Texte intégral
C. Barbier S. Royal a laissé un message téléphonique hier à F. Bayrou. [Celui-ci] dit ce matin qu'il ne donnera pas de consignes de vote pour le second tour des législatives. Etes-vous déçu ?
R.- Il n'y a pas de surprise. F. Bayrou adopte la même attitude que pendant l'élection présidentielle.
Q.- Il avait dit qu'il ne voterait pas pour N. Sarkozy, il avait été un peu plus vers la gauche ?
R.- Oui mais, là, il n'avait pas plus donné de consignes de vote claires, il n'en donne pas davantage aujourd'hui, mais en même temps, je crois qu'il dit une chose qui mérite d'être entendue par ses électeurs, c'est qu'il faut favoriser le pluralisme. Et aujourd'hui, le pluralisme ne peut pas être représenté par le candidat de l'UMP dans telle ou telle circonscription. Le pluralisme, c'est soit un candidat divers droite, je pense que peut-être M. Bayrou fait allusion à cela ; soit, le plus souvent, dans 450 circonscriptions, le candidat de la gauche. Donc, si on veut favoriser le pluralisme, si on veut donner des signes, comme le dit M. Bayrou et pas des consignes, il faut permettre à l'opposition d'être forte à l'Assemblée nationale et voter pour les candidats de gauche.
Q.- Et appelez-vous à voter, sans état d'âme, pour les candidats du MoDem quand ils sont mieux placés, pour battre l'UMP ?
R.- Il y a très peu de cas, vous savez, je crois qu'il y a deux ou trois cas, où nous ne sommes pas en situation d'être présents au second tour. Et moi-même, hier, j'ai dit que dans ces deux ou trois cas, où nous ne sommes pas présents au second tour, nous disons à nos électeurs de favoriser le pluralisme.
Q.- Vous avez dit hier avec humour : "Je peux ne pas avoir à téléphoner". C'est-à- dire que vous désapprouvez l'initiative de S. Royal ?
R.- Non...
Q.- Etait-ce une démarche trop solitaire, pas assez concertée ?
R.- Non, je pense qu'elle avait eu un dialogue à l'occasion de l'élection présidentielle, dans l'entre-deux tours. Il était donc cohérent dans la suite de ce dialogue d'établir un contact. Mais moi je savais qu'il n'y avait pas de négociations à ouvrir avec le parti de M. Bayrou. Pourquoi ? Parce que M. Bayrou lui-même est dans une stratégie que je respecte, qui est de ne pas faire d'alliance, ni avec l'UMP, ni avec le PS. Dès lors, c'est à chacun de réagir en conscience. Là, M. Bayrou dit : il faut favoriser le pluralisme. Je dis : pour favoriser le pluralisme, faisons en sorte que pour ces élections législatives, il y ait de l'équilibre à l'Assemblée nationale. Voilà le sens, je crois, de la stratégie, la seule possible, aujourd'hui pour la gauche.
Q.- Et plus tard, le PS et le MoDem peuvent-ils se retrouver autour d'une table pour discuter du fond, de programmes futurs, d'alliance future ?
R.- Je pense qu'on est toujours ouverts à des discussions sur le fond programmatique. Et vous avez compris quand même que la stratégie de M. Bayrou, je la respecte, n'est pas celle-là. La stratégie de M. Bayrou est d'avoir, non plus un groupe à l'Assemblée nationale - je pense qu'il sera seul à l'Assemblée nationale, donc, ce n'est pas une stratégie programmatique pour les élections législatives, c'est terminé- il est dans une stratégie purement présidentielle. Donc, il nous donne rendez-vous en 2012. Eh bien nous serons dans la campagne de 2012 conscients des enjeux, et peut-être, je l'espère, différemment traités qu'aujourd'hui.
Q.- S. Royal s'en est pris hier aux journalistes de France 2, les accusant de partialité, parce qu'ils expliquaient que beaucoup de ses proches étaient en difficulté lors de ce second tour des élections législatives. C'est quoi ? C'est un réflexe de mauvaise perdante, c'est encore pour plaire à F. Bayrou en critiquant les médias ?
R.- Non, je pense qu'il y a un problème de pluralisme, y compris dans l'information. Il y avait un reportage, je l'ai vu moi-même, sur Bordeaux, où M. Juppé est candidat. Il est normal de traiter la candidature de M. Juppé, c'est le numéro 2 du Gouvernement...
Q.- Et la parole était donnée à son adversaire socialiste...
R.-...Justement, le nom de sa concurrente socialiste n'était pas cité. Mais elle parlait. Ecoutez, si on avait mis M. Juppé, sans le citer, peut-être tout le monde l'aurait reconnu. Mais la candidate socialiste, pour l'instant, est encore disons méconnue, elle mérite d'être connue, peut-être va-t-elle l'être en battant M. Juppé, mais je crois- on ne va pas y passer nous non plus trop de temps - mais quand on fait des reportages sur les élections législatives de deuxième tour, pas de premier tour, il y a 15 candidats de deuxième tour, la moindre des choses c'est de faire l'équilibre.
Q.- Si le PS n'atteint pas les 100 députés, est-ce que vous démissionnerez du premier secrétariat dès le 18 juin ?
R.- On n'est pas du tout dans ce cas de figure.
Q.- Vous êtes optimiste, 120 députés ?
R.- Non, on est dans une bataille, on n'est pas en train de réfléchir à l'après. Ce serait quand même d'ailleurs ridicule, grotesque, si aujourd'hui on commençait à échafauder des stratégies d'après deuxième tour des élections législatives alors que les électeurs ne se sont pas prononcés. Ce que je veux faire, puisque vous m'en donnez l'occasion, c'est dire à tous les électeurs qui ont voté pour la gauche, pour S. Royal au second tour de l'élection présidentielle, de venir voter. Ce que je veux dire à tous les électeurs qui ont pu même faire un autre choix, qui se posent la question : que faut-il faire, qu'est-ce qui est le plus utile à mon pays, là, en ce moment ? Est-ce d'ajouter un député UMP de plus, ou est-ce de permettre à une opposition - on peut la critiquer, on peut penser qu'elle n'est pas suffisamment moderne, moi je crois qu'elle l'est mais elle devra l'être davantage - en tout cas, permettre à l'opposition de jouer son rôle et pleinement son rôle.
Q.- Pour qu'elle soit plus moderne cette opposition, ne devez-vous pas reconnaître qu'un congrès du PS ne peut pas attendre l'automne 2008, il faut une refondation tout de suite ?
R.- Mais il y aura un congrès du PS, on ne va pas attendre d'ailleurs ce congrès pour faire ou ne pas faire la rénovation ou la refondation.
Q.- C'est quand la rénovation ?
R.- C'est tout de suite, c'est au lendemain des élections législatives.
Q.- Sous quelle forme ?
R.- On fera des forums, des discussions, des assises. Alors, forums, pourquoi ? Pour voir pourquoi nous n'avons gagné les élections ; forums, pour comprendre quels sont les grands défis : la mondialisation, l'individualisation, les mécanismes de solidarité qui paraissent enrayés, la sécurité et l'immigration, parce que l'on sait bien que sur ces questions-là, y compris notre électorat, peut avoir ici ou là des incompréhensions. Et puis, on fera des assises avec l'ensemble de la gauche, parce que l'on doit réfléchir à la meilleure des organisations.
Q.- Les Radicaux de gauche semblent tentés par l'ouverture qui continuera après le second tour des législatives. Les mettez-vous en garde contre les sirènes sarkozystes ?
R.- Je n'en sais rien. M. Baylet avait été contacté, je l'avais bien compris. Il avait clairement dit qu'il n'était pas question pour lui d'avoir une autre stratégie d'alliance qu'avec le PS. Mais ce que je note, c'est qu'au moment même où nous sommes appelés à voter dans quelques jours, M. Fillon avec M. Tapie - belle référence morale pour, j'imagine N. Sarkozy et F. Fillon, que M. Tapie soit l'intermédiaire, là, pour aller décrocher tel ou tel sous-courant d'un parti politique allié avec le PS ! Mais quelle est cette façon de faire ! Comment appellent-ils cela ? "L'ouverture" ? Mais tout cela n'est qu'une pâle négociation de transferts sur des matchs de football, truqués d'ailleurs !
Q.- Ici même, le 4 juin, vous aviez réclamé que N. Sarkozy tienne sa promesse et donne la présidence de la commission des Finances au PS dans la prochaine Assemblée nationale. Le PS tiendra-t-il une primaire en son sein pour désigner son titulaire pour ce poste ?
R.- D'abord, attendons les élections ; nous ne savons pas quelle sera exactement la composition de l'Assemblée nationale, on ne va pas se distribuer des postes. Deuxièmement, nous faisons en sorte que, si cette proposition nous est faite, que ce soit une proposition sincère. C'est la présidence de la commission des Finances, toute la commission des Finances, rien peut-être que la commission des Finances, mais avec toutes ses prérogatives. Et puis, à ce moment-là, nous désignerons au sein du groupe socialiste celui ou celle qui nous paraîtra le plus apte à faire ce travail.
Q.- Vous n'êtes toujours pas candidat ?
R.- Je suis premier secrétaire.
Q.- Le Gouvernement étudie la TVA sociale pour baisser le coût du travail, lutter contre les importations excessives, éviter les délocalisations. C'est une bonne piste ?
R.- Ah non, mais c'est là, maintenant, l'aveu ! On attendait depuis des semaines, on interpellait le Gouvernement, nous l'avions déjà fait dimanche, auprès de M. Borloo, qui, lui-même, avait vendu la mèche. Là, nous savons. Donc, on ne pourra pas dire que les électeurs n'ont pas eu, là, les éléments qui pouvaient les faire réfléchir, parce que M. Fillon vient de dire qu'il y aura une TVA...
Q.-...Sociale !
R.- Cela veut dire quoi une TVA sociale ? Soyons clairs sur les mots : une TVA sociale c'est une augmentation de la TVA...
Q.- Pour financer les cotisations...
R.- Attendez, cela s'est passé en Allemagne, et c'est le modèle d'ailleurs qui est justement avancé comme référence : 3 points d'augmentation de la TVA ; en Allemagne, c'était 16, cela a été 19. En France, nous sommes déjà à 19,6. Si c'est 3 points, cela veut dire 22,6 de TVA ! Et donc, j'interpelle le Gouvernement : s'il s'agit bien de cela, d'augmenter la TVA, nous serons autour de 22 % de taux de TVA ! L'un des plus hauts taux de TVA d'Europe ! Deuxièmement, on nous dit : mais ça sert à financer quoi ? Les dépenses sociales ? Oui, parce que, quand on fait des exonérations de cotisations sociales, comme c'est le cas sur les heures supplémentaires, quand on fait par ailleurs des cadeaux fiscaux, comme c'est prévu, sur l'impôt sur les successions, le bouclier fiscal, voire les déductions d'intérêts d'emprunts, 11 à 15 milliards d'euros, il faut bien trouver les moyens. Donc, on invente une TVA. Mais une TVA qu'on appelle "sociale", et qui n'est rien d'autre que la TVA existante.
R.- Il n'y a pas de surprise. F. Bayrou adopte la même attitude que pendant l'élection présidentielle.
Q.- Il avait dit qu'il ne voterait pas pour N. Sarkozy, il avait été un peu plus vers la gauche ?
R.- Oui mais, là, il n'avait pas plus donné de consignes de vote claires, il n'en donne pas davantage aujourd'hui, mais en même temps, je crois qu'il dit une chose qui mérite d'être entendue par ses électeurs, c'est qu'il faut favoriser le pluralisme. Et aujourd'hui, le pluralisme ne peut pas être représenté par le candidat de l'UMP dans telle ou telle circonscription. Le pluralisme, c'est soit un candidat divers droite, je pense que peut-être M. Bayrou fait allusion à cela ; soit, le plus souvent, dans 450 circonscriptions, le candidat de la gauche. Donc, si on veut favoriser le pluralisme, si on veut donner des signes, comme le dit M. Bayrou et pas des consignes, il faut permettre à l'opposition d'être forte à l'Assemblée nationale et voter pour les candidats de gauche.
Q.- Et appelez-vous à voter, sans état d'âme, pour les candidats du MoDem quand ils sont mieux placés, pour battre l'UMP ?
R.- Il y a très peu de cas, vous savez, je crois qu'il y a deux ou trois cas, où nous ne sommes pas en situation d'être présents au second tour. Et moi-même, hier, j'ai dit que dans ces deux ou trois cas, où nous ne sommes pas présents au second tour, nous disons à nos électeurs de favoriser le pluralisme.
Q.- Vous avez dit hier avec humour : "Je peux ne pas avoir à téléphoner". C'est-à- dire que vous désapprouvez l'initiative de S. Royal ?
R.- Non...
Q.- Etait-ce une démarche trop solitaire, pas assez concertée ?
R.- Non, je pense qu'elle avait eu un dialogue à l'occasion de l'élection présidentielle, dans l'entre-deux tours. Il était donc cohérent dans la suite de ce dialogue d'établir un contact. Mais moi je savais qu'il n'y avait pas de négociations à ouvrir avec le parti de M. Bayrou. Pourquoi ? Parce que M. Bayrou lui-même est dans une stratégie que je respecte, qui est de ne pas faire d'alliance, ni avec l'UMP, ni avec le PS. Dès lors, c'est à chacun de réagir en conscience. Là, M. Bayrou dit : il faut favoriser le pluralisme. Je dis : pour favoriser le pluralisme, faisons en sorte que pour ces élections législatives, il y ait de l'équilibre à l'Assemblée nationale. Voilà le sens, je crois, de la stratégie, la seule possible, aujourd'hui pour la gauche.
Q.- Et plus tard, le PS et le MoDem peuvent-ils se retrouver autour d'une table pour discuter du fond, de programmes futurs, d'alliance future ?
R.- Je pense qu'on est toujours ouverts à des discussions sur le fond programmatique. Et vous avez compris quand même que la stratégie de M. Bayrou, je la respecte, n'est pas celle-là. La stratégie de M. Bayrou est d'avoir, non plus un groupe à l'Assemblée nationale - je pense qu'il sera seul à l'Assemblée nationale, donc, ce n'est pas une stratégie programmatique pour les élections législatives, c'est terminé- il est dans une stratégie purement présidentielle. Donc, il nous donne rendez-vous en 2012. Eh bien nous serons dans la campagne de 2012 conscients des enjeux, et peut-être, je l'espère, différemment traités qu'aujourd'hui.
Q.- S. Royal s'en est pris hier aux journalistes de France 2, les accusant de partialité, parce qu'ils expliquaient que beaucoup de ses proches étaient en difficulté lors de ce second tour des élections législatives. C'est quoi ? C'est un réflexe de mauvaise perdante, c'est encore pour plaire à F. Bayrou en critiquant les médias ?
R.- Non, je pense qu'il y a un problème de pluralisme, y compris dans l'information. Il y avait un reportage, je l'ai vu moi-même, sur Bordeaux, où M. Juppé est candidat. Il est normal de traiter la candidature de M. Juppé, c'est le numéro 2 du Gouvernement...
Q.- Et la parole était donnée à son adversaire socialiste...
R.-...Justement, le nom de sa concurrente socialiste n'était pas cité. Mais elle parlait. Ecoutez, si on avait mis M. Juppé, sans le citer, peut-être tout le monde l'aurait reconnu. Mais la candidate socialiste, pour l'instant, est encore disons méconnue, elle mérite d'être connue, peut-être va-t-elle l'être en battant M. Juppé, mais je crois- on ne va pas y passer nous non plus trop de temps - mais quand on fait des reportages sur les élections législatives de deuxième tour, pas de premier tour, il y a 15 candidats de deuxième tour, la moindre des choses c'est de faire l'équilibre.
Q.- Si le PS n'atteint pas les 100 députés, est-ce que vous démissionnerez du premier secrétariat dès le 18 juin ?
R.- On n'est pas du tout dans ce cas de figure.
Q.- Vous êtes optimiste, 120 députés ?
R.- Non, on est dans une bataille, on n'est pas en train de réfléchir à l'après. Ce serait quand même d'ailleurs ridicule, grotesque, si aujourd'hui on commençait à échafauder des stratégies d'après deuxième tour des élections législatives alors que les électeurs ne se sont pas prononcés. Ce que je veux faire, puisque vous m'en donnez l'occasion, c'est dire à tous les électeurs qui ont voté pour la gauche, pour S. Royal au second tour de l'élection présidentielle, de venir voter. Ce que je veux dire à tous les électeurs qui ont pu même faire un autre choix, qui se posent la question : que faut-il faire, qu'est-ce qui est le plus utile à mon pays, là, en ce moment ? Est-ce d'ajouter un député UMP de plus, ou est-ce de permettre à une opposition - on peut la critiquer, on peut penser qu'elle n'est pas suffisamment moderne, moi je crois qu'elle l'est mais elle devra l'être davantage - en tout cas, permettre à l'opposition de jouer son rôle et pleinement son rôle.
Q.- Pour qu'elle soit plus moderne cette opposition, ne devez-vous pas reconnaître qu'un congrès du PS ne peut pas attendre l'automne 2008, il faut une refondation tout de suite ?
R.- Mais il y aura un congrès du PS, on ne va pas attendre d'ailleurs ce congrès pour faire ou ne pas faire la rénovation ou la refondation.
Q.- C'est quand la rénovation ?
R.- C'est tout de suite, c'est au lendemain des élections législatives.
Q.- Sous quelle forme ?
R.- On fera des forums, des discussions, des assises. Alors, forums, pourquoi ? Pour voir pourquoi nous n'avons gagné les élections ; forums, pour comprendre quels sont les grands défis : la mondialisation, l'individualisation, les mécanismes de solidarité qui paraissent enrayés, la sécurité et l'immigration, parce que l'on sait bien que sur ces questions-là, y compris notre électorat, peut avoir ici ou là des incompréhensions. Et puis, on fera des assises avec l'ensemble de la gauche, parce que l'on doit réfléchir à la meilleure des organisations.
Q.- Les Radicaux de gauche semblent tentés par l'ouverture qui continuera après le second tour des législatives. Les mettez-vous en garde contre les sirènes sarkozystes ?
R.- Je n'en sais rien. M. Baylet avait été contacté, je l'avais bien compris. Il avait clairement dit qu'il n'était pas question pour lui d'avoir une autre stratégie d'alliance qu'avec le PS. Mais ce que je note, c'est qu'au moment même où nous sommes appelés à voter dans quelques jours, M. Fillon avec M. Tapie - belle référence morale pour, j'imagine N. Sarkozy et F. Fillon, que M. Tapie soit l'intermédiaire, là, pour aller décrocher tel ou tel sous-courant d'un parti politique allié avec le PS ! Mais quelle est cette façon de faire ! Comment appellent-ils cela ? "L'ouverture" ? Mais tout cela n'est qu'une pâle négociation de transferts sur des matchs de football, truqués d'ailleurs !
Q.- Ici même, le 4 juin, vous aviez réclamé que N. Sarkozy tienne sa promesse et donne la présidence de la commission des Finances au PS dans la prochaine Assemblée nationale. Le PS tiendra-t-il une primaire en son sein pour désigner son titulaire pour ce poste ?
R.- D'abord, attendons les élections ; nous ne savons pas quelle sera exactement la composition de l'Assemblée nationale, on ne va pas se distribuer des postes. Deuxièmement, nous faisons en sorte que, si cette proposition nous est faite, que ce soit une proposition sincère. C'est la présidence de la commission des Finances, toute la commission des Finances, rien peut-être que la commission des Finances, mais avec toutes ses prérogatives. Et puis, à ce moment-là, nous désignerons au sein du groupe socialiste celui ou celle qui nous paraîtra le plus apte à faire ce travail.
Q.- Vous n'êtes toujours pas candidat ?
R.- Je suis premier secrétaire.
Q.- Le Gouvernement étudie la TVA sociale pour baisser le coût du travail, lutter contre les importations excessives, éviter les délocalisations. C'est une bonne piste ?
R.- Ah non, mais c'est là, maintenant, l'aveu ! On attendait depuis des semaines, on interpellait le Gouvernement, nous l'avions déjà fait dimanche, auprès de M. Borloo, qui, lui-même, avait vendu la mèche. Là, nous savons. Donc, on ne pourra pas dire que les électeurs n'ont pas eu, là, les éléments qui pouvaient les faire réfléchir, parce que M. Fillon vient de dire qu'il y aura une TVA...
Q.-...Sociale !
R.- Cela veut dire quoi une TVA sociale ? Soyons clairs sur les mots : une TVA sociale c'est une augmentation de la TVA...
Q.- Pour financer les cotisations...
R.- Attendez, cela s'est passé en Allemagne, et c'est le modèle d'ailleurs qui est justement avancé comme référence : 3 points d'augmentation de la TVA ; en Allemagne, c'était 16, cela a été 19. En France, nous sommes déjà à 19,6. Si c'est 3 points, cela veut dire 22,6 de TVA ! Et donc, j'interpelle le Gouvernement : s'il s'agit bien de cela, d'augmenter la TVA, nous serons autour de 22 % de taux de TVA ! L'un des plus hauts taux de TVA d'Europe ! Deuxièmement, on nous dit : mais ça sert à financer quoi ? Les dépenses sociales ? Oui, parce que, quand on fait des exonérations de cotisations sociales, comme c'est le cas sur les heures supplémentaires, quand on fait par ailleurs des cadeaux fiscaux, comme c'est prévu, sur l'impôt sur les successions, le bouclier fiscal, voire les déductions d'intérêts d'emprunts, 11 à 15 milliards d'euros, il faut bien trouver les moyens. Donc, on invente une TVA. Mais une TVA qu'on appelle "sociale", et qui n'est rien d'autre que la TVA existante.