Interview de M. Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, à France Info le 29 mars 2007, sur la place de la politique agricole dans la campagne électorale et la PAC.

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Média : France Info

Texte intégral

Q- On parle finalement assez peu d'agriculture dans cette campagne électorale, ne trouvez- vous pas ?
R- Si on met la semaine du Salon de côté, on n'en parle pas du tout. C'est même inquiétant, c'est surprenant, mais c'est peut-être aussi parce que les sujets qui concernent l'agriculture sont des sujets souvent de nature européenne ou internationale et que, finalement, les candidats se focalisent sur tout ce qui est très franco-français, mais nous on sait que notre avenir dépend de positions extrêmement fortes qu'elles soient reprises par le futur hôte ou la future hôte de l'Elysée, et on aimerait bien que l'on parle un parle un peu plus d'un secteur très important, nous semble-t-il, pour notre pays.
Q- Concrètement, qu'attendez-vous du prochain président ?
R- Pour nous, pour l'agriculture, peut-être cela peut-il surprendre, mais ce que l'on attend, ce sont des positions extrêmement fermes et déterminées. D'abord, sur le plan européen, sur la Politique agricole qui va d'ailleurs être à nouveau débattue à Bruxelles, c'est-à-dire : est-ce que l'on se bat pour l'indépendance alimentaire de la France et de l'Europe ? Est-ce que l'on joue la carte de la qualité des produits, de nos territoires, de nos terroirs ? Quand je suis, comme en ce moment, à Marseille où on voit la qualité de tout ce qui nous est fourni par les producteurs de Provence-Alpes-Côte-d'Azur, avec cette typicité méditerranéenne, est-ce qu'on est prêts à se battre pour garder ce type d'agriculture, à dimension humaine ? Ou est-ce que, finalement, parce les produits seraient moins chers, venant du Brésil, d'Argentine, d'Océanie ou d'ailleurs, on jouerait une autre carte, celle des importations ? Donc, cela c'est la première chose. Et cela veut dire aussi que, sur le plan international, sur le plan des négociations à l'Organisation Mondiale du Commerce, qui sont quotidiennes en ce moment, avec des velléités fortes de la part du directeur de l'Organisation Mondiale du Commerce, M. Lamy, de faire avancer les choses, sont-ils prêts à prendre des positions déterminées ? C'est ce que nous attendons d'abord avant qu'on nous parle de politique française.
Q- Au niveau européen, est-ce que la France est toujours aussi puissante sur les dossiers agricoles ?
R- Jusqu'à maintenant, elle a montré qu'elle l'était. Il faudra que nos futurs dirigeants le montrent à nouveau. Nous sommes le premier grand pays agricole d'Europe, avec une agriculture qui ne cherche pas la grande agriculture à tout prix, c'est-à-dire, de très grandes exploitations, au contraire. On a la conviction que, l'aménagement du territoire, l'occupation des territoires, passe par le renouvellement important dans la profession agricole, c'est-à-dire l'installation des jeunes agriculteurs. Ce n'est pas forcément la même ambition partagée par des Anglais, par des Néerlandais, par des Suédois. Donc, j'espère qu'ils vont peser. On peut dire que, la France, jusqu'à ces derniers jours a pesé parce que, dans les négociations internationales, elle a réussi à entraîner 13-14 pays avec elle pour faire front, notamment à la détermination américaine qui voulait impérativement nous imposer ses choix d'agriculture. En rappelant que par ailleurs, eux-mêmes, les Américains, ne veulent pas faire d'efforts, ne veulent surtout pas abandonner leur soutien à l'agriculture.
Q- Revenons à la politique française. Un sondage montre que les agriculteurs vont voter à droite. Vous, vous avez décidé de ne pas inviter les politiques cette année. N'avez-vous pas peur finalement d'un ministère de l'Agriculture qui soit rattaché à celui de l'Environnement ou à celui de l'Economie ?
R- Je vais, en clôturant le Congrès tout à l'heure, effectivement dire haut et fort que, nous voulons un ministère de l'Agriculture de plein exercice, parce que, une profession qui représente, avec les emplois induits, 15 % de l'emploi dans notre pays, qui peut, par son dynamisme, être un des secteurs qui permette de lutter contre le chômage, quand on voit ce que nous pouvons jouer aussi, en termes d'occupation des territoires. Et puis, je pense à la qualité des produits dans l'assiette du consommateur, je pense qu'il faut que chacun entende effectivement ce que nous pouvons représenter, et j'espère que, au-delà du nombre même d'actifs dans le monde agricole, nos voix compteront. Et je pense que, quand ils feront les comptes au final, les candidats s'en rendront compte.
Q- Combien de personnes représente le monde agricole ?
R- On sort des élections professionnelles où, à la fois, actifs, retraités et salariés de l'agriculture, nous étions 3 millions d'électeurs.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 mars 2007