Déclaration de M. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, sur l'Europe sociale, le fonctionnement de l'Europe élargie à 27 pays et le rôle de la Confédération syndicale européenne, Séville le 21 mai 2007.

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Circonstance : 11ème congrés de la Confédération européeenne des syndicats (CES) à Séville les 21 au 24 mai 2007

Texte intégral


«L'avenir de l'Europe nous appartient, à nous citoyens des pays de l'Union européenne, à nous organisations syndicales nationales, à nous, Confédération syndicale européenne.
Les travailleurs ont besoin d'Europe, pour accroître le socle social commun qui réduit la concurrence sociale, pour réduire la concurrence fiscale entre pays de l'Union européenne.
Les travailleurs et les citoyens ont besoin d'une Europe capable d'impulser les politiques indispensables pour relever les défis redoutables du développement durable, de l'approvisionnement énergétique, du réchauffement climatique.
Si nous restons à une Europe des déclarations générales, sans objectifs concrets communs, nous aurons beaucoup de mal à parvenir à une régulation du capitalisme financier, à des systèmes sociaux pérennisés, au progrès social que nous voulons pour tous les européens, mais aussi pour les travailleurs du monde entier.
Nous avons besoin, à la fois d'une Europe politique qui est de la responsabilité première de nos gouvernants, et d'une Europe sociale construite par le dialogue social national et transnational.
Mais pour pouvoir jouer ce rôle, l'Europe a besoin d'un cadre institutionnel et juridique qui permette de prendre les décisions politiques indispensables. Ce n'est pas possible avec le Traité de Nice, qui pérennise la situation actuelle, où la dimension économique reste prédominante au détriment des dimensions, sociale est environnementale.
Le fonctionnement actuel de l'Europe laisse, dans trop de domaines, chaque pays se débrouiller face aux défis de la mondialisation. Une meilleure cohésion sociale et économique dans l'Union, et un rôle accru de l'Europe pour la paix et le développement durable de notre planète exigent une meilleure capacité d'action collective européenne.
C'est dans ce cadre que nous devons aborder le positionnement de la CES favorable au Traité constitutionnel, en commençant par nous rappeler les raisons et le sens de son engagement.
La CES a participé aux travaux de la Convention et a souhaité le Traité parce qu'il fallait améliorer le fonctionnement institutionnel d'une Europe élargie à 27 pays, pour y faire vivre les valeurs de solidarité et de démocratie. Par ailleurs, nous voulions que les valeurs fondamentales auxquelles nous sommes attachés soient adoptées par l'Europe à travers sa Charte des droits fondamentaux.
C'est pour l'ensemble de ces enjeux que nous avons manifesté à Nice. Nous avons obtenu la Charte, nous n'avons pas été entendus sur les institutions.
Aujourd'hui, la CES doit poursuivre son action sur ces mêmes objectifs. Les travailleurs ont besoin d'une Europe qui fonctionne mieux pour que progresse l'Europe politique, ils ont besoin que les droits fondamentaux se déclinent en progrès social. Il s'agit de permettre l'articulation entre la démocratie politique et la démocratie sociale.
Les syndicalistes français, moins que d'autres, ne peuvent se désintéresser du devenir du Traité constitutionnel. Si la Charte des droits fondamentaux est menacée par un futur Traité sous la pression de gouvernements qui n'en voudraient pas, il ne faut pas oublier que c'est le blocage du processus de ratification du Traité constitutionnel par les « non » aux référendums qui en est la cause unique.
Quoi qu'il en soit, nous sommes résolus à soutenir l'intégration de la Charte dans un futur traité, avec la même énergie que nous avons mis à soutenir le Traité constitutionnel.
Nous voulons aussi que soit préservé, en particulier, la clause sociale transversale, ainsi que la base juridique pour les services d'intérêt économique général.
Il faut aussi préserver le rôle et les fonctions d'un responsable européen des affaires étrangères tel que prévu dans le projet de Traité. C'est le moyen, pour l'Europe, de parler d'une seule voix sur la scène mondiale et ainsi favoriser la prise en compte des droits sociaux fondamentaux et des objectifs environnementaux dans le commerce mondial, et défendre partout les libertés et le droit au développement.
Les européens ont l'obligation de trouver un accord dans les 27 pays de l'Union pour sortir de la crise. Dans chacun de ces 27 pays, les organisations syndicales doivent agir pour chercher la solution. Car ce sont les gouvernements, les citoyens, et les sociétés civiles de chacun des pays qui devront construire un consensus et le gérer. Les organisations syndicales devront y prendre toute la place qui leur revient dans ce processus. Nous devrons veiller à ce que les solutions proposées permettent de faire progresser le social en Europe et combattre la tentation d'une « solution par le bas », établie sur le plus petit dénominateur commun. ».Source http://www.cfdt.fr, le 30 mai 2007