Texte intégral
Q - Bonsoir à toutes et à tous, bienvenue sur le plateau de la "Revue de l'actu". Aujourd'hui, la France et 26 pays membres participent à la fête de l'Europe, de nombreuses manifestations se sont déroulées tout au long de cette journée. L'Europe qui, néanmoins, est en panne depuis le rejet de la Constitution européenne, d'où cette question, ce soir : vous sentez-vous Européen ? L'Europe fait-elle partie de votre vie ? Vous nous appelez au 0141093456, vous pouvez également envoyer un mèl à revuactu@france3.fr
Pour parler de l'Europe, il fallait quelqu'un de très compétent et qui travaille de près avec l'Europe, j'ai donc invité Catherine Colonna. Bonsoir.
R - Bonsoir.
Q - Vous êtes la ministre déléguée aux Affaires européennes. J'ai une première question, assez directe : pourquoi l'Europe, en général, fait-elle peur aux Français ? Nous avons ce sentiment tout de même assez vif.
R - Ils n'en sont pas responsables, en revanche, collectivement, la ''machine européenne'' en est sans doute un peu responsable. On n'explique pas suffisamment aux Françaises et aux Français, et d'une façon générale à tous les citoyens européens, ce que l'Europe leur apporte. Alors qu'est-ce qu'elle leur apporte ? D'abord, bien sûr, la paix, la liberté, la démocratie, dans un continent qui jusqu'ici, avant la construction européenne, avait surtout connu les ravages de la guerre. Mais elle leur apporte plus que cela. Dans notre vie quotidienne, l'Europe nous aide beaucoup, pour le développement économique et social de nos pays, pour faire que l'eau soit propre partout, pour faire qu'il y ait des normes sociales en Europe que l'on respecte les uns et les autres. Et je vais simplement poser une question : qui pourrait penser, dans le monde globalisé d'aujourd'hui, que l'on pourrait s'en sortir tout seuls pour régler les grands problèmes et relever les défis ?
Q - Peut-être certains partis estiment que l'on pourrait, mais c'est vrai qu'avec la mondialisation, l'Europe fait partie de notre vie de tous les jours. Néanmoins, ce Traité constitutionnel en 2005, cela a été un coup de poignard dans le ventre pour la France. Les politiques ne savent plus trop comment parler, comment gérer ce dossier, tout le monde se tait. Nous ne sommes pas à l'aise.
R - C'est en effet une difficulté qu'il faut que les Ving-Sept surmontent tous ensemble. La France a sa part de responsabilité, donc elle a été particulièrement à l'initiative depuis deux ans pour maintenir le cap européen, c'est dans l'intérêt de notre pays et du peuple français. Mais, oui, c'est une difficulté, oui, cela a été un coup d'arrêt à un processus d'intégration que, peut-être, nous avions mal présenté. Donc il faut reprendre les choses au début. Alors parlons clairement lorsque nous parlons de l'Europe : est-ce que l'on a besoin de l'Europe aujourd'hui ? Je réponds oui, résolument...
Q - ...Difficile de dire non à votre place !
R - Mais je vais essayer d'expliquer pourquoi !
Q - Je vous en prie.
R - Qu'il s'agisse des grands défis du changement climatique, de la question de l'énergie, du problème des migrations, des inégalités de développement entre le Nord et le Sud, nous avons besoin de l'Europe pour relever ces défis. Alors elle ne fait pas suffisamment, et peut-être pas suffisamment vite, parce qu'il faut qu'elle s'adapte aux besoins nouveaux et aux attentes des peuples. Mais pour qu'elle puisse répondre à ces défis il faut lui donner les instruments, c'est pour cela qu'il faudra un nouveau traité. Après l'échec, il y a deux ans, du référendum, il faut que l'on reparte avec, peut-être, une démarche plus simple, que l'on fasse un texte simplifié, centré sur le mécanisme institutionnel.
Q - Ce que souhaite le nouveau président, Nicolas Sarkozy.
R - C'est ce que souhaite Nicolas Sarkozy, et il a raison. C'est une démarche pragmatique parce qu'il faut que l'on sorte maintenant de cette impasse institutionnelle et du blocage européen, et que l'on puisse engager une relance de l'Europe.
Q - Je vais donner la parole à Alex Taylor qui est en ligne avec nous depuis Berlin. Bonsoir Alex Taylor.
R - (Alex Taylor) - Bonsoir
Q - Vous êtes journaliste et producteur. Pourquoi dites-vous que les Français se désintéressent de l'Europe, ne sont pas assez attentifs ?
R - (Alex Taylor) - Je ne dis pas cela, je crois que les Français ont toujours beaucoup participé à l'Europe parce que la France a été l'un des membres fondateurs de l'Europe, mais je crois que le monde politique ne s'y intéresse pas de façon assez convaincante.
Q - Les Français s'y intéressent alors, mais pas les politiques ?
R - (Alex Taylor) - Dans les politiques il n'y a personne, à part peut-être Daniel Cohn-Bendit, qui incarne l'Europe. Il faut des visages pour rendre cette Europe plus vivante, et j'irai même plus loin, quitte à vous décevoir un tout petit peu, mais je crois que c'est largement aussi en France le problème des médias. Où sont les émissions européennes aujourd'hui ? (...)
Q - Je vous remercie Alex Taylor et renvoie la question à Mme la Ministre. Il est vrai que l'on ne voit pas beaucoup d'émissions sur l'Europe à la télévision.
R - Alex Taylor a très largement raison. Nous ne parlons pas suffisamment d'Europe et le résultat, en effet, est que nous la connaissons mal.
Q - Mais pourquoi n'avons-nous pas envie d'en parler ?
R - C'est aux journalistes de répondre à la question de savoir pourquoi il n'y a pas assez d'émissions ! Mais je crois qu'Alex Taylor a raison sur un point fondamental. Il faut parler d'Europe, et en parler concrètement pour ce qu'elle fait. Ne pas en parler de façon théorique comme nous le faisons trop souvent, sur les institutions, sur les traités, sur les directives, mais en parler pour son action concrète. Et c'est la raison pour laquelle je voulais que l'on insiste sur ce qu'elle nous permet de faire pour notre développement économique et social, pour relever les grands défis du monde d'aujourd'hui. Encore une fois, dans le rôle d'éclaireur qu'ont les responsables politiques, il ne faut pas hésiter à dire que nous avons besoin de l'Europe, l'affirmer haut et fort, et travailler à une meilleure Europe, une Europe qui réponde davantage aux besoins des citoyens.
Q - Un autre appel : bonsoir Julien. Vous voulez réagir sur le Traité constitutionnel.
Q - (Julien) - Nicolas Sarkozy veut faire adopter un traité par le Parlement et non plus par le peuple. Un fossé ne va-t-il pas se creuser entre les institutions européennes et le peuple ?
R - Je voudrais répondre que c'est tout le contraire. Le fossé se creusera entre le peuple et l'Europe si l'Europe ne fonctionne pas bien. Et, en ce moment, elle ne fonctionne plus bien parce qu'elle n'a pas les mécanismes de prise de décisions, tout simplement, qui lui permettent de prendre les bonnes décisions en temps et en heure. C'est-à-dire démocratiquement, mais assez vite, dans un monde qui va très vite. Donc les Européens, à 27, se sont mis d'accord pour essayer d'avoir un nouveau texte. Ce ne sera pas le même texte, ce sera un texte différent, plus simple, centré sur la prise de décision. Il y a un objectif et une urgence parce que l'Europe à 27 est un peu grippée. Essayons de terminer ce processus à temps pour les élections européennes de 2009. Le référendum français, c'était en 2005. 2005-2009, cela fait quatre ans, il faut maintenant aller de l'avant. Vraiment.
Q - C'est peut-être le point de départ que donnera assez rapidement le nouveau chef de l'Etat, nous allons voir.
R - Très rapidement je pense.
Q - Vous faites bien de nous le confirmer. Grégory nous appelle, bonsoir.
Q - (Grégory) - Témoignage : Il se sent moins européen depuis 2005 et déplore une panne des institutions.
Q - Nous sentons un peu de timidité dans ces deux témoignages vis-à-vis de l'Europe. Nous ne savons pas trop s'il faut avancer et comment.
R - Mais vos téléspectateurs disent tout à fait la vérité. L'Europe ne va pas bien depuis deux ans. Et au passage je veux faire remarquer ce que chacun savait, même si nous avons voulu l'oublier, en votant "non", il n'y avait pas une nouvelle Europe qui allait naître miraculeusement. En clair, il n'y avait pas de plan B, contrairement à ce que certains avaient prévu.
Q - Selon vous le "non" n'est pas le rejet total de l'Europe de la part des Français ?
R - Il y a des causes multiples, diverses. De toutes façons c'est le passé. Regardons plutôt vers l'avenir, nous avons besoin de mieux expliquer le projet européen, de le centrer sur un certain nombre de grands défis, pour que l'Europe nous aide à relever les défis de la mondialisation et nous protège aussi quand cela est nécessaire. Cette difficulté, il faut la dépasser, nous n'allons pas rester dans cette situation, elle n'a que trop duré, je crois qu'il faut aller de l'avant maintenant.
Q - Quand Alex Taylor disait qu'il fallait un visage, vous êtes ministre déléguée aux Affaires européennes, mais c'est vrai que l'on ne vous a pas vue énormément dans les médias et nous pouvons le regretter, mais pourquoi n'y a-t-il pas de visage fort de l'Europe, un peu comme Daniel Cohn-Bendit, qui lui, semble donner un visage.
R - Tout d'abord merci de m'inviter ! Cela me permet de vous parler. Je crois que la difficulté n'est pas tant dans ma personne ou dans ma fonction que dans le fait que nous sommes 27. L'Union européenne est une union de 27 pays - et il faut que l'on trouve, en effet, un visage et une voix pour l'Europe. Nous le savons depuis longtemps. C'était d'ailleurs l'un des objectifs du Traité constitutionnel de doter l'Europe d'un Président, pour deux ans et demi, renouvelable. Et de faire ce qui ne se fait pas aujourd'hui, c'est-à-dire avoir une personne qui incarne l'Europe. Aujourd'hui, nous sommes divers, nous sommes multiples, chacun en France, d'ailleurs, peut parler d'Europe puisque chaque ministre à une compétence européenne aussi. Multiplié par 27, cela ne permet pas à l'Europe de s'incarner dans un leader politique. Il nous faudra donc, là aussi, trouver des solutions. Il y en avait, elles ont été refusées. Nous en prenons acte, le peuple français est souverain et il a raison, mais le problème demeure, il faut que l'on trouve une réponse maintenant.
Q - Nous allons prendre un dernier appel. Sophie bonsoir.
Q - (Sophie) - Bonsoir. Est-ce qu'aujourd'hui il vaut mieux d'abord se considérer comme Français ou comme Européen ?
R - Mais les deux, les deux ! Il y a bien longtemps que la question ne se pose plus, heureusement, de devoir choisir entre deux fidélités. Celle que l'on doit à son pays et celle que l'on devrait à l'Europe. Je suis profondément attachée à la France, j'aime mon pays, je suis Française. Mais je suis Française et Européenne, de même que je suis Tourangelle et Française. Et nous avons besoin de l'Europe pour que la France reste ce qu'elle est. C'est quelque chose qu'il faut que l'on comprenne davantage et que l'on en soit heureux, que l'on aborde l'Europe positivement, c'est quelque chose qui nous aide, ce n'est pas quelque chose qui nous contraint ou qui fait disparaître nos identités.
Q - Très vite une dernière question pour terminer cet entretien qui est très agréable et que l'on pourrait mener plus loin. S'il devait y avoir un visage, est-ce que vous pensez à quelqu'un qui pourrait incarner l'Europe ? En France, parce qu'en Europe nous aurions peut-être du mal à le cerner.
R - Je me garderai de faire des pronostics, mais c'est vrai que cela aurait une certaine allure si c'était un Français ; l'avenir répondra, je ne peux pas répondre à sa place.
Q - Merci beaucoup d'être venue nous éclairer sur l'Europe, l'Europe qui existe et que l'on vit au quotidien et qu'il va falloir développer encore plus, nous le verrons bien sûr avec la présidence du nouveau chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mai 2007
Pour parler de l'Europe, il fallait quelqu'un de très compétent et qui travaille de près avec l'Europe, j'ai donc invité Catherine Colonna. Bonsoir.
R - Bonsoir.
Q - Vous êtes la ministre déléguée aux Affaires européennes. J'ai une première question, assez directe : pourquoi l'Europe, en général, fait-elle peur aux Français ? Nous avons ce sentiment tout de même assez vif.
R - Ils n'en sont pas responsables, en revanche, collectivement, la ''machine européenne'' en est sans doute un peu responsable. On n'explique pas suffisamment aux Françaises et aux Français, et d'une façon générale à tous les citoyens européens, ce que l'Europe leur apporte. Alors qu'est-ce qu'elle leur apporte ? D'abord, bien sûr, la paix, la liberté, la démocratie, dans un continent qui jusqu'ici, avant la construction européenne, avait surtout connu les ravages de la guerre. Mais elle leur apporte plus que cela. Dans notre vie quotidienne, l'Europe nous aide beaucoup, pour le développement économique et social de nos pays, pour faire que l'eau soit propre partout, pour faire qu'il y ait des normes sociales en Europe que l'on respecte les uns et les autres. Et je vais simplement poser une question : qui pourrait penser, dans le monde globalisé d'aujourd'hui, que l'on pourrait s'en sortir tout seuls pour régler les grands problèmes et relever les défis ?
Q - Peut-être certains partis estiment que l'on pourrait, mais c'est vrai qu'avec la mondialisation, l'Europe fait partie de notre vie de tous les jours. Néanmoins, ce Traité constitutionnel en 2005, cela a été un coup de poignard dans le ventre pour la France. Les politiques ne savent plus trop comment parler, comment gérer ce dossier, tout le monde se tait. Nous ne sommes pas à l'aise.
R - C'est en effet une difficulté qu'il faut que les Ving-Sept surmontent tous ensemble. La France a sa part de responsabilité, donc elle a été particulièrement à l'initiative depuis deux ans pour maintenir le cap européen, c'est dans l'intérêt de notre pays et du peuple français. Mais, oui, c'est une difficulté, oui, cela a été un coup d'arrêt à un processus d'intégration que, peut-être, nous avions mal présenté. Donc il faut reprendre les choses au début. Alors parlons clairement lorsque nous parlons de l'Europe : est-ce que l'on a besoin de l'Europe aujourd'hui ? Je réponds oui, résolument...
Q - ...Difficile de dire non à votre place !
R - Mais je vais essayer d'expliquer pourquoi !
Q - Je vous en prie.
R - Qu'il s'agisse des grands défis du changement climatique, de la question de l'énergie, du problème des migrations, des inégalités de développement entre le Nord et le Sud, nous avons besoin de l'Europe pour relever ces défis. Alors elle ne fait pas suffisamment, et peut-être pas suffisamment vite, parce qu'il faut qu'elle s'adapte aux besoins nouveaux et aux attentes des peuples. Mais pour qu'elle puisse répondre à ces défis il faut lui donner les instruments, c'est pour cela qu'il faudra un nouveau traité. Après l'échec, il y a deux ans, du référendum, il faut que l'on reparte avec, peut-être, une démarche plus simple, que l'on fasse un texte simplifié, centré sur le mécanisme institutionnel.
Q - Ce que souhaite le nouveau président, Nicolas Sarkozy.
R - C'est ce que souhaite Nicolas Sarkozy, et il a raison. C'est une démarche pragmatique parce qu'il faut que l'on sorte maintenant de cette impasse institutionnelle et du blocage européen, et que l'on puisse engager une relance de l'Europe.
Q - Je vais donner la parole à Alex Taylor qui est en ligne avec nous depuis Berlin. Bonsoir Alex Taylor.
R - (Alex Taylor) - Bonsoir
Q - Vous êtes journaliste et producteur. Pourquoi dites-vous que les Français se désintéressent de l'Europe, ne sont pas assez attentifs ?
R - (Alex Taylor) - Je ne dis pas cela, je crois que les Français ont toujours beaucoup participé à l'Europe parce que la France a été l'un des membres fondateurs de l'Europe, mais je crois que le monde politique ne s'y intéresse pas de façon assez convaincante.
Q - Les Français s'y intéressent alors, mais pas les politiques ?
R - (Alex Taylor) - Dans les politiques il n'y a personne, à part peut-être Daniel Cohn-Bendit, qui incarne l'Europe. Il faut des visages pour rendre cette Europe plus vivante, et j'irai même plus loin, quitte à vous décevoir un tout petit peu, mais je crois que c'est largement aussi en France le problème des médias. Où sont les émissions européennes aujourd'hui ? (...)
Q - Je vous remercie Alex Taylor et renvoie la question à Mme la Ministre. Il est vrai que l'on ne voit pas beaucoup d'émissions sur l'Europe à la télévision.
R - Alex Taylor a très largement raison. Nous ne parlons pas suffisamment d'Europe et le résultat, en effet, est que nous la connaissons mal.
Q - Mais pourquoi n'avons-nous pas envie d'en parler ?
R - C'est aux journalistes de répondre à la question de savoir pourquoi il n'y a pas assez d'émissions ! Mais je crois qu'Alex Taylor a raison sur un point fondamental. Il faut parler d'Europe, et en parler concrètement pour ce qu'elle fait. Ne pas en parler de façon théorique comme nous le faisons trop souvent, sur les institutions, sur les traités, sur les directives, mais en parler pour son action concrète. Et c'est la raison pour laquelle je voulais que l'on insiste sur ce qu'elle nous permet de faire pour notre développement économique et social, pour relever les grands défis du monde d'aujourd'hui. Encore une fois, dans le rôle d'éclaireur qu'ont les responsables politiques, il ne faut pas hésiter à dire que nous avons besoin de l'Europe, l'affirmer haut et fort, et travailler à une meilleure Europe, une Europe qui réponde davantage aux besoins des citoyens.
Q - Un autre appel : bonsoir Julien. Vous voulez réagir sur le Traité constitutionnel.
Q - (Julien) - Nicolas Sarkozy veut faire adopter un traité par le Parlement et non plus par le peuple. Un fossé ne va-t-il pas se creuser entre les institutions européennes et le peuple ?
R - Je voudrais répondre que c'est tout le contraire. Le fossé se creusera entre le peuple et l'Europe si l'Europe ne fonctionne pas bien. Et, en ce moment, elle ne fonctionne plus bien parce qu'elle n'a pas les mécanismes de prise de décisions, tout simplement, qui lui permettent de prendre les bonnes décisions en temps et en heure. C'est-à-dire démocratiquement, mais assez vite, dans un monde qui va très vite. Donc les Européens, à 27, se sont mis d'accord pour essayer d'avoir un nouveau texte. Ce ne sera pas le même texte, ce sera un texte différent, plus simple, centré sur la prise de décision. Il y a un objectif et une urgence parce que l'Europe à 27 est un peu grippée. Essayons de terminer ce processus à temps pour les élections européennes de 2009. Le référendum français, c'était en 2005. 2005-2009, cela fait quatre ans, il faut maintenant aller de l'avant. Vraiment.
Q - C'est peut-être le point de départ que donnera assez rapidement le nouveau chef de l'Etat, nous allons voir.
R - Très rapidement je pense.
Q - Vous faites bien de nous le confirmer. Grégory nous appelle, bonsoir.
Q - (Grégory) - Témoignage : Il se sent moins européen depuis 2005 et déplore une panne des institutions.
Q - Nous sentons un peu de timidité dans ces deux témoignages vis-à-vis de l'Europe. Nous ne savons pas trop s'il faut avancer et comment.
R - Mais vos téléspectateurs disent tout à fait la vérité. L'Europe ne va pas bien depuis deux ans. Et au passage je veux faire remarquer ce que chacun savait, même si nous avons voulu l'oublier, en votant "non", il n'y avait pas une nouvelle Europe qui allait naître miraculeusement. En clair, il n'y avait pas de plan B, contrairement à ce que certains avaient prévu.
Q - Selon vous le "non" n'est pas le rejet total de l'Europe de la part des Français ?
R - Il y a des causes multiples, diverses. De toutes façons c'est le passé. Regardons plutôt vers l'avenir, nous avons besoin de mieux expliquer le projet européen, de le centrer sur un certain nombre de grands défis, pour que l'Europe nous aide à relever les défis de la mondialisation et nous protège aussi quand cela est nécessaire. Cette difficulté, il faut la dépasser, nous n'allons pas rester dans cette situation, elle n'a que trop duré, je crois qu'il faut aller de l'avant maintenant.
Q - Quand Alex Taylor disait qu'il fallait un visage, vous êtes ministre déléguée aux Affaires européennes, mais c'est vrai que l'on ne vous a pas vue énormément dans les médias et nous pouvons le regretter, mais pourquoi n'y a-t-il pas de visage fort de l'Europe, un peu comme Daniel Cohn-Bendit, qui lui, semble donner un visage.
R - Tout d'abord merci de m'inviter ! Cela me permet de vous parler. Je crois que la difficulté n'est pas tant dans ma personne ou dans ma fonction que dans le fait que nous sommes 27. L'Union européenne est une union de 27 pays - et il faut que l'on trouve, en effet, un visage et une voix pour l'Europe. Nous le savons depuis longtemps. C'était d'ailleurs l'un des objectifs du Traité constitutionnel de doter l'Europe d'un Président, pour deux ans et demi, renouvelable. Et de faire ce qui ne se fait pas aujourd'hui, c'est-à-dire avoir une personne qui incarne l'Europe. Aujourd'hui, nous sommes divers, nous sommes multiples, chacun en France, d'ailleurs, peut parler d'Europe puisque chaque ministre à une compétence européenne aussi. Multiplié par 27, cela ne permet pas à l'Europe de s'incarner dans un leader politique. Il nous faudra donc, là aussi, trouver des solutions. Il y en avait, elles ont été refusées. Nous en prenons acte, le peuple français est souverain et il a raison, mais le problème demeure, il faut que l'on trouve une réponse maintenant.
Q - Nous allons prendre un dernier appel. Sophie bonsoir.
Q - (Sophie) - Bonsoir. Est-ce qu'aujourd'hui il vaut mieux d'abord se considérer comme Français ou comme Européen ?
R - Mais les deux, les deux ! Il y a bien longtemps que la question ne se pose plus, heureusement, de devoir choisir entre deux fidélités. Celle que l'on doit à son pays et celle que l'on devrait à l'Europe. Je suis profondément attachée à la France, j'aime mon pays, je suis Française. Mais je suis Française et Européenne, de même que je suis Tourangelle et Française. Et nous avons besoin de l'Europe pour que la France reste ce qu'elle est. C'est quelque chose qu'il faut que l'on comprenne davantage et que l'on en soit heureux, que l'on aborde l'Europe positivement, c'est quelque chose qui nous aide, ce n'est pas quelque chose qui nous contraint ou qui fait disparaître nos identités.
Q - Très vite une dernière question pour terminer cet entretien qui est très agréable et que l'on pourrait mener plus loin. S'il devait y avoir un visage, est-ce que vous pensez à quelqu'un qui pourrait incarner l'Europe ? En France, parce qu'en Europe nous aurions peut-être du mal à le cerner.
R - Je me garderai de faire des pronostics, mais c'est vrai que cela aurait une certaine allure si c'était un Français ; l'avenir répondra, je ne peux pas répondre à sa place.
Q - Merci beaucoup d'être venue nous éclairer sur l'Europe, l'Europe qui existe et que l'on vit au quotidien et qu'il va falloir développer encore plus, nous le verrons bien sûr avec la présidence du nouveau chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 mai 2007