses raisonnements, dévider son programme.
Q.- Et alors, quelle doit être, face à cela, face à cet "ordinateur Sarkozy", l'attitude de S. Royal ?
R.- Pas un ordinateur, c'est une façon répétitive. Finalement, il a quelques provocations, mais du début de sa campagne jusqu'à la fin, sur un certain nombre de thèmes, par exemple le travail, "travailler plus", dit-il, alors qu'il faudrait "travailler tous", mais je ne rentre pas sur la discussion de fond. Travail, sécurité, immigration, on sait ce qu'il va dire.
Q.- Alors, le but c'est de l'énerver, de le déstabiliser ?
R.- Non, le but est de faire en sorte que le pacte présidentiel, le projet de S. Royal, soit confronté au sien et qu'apparaisse la différence, la différence entre deux projets de société. Celui de N. Sarkozy, il existe, je le connais, je le respecte, ce n'est pas le mien, je le considère dangereux. Il existe. C'est une forme assumée de libéralisme jusqu'au bout, c'est une forme de récompense pour les meilleurs, c'est une forme de confrontation à l'intérieur même de la société. Donc il faut faire apparaître le projet de société de S. Royal, il ne faut pas qu'elle aille chercher le projet de N. Sarkozy, à la limite il est aussi connu de nos concitoyens, il faut qu'elle fasse la démonstration que le sien est non seulement meilleur, sur la croissance, l'emploi les solidarités, mais qu'il est le plus crédible.
Q.- Doit-elle parler, reparler, de la polémique sur la vente de l'appartement de N. Sarkozy, sur d'autres affaires ?
R.- Ecoutez, je ne pense pas que ce soit tout à fait le lieu de ce débat, il doit être sur les choix de société, sur les caractéristiques de chacun. Je pense qu'on les connaît.
Q.- La gauche nous dit depuis plusieurs semaines maintenant : "cet homme est dangereux, attention, il faut tout sauf Sarkozy". Comment faire pour que ce trait de dangerosité de N. Sarkozy apparaisse dans le débat ? Il faut le débusquer.
R.- Le danger n'est pas de l'ordre de la politique, il n'est pas de dire : "attention, c'est terrible, la droite est là". Elle est là, d'ailleurs, je le signale aux téléspectateurs, elle est là depuis 5 ans. N. Sarkozy, c'est le candidat de la majorité sortante, il faut d'ailleurs le ramener sans cesse à son bilan. Comment pourrait-il réussir pendant les 5 ans qu'il propose pour son nouveau mandat, s'il parvenait à se faire élire, alors que depuis 5 ans il a eu tous les moyens pour agir ? Donc il faut...
Q.- Ce n'est pas son bilan, c'est celui de J. Chirac, il a été en rupture.
R.- Oui, mais quand on a été numéro 2 du Gouvernement, ministre d'Etat, président de l'UMP, qu'on a disposé de tous les moyens d'agir, on voit mal comment on pourrait être différent de ce que l'on a été, y compris même sur les questions de sécurité ou d'immigration. Il promet une nouvelle loi, il y en avait déjà 5 sur la sécurité. Une nouvelle loi sur l'immigration ? Il en a fait déjà deux. Mais, restons sur finalement le sens même de ce que doit être ce débat et l'élection présidentielle. Il faut montrer que le projet de N. Sarkozy, n'est pas dangereux pour ses adversaires, il est dangereux pour les Français.
Q.- Doit-elle, S. Royal, donner des gages, encore, ce soir, aux centristes, aux électeurs centristes ?
R.- Il faut qu'elle s'adresse à tous les Français, à tous les électeurs.
Q.- Dont les centristes ?
R.- Eh bien oui, bien sûr.
Q.- C'est là que sont les réservoirs de voix.
R.- Mais pas que là, d'ailleurs, il y a quand même 70 % de Français qui n'ont pas voté pour N. Sarkozy, et vous allez me dire, il y en a 74 % qui n'ont pas voté pour S. Royal. Donc il faut s'adresser à tous ceux qui n'ont pas voté au premier tour pour le candidat, en l'occurrence pour S. Royal, de façon à ce qu'elle fasse une majorité. Il faut s'adresser à tous les électeurs, et de la même façon. Je veux dire par là, il ne faut pas considérer qu'il faudrait segmenter le Journaux et invités du matin - Dept. Revues de presse - 01 42 75 54 41 http://rpa.applications.pm.gouv.fr/journaux_et_invites.php3?date=200... 15 sur 25 02/05/2007 11:27 message. Je vais dire un petit quelque chose pour les centristes, un petit quelque chose pour la gauche de la gauche, un petit quelque chose pour l'électorat populaire... Non, il faut montrer qu'il y a là un projet global, cohérent, qui porte une vision de la société.
Q.- 71 % des Français, selon BVA pour LCI, considèrent que les discussions avec F. Bayrou sont des manoeuvres politiciennes.
R.- Mais, ça tombe bien, il n'y a pas eu de discussions avec F. Bayrou.
Q.- Il y a eu une heure et demie de face à face, on discutait, quand même, entre les deux.
R.- C'était transparent, c'était clair, est-ce qu'on y a vu la moindre manoeuvre, la moindre tractation, y compris même dans ce dialogue où S. Royal dit à F. Bayrou qu'elle ne cherchait pas un ralliement et que F. Bayrou ne donnerait pas un ralliement ?
Q.- Alors aujourd'hui, appelez-vous F. Bayrou à dire qu'il votera S. Royal et à appeler au vote S. Royal ?
R.- Je pense que c'est à lui qu'appartient la réponse et donc il a dit qu'il s'exprimerait, il s'exprimera. Moi, ce que je pense, c'est qu'il faut s'adresser, et S. Royal va le faire ce soir, à tous les Français, en leur disant : mais quelle France vous voulez pour les 5 ans qui viennent ? Il ne s'agit pas, là, de choisir une personne. Si, bien sûr, c'est une personne qui sera chef de l'Etat à partir du 6 mai, mais c'est de savoir dans quelle France on veut vivre, et que l'on soit centriste, de gauche, de droite, on doit se poser cette seule question : est-ce que la France dans laquelle je vivrais avec N. Sarkozy ou avec S. Royal, c'est une France qui sera en paix avec elle-même, en confiance, en croissance, en capacité d'agir ou une France qui sera en conflit ? Moi, j'ai déjà ma réponse.
Q.- A tous ces Français, ne doit-elle pas dire qui sera son Premier ministre ?
R.- Ecoutez...
Q.- Ça fait partie du contrat.
R.- Non, ça ne fait pas partie du contrat, ça ne s'est jamais produit, mais je pense, il est clair que si S. Royal est élue présidente de la République elle prendra un Premier ministre qui est de sa famille politique.
Q.- Socialiste, donc ?
R.- C'est la logique, mais je rappelle, quand même, parce qu'on se pose beaucoup de questions, il faut quand même avoir une majorité, ensuite, au Parlement, enfin, à l'Assemblée nationale.
Q.- Mais il y aura un premier, Premier ministre, d'abord.
R.- Oui.
Q.- D. Strauss-Kahn est aujourd'hui le favori pour Matignon, dans le camp socialiste ?
R.- Ça fait partie des noms qu'elle a elle-même cités.
Q.- H. Emmanuelli appelle à la création d'un parti progressiste de la gauche, loin de l'UDF. N'est-ce pas un coup de poignard dans le dos de la candidate ?
R.- Non, ce que dit H. Emmanuelli, je pense qu'il faut l'entendre. Il faut que le parti socialiste, et j'ai toujours eu cette conception, soit un grand parti, capable d'aller de la gauche antilibérale, qui, on le voit bien, n'a pas été capable de s'organiser, jusqu'au centre gauche, parce qu'il ne faut pas laisser un centre s'installer, y compris sur un espace qui est celui du parti socialiste. Donc, il faut avoir un grand parti, qui puisse couvrir, justement, un champ très large, et si nous n'y parvenons pas, alors, il faut rester dans une logique de coalition, mais on voit bien qu'aujourd'hui il y a un défaut de partenaires.
Q.- Pour ce grand parti, ni L. Fabius, ni L. Jospin n'étaient à Charlety hier. Les rats quittent le navire ?
R.- Oh, écoutez, là, ce n'est pas une bonne expression, il y avait beaucoup de socialistes. Franchement, il y avait pratiquement tous ceux qui ont fait la campagne avec S. Royal, il y avait aussi nos alliés, communistes, verts, J. Bové, il y avait beaucoup d'hommes et de femmes et on n'est pas dans un régiment où il faudrait que tout... Je vais faire cette confidence : on n'est pas à l'UMP et on n'est pas là, dans un lieu où chacun serait enrégimenté.
Q.- J. Séguéla, l'homme de "La force tranquille", rallie N. Sarkozy au nom justement de son engagement passé pour F. Mitterrand, que lui répondez-vous ?
R.- Non, je ne crois pas qu'il rallie au nom de son engagement à F. Mitterrand, il rallie au nom de ses intérêts, c'est tout à fait différent.
Q.- J.-M. Le Pen prône l'abstention. Cela ne ruine-t-il pas un argument de la gauche, depuis 15 jours, qui est de dire : eh bien, derrière Sarkozy il y a Le Pen, il y a les idées de Le Pen ? Parce que ? Parce que Le Pen appelle à l'abstention, donc c'est bien qu'il n'a rien à voir ou du moins qu'il ne soutient pas N. Sarkozy.
R.- C'est chaque fois la même proclamation quand Le Pen, et heureusement il ne l'est pas, n'est pas au second tour. Chaque fois qu'il est dans une situation où il a été écarté, éliminé, il renvoie dos à dos. Je n'ai pas été surpris, mais ce sont ses électeurs, une nouvelle fois, qui seront libres. Tous les électeurs sont libres. Moi, je ne crois pas du tout aux consignes politiques.
Q.- On vous annonce, si S. Royal est élue présidente de la République, à la présidence de l'Assemblée nationale, fin juin après les législatives. Vous confirmez ?
R.- Ecoutez... Je ne confirme pas, mais je trouve d'ailleurs assez indécent que les uns ou les autres, se projettent, comme ça, après une élection qui n'a même pas été faite, et après des votes qui n'ont même pas été acquis. Alors, moi je suis à trois ou quatre jours du moment décisif, je pense que c'est quatre, et donc je me prépare à ce que ce moment soit décisif.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 2 mai 2007.
R.- Oui. L'élément du choix que va être le débat, va contribuer à forger la conviction, à un moment, de beaucoup de nos concitoyens qui n'ont pas encore décidé de ce qu'ils allaient faire dimanche. Donc, je pense que si ce débat est regardé, et il le sera, par 20 millions de téléspectateurs, peut-être que beaucoup sont là pour encourager, et de loin, et de façon, d'ailleurs, assez impuissante, leur candidat, mais beaucoup aussi hésitent et décideront de ce qu'ils ont à faire, peut-être à la suite de ce débat.
Q.- S. Royal n'a pas affronté N. Sarkozy en débat depuis 1993 ; vous, vous l'avez affronté en avril 2005. Alors, quels conseils avez-vous donné à votre compagne et candidate pour mieux le déstabiliser ?
R.- Aucun débat ne peut ressembler à celui que l'on va vivre ce soir, parce que c'est le débat majeur. C'est un débat présidentiel, autre chose, est que d'avoir une discussion, je l'ai eue, ou un débat, au moment d'une élection européenne ou au moment d'une élection législative. Ce que je pense de N. Sarkozy c'est qu'il est parfaitement prévisible, on sait...
Q.- C'est-à-dire ?
R.- On sait ce qu'il va dire, il n'y a pas de surprise. Il a, sur tous les sujets, des discours qui sont rodés, qui sont prêts ; je ne les juge pas sur le fond, mais je sais ce que va être sa méthode, c'est-à-dire développer ses arguments, aller jusqu'au bout de ses raisonnements, dévider son programme.
Q.- Et alors, quelle doit être, face à cela, face à cet "ordinateur Sarkozy", l'attitude de S. Royal ?
R.- Pas un ordinateur, c'est une façon répétitive. Finalement, il a quelques provocations, mais du début de sa campagne jusqu'à la fin, sur un certain nombre de thèmes, par exemple le travail, "travailler plus", dit-il, alors qu'il faudrait "travailler tous", mais je ne rentre pas sur la discussion de fond. Travail, sécurité, immigration, on sait ce qu'il va dire.
Q.- Alors, le but c'est de l'énerver, de le déstabiliser ?
R.- Non, le but est de faire en sorte que le pacte présidentiel, le projet de S. Royal, soit confronté au sien et qu'apparaisse la différence, la différence entre deux projets de société. Celui de N. Sarkozy, il existe, je le connais, je le respecte, ce n'est pas le mien, je le considère dangereux. Il existe. C'est une forme assumée de libéralisme jusqu'au bout, c'est une forme de récompense pour les meilleurs, c'est une forme de confrontation à l'intérieur même de la société. Donc il faut faire apparaître le projet de société de S. Royal, il ne faut pas qu'elle aille chercher le projet de N. Sarkozy, à la limite il est aussi connu de nos concitoyens, il faut qu'elle fasse la démonstration que le sien est non seulement meilleur, sur la croissance, l'emploi les solidarités, mais qu'il est le plus crédible.
Q.- Doit-elle parler, reparler, de la polémique sur la vente de l'appartement de N. Sarkozy, sur d'autres affaires ?
R.- Ecoutez, je ne pense pas que ce soit tout à fait le lieu de ce débat, il doit être sur les choix de société, sur les caractéristiques de chacun. Je pense qu'on les connaît.
Q.- La gauche nous dit depuis plusieurs semaines maintenant : "cet homme est dangereux, attention, il faut tout sauf Sarkozy". Comment faire pour que ce trait de dangerosité de N. Sarkozy apparaisse dans le débat ? Il faut le débusquer.
R.- Le danger n'est pas de l'ordre de la politique, il n'est pas de dire : "attention, c'est terrible, la droite est là". Elle est là, d'ailleurs, je le signale aux téléspectateurs, elle est là depuis 5 ans. N. Sarkozy, c'est le candidat de la majorité sortante, il faut d'ailleurs le ramener sans cesse à son bilan. Comment pourrait-il réussir pendant les 5 ans qu'il propose pour son nouveau mandat, s'il parvenait à se faire élire, alors que depuis 5 ans il a eu tous les moyens pour agir ? Donc il faut...
Q.- Ce n'est pas son bilan, c'est celui de J. Chirac, il a été en rupture.
R.- Oui, mais quand on a été numéro 2 du Gouvernement, ministre d'Etat, président de l'UMP, qu'on a disposé de tous les moyens d'agir, on voit mal comment on pourrait être différent de ce que l'on a été, y compris même sur les questions de sécurité ou d'immigration. Il promet une nouvelle loi, il y en avait déjà 5 sur la sécurité. Une nouvelle loi sur l'immigration ? Il en a fait déjà deux. Mais, restons sur finalement le sens même de ce que doit être ce débat et l'élection présidentielle. Il faut montrer que le projet de N. Sarkozy, n'est pas dangereux pour ses adversaires, il est dangereux pour les Français.
Q.- Doit-elle, S. Royal, donner des gages, encore, ce soir, aux centristes, aux électeurs centristes ?
R.- Il faut qu'elle s'adresse à tous les Français, à tous les électeurs.
Q.- Dont les centristes ?
R.- Eh bien oui, bien sûr.
Q.- C'est là que sont les réservoirs de voix.
R.- Mais pas que là, d'ailleurs, il y a quand même 70 % de Français qui n'ont pas voté pour N. Sarkozy, et vous allez me dire, il y en a 74 % qui n'ont pas voté pour S. Royal. Donc il faut s'adresser à tous ceux qui n'ont pas voté au premier tour pour le candidat, en l'occurrence pour S. Royal, de façon à ce qu'elle fasse une majorité. Il faut s'adresser à tous les électeurs, et de la même façon. Je veux dire par là, il ne faut pas considérer qu'il faudrait segmenter le Journaux et invités du matin - Dept. Revues de presse - 01 42 75 54 41 http://rpa.applications.pm.gouv.fr/journaux_et_invites.php3?date=200... 15 sur 25 02/05/2007 11:27 message. Je vais dire un petit quelque chose pour les centristes, un petit quelque chose pour la gauche de la gauche, un petit quelque chose pour l'électorat populaire... Non, il faut montrer qu'il y a là un projet global, cohérent, qui porte une vision de la société.
Q.- 71 % des Français, selon BVA pour LCI, considèrent que les discussions avec F. Bayrou sont des manoeuvres politiciennes.
R.- Mais, ça tombe bien, il n'y a pas eu de discussions avec F. Bayrou.
Q.- Il y a eu une heure et demie de face à face, on discutait, quand même, entre les deux.
R.- C'était transparent, c'était clair, est-ce qu'on y a vu la moindre manoeuvre, la moindre tractation, y compris même dans ce dialogue où S. Royal dit à F. Bayrou qu'elle ne cherchait pas un ralliement et que F. Bayrou ne donnerait pas un ralliement ?
Q.- Alors aujourd'hui, appelez-vous F. Bayrou à dire qu'il votera S. Royal et à appeler au vote S. Royal ?
R.- Je pense que c'est à lui qu'appartient la réponse et donc il a dit qu'il s'exprimerait, il s'exprimera. Moi, ce que je pense, c'est qu'il faut s'adresser, et S. Royal va le faire ce soir, à tous les Français, en leur disant : mais quelle France vous voulez pour les 5 ans qui viennent ? Il ne s'agit pas, là, de choisir une personne. Si, bien sûr, c'est une personne qui sera chef de l'Etat à partir du 6 mai, mais c'est de savoir dans quelle France on veut vivre, et que l'on soit centriste, de gauche, de droite, on doit se poser cette seule question : est-ce que la France dans laquelle je vivrais avec N. Sarkozy ou avec S. Royal, c'est une France qui sera en paix avec elle-même, en confiance, en croissance, en capacité d'agir ou une France qui sera en conflit ? Moi, j'ai déjà ma réponse.
Q.- A tous ces Français, ne doit-elle pas dire qui sera son Premier ministre ?
R.- Ecoutez...
Q.- Ça fait partie du contrat.
R.- Non, ça ne fait pas partie du contrat, ça ne s'est jamais produit, mais je pense, il est clair que si S. Royal est élue présidente de la République elle prendra un Premier ministre qui est de sa famille politique.
Q.- Socialiste, donc ?
R.- C'est la logique, mais je rappelle, quand même, parce qu'on se pose beaucoup de questions, il faut quand même avoir une majorité, ensuite, au Parlement, enfin, à l'Assemblée nationale.
Q.- Mais il y aura un premier, Premier ministre, d'abord.
R.- Oui.
Q.- D. Strauss-Kahn est aujourd'hui le favori pour Matignon, dans le camp socialiste ?
R.- Ça fait partie des noms qu'elle a elle-même cités.
Q.- H. Emmanuelli appelle à la création d'un parti progressiste de la gauche, loin de l'UDF. N'est-ce pas un coup de poignard dans le dos de la candidate ?
R.- Non, ce que dit H. Emmanuelli, je pense qu'il faut l'entendre. Il faut que le parti socialiste, et j'ai toujours eu cette conception, soit un grand parti, capable d'aller de la gauche antilibérale, qui, on le voit bien, n'a pas été capable de s'organiser, jusqu'au centre gauche, parce qu'il ne faut pas laisser un centre s'installer, y compris sur un espace qui est celui du parti socialiste. Donc, il faut avoir un grand parti, qui puisse couvrir, justement, un champ très large, et si nous n'y parvenons pas, alors, il faut rester dans une logique de coalition, mais on voit bien qu'aujourd'hui il y a un défaut de partenaires.
Q.- Pour ce grand parti, ni L. Fabius, ni L. Jospin n'étaient à Charlety hier. Les rats quittent le navire ?
R.- Oh, écoutez, là, ce n'est pas une bonne expression, il y avait beaucoup de socialistes. Franchement, il y avait pratiquement tous ceux qui ont fait la campagne avec S. Royal, il y avait aussi nos alliés, communistes, verts, J. Bové, il y avait beaucoup d'hommes et de femmes et on n'est pas dans un régiment où il faudrait que tout... Je vais faire cette confidence : on n'est pas à l'UMP et on n'est pas là, dans un lieu où chacun serait enrégimenté.
Q.- J. Séguéla, l'homme de "La force tranquille", rallie N. Sarkozy au nom justement de son engagement passé pour F. Mitterrand, que lui répondez-vous ?
R.- Non, je ne crois pas qu'il rallie au nom de son engagement à F. Mitterrand, il rallie au nom de ses intérêts, c'est tout à fait différent.
Q.- J.-M. Le Pen prône l'abstention. Cela ne ruine-t-il pas un argument de la gauche, depuis 15 jours, qui est de dire : eh bien, derrière Sarkozy il y a Le Pen, il y a les idées de Le Pen ? Parce que ? Parce que Le Pen appelle à l'abstention, donc c'est bien qu'il n'a rien à voir ou du moins qu'il ne soutient pas N. Sarkozy.
R.- C'est chaque fois la même proclamation quand Le Pen, et heureusement il ne l'est pas, n'est pas au second tour. Chaque fois qu'il est dans une situation où il a été écarté, éliminé, il renvoie dos à dos. Je n'ai pas été surpris, mais ce sont ses électeurs, une nouvelle fois, qui seront libres. Tous les électeurs sont libres. Moi, je ne crois pas du tout aux consignes politiques.
Q.- On vous annonce, si S. Royal est élue présidente de la République, à la présidence de l'Assemblée nationale, fin juin après les législatives. Vous confirmez ?
R.- Ecoutez... Je ne confirme pas, mais je trouve d'ailleurs assez indécent que les uns ou les autres, se projettent, comme ça, après une élection qui n'a même pas été faite, et après des votes qui n'ont même pas été acquis. Alors, moi je suis à trois ou quatre jours du moment décisif, je pense que c'est quatre, et donc je me prépare à ce que ce moment soit décisif.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 2 mai 2007.