Texte intégral
C. Barbier.- Report de l'examen en Conseil des ministres, concession aux syndicats étudiants et aux syndicats enseignants, est-ce que l'autonomie des universités oblige N. Sarkozy a sa première reculade ?
R.- Si l'on prend huit jours de plus pour discuter, pour mettre au point le texte, je trouve que c'est très sage.
Q.- C'est "mettre au point" ou c'est le vider un peu de son contenu le plus audacieux ?
R.- Non. La question de l'autonomie demeure et elle est capitale, parce que ce qui compte, finalement, c'est ce qu'on va sortir comme étudiants de nos universités. Est-ce que ce sera des étudiants qui seront davantage en phase avec les besoins de notre économie ? Une université qui fabrique tant de chômeurs c'est préoccupant tout de même.
Q.- Pas de sélection à l'entrée de la 4ème année, le Mastère, ou à l'entrée de la 5ème année. Qu'est-ce qu'on peut négocier avec les étudiants pour préserver cette visée d'excellence ?
R.- C'est surtout les présidents d'université qui sont attachés à cette sélection à la 4ème année. Il faut en débattre avec eux et avec les étudiants.
Q.- Peut-on ne pas former de chômeurs sans faire de la sélection ?
R.- De toute façon, même à la 5ème année, c'est encore de la sélection. Alors, il vaut mieux la faire un peu plus tôt pour leur éviter de s'engager dans des impasses. Moi, je suis d'accord avec les présidents d'université. Voyez, c'est un peu contesté.
Q.- Faut-il écouter les étudiants et mieux les représenter dans les conseils d'administration ?
R.- Ils sont trois sur vingt dans le projet. Il y a encore un petit peu de marge quand même, évidemment, pour discuter. Auparavant, il y avait soixante membres dans le conseil d'administration, on l'a divisé par trois. Il faut dire que c'était l'armée mexicaine, une gouvernance très difficile à exercer. L'essentiel, c'est que le conseil d'administration puisse prendre des décisions.
Q.- Est-ce qu'il ne faudrait pas se donner plus de temps et viser plutôt la rentrée universitaire 2008 pour passer à l'autre menu ?
R.- Non, je ne crois. On en débat depuis vingt ans de cette histoire de l'autonomie des universités. La France est une exception dans le monde et le classement des universités françaises ne cesse de se dégrader par comparaison aux autres pays. Il y a vraiment urgence parce qu'il s'agit de l'avenir de nos enfants, il ne s'agit pas de se faire plaisir en discutant les uns et les autres, interminablement. On connaît tous le sujet, on sait tous ce qu'il faut faire.
Q.- C'est la malédiction de la droite, elle n'a jamais su parvenir, elle a toujours eu des millions d'étudiants dans la rue pour protester.
R.- Je ne sais pas si c'est la malédiction de la droite, mais cela a souvent été aussi la grande faiblesse de la gauche parce qu'elle n'a rien fait. Il y a des gens courageux mais au bout du compte, ils ont aussi échoué.
Q.- Est-ce qu'il ne faut pas appeler un chat un chat et dire qu'il va y avoir une université à plusieurs vitesses, avec de très bonnes facs, des moyennes et des mauvaises ?
R.- Ce sera peut-être le résultat de l'autonomie. Chacun pourra bâtir son projet et, finalement, les étudiants jugeront. Il y a déjà de bonnes facs et des mauvaises facs, de facto, même dans le système hypercentralisé que nous avons, cela existe, c'est déjà le cas, on ne veut pas aller dans n'importe quelle université. Là, il y aura davantage de responsabilité de la part du conseil d'administration.
Q.- V. Pécresse, la jeune ministre en charge du dossier, n'a-t-elle pas confondu vitesse et précipitation dans cette affaire ?
R.- On ne peut pas dire, parce qu'on prend huit jours de plus pour discuter, que franchement il y a eu une reculade, comme vous avez osé employer le mot.
Q.- Mais enfin, il y a de la précipitation parce qu'on veut faire cela en juillet, rapidement, pendant les vacances scolaires, pour éviter la mobilisation à la rentrée.
R.- Il vaut mieux le faire maintenant parce qu'on pourra le mettre en oeuvre à la rentrée.
Q.- Le Premier ministre semble très absent de la négociation, est-ce que vous lui demandez de monter en ligne pour soulager un peu le président de la République ?
R.- Je n'ai pas à lui demander cela. C'est le président de la République qui organise l'action gouvernementale comme il l'entend. Le Premier ministre est déjà sur beaucoup de fronts, je crois qu'il aide aussi V. Pécresse. Mais en l'occurrence, c'est le président de la République qui a montré l'importance que ça a. Je veux quand même rappeler que c'est un des engagements de la campagne électorale, que cela a été validé par les Français. C'est une des raisons pour laquelle il ne faut pas non plus attendre éternellement. Les Français ont voulu l'autonomie des universités ! On en parle depuis vingt ans, c'était dans le projet de N. Sarkozy, et cela fait partie des engagements les plus emblématiques de cette campagne. 53 % des Français ont voté pour ce projet, on va le faire ; c'est aussi démocratique de le faire.
Q.- Comme secrétaire général de l'UMP, à qui obéirez-vous ? A F. Fillon, chef de la majorité, à N. Sarkozy président de la République, au conseil national de l'UMP présidé par J.-P. Raffarin ?
R.- Au bureau politique.
Q.- Vous serez aux ordres du bureau politique ?
R.- Le secrétaire général de l'UMP est issu du bureau politique et c'est au bureau politique qu'il doit rendre compte.
Q.- Serez-vous, comme disent vos détracteurs, la voix de son maître, avec les ordres pris à l'Elysée ?
R.- Il est certain que je conserverai un lien étroit avec le président de la République, qui a fait le succès de l'UMP. Je veux rappeler les choses : en 2004, il est élu président, il y a 119.000 adhérents ; à la fin de cette année, il y en aura 410.000, c'est un succès considérable, unique en France, il n'y a pas un parti politique qui ait eu ce succès-là. N. Sarkozy est très utile pour que l'UMP demeure ce qu'elle est.
Q.- Des centaines de milliers de gens ont adhéré à l'UMP, des millions d'électeurs ont voté pour la droite, résultat, c'est l'ouverture, on donne des ministères à la gauche, on lui donne la commission des finances. Est-ce que les électeurs de droite ne sont pas floués ?
R.- Je ne crois pas. Quel est le but de l'action politique ? Comment devient-on majoritaire dans une démocratie ? En arrivant à convaincre ses adversaires, en les amenant sur son propre terrain. C'est ce que nous avons réussi à faire, c'est un grand succès.
Q.- Cela prend des places pour des gens qui n'avaient pas démérité...
R.- La question n'est pas d'avoir des places, la question est de faire son projet, de relever son pays et de voir le projet que l'on a défendu pendant la campagne mis en oeuvre, c'est ça le débat, ce n'est pas que chacun ait de quoi satisfaire son ego.
Q.- J.-P. Raffarin veut des référendums militants pour décider des orientations au sein de l'UMP, est-ce que cela vous va ?
R.- C'est un peu lourd, mais pourquoi pas ?
Q.- Un peu, qu'est-ce à dire ? C'est compliqué à organiser ?
R.- Il y a 410.000 adhérents à l'UMP...
Q.-...Avec Internet c'est facile.
R.- Avec Internet, c'est facile mais ils ne fonctionnent pas tous sur Internet. Je peux vous dire que cela coûte cher. Nous le faisons d'ailleurs, nous l'avons fait à plusieurs reprises, on appelle cela "le congrès décentralisé"...
Q.-...Dématérialisé.
R.- Dématérialisé. Mais cela coûte quand même un peu d'argent. Je suis d'accord avec J.-P. Raffarin, il faut en faire ; on ne pourra faire cela tous les mois.
Q.- Emplois fictifs, chargés de mission fictifs, la justice ne lâche pas J. Chirac, c'est de l'acharnement ou c'est normal ?
R.- La justice est lente mais elle ne s'arrête jamais.
Q.- J. Chirac ne veut pas témoigner dans l'affaire Clearstream. Pourtant, d'éventuels comptes japonais pour le citoyen J. Chirac, cela n'a rien à voir avec la présidence de la République, il pourrait aller rendre des comptes à la justice, répondre à des questions sur ces fameux carnets du général Rondot et les comptes japonais.
R.- S'il y a des comptes japonais, ce ne sont pas des actes de la fonction gouvernementale ; c'est une chose. Mais pour tous les actes de la fonction gouvernementale, qui est le coeur de l'affaire Clearstream, la Constitution est comme elle est.
Q.- Se prépare-t-on au Sénat à faire adopter une réforme de la prescription pour dégager J. Chirac de tout cela ?
R.- La réflexion sur la prescription ne concerne pas J. Chirac. L'idée qui a été simplement admise, c'est que quelqu'un qui est mis en examen - ce n'est pas le cas de J. Chirac - ne peut pas le rester toute sa vis sous prétexte que le juge d'instruction n'a rien trouvé. L'épée de Damoclès qui est sur la tête de quelqu'un qui est accusé, formellement, un jour ou l'autre, doit être levée. Alors, soit on le renvoie au tribunal correctionnel, peut-être au bout de 10 ans de mise en examen, par exemple.
Q.- Soit on renvoie, soit c'est fini !
R.- Bah oui,
Q.- J. Chirac n'est pas mis en examen...
R.- Donc, il n'est pas concerné par cette idée.
Q.- Néanmoins sa signature apparaît dans un document. Vous êtes son ancien avocat, vous pensez qu'il sera mis en examen, quand il sera entendu comme témoin assisté ?
R.- Je crois, qu'il est entendu comme témoin assisté, donc il n'est pas mis en examen.
Q.- Est-ce que techniquement, ce n'est pas obligatoire de le mettre en examen vu les pièces de son dossier ?
R.- Non, ce n'est pas obligatoire.
Q.- La réforme de la carte judiciaire est en route. C'est habile de fermer comme cela les tribunaux ? Est-ce que ce n'est pas porter atteinte au service public de la justice ?
R.- Je crois que c'est le contraire. Il faut faire cette réforme de la carte judiciaire. Elle est indispensable ! Qu'est-ce qu'ils veulent les Français d'abord ? Ils ne veulent pas avoir un tribunal à côté du boulanger, parce qu'ils n'y vont pas tous les matins. Ce qu'ils veulent c'est une justice rapide. Pour que la justice soit rapide, il faut qu'elle soit spécialisée et non pas généraliste sur un petit ressort territorial comme elle est aujourd'hui.
Q.- Combien faut-il fermer de tribunaux alors ?
R.- Il faut être pragmatique, là-dessus, mais ce qu'il faut c'est avoir des tribunaux qui puissent juger dans des délais réduits et pour cela, il faut qu'ils soient spécialisés.
Q.- La France a dit non hier à l'ouverture d'un chapitre sur la candidature turque à l'Union européenne. Est-ce que c'est le début de la fin pour cette candidature ?
R.- Je pense que les choses sont claires. Le début de la fin pour cette candidature : c'est depuis que les français ont le droit par voix de référendum de refuser une nouvelle adhésion.
Q.- D'ailleurs, la Turquie ne sera jamais membre de l'Union Européenne ?
R.- Je ne sais pas, c'est un problème pour la Turquie elle-même de savoir si elle est capable de se plonger dans la culture européenne et de devenir un pays réellement démocratique, ce qu'elle n'est pas.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 27 juin 2007
R.- Si l'on prend huit jours de plus pour discuter, pour mettre au point le texte, je trouve que c'est très sage.
Q.- C'est "mettre au point" ou c'est le vider un peu de son contenu le plus audacieux ?
R.- Non. La question de l'autonomie demeure et elle est capitale, parce que ce qui compte, finalement, c'est ce qu'on va sortir comme étudiants de nos universités. Est-ce que ce sera des étudiants qui seront davantage en phase avec les besoins de notre économie ? Une université qui fabrique tant de chômeurs c'est préoccupant tout de même.
Q.- Pas de sélection à l'entrée de la 4ème année, le Mastère, ou à l'entrée de la 5ème année. Qu'est-ce qu'on peut négocier avec les étudiants pour préserver cette visée d'excellence ?
R.- C'est surtout les présidents d'université qui sont attachés à cette sélection à la 4ème année. Il faut en débattre avec eux et avec les étudiants.
Q.- Peut-on ne pas former de chômeurs sans faire de la sélection ?
R.- De toute façon, même à la 5ème année, c'est encore de la sélection. Alors, il vaut mieux la faire un peu plus tôt pour leur éviter de s'engager dans des impasses. Moi, je suis d'accord avec les présidents d'université. Voyez, c'est un peu contesté.
Q.- Faut-il écouter les étudiants et mieux les représenter dans les conseils d'administration ?
R.- Ils sont trois sur vingt dans le projet. Il y a encore un petit peu de marge quand même, évidemment, pour discuter. Auparavant, il y avait soixante membres dans le conseil d'administration, on l'a divisé par trois. Il faut dire que c'était l'armée mexicaine, une gouvernance très difficile à exercer. L'essentiel, c'est que le conseil d'administration puisse prendre des décisions.
Q.- Est-ce qu'il ne faudrait pas se donner plus de temps et viser plutôt la rentrée universitaire 2008 pour passer à l'autre menu ?
R.- Non, je ne crois. On en débat depuis vingt ans de cette histoire de l'autonomie des universités. La France est une exception dans le monde et le classement des universités françaises ne cesse de se dégrader par comparaison aux autres pays. Il y a vraiment urgence parce qu'il s'agit de l'avenir de nos enfants, il ne s'agit pas de se faire plaisir en discutant les uns et les autres, interminablement. On connaît tous le sujet, on sait tous ce qu'il faut faire.
Q.- C'est la malédiction de la droite, elle n'a jamais su parvenir, elle a toujours eu des millions d'étudiants dans la rue pour protester.
R.- Je ne sais pas si c'est la malédiction de la droite, mais cela a souvent été aussi la grande faiblesse de la gauche parce qu'elle n'a rien fait. Il y a des gens courageux mais au bout du compte, ils ont aussi échoué.
Q.- Est-ce qu'il ne faut pas appeler un chat un chat et dire qu'il va y avoir une université à plusieurs vitesses, avec de très bonnes facs, des moyennes et des mauvaises ?
R.- Ce sera peut-être le résultat de l'autonomie. Chacun pourra bâtir son projet et, finalement, les étudiants jugeront. Il y a déjà de bonnes facs et des mauvaises facs, de facto, même dans le système hypercentralisé que nous avons, cela existe, c'est déjà le cas, on ne veut pas aller dans n'importe quelle université. Là, il y aura davantage de responsabilité de la part du conseil d'administration.
Q.- V. Pécresse, la jeune ministre en charge du dossier, n'a-t-elle pas confondu vitesse et précipitation dans cette affaire ?
R.- On ne peut pas dire, parce qu'on prend huit jours de plus pour discuter, que franchement il y a eu une reculade, comme vous avez osé employer le mot.
Q.- Mais enfin, il y a de la précipitation parce qu'on veut faire cela en juillet, rapidement, pendant les vacances scolaires, pour éviter la mobilisation à la rentrée.
R.- Il vaut mieux le faire maintenant parce qu'on pourra le mettre en oeuvre à la rentrée.
Q.- Le Premier ministre semble très absent de la négociation, est-ce que vous lui demandez de monter en ligne pour soulager un peu le président de la République ?
R.- Je n'ai pas à lui demander cela. C'est le président de la République qui organise l'action gouvernementale comme il l'entend. Le Premier ministre est déjà sur beaucoup de fronts, je crois qu'il aide aussi V. Pécresse. Mais en l'occurrence, c'est le président de la République qui a montré l'importance que ça a. Je veux quand même rappeler que c'est un des engagements de la campagne électorale, que cela a été validé par les Français. C'est une des raisons pour laquelle il ne faut pas non plus attendre éternellement. Les Français ont voulu l'autonomie des universités ! On en parle depuis vingt ans, c'était dans le projet de N. Sarkozy, et cela fait partie des engagements les plus emblématiques de cette campagne. 53 % des Français ont voté pour ce projet, on va le faire ; c'est aussi démocratique de le faire.
Q.- Comme secrétaire général de l'UMP, à qui obéirez-vous ? A F. Fillon, chef de la majorité, à N. Sarkozy président de la République, au conseil national de l'UMP présidé par J.-P. Raffarin ?
R.- Au bureau politique.
Q.- Vous serez aux ordres du bureau politique ?
R.- Le secrétaire général de l'UMP est issu du bureau politique et c'est au bureau politique qu'il doit rendre compte.
Q.- Serez-vous, comme disent vos détracteurs, la voix de son maître, avec les ordres pris à l'Elysée ?
R.- Il est certain que je conserverai un lien étroit avec le président de la République, qui a fait le succès de l'UMP. Je veux rappeler les choses : en 2004, il est élu président, il y a 119.000 adhérents ; à la fin de cette année, il y en aura 410.000, c'est un succès considérable, unique en France, il n'y a pas un parti politique qui ait eu ce succès-là. N. Sarkozy est très utile pour que l'UMP demeure ce qu'elle est.
Q.- Des centaines de milliers de gens ont adhéré à l'UMP, des millions d'électeurs ont voté pour la droite, résultat, c'est l'ouverture, on donne des ministères à la gauche, on lui donne la commission des finances. Est-ce que les électeurs de droite ne sont pas floués ?
R.- Je ne crois pas. Quel est le but de l'action politique ? Comment devient-on majoritaire dans une démocratie ? En arrivant à convaincre ses adversaires, en les amenant sur son propre terrain. C'est ce que nous avons réussi à faire, c'est un grand succès.
Q.- Cela prend des places pour des gens qui n'avaient pas démérité...
R.- La question n'est pas d'avoir des places, la question est de faire son projet, de relever son pays et de voir le projet que l'on a défendu pendant la campagne mis en oeuvre, c'est ça le débat, ce n'est pas que chacun ait de quoi satisfaire son ego.
Q.- J.-P. Raffarin veut des référendums militants pour décider des orientations au sein de l'UMP, est-ce que cela vous va ?
R.- C'est un peu lourd, mais pourquoi pas ?
Q.- Un peu, qu'est-ce à dire ? C'est compliqué à organiser ?
R.- Il y a 410.000 adhérents à l'UMP...
Q.-...Avec Internet c'est facile.
R.- Avec Internet, c'est facile mais ils ne fonctionnent pas tous sur Internet. Je peux vous dire que cela coûte cher. Nous le faisons d'ailleurs, nous l'avons fait à plusieurs reprises, on appelle cela "le congrès décentralisé"...
Q.-...Dématérialisé.
R.- Dématérialisé. Mais cela coûte quand même un peu d'argent. Je suis d'accord avec J.-P. Raffarin, il faut en faire ; on ne pourra faire cela tous les mois.
Q.- Emplois fictifs, chargés de mission fictifs, la justice ne lâche pas J. Chirac, c'est de l'acharnement ou c'est normal ?
R.- La justice est lente mais elle ne s'arrête jamais.
Q.- J. Chirac ne veut pas témoigner dans l'affaire Clearstream. Pourtant, d'éventuels comptes japonais pour le citoyen J. Chirac, cela n'a rien à voir avec la présidence de la République, il pourrait aller rendre des comptes à la justice, répondre à des questions sur ces fameux carnets du général Rondot et les comptes japonais.
R.- S'il y a des comptes japonais, ce ne sont pas des actes de la fonction gouvernementale ; c'est une chose. Mais pour tous les actes de la fonction gouvernementale, qui est le coeur de l'affaire Clearstream, la Constitution est comme elle est.
Q.- Se prépare-t-on au Sénat à faire adopter une réforme de la prescription pour dégager J. Chirac de tout cela ?
R.- La réflexion sur la prescription ne concerne pas J. Chirac. L'idée qui a été simplement admise, c'est que quelqu'un qui est mis en examen - ce n'est pas le cas de J. Chirac - ne peut pas le rester toute sa vis sous prétexte que le juge d'instruction n'a rien trouvé. L'épée de Damoclès qui est sur la tête de quelqu'un qui est accusé, formellement, un jour ou l'autre, doit être levée. Alors, soit on le renvoie au tribunal correctionnel, peut-être au bout de 10 ans de mise en examen, par exemple.
Q.- Soit on renvoie, soit c'est fini !
R.- Bah oui,
Q.- J. Chirac n'est pas mis en examen...
R.- Donc, il n'est pas concerné par cette idée.
Q.- Néanmoins sa signature apparaît dans un document. Vous êtes son ancien avocat, vous pensez qu'il sera mis en examen, quand il sera entendu comme témoin assisté ?
R.- Je crois, qu'il est entendu comme témoin assisté, donc il n'est pas mis en examen.
Q.- Est-ce que techniquement, ce n'est pas obligatoire de le mettre en examen vu les pièces de son dossier ?
R.- Non, ce n'est pas obligatoire.
Q.- La réforme de la carte judiciaire est en route. C'est habile de fermer comme cela les tribunaux ? Est-ce que ce n'est pas porter atteinte au service public de la justice ?
R.- Je crois que c'est le contraire. Il faut faire cette réforme de la carte judiciaire. Elle est indispensable ! Qu'est-ce qu'ils veulent les Français d'abord ? Ils ne veulent pas avoir un tribunal à côté du boulanger, parce qu'ils n'y vont pas tous les matins. Ce qu'ils veulent c'est une justice rapide. Pour que la justice soit rapide, il faut qu'elle soit spécialisée et non pas généraliste sur un petit ressort territorial comme elle est aujourd'hui.
Q.- Combien faut-il fermer de tribunaux alors ?
R.- Il faut être pragmatique, là-dessus, mais ce qu'il faut c'est avoir des tribunaux qui puissent juger dans des délais réduits et pour cela, il faut qu'ils soient spécialisés.
Q.- La France a dit non hier à l'ouverture d'un chapitre sur la candidature turque à l'Union européenne. Est-ce que c'est le début de la fin pour cette candidature ?
R.- Je pense que les choses sont claires. Le début de la fin pour cette candidature : c'est depuis que les français ont le droit par voix de référendum de refuser une nouvelle adhésion.
Q.- D'ailleurs, la Turquie ne sera jamais membre de l'Union Européenne ?
R.- Je ne sais pas, c'est un problème pour la Turquie elle-même de savoir si elle est capable de se plonger dans la culture européenne et de devenir un pays réellement démocratique, ce qu'elle n'est pas.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 27 juin 2007