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La TVA sociale est-elle vraiment sociale ?
La TVA est qualifiée de sociale alors que c'est un impôt. Qui plus est, un impôt très inégalitaire puisque chacun paye la TVA indépendamment du niveau de ses revenus. La TVA pèse donc plus lourd pour les bas revenus que pour les hauts revenus. Si on augmente cette part d'impôt, on ne va faire qu'accroître les inégalités. En outre, on prend d'énormes risques sur la capacité de consommation des ménages sur laquelle repose en grande partie la croissance économique. Par ailleurs, nous considérons comme fallacieux l'argument selon lequel la TVA sociale servira à agir contre les délocalisations. Celles-ci sont d'abord et avant tout motivées par la recherche d'une rentabilité accrue par les groupes internationaux. On ne touchera pas à cela par cette seule mécanique. Si, comme on nous l'explique, la TVA sociale sert à diminuer le coût du travail en France comparé à d'autres pays, comme la Chine par exemple, on est absolument pas dans des proportions où les comparaisons permettront la compétition sur un même niveau. En fait, ces arguments servent à justifier un transfert de cotisations des entreprises sur les consommateurs.
La faiblesse probable de l'opposition parlementaire au lendemain des législatives aura-t-elle une incidence sur l'expression des revendications sociales ?
Contrairement à d'autres, et de manière assez spectaculaire, cette période d'échéances électorales n'a pas mis entre parenthèses les revendications sociales dans les entreprises. On assiste à des mouvements significatifs qui portent tantôt sur les salaires, tantôt sur l'emploi ou les conditions de travail. Beaucoup de salariés considèrent, et c'est heureux, qu'il n'y a pas que l'expression citoyenne pour faire avancer leur situation. Il faut que cette démarche demeure. Nous avons bien l'intention de remplir notre mission de premier syndicat de salariés en toutes circonstances et vis-à-vis de tout pouvoir politique et de toute direction d'entreprise Ce climat est susceptible d'évoluer en fonction des décisions prises par le futur gouvernement et la majorité parlementaire. Et l'on voit que dès les premiers projets précis, les choses commencent à se compliquer. Les heures supplémentaires, la TVA sociale...
Quelle alternative met en avant la CGT face au « travailler plus pour gagner plus » ?
C'est un slogan trompeur qui a pu en partie fonctionner pour l'élection présidentielle Les salariés au chômage ou condamnés au temps partiel, et ils sont très nombreux, ont peut-être cru entendre qu'on se préoccupait enfin de leur sort. Mais, pour illustrer ce slogan, nous avons maintenant connaissance du projet de loi sur les heures supplémentaires. Tous les syndicats se rejoignent pour émettre des critiques semblables. Les vrais bénéficiaires de cette loi vont être les employeurs au titre de plusieurs milliards d'euros qu'ils vont empocher de nouveau. Le slogan « travailler plus pour gagner plus « ne s'adresse pas à ceux qui sont privés d'emploi ou qui ont des petits boulots et ne permettra pas à ceux qui ont déjà un travail de gagner plus de manière spectaculaire puisque les majorations vont être très faibles et les gains relativement minimes. A nos yeux, il faut surtout créer de l'activité, de l'investissement productif, du pouvoir d'achat en revalorisant les salaires plutôt que de privilégier la rémunération du capital. Les premières mesures de ce gouvernement ne vont faire qu'accroître les difficultés sociales. Le SMIC ne va pas bénéficier d'une hausse significative.
Jusqu'où la CGT est-elle prête à aller s'agissant de l'instauration d'un service minimum dans les transports ?
Pour la CGT, comme pour d'autres syndicats, la ligne blanche à ne pas franchir est la remise en cause des conditions d'exercice du droit de grève. Pour éviter les grèves, dans les services publics, les transports et les entreprises privées, il faut traiter les revendications, sources du mécontentement. Il n'y a pas de gréviste par plaisir. Il faut s'intéresser aux causes et non pas uniquement gérer les conséquences. Dans les transports, il y a besoin d'investir dans les matériels, les infrastructures et le personnel. Nous sommes dans l'attente du projet de loi dans une période où nous sommes habitués à la prise de mauvaises décisions. Le calendrier n'est pas neutre. Nous sommes doublement vigilants et doublement méfiants. Source http://www.cgt.fr, le 21 juin 2007