Déclaration de M. Roger-Gérard Schwartzenberg, ministre de la recherche, sur le développement de la recherche au sein de l'université d'Artois dans les domaines des sciences et technologies de l'information et de la communication, la biophysique et les transports terrestres, Arras le 9 février 2001.

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Circonstance : Installation du conseil scientifique de l'Université d'Artois à Arras le 9 février 2001

Texte intégral

Ce déplacement dans la Région Nord Pas-de-Calais et, particulièrement, dans la jeune Université d'Artois est significatif à plus d'un titre.
Je suis d'abord très heureux, Monsieur le Président, de répondre à votre invitation et de présider l'installation du Conseil scientifique de l'Université. Je me félicite de le faire au moment ou je viens d'annoncer, dans la capitale d'une région qui doit devenir le cur de l'Europe du Nord, un plan d'envergure du développement du potentiel de recherche, en utilisant le réseau des établissements universitaires, dont votre université est un des partenaires, sur trois pôles d'excellence : les Sciences et technologies de l'information et de la communication, la Biophysique et les transports terrestres.
1/ Le moment est favorable car plusieurs éléments se conjuguent pour créer une dynamique forte que les universitaires ont la responsabilité d'exploiter : le contrat de plan Etat-Région qui vient d'être signé, le développement des trois pôles que je viens de mentionner, un plan national de création d'emplois enseignants-chercheurs qui devrait permettre à l'université d'améliorer significativement son encadrement. Et enfin le nouveau contrat quadriennal 2002-2005 dont la préparation commence, et qui doit permettre d'afficher les orientations à venir et les forces nécessaires.
2/ La préparation d'un nouveau contrat, c'est d'abord l'occasion de dresser un bilan sur celui qui s'achève. Quand on regarde les chiffres il n'y a pas de doute que l'université d'Artois a su répondre à la demande sociale qui fut à l'origine de sa création en 1992 : démocratiser les conditions d'accès à l'enseignement supérieur et participer au développement économique de la Région.
Pour aller au devant des jeunes dans une région qui n'avait pas de tradition universitaire, vous n'avez pas hésité à vous développer sur quatre sites qui ont chacun une dominante disciplinaire : Arras, Béthune, Douai et Lens. A l'époque du prodigieux développement des technologies de la communication et de l'enseignement, vous avez eu raison : il est moins nécessaire que par le passé de réaliser de grandes concentrations étudiantes si l'on utilise bien ces nouvelles technologies, et si le corps enseignant veiller à les intégrer dans ses démarches pédagogiques. Vous savez que mon ministère est attentif à cette démarche et qu'il la soutient.
Le pari de la démocratisation des conditions d'accès à l'enseignement supérieur a été tenu puisque, depuis la création de l'université, les effectifs étudiants ont pratiquement triplé pour atteindre aujourd'hui une dizaine de milliers, avec une proportion de boursiers qui est l'une des plus fortes du pays : un étudiant sur trois de votre université est boursier alors que la moyenne nationale n'est que de un sur cinq.
3/ Ce pari étant réussi, il faut maintenant passer à l'étape suivante, plus longue et plus difficile : renforcer la proportion d'étudiants inscrits en troisième cycle et renforcer les études doctorales. C'est justement votre préoccupation et c'est parce que je la partage que nous sommes réunis ici aujourd'hui. Votre proportion des étudiants inscrits en troisième cycle (3,6 % en 1998-99) est trois fois plus faible que la moyenne nationale. C'est tout à fait normal pour une jeune université, mais il faut profiter de la préparation du nouveau contrat pour affirmer les axes stratégiques qui feront votre attractivité de demain en complémentarité des universités voisines beaucoup plus anciennes.
4/ La volonté du ministère d'accompagner les activités de recherche de la jeune université d'Artois s'est traduite exceptionnellement par un réajustement annuel de sa dotation recherche, au fur et à mesure de son développement, pour passer progressivement de 0,640 MF en 1993, avec une seule activité émergente, à 3,5 MF en 2000, pour soutenir quatorze équipes d'accueil de doctorants et trois jeunes équipes de recherche. Cet effort sera poursuivi, à la hauteur de la qualité des recrutements que vous effectuez. Une école doctorale d'établissement a été créée en 2000 ; une attention toute particulière sera portée à la situation de cette école à la rentrée 2001, après un an de fonctionnement, notamment en ce qui concerne le nombre d'allocations de recherche qui sera contractualisé. Je vous rappelle que la moitié des allocations de recherche est désormais inscrite dans les contrats, l'autre moitié étant négociée annuellement avec l'école doctorale.
Vous avez eu raison d'attirer mon attention sur le paradoxe que représenterait la reconnaissance d'une école doctorale d'établissement et une diminution de fait du nombre d'allocations, par rapport à la situation antérieure de rattachement aux DEA disciplinaires régionaux (particulièrement dans les sciences fondamentales et appliquées). C'est un problème commun à toutes les universités nouvelles et je vais demander au Directeur de la MSU de regarder avec attention la situation de votre université pour que son développement soit justement accompagné dans le nouveau contrat quadriennal.
5/ Par ailleurs, j'ai voulu assouplir la rigidité du calendrier contractuel en mettant en place un fonds d'intervention qui doit permettre de soutenir les idées qui peuvent émerger dans la période contractualisée , particulièrement quand elles sont émises par de jeunes chercheurs. Je vous engage à utiliser également cette procédure, qui me paraît tout à fait adaptée aux universités en développement comme la vôtre.
6/ Parmi les axes stratégiques qui constitueront votre identité au regard de la communauté scientifique et au delà des trois pôles d'excellence régionaux que j'ai mentionnés et que nous soutenons, le réseau régional des sciences humaines, acté dans le contrat de plan Etat-Région, peut devenir pour votre université un élément structurant essentiel.
Après quelques années de réflexion, un comité stratégique s'est mis en place : son bureau comporte un professeur de votre université, et il représente toutes les forces vives de la communauté scientifique concernée, quel que soit son établissement de rattachement. Comme vous êtes au cur de l'Europe du Nord, vous comprendrez qu'il est attendu de ce comité qu'il soit rapidement capable de transmettre un projet d'ambition européenne, pluridisciplinaire, dans lequel chaque établissement trouvera légitimement sa place. La pluridisciplinarité, qui semble une nécessité en sciences humaines et sociales, doit aussi s'imposer dans l'évaluation des carrières des enseignants-chercheurs. C'est un souci dont vous m'avez fait part et que je partage.
Ce projet doit également se traduire par une Maison des Sciences de l'Homme, inscrit dans le Contrat de plan, qui ne peut se réduire à une construction exclusivement centrale au détriment des forces périphériques. C'est bien d'une " construction " équilibrée dont il s'agit, d'une construction en réseau, ou chaque acteur doit apporter sa compétence et trouver sa place spécifique.
7/ Enfin, la participation au développement économique de la région faisait partie du cahier des charges de votre création. Huit années plus tard je note avec satisfaction les réalisations que vous venez de mentionner, particulièrement le succès d'un de vos professeurs, que je félicite, lauréat du concours national d'aide à la création d'entreprises.
Par ailleurs, l'université à bien évidemment tout intérêt à s'impliquer fortement dans le Centre Régional d'Innovation et de Transfert de Technologie en Moteurs Acoustiques Automobiles qui ouvre ses portes à Bruay la Buissière et qui a mobilisé près de 100 MF.
L'université d'Artois doit également s'impliquer dans le montage des plates formes technologiques envisagées à Lens ou Béthune et elle est présente dans le Centre National de Recherche Technologique en génie Electrique, en cours de montage à Béthune.
Dans le domaine technologique et du transfert une dynamique forte est donc en train de se créer dont vous êtes l'un des principaux acteurs.
En ce qui concerne la loi sur l'innovation et la recherche, qui constitue un progrès essentiel pour valoriser la recherche et développer l'innovation, je vous rappelle les termes de mon discours à la conférence des Présidents d'université le 18 janvier de cette année. " Il reste à mettre en uvre le décret sur les services d'activités industrielles et commerciales. Un travail important a été effectué depuis le mois d'avril dernier, à ma demande, afin de bien évaluer les conséquences fiscales de la création de ces SAIC pour éviter toute difficulté d'application. Ce travail touche maintenant à son terme, et vous devriez être saisis rapidement d'un premier projet ".
Je conclurai en vous exprimant d'abord ma satisfaction devant le travail accompli, par tous les personnels de votre université, pendant ces premières années de " montée en puissance ". Vous êtes maintenant à un moment crucial, et vous en êtes conscients, pour assurer l'avenir scientifique par des choix judicieux. Votre conseil scientifique, que j'ai l'honneur et le plaisir d'avoir rencontré aujourd'hui, est en charge de cette responsabilité. Ce sera la nôtre d'accompagner ces choix, à la hauteur de leur qualité, dans le prochain contrat quadriennal.
J'adresse à toutes et à tous mes vux de succès les plus chaleureux pour votre Université.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 23 février 2001)