Interview de M. Christian Estrosi, secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, à France 2 le 20 juin 2007, sur la nomination de Jean-Louis Borloo au ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, et sur ses propres attributions au secrétariat d'Etat à l'outre-mer.

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Média : France 2

Texte intégral

R. Sicard.- Bonjour à tous. Bonjour C. Estrosi.
 
Christian Estrosi.- Bonjour.
 
Q.- Depuis dimanche, la thèse officielle à l'UMP, c'est que les élections législatives ont été un grand succès. Vous
connaissez bien, vous, N. Sarkozy, vous venez d'ailleurs d'entrer au Gouvernement. Est-ce que la vérité, ce n'est pas plutôt
que N. Sarkozy a piqué une grosse colère dimanche soir en apprenant les résultats ?
 
R.- Le président de la République se retrouve avec une majorité parlementaire qui est claire, franche, nette, qui lui
confirme la volonté...
 
Q.- Mais qui perd des sièges par rapport à 2002.
 
R.- On ne peut pas comparer deux situations qui ne sont pas comparables. Je vous rappelle que la gauche n'était même pas
présente au second tour des élections présidentielles en 2002. Que c'est la première fois depuis 1978 qu'une majorité se
succède à elle-même. Et je pense que l'impulsion, l'élan donné par N. Sarkozy y a largement contribué. Il a une majorité
nette où les Français lui disent "allez-y, ne nous trahissez pas, respectez les engagements que vous avez pris". C'est
désormais la voie tracée pour le président de la République et sa majorité présidentielle.
 
Q.- Mais on dit quand même que N. Sarkozy a regretté de ne pas être intervenu personnellement entre les deux tours de la
campagne.
 
R.- Il est intervenu pour faire une mise au point très nette et très ferme le jeudi ou le vendredi, je crois.
 
Q.- Mais par un communiqué sur la TVA sociale.
 
R.- Ecoutez ! C'était le choix du président de la République, et la vocation du président de la République n'est pas de
s'engager dans une campagne législative.
 
Q.- Il s'est pas dit à un moment : "J'aurais dû intervenir une deuxième fois ?"
 
R.- Il a simplement fait une mise au point qui disait très clairement que là où il s'était engagé à redonner du pouvoir
d'achat aux Français - et ce sera à l'ordre du jour d'ailleurs du conseil des ministres de ce matin sur le paquet fiscal,
déductibilité des intérêts d'emprunts immobiliers, exonération des droits de succession ou encore exonération des charges sur
les heures supplémentaires pour rendre du pouvoir d'achat aux Français - le président de la République a rappelé très
clairement que c'était sa priorité, que c'était son engagement présidentiel et qu'il ne laisserait personne dénaturer son
projet.
 
Q.- J.-L. Borloo qui avait lancé cette polémique sur la TVA sociale n'est plus aux Finances, il est à l'Ecologie. Est-ce que
ce n'est pas une sanction ?
 
R.- Quel merveilleux ministère ! Beaucoup pourraient en rêver d'ailleurs...
 
Q.- Mais lui avait beaucoup rêvé de l'Economie et des Finances.
 
R.-... Au coeur de l'architecture institutionnelle, ce ministère de l'Ecologie, du Développement durable, de l'Aménagement
durable - moi qui étais ministre de l'Aménagement du territoire, je sais quels outils cela représente. Je pense que pour
J.-L. Borloo avec son talent et sa compétence, c'est un grand ministère où il pourra pleinement s'épanouir.
 
Q.- Ce n'est pas une sanction selon vous ?
 
R.- Non seulement, ce n'est pas une sanction mais c'est la reconnaissance des talents de J.-L. Borloo pour, sur ce grand
ministère voulu par le président de la République, demandé par un grand nombre d'environnementalistes et auquel tous les
Français sont sensibles parce que c'est notre contribution pour lutter pour la sauvegarde de la planète, je pense que pour
J.-L. Borloo, au contraire, c'est une formidable responsabilité qui lui est confiée.
 
Q.- Sur la TVA sociale, F. Fillon a dit hier qu'il n'était pas question d'enterrer le dossier. Est-ce que politiquement ce
n'est pas un petit peu risqué ?
 
R.- C'est un simple problème d'explication. Nous voulons donner du pouvoir d'achat aux Françaises et aux Français...
 
Q.- Mais les Français n'ont pas compris que c'était ça.
 
R.- Donc à partir du moment où on baisse les charges sociales qui pèsent sur les entreprises pour leur redonner du moteur, de
l'énergie, du dynamisme, pour contribuer à la croissance, à la création d'emplois, faire la France du plein emploi, donner du
pouvoir d'achat aux Français, en même temps veiller à ce qu'il n'y ait pas de contrecoup sur le coût de la consommation,
parce que dire aux Français...
 
Q.- C'était la crainte des Français.
 
R.-...on vous donne du pouvoir d'achat mais on augmente le coût de la consommation, les Français ne comprendraient pas.
 
Q.- Et c'est ce qu'ils avaient compris franchement ?
 
R.- Peut-être y a-t-il eu un déficit d'explication mais en tous cas, les choses sont très claires, c'est qu'il n'y aura pas
une TVA sociale qui augmentera le coût de la consommation. Nous voulons que les politiques que nous proposerons offrent une
nouvelle égalité des chances, soit des politiques d'équité et de justice sociale pour chacun, récompenser les efforts,
assurer la promotion sociale de chaque famille et notamment les plus modestes et les classes moyennes et leur redonner du
pouvoir d'achat. Mais en aucun cas, ne prendre de dispositions fiscales qui reviendraient là-dessus.
 
Q.- N. Sarkozy aujourd'hui reçoit J.-M. Le Pen à l'Elysée pour parler de l'Europe. Ses prédécesseurs ne l'avaient pas fait.
Comment est-ce que vous, vous réagissez ?
 
R.- La force de N. Sarkozy c'est son courage, son langage de vérité et de savoir parler à tous les Français. Le suffrage
universel, chacun de ceux qui ont concouru l'ont été parce que la loi leur a reconnu la qualité de pouvoir le faire.
Lorsqu'une formation politique recueille plusieurs centaines de milliers, voire de millions d'électeurs, ils ont droit dans
une démocratie apaisée à pouvoir être aussi entendus.
 
Q.- Donc vous approuvez N. Sarkozy ?
 
R.- N. Sarkozy tout simplement va écouter des représentants d'un certain nombre de centaines de milliers de citoyens
français, comme pour toutes les autres formations politiques. Cela me parait simplement une vision transparente et apaisée de
la démocratie qui est celle du président de la République.
 
Q.- Vous venez, vous, d'entrer donc au Gouvernement, à l'Outre-Mer. C'est plus un ministère à part entière. Est-ce que ça
veut dire que c'est moins une priorité ?
 
R.- L'Outre-Mer et d'abord, mon périmètre reste totalement le même que celui de mes prédécesseurs, qu'ils aient été ministre
plein, ministre délégué ou secrétaire d'Etat. Et au-delà de ça, ma mission devrait être renforcée puisque je vous rappelle
qu'avec 14 millions de km², la France est la deuxième puissance mondiale en matière de superficie maritime.
 
Q.- Par les DOM TOM ?
 
R.- Que ce soit en Outre-Mer, que ce soit avec la façade Atlantique, Méditerranéenne ou de la Manche et bien évidemment, la
mission qui me sera confiée de manière transversale entre le ministre de l'Intérieur et le ministre de l'Ecologie....
 
Q.- Vous allez vous occuper de la mer en métropole aussi ?
 
R.-...me donnera la possibilité d'agir aussi sur les surfaces maritimes de métropole, que ce soit dans le domaine de la
biodiversité, des pôles de compétitivité que j'avais mis moi-même sur place. Je pense à celui de Provence-Alpes-Côte d'Azur
ou de Bretagne. Et donc cette synergie que nous allons créer entre l'Outre-Mer et les surfaces maritimes de métropole, je
pense conforteront à la fois l'Outre-Mer et nous permettront de mener une grande politique maritime avec le soutien du
secrétariat général à la Mer, qui est dans notre administration, dans nos institutions, un domaine qui dispose de structures
particulièrement efficaces au service de l'Outre- Mer et des territoires maritimes de métropole.
 
Q.- Merci C. Estrosi.
 
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 20 juin 2007