Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
J'ai le grand honneur et le grand plaisir d'accueillir mon ami le président de l'Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas.
C'est un moment très particulier que vit le peuple palestinien. C'est un moment de chaos, de tristesse et, souvent, de désespoir. Le président de l'Autorité palestinienne, c'est-à-dire l'expression légitime du peuple palestinien, a été reçu par le président de la République, cet après-midi. Le président Sarkozy s'est adressé à la presse et vous a certainement dit que le soutien du gouvernement et du peuple français était acquis au président de l'Autorité palestinienne.
Nous soutenons M. Mahmoud Abbas de façon claire et nette. Nous l'avons exprimé aussitôt après les sinistres événements de Gaza. Le président de la République française a téléphoné à M. Mahmoud Abbas. Nous l'avons soutenu politiquement, économiquement et avec beaucoup de fraternité. Nous allons continuer de le faire et, pour être très clairs et très directs, nous pensons que ces tristes événements sont l'occasion d'un retour de l'espoir de paix entre les Israéliens et les Palestiniens.
Ces deux peuples ont plusieurs amis et la France, le peuple français, compte parmi ces amis. Nous souhaitons que l'on comprenne très vite qu'il y a là un espoir de reprise du processus de paix, et la France est prête à y participer. Il ne suffit pas de se rencontrer à Charm el-Cheikh et de proposer de libérer 250 prisonniers palestiniens, même si c'était une excellente rencontre et une bonne proposition. Il faut saisir ce moment pour reprendre espoir et dire au peuple palestinien que maintenant ceux qui sont en faveur de la paix, pour un règlement pacifique, pour la coexistence de deux Etats dans la région, ceux-là sont représentés, avec beaucoup de courage et beaucoup de détermination, par l'Autorité palestinienne.
C'est le moment d'aller de l'avant. C'est ce que Nicolas Sarkozy, le président français, a dit à M. Mahmoud Abbas.
Q - Monsieur le Ministre, vous dites que c'est le moment de renforcer le processus de paix. Que peut faire la France pour aider cette relance ?
R - D'abord, la France peut entendre ce qui vient d'être dit et faire la différence entre ceux qui utilisent l'assassinat et le crime comme moyen politique et ceux qui sont en faveur de la paix. Cette démonstration vient d'être faite aux yeux du monde. La France peut parler, la France peut convaincre. Je pense que la France est, véritablement, l'amie du peuple israélien et l'amie du peuple palestinien, et ce n'est pas nouveau, il y a plus de 25 années que nous le disons.
Ceux qui sont ici présents sont nos amis, et les Israéliens savent aussi qu'ils peuvent compter sur nous. Mais nos amis palestiniens et israéliens savent très bien que la solution est de revenir au processus de paix. Tout a été fait, en particulier à Genève mais également dans bien d'autres endroits, avec la proposition de l'Arabie Saoudite et tout ce qui a été dit par le président de l'Autorité palestinienne.
Nous savons qu'il ne suffit pas de se rencontrer une fois. Pour que les Palestiniens, pour que le peuple palestinien soit convaincu, il lui faut des preuves. Il faut qu'il y ait un peu plus de respiration dans les Territoires occupés.
Il faut l'espoir d'un processus politique. Tout à l'heure, le président Abbas parlait d'une force internationale à Gaza. Pourquoi pas ? Nous pouvons y réfléchir, bien sûr, mais cela ne remplacera jamais le processus politique.
Il y a, d'un côté, ceux qui veulent la paix et, de l'autre, ceux qui veulent l'"assassiner".
Essayons de reprendre le dialogue entre ceux qui sont partisans de la paix. Que les autres se joignent. Je ne fais pas d'amalgame entre le Hamas et le peuple palestinien. Il y a des gens qui souffrent à Gaza. Il y a des personnes emprisonnées à Gaza et, bien évidemment, nous devons nous occuper de ces personnes-là. Mais, politiquement, nous sommes à côté de l'Autorité palestinienne, seule représentante du peuple palestinien.
Q - Précisément, les gens qui se trouvent dans les Territoires palestiniens, en Cisjordanie, à Naplouse ou Ramallah, nous disent qu'ils attendent des faits concrets, comme à Gaza. Alors, concrètement, que pouvez-vous faire pour les soulager ?
R - Je n'ai pas grand chose à ajouter. L'action humanitaire se poursuit, nous continuons notre aide. Il y a l'UNRWA, il y a les ONG qui peuvent accéder à Gaza et nous parlons à nos amis israéliens pour leur demander de desserrer l'étau et laisser passer toutes ces organisations. Nous l'avons fait à plusieurs reprises, nous le faisons tous les jours. Ils doivent laisser passer les vivres et le ravitaillement, sans oublier l'essence. Nous allons fournir une aide de 15 millions d'euros à l'Autorité palestinienne. Nous demandons aussi que les fonds bloqués en Israël soient mis à la disposition de l'Autorité palestinienne. Je crois que cela vient d'être fait, M. Mahmoud Abbas nous le confirmera. Il semble qu'une partie de l'argent bloqué en Israël soit débloqué, un accord serait intervenu, même si les 600 millions n'arriveront sans doute pas d'un seul coup.
Nous faisons ce que nous pouvons mais, moi qui suis un partisan résolu de l'action humanitaire, je vous dis que ce n'est pas cela qui règlera le problème. Il faut une solution politique, comme vient de le dire le président de l'Autorité palestinienne.
Q - La France est-elle en train de préparer une nouvelle initiative pour la paix au Proche-Orient, avec une conférence internationale, par exemple ?
R - Il y a déjà des gens qui pensent que la solution des deux Etats pour deux peuples n'est plus valable. Il y a des gens qui pensent que la Cisjordanie doit retourner vers la Jordanie et que Gaza doit retourner vers l'Egypte. Il faut se dépêcher, nous n'en sommes plus aux "ronds de jambes", disons les choses franchement. Quelle différence y a-t-il entre les personnes qui sont ici, nos amis, et ceux qui pensent - et c'est la majorité du peuple israélien - qu'il faut vraiment retourner à la table des négociations. Il n'y en a pas beaucoup.
Q - Concernant tous ces aspects pratiques, comment se débarrasser de ce gouvernement, à Gaza, qui dirige cette ville malgré tout. La solution serait-elle de faire de nouvelles élections ? Mais de quelle manière pourraient-elles avoir lieu, sans la présence d'une force internationale, sans une solution à cette situation. Vous dites qu'il y a une chance pour aller en avant, mais s'il y a un gouvernement qui dirige illégalement une partie des Territoires palestiniens et que ce gouvernement refuse la négociation avec Israël et une paix avec Israël, comment devra-t-on opérer ?
R - Permettez-moi d'ajouter, comprenant l'intérêt de votre question, que cela n'empêche pas que l'on commence à parler de paix car il y aura toujours quelque chose qui, légalement ou non, nous bloquera.
Il y a ce gouvernement. Essayons avec ce gouvernement et, surtout, sous l'autorité de M. Mahmoud Abbas, de commencer avec les Israéliens. Rien n'empêche de commencer à parler de l'avenir, même lorsqu'il y a des étapes juridiques à franchir.
Je souhaite rappeler que, bien évidemment, la France demande la libération de M. Johnson comme celle du soldat Gilad Shalit.
Q - Vous disiez, Monsieur le Ministre, que vous souhaitiez que les négociations reprennent. Mais avez-vous l'impression réelle que les Israéliens soient prêts à faire des concessions et que les Américains soient prêts à mettre de la pression sur les Israéliens ? Selon vous, l'arrivée de Tony Blair peut-elle changer les choses ?
R - Je n'ai aucune impression, j'essaie de convaincre. Le président de la République a entrepris de convaincre les Israéliens, les Américains bien entendu, et d'autres encore. Il faut convaincre, nous ne sommes pas les seuls, nous ne pouvons pas être les seuls à demander la reprise du processus de paix. Nous ferons de notre mieux, nous sommes obstinés et très déterminés en même temps. En tout cas, nos amis palestiniens, comme nos amis israéliens, peuvent compter sur la France pour aller dans ce sens.
Je vous remercie beaucoup et je souhaite bonne chance à ces négociations.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juillet 2007
J'ai le grand honneur et le grand plaisir d'accueillir mon ami le président de l'Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas.
C'est un moment très particulier que vit le peuple palestinien. C'est un moment de chaos, de tristesse et, souvent, de désespoir. Le président de l'Autorité palestinienne, c'est-à-dire l'expression légitime du peuple palestinien, a été reçu par le président de la République, cet après-midi. Le président Sarkozy s'est adressé à la presse et vous a certainement dit que le soutien du gouvernement et du peuple français était acquis au président de l'Autorité palestinienne.
Nous soutenons M. Mahmoud Abbas de façon claire et nette. Nous l'avons exprimé aussitôt après les sinistres événements de Gaza. Le président de la République française a téléphoné à M. Mahmoud Abbas. Nous l'avons soutenu politiquement, économiquement et avec beaucoup de fraternité. Nous allons continuer de le faire et, pour être très clairs et très directs, nous pensons que ces tristes événements sont l'occasion d'un retour de l'espoir de paix entre les Israéliens et les Palestiniens.
Ces deux peuples ont plusieurs amis et la France, le peuple français, compte parmi ces amis. Nous souhaitons que l'on comprenne très vite qu'il y a là un espoir de reprise du processus de paix, et la France est prête à y participer. Il ne suffit pas de se rencontrer à Charm el-Cheikh et de proposer de libérer 250 prisonniers palestiniens, même si c'était une excellente rencontre et une bonne proposition. Il faut saisir ce moment pour reprendre espoir et dire au peuple palestinien que maintenant ceux qui sont en faveur de la paix, pour un règlement pacifique, pour la coexistence de deux Etats dans la région, ceux-là sont représentés, avec beaucoup de courage et beaucoup de détermination, par l'Autorité palestinienne.
C'est le moment d'aller de l'avant. C'est ce que Nicolas Sarkozy, le président français, a dit à M. Mahmoud Abbas.
Q - Monsieur le Ministre, vous dites que c'est le moment de renforcer le processus de paix. Que peut faire la France pour aider cette relance ?
R - D'abord, la France peut entendre ce qui vient d'être dit et faire la différence entre ceux qui utilisent l'assassinat et le crime comme moyen politique et ceux qui sont en faveur de la paix. Cette démonstration vient d'être faite aux yeux du monde. La France peut parler, la France peut convaincre. Je pense que la France est, véritablement, l'amie du peuple israélien et l'amie du peuple palestinien, et ce n'est pas nouveau, il y a plus de 25 années que nous le disons.
Ceux qui sont ici présents sont nos amis, et les Israéliens savent aussi qu'ils peuvent compter sur nous. Mais nos amis palestiniens et israéliens savent très bien que la solution est de revenir au processus de paix. Tout a été fait, en particulier à Genève mais également dans bien d'autres endroits, avec la proposition de l'Arabie Saoudite et tout ce qui a été dit par le président de l'Autorité palestinienne.
Nous savons qu'il ne suffit pas de se rencontrer une fois. Pour que les Palestiniens, pour que le peuple palestinien soit convaincu, il lui faut des preuves. Il faut qu'il y ait un peu plus de respiration dans les Territoires occupés.
Il faut l'espoir d'un processus politique. Tout à l'heure, le président Abbas parlait d'une force internationale à Gaza. Pourquoi pas ? Nous pouvons y réfléchir, bien sûr, mais cela ne remplacera jamais le processus politique.
Il y a, d'un côté, ceux qui veulent la paix et, de l'autre, ceux qui veulent l'"assassiner".
Essayons de reprendre le dialogue entre ceux qui sont partisans de la paix. Que les autres se joignent. Je ne fais pas d'amalgame entre le Hamas et le peuple palestinien. Il y a des gens qui souffrent à Gaza. Il y a des personnes emprisonnées à Gaza et, bien évidemment, nous devons nous occuper de ces personnes-là. Mais, politiquement, nous sommes à côté de l'Autorité palestinienne, seule représentante du peuple palestinien.
Q - Précisément, les gens qui se trouvent dans les Territoires palestiniens, en Cisjordanie, à Naplouse ou Ramallah, nous disent qu'ils attendent des faits concrets, comme à Gaza. Alors, concrètement, que pouvez-vous faire pour les soulager ?
R - Je n'ai pas grand chose à ajouter. L'action humanitaire se poursuit, nous continuons notre aide. Il y a l'UNRWA, il y a les ONG qui peuvent accéder à Gaza et nous parlons à nos amis israéliens pour leur demander de desserrer l'étau et laisser passer toutes ces organisations. Nous l'avons fait à plusieurs reprises, nous le faisons tous les jours. Ils doivent laisser passer les vivres et le ravitaillement, sans oublier l'essence. Nous allons fournir une aide de 15 millions d'euros à l'Autorité palestinienne. Nous demandons aussi que les fonds bloqués en Israël soient mis à la disposition de l'Autorité palestinienne. Je crois que cela vient d'être fait, M. Mahmoud Abbas nous le confirmera. Il semble qu'une partie de l'argent bloqué en Israël soit débloqué, un accord serait intervenu, même si les 600 millions n'arriveront sans doute pas d'un seul coup.
Nous faisons ce que nous pouvons mais, moi qui suis un partisan résolu de l'action humanitaire, je vous dis que ce n'est pas cela qui règlera le problème. Il faut une solution politique, comme vient de le dire le président de l'Autorité palestinienne.
Q - La France est-elle en train de préparer une nouvelle initiative pour la paix au Proche-Orient, avec une conférence internationale, par exemple ?
R - Il y a déjà des gens qui pensent que la solution des deux Etats pour deux peuples n'est plus valable. Il y a des gens qui pensent que la Cisjordanie doit retourner vers la Jordanie et que Gaza doit retourner vers l'Egypte. Il faut se dépêcher, nous n'en sommes plus aux "ronds de jambes", disons les choses franchement. Quelle différence y a-t-il entre les personnes qui sont ici, nos amis, et ceux qui pensent - et c'est la majorité du peuple israélien - qu'il faut vraiment retourner à la table des négociations. Il n'y en a pas beaucoup.
Q - Concernant tous ces aspects pratiques, comment se débarrasser de ce gouvernement, à Gaza, qui dirige cette ville malgré tout. La solution serait-elle de faire de nouvelles élections ? Mais de quelle manière pourraient-elles avoir lieu, sans la présence d'une force internationale, sans une solution à cette situation. Vous dites qu'il y a une chance pour aller en avant, mais s'il y a un gouvernement qui dirige illégalement une partie des Territoires palestiniens et que ce gouvernement refuse la négociation avec Israël et une paix avec Israël, comment devra-t-on opérer ?
R - Permettez-moi d'ajouter, comprenant l'intérêt de votre question, que cela n'empêche pas que l'on commence à parler de paix car il y aura toujours quelque chose qui, légalement ou non, nous bloquera.
Il y a ce gouvernement. Essayons avec ce gouvernement et, surtout, sous l'autorité de M. Mahmoud Abbas, de commencer avec les Israéliens. Rien n'empêche de commencer à parler de l'avenir, même lorsqu'il y a des étapes juridiques à franchir.
Je souhaite rappeler que, bien évidemment, la France demande la libération de M. Johnson comme celle du soldat Gilad Shalit.
Q - Vous disiez, Monsieur le Ministre, que vous souhaitiez que les négociations reprennent. Mais avez-vous l'impression réelle que les Israéliens soient prêts à faire des concessions et que les Américains soient prêts à mettre de la pression sur les Israéliens ? Selon vous, l'arrivée de Tony Blair peut-elle changer les choses ?
R - Je n'ai aucune impression, j'essaie de convaincre. Le président de la République a entrepris de convaincre les Israéliens, les Américains bien entendu, et d'autres encore. Il faut convaincre, nous ne sommes pas les seuls, nous ne pouvons pas être les seuls à demander la reprise du processus de paix. Nous ferons de notre mieux, nous sommes obstinés et très déterminés en même temps. En tout cas, nos amis palestiniens, comme nos amis israéliens, peuvent compter sur la France pour aller dans ce sens.
Je vous remercie beaucoup et je souhaite bonne chance à ces négociations.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juillet 2007