Texte intégral
P. Lapousterle - Le commissaire du gouvernement a donc recommandé mercredi au Conseil d'Etat de confirmer le décret du gouvernement du 31 mars qui constate la perte de votre mandat européen. J'imagine que c'est une mauvaise nouvelle pour vous ?"
- "Oui, et ça ne m'étonne pas parce que je sais ce qu'il y a de totalitaire dans la démocratie socialo-communiste française."
Ce n'est pas comme ça qu'on peut résumer la France.
- "Une démocratie dans laquelle on peut voir le chef d'un parti politique important, probablement le deuxième ou le troisième français, être dépouillé des mandats qui lui ont été confiés par les électeurs, par un décret du Premier ministre. Et quand il fait appel de ce décret, c'est devant le Conseil d'Etat dont on nous dit qu'il suit l'opinion du commissaire du gouvernement dont on sait bien que la fonction est de le mettre à la botte de ce gouvernement. Par conséquent, je vois peu de rapport là avec la démocratie, ni avec les leçons que l'on donne en son nom sur le plan international."
Que pensez-vous de la condamnation qui frappe José Bové, trois mois fermes pour le démontage d'un Mc Do ?
- "Je ne vois pas pourquoi M. Bové échapperait à la loi quand les faits sont avérés. "
Quel commentaire vous inspire la décision donc des quatorze membres de l'Union européenne de lever les sanctions sur l'Autriche après la formation d'une coalition au pouvoir droite et extrême droite ?
- "Cette interdiction était absolument incroyable, scandaleuse. Quand on pense que les gens qui faisaient grief au gouvernement démocrate chrétien et FPÖ d'Autriche d'avoir fait une alliance, sont les mêmes qui reçoivent avec le tapis rouge le chef de la Chine communiste, le chef des communistes vietnamiens, le chef des communistes coréens du Nord. C'est là un paradoxe extraordinaire. Mais ça nous rappelle ce que bien souvent les gens ignorent, c'est que treize des gouvernements européens sont de gauche. "
Alors quelle est votre réaction aux sondages récents qui placent M. Jospin en chute libre par rapport à la popularité qui était la sienne depuis qu'il est à Matignon ?"
- "Ces popularités annoncées sont virtuelles et euphoriques. Elles ne correspondent pas à des réalités."
Elles continuent à descendre d'ailleurs.
- "Madame Veil qui caracolait en tête des sondages en son temps à 57 %, a fait 8 % quand elle s'est présentée aux élections. Par conséquent, ce n'est pas du tout une garantie ni pour Jospin, ni pour Chirac qu'aux élections, y compris présidentielles, ils seront placés. Je ne suis même pas sûr que ni l'un, ni l'autre seront au deuxième tour. Personne n'est sûr que ni l'un, ni l'autre sera président au deuxième tour des élections présidentielles. Ceci prouve aussi une chose, c'est que nous sommes dans un état de stabilité de l'opinion, j'allais presque dire un état de coma politique et que, quand le malade sortira du coma, qu'il s'apercevra des réalités comme il a commencé de s'en apercevoir par exemple avec le prix de l'essence et du pétrole, ses réactions seront beaucoup plus brutales et les conséquences beaucoup plus évidentes."
Mais est-ce que vous aimeriez qu'en France il y ait un changement de majorité en ce moment ?
- "Tout dépend de ceux qui constitueraient la majorité. Après tout, le peuple choisit ses élus. C'est à lui d'exiger d'eux de la rectitude et la droiture politique. C'est à lui de sanctionner ceux qui lui ont menti. A ce critère là, le Président de la République n'aurait aucune chance d'être élu député si on comparait en effet ses promesses et les actes qui ont suivi."
Vous faites partie de ceux qui pensent que la gestion du gouvernement Jospin n'a pas été bonne. Vous mêlez votre voix à ceux de l'opposition actuelle ?
- "Je suis de l'opposition au gouvernement socialo-communiste parce que je crois qu'il continue à mener une action qui vise à la désintégration de la Nation au sein de l'Europe, à la promotion des particularismes régionalistes et voire même des indépendantistes comme on a pu le voir en Corse. Sous couvert d'un gouvernement à vocation sociale, M. Jospin mène une politique anti-nationale. C'est la raison principale pour laquelle je suis contre lui."
Personne n'est surpris évidemment que vous prôniez le non au référendum du 24 septembre, puisque c'est le mot que vous préférez dire.
- "Oui, d'autant que j'ai une raison supplémentaire d'être contre le référendum. C'est que M. Chirac, dans sa grande mansuétude, a choisi de le faire le jour de notre fête des BBR à Paris. Nous avons une fête traditionnelle les 23 et 24 et M. Chirac a mis le vote ce jour là."
Vous pensez que c'est la raison de la date ?
- "Non mais c'est une raison personnelle. La deuxième raison, c'est que je suis tout à fait hostile à la réduction de la durée du mandat présidentiel, parce qu'elle constitue une réforme très grave selon moi et qui nous ramène à la IVème République. Le Président de la République a été doté par la Constitution de la Vème République d'un certain nombre de pouvoirs qui lui permettent d'être le garant de l'unité nationale et l'arbitre de la Nation. La durée est l'un d'entre eux. Diminuer cette durée, c'est ramener le Président de la République au niveau des partis. Pour cette raison, nous sommes contre. Puisque on a dérangés les Français - on ne les a jamais dérangés avant malgré les promesses qu'avaient faites Chirac de poser des questions par référendum comme l'euro, comme l'école ou d'autres encore -, ils ont l'occasion de dire ce qu'ils pensent. Ils doivent donc dire ce qu'ils pensent non seulement du référendum constitutionnel sur lequel ils ne pensent pas souvent grand-chose mais sur la politique socialo-communiste telle qu'elle est menée dans le cadre de la cohabitation par Jospin et son gouvernement, avec la bénédiction de Chirac."
S'il y avait, comme on nous le promet, une assez forte abstention, même une forte abstention, est-ce que cela aurait des conséquences sur la vie politique française, le 25 au matin et ensuite ?
- "Si cela n'en avait pas, cela prouverait que même les apparences de démocratie ne sont pas respectées. "
Quelles conséquences ?
- " M. Chirac a pris la précaution, à l'inverse du Général de Gaulle qui, en 69, avait lié son sort au résultat du référendum, de dire qu'il ne se sentirait concerné ni dans sa personne, ni dans sa fonction quel que soit le résultat. Autrement dit, lui, en tous les cas, propose le quinquennat à tout le monde mais il se porte très bien avec le septennat, comme d'ailleurs F. Mitterrand qui, non seulement s'est bien porté d'un septennat mais qui a fait deux. Cela affaiblira ceux qui l'ont proposé et ce sera justice. Il faut tout de même que l'on admette que l'autorité et la légitimité dans notre pays ne peuvent venir que du peuple. "
Vous avez déjà dit que vous serez candidat, si vous êtes encore en vie à la future présidentielle. Mais pour quoi faire ? Vous pensez qu'un jour vous pourrez rentrer à l'Elysée ?"
- "Pourquoi pas ? A partir du moment où je suis dans la compétition pour l'élection présidentielle, j'accepte bien évidemment le risque d'être élu."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 8 janvier 2001)
- "Oui, et ça ne m'étonne pas parce que je sais ce qu'il y a de totalitaire dans la démocratie socialo-communiste française."
Ce n'est pas comme ça qu'on peut résumer la France.
- "Une démocratie dans laquelle on peut voir le chef d'un parti politique important, probablement le deuxième ou le troisième français, être dépouillé des mandats qui lui ont été confiés par les électeurs, par un décret du Premier ministre. Et quand il fait appel de ce décret, c'est devant le Conseil d'Etat dont on nous dit qu'il suit l'opinion du commissaire du gouvernement dont on sait bien que la fonction est de le mettre à la botte de ce gouvernement. Par conséquent, je vois peu de rapport là avec la démocratie, ni avec les leçons que l'on donne en son nom sur le plan international."
Que pensez-vous de la condamnation qui frappe José Bové, trois mois fermes pour le démontage d'un Mc Do ?
- "Je ne vois pas pourquoi M. Bové échapperait à la loi quand les faits sont avérés. "
Quel commentaire vous inspire la décision donc des quatorze membres de l'Union européenne de lever les sanctions sur l'Autriche après la formation d'une coalition au pouvoir droite et extrême droite ?
- "Cette interdiction était absolument incroyable, scandaleuse. Quand on pense que les gens qui faisaient grief au gouvernement démocrate chrétien et FPÖ d'Autriche d'avoir fait une alliance, sont les mêmes qui reçoivent avec le tapis rouge le chef de la Chine communiste, le chef des communistes vietnamiens, le chef des communistes coréens du Nord. C'est là un paradoxe extraordinaire. Mais ça nous rappelle ce que bien souvent les gens ignorent, c'est que treize des gouvernements européens sont de gauche. "
Alors quelle est votre réaction aux sondages récents qui placent M. Jospin en chute libre par rapport à la popularité qui était la sienne depuis qu'il est à Matignon ?"
- "Ces popularités annoncées sont virtuelles et euphoriques. Elles ne correspondent pas à des réalités."
Elles continuent à descendre d'ailleurs.
- "Madame Veil qui caracolait en tête des sondages en son temps à 57 %, a fait 8 % quand elle s'est présentée aux élections. Par conséquent, ce n'est pas du tout une garantie ni pour Jospin, ni pour Chirac qu'aux élections, y compris présidentielles, ils seront placés. Je ne suis même pas sûr que ni l'un, ni l'autre seront au deuxième tour. Personne n'est sûr que ni l'un, ni l'autre sera président au deuxième tour des élections présidentielles. Ceci prouve aussi une chose, c'est que nous sommes dans un état de stabilité de l'opinion, j'allais presque dire un état de coma politique et que, quand le malade sortira du coma, qu'il s'apercevra des réalités comme il a commencé de s'en apercevoir par exemple avec le prix de l'essence et du pétrole, ses réactions seront beaucoup plus brutales et les conséquences beaucoup plus évidentes."
Mais est-ce que vous aimeriez qu'en France il y ait un changement de majorité en ce moment ?
- "Tout dépend de ceux qui constitueraient la majorité. Après tout, le peuple choisit ses élus. C'est à lui d'exiger d'eux de la rectitude et la droiture politique. C'est à lui de sanctionner ceux qui lui ont menti. A ce critère là, le Président de la République n'aurait aucune chance d'être élu député si on comparait en effet ses promesses et les actes qui ont suivi."
Vous faites partie de ceux qui pensent que la gestion du gouvernement Jospin n'a pas été bonne. Vous mêlez votre voix à ceux de l'opposition actuelle ?
- "Je suis de l'opposition au gouvernement socialo-communiste parce que je crois qu'il continue à mener une action qui vise à la désintégration de la Nation au sein de l'Europe, à la promotion des particularismes régionalistes et voire même des indépendantistes comme on a pu le voir en Corse. Sous couvert d'un gouvernement à vocation sociale, M. Jospin mène une politique anti-nationale. C'est la raison principale pour laquelle je suis contre lui."
Personne n'est surpris évidemment que vous prôniez le non au référendum du 24 septembre, puisque c'est le mot que vous préférez dire.
- "Oui, d'autant que j'ai une raison supplémentaire d'être contre le référendum. C'est que M. Chirac, dans sa grande mansuétude, a choisi de le faire le jour de notre fête des BBR à Paris. Nous avons une fête traditionnelle les 23 et 24 et M. Chirac a mis le vote ce jour là."
Vous pensez que c'est la raison de la date ?
- "Non mais c'est une raison personnelle. La deuxième raison, c'est que je suis tout à fait hostile à la réduction de la durée du mandat présidentiel, parce qu'elle constitue une réforme très grave selon moi et qui nous ramène à la IVème République. Le Président de la République a été doté par la Constitution de la Vème République d'un certain nombre de pouvoirs qui lui permettent d'être le garant de l'unité nationale et l'arbitre de la Nation. La durée est l'un d'entre eux. Diminuer cette durée, c'est ramener le Président de la République au niveau des partis. Pour cette raison, nous sommes contre. Puisque on a dérangés les Français - on ne les a jamais dérangés avant malgré les promesses qu'avaient faites Chirac de poser des questions par référendum comme l'euro, comme l'école ou d'autres encore -, ils ont l'occasion de dire ce qu'ils pensent. Ils doivent donc dire ce qu'ils pensent non seulement du référendum constitutionnel sur lequel ils ne pensent pas souvent grand-chose mais sur la politique socialo-communiste telle qu'elle est menée dans le cadre de la cohabitation par Jospin et son gouvernement, avec la bénédiction de Chirac."
S'il y avait, comme on nous le promet, une assez forte abstention, même une forte abstention, est-ce que cela aurait des conséquences sur la vie politique française, le 25 au matin et ensuite ?
- "Si cela n'en avait pas, cela prouverait que même les apparences de démocratie ne sont pas respectées. "
Quelles conséquences ?
- " M. Chirac a pris la précaution, à l'inverse du Général de Gaulle qui, en 69, avait lié son sort au résultat du référendum, de dire qu'il ne se sentirait concerné ni dans sa personne, ni dans sa fonction quel que soit le résultat. Autrement dit, lui, en tous les cas, propose le quinquennat à tout le monde mais il se porte très bien avec le septennat, comme d'ailleurs F. Mitterrand qui, non seulement s'est bien porté d'un septennat mais qui a fait deux. Cela affaiblira ceux qui l'ont proposé et ce sera justice. Il faut tout de même que l'on admette que l'autorité et la légitimité dans notre pays ne peuvent venir que du peuple. "
Vous avez déjà dit que vous serez candidat, si vous êtes encore en vie à la future présidentielle. Mais pour quoi faire ? Vous pensez qu'un jour vous pourrez rentrer à l'Elysée ?"
- "Pourquoi pas ? A partir du moment où je suis dans la compétition pour l'élection présidentielle, j'accepte bien évidemment le risque d'être élu."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 8 janvier 2001)