Déclaration de M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche, sur les ambitions du gouvernement pour une agriculture durable, forte et compétitive, Paris le 11 juillet 2007.

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Circonstance : Session de l'APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture) à Paris le 11 juillet 2007

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Présidents
- Vous représentez, avec plus de 2 millions d'électeurs, l'ensemble des forces vives du monde agricole : les agriculteurs, mais aussi les salariés, les anciens exploitants, le mouvement mutualiste, les propriétaires agricoles et forestiers, et les syndicats. Vous représentez également les productions et vous êtes porteurs de l'identité de vos départements. Les dernières élections de janvier témoignent de la vitalité de la mobilisation de vos ressortissants sur leurs outils professionnels. Vous voilà maintenant en ordre de marche avec des chambres d'agriculture rénovées, une nouvelle gouvernance. Votre démarche s'inscrit totalement dans la stratégie de la modernisation de l'Etat .
- Je connais LUC GUYAU depuis très longtemps. J'étais jeune député de Savoie, quand il était Secrétaire du CNJA. Depuis, nos routes se sont souvent croisées et nos convictions aiguisées.
Depuis mon installation Rue de Varenne, j'ai rencontré les représentants des organisations professionnelles. Je les ai écoutés. J'ai déjà pu mesurer les difficultés de votre secteur, de vos secteurs devrais-je dire. Aujourd'hui, devant tous les territoires de France, relevons ensemble la ligne d'horizon, mettons de la perspective. A un moment où l'on entend quelque fois cette question provocante : a-t-on encore besoin d une agriculture ? Une alimentation, made in China, Brésil ...ne satisferait-elle pas les consommateurs ?
La conviction que je me suis forgée au fil de ma vie publique entre le Conseil général de Savoie ,la Commission européenne, le Ministère de l' Ecologie ou celui des Affaires Etrangères et mon passage chez Mérieux, c'est que l'agriculture est au coeur de tous les grands sujets de nos sociétés, partout où se trouvent les défis de demain, au coeur des préoccupations de nos concitoyens : ce qui les inquiète ,ce qui les réunit dans des instants de convivialité autour des repas....Alors , pas de complexe, OUI l'agriculture est source de modernité, oui l'agriculture peut constituer une réponse aux défis de demain de notre planète. Alors, allons-y, sans complexe, sans nostalgie, sans états d'âme.
C'est le moment :
. la dynamique gouvernementale et la détermination politique de changement sont totales avec une nouvelle performance et une nouvelle gouvernance. A nous d'en tirer parti,
. une clause de rendez-vous en 2008, une réforme en 2013 dans un contexte européen où la France s'est remise au centre du jeu avec le Traité simplifié et face à une échéance : la présidence française de l'Union. A nous de transformer une crainte du changement en perspective,
. de nouveaux points de repère : le défi alimentaire et le défi énergétique. Ils nous enseignent tout simplement, ce que nos sociétés riches avaient oublié : la première fonction de l'agriculture c'est de produire. Produire pour nourrir les hommes depuis la nuit des temps et désormais produire pour desserrer la contrainte de l'épuisement des énergies fossiles. J'en rajouterai un : le défi de la santé publique avec le lien entre alimentation et santé que l'agriculture ne peut ignorer.
. un sentiment diffus mais assez fort chez les agriculteurs : on est au bout des systèmes que l'on s'est efforcé d'ajuster au mieux, au fil des ans. L'accélération dans le temps des réformes est l'illustration de leurs limites ou de leurs fins programmées.
Mon objectif est de saisir cette opportunité et la transformer en atout pour l'agriculture, dans le débat public. C'est le moment d'une démarche ambitieuse et pragmatique : pas de grand soir, de grand messe, pas de grand discours, une stratégie française pour l'agriculture partagée et portée par tous. Une stratégie non pour imposer notre point de vue, mais pour débattre avec les autres Etats membres avant de négocier. Une stratégie accompagnée de propositions concrètes à porter au niveau national, communautaire et international.
Aller au fond des débats sans tabou, expertiser sans à priori, par exemple : les prix de certaines matières premières agricoles s'emballent. J'ai décidé de nommer une mission d'analyse : s'agit-il d'un retournement conjoncturel ou d'une rupture de tendance ? Quelles conséquences sur les filières animales ? Quelles conséquences sur les prix alimentaires ? Je demanderai, lors du Conseil des Ministres européens de la semaine prochaine, à titre dérogatoire pour la campagne de réduire le taux de gel.
Dans cette démarche, il faudra accepter de s'ouvrir, de bouger les lignes. Il ne s'agit pas de tout jeter par dessus bord : l'agriculture est forte de ses réussites. Mais, d'inscrire le mouvement dans la durée et avec un sens. Non, ce ne sera pas une énième loi d'orientation, l'urgence pour agriculture ce n'est pas d'enrichir son arsenal législatif. L'urgence, c'est de construire un cadre de référence pour que chaque décision prise au niveau national ou chaque démarche communautaire serve l'objectif arrêté ensemble. Urgent de ne pas sacrifier « l'avenir au présent » selon le mot de Pierre Mendès France.
Et le long terme, c'est inscrire l'agriculture dans le développement durable. Qui dit une agriculture durable, dit une agriculture...
- créatrice de croissance économique
- responsable et respectueuse de l'environnement
- porteuse de progrès social et d'un progrès pour la société
I/ UNE AGRICULTURE CREATRICE DE VALEUR
L'agriculture doit s'inscrire dans l' objectif affiché par le gouvernement : gagner le point de croissance qui manque. Cette croissance doit être riche en emplois, cette croissance doit être territorialisée.
1/Le premier axe, c'est produire sans complexe : produire pour le marché intérieur, produire pour répondre à l'augmentation des échanges internationaux et pour redresser le solde du commerce extérieur. Nous disposons avec l'agroalimentaire d'une véritable spécialisation internationale solide. Les multiples défis nous l'imposent mais dans une nouvelle dynamique commerciale renouvelée.
L' objectif est double : tout d'abord l'arrimage de l'agriculture à son aval qui doit se restructurer pour affronter la concurrence, c'est la seule alternative à la dérégulation des marchés et ensuite son ancrage dans les territoires, seul contrefeux à la délocalisation. L' enjeu, c'est la préservation des emplois dans des zones où les perspectives des autres secteurs restent limitées. C'est le maintien d'emplois qui répondent aux compétences de la main d'oeuvre locale. La condition : c'est l'existence d'une agriculture compétitive, de proximité. Cela concerne aussi bien les débouchés alimentaires, non alimentaires ou encore la forêt dont la production doit, elle aussi, conquérir de nouveaux marchés.
La nouveauté réside moins dans l'orientation que dans la détermination qui la sous-tend et la volonté de trouver les dispositifs qui permettent de la mettre en oeuvre. Les Pouvoirs Publics tireront toutes les conséquences de leur choix tant au niveau communautaire que national. Nous réussirons si nous tirons tous dans le même sens : si nous sommes convaincus que notre avenir collectif passe par la responsabilisation de chacun dans le cadre de filières organisées, et non par la main tendue vers l'Etat. Et nous pouvons réussir. Je sais que vous partagez cette conviction, je sais que vous l'avez portée.
Je mettrai plusieurs pistes en débat : la concentration de l'offre agricole, l'adaptation du cadre des interprofessions pour développer des relations contractuelles fortes et durables entre producteurs et transformateurs, la mise en place d'un fonds assurantiel servant un objectif de structuration des filières, l'évolution du droit de la concurrence, la poursuite du dialogue avec la distribution : le débat du lien entre l'alimentation et la santé peut donner une nouvelle opportunité pour entrer dans un cercle vertueux. Les relations, je le sais, sont des rapports de force. A vous avec les entreprises d'aval, dans une contractualisation forte de peser plus.
2/ Le deuxième axe : exprimer la compétitivité par la qualité des produits et des pratiques. Je me battrai contre la banalisation et l'aseptisation de notre alimentation. Notre agriculture a une identité, elle porte des goûts, elle est détentrice d'une parcelle de notre patrimoine. Nos signes de qualité qui signent un tiers du chiffre d'affaires de l'agriculture doivent être nos meilleurs agents commerciaux. Ils démarquent, ils différencient, ils reposent sur des pratiques durables et participent au modèle de développement économique que nous voulons promouvoir. Ils doivent constituer une démarche de progrès pour les agriculteurs et un achat plaisir pour les consommateurs. Nous allons étudier les conditions d'un partenariat avec la grande distribution pour assurer la promotion des signes officiels de qualité sans qu'elle ne les vampirise. En effet, il faut être réaliste : les ¾ des ménages font leurs achats en grandes surfaces.
Au fond il s'agit d'inventer une forme de préférence alimentaire qui ne serait pas dictée par les tarifs douaniers mais par les consommateurs.
3/ Le troisième axe : Participer à la création d'emploi Le secteur agroalimentaire 3ème employeur de main d'oeuvre est stratégique au regard de la politique de l'emploi. Mais des bassins de production agricoles sont menacés par des concurrences déloyales, nous le savons. La concurrence, c'est la vie .Elle est saine quand elle est loyale, il ne faut pas la refuser, c'est le meilleur des aiguillons. Le secteur des fruits et légumes est un de ceux-là. Nous devrons innover. Une expertise est en cours sur la TVA sociale .Là aussi, pas de tabou, tous les éléments seront sur la table, on débattra, et le Gouvernement tranchera. L'autre levier, pour préserver l'emploi, c'est la performance commerciale .Nous devrons là aussi innover ,sortir de nos schémas classiques .La réforme de l' OCM nous donne la double occasion de mettre en place un dispositif de gestion de crise et de construire un plan stratégique pour la filière. La balle est dans notre camp : le vôtre, le mien. A nous de gagner la partie. L'autre secteur préoccupant : la viticulture. Derrière les vignobles, c'est l'avenir de l'identité des territoires et leur vitalité économique et sociale qui se jouent .Chacun sait que la réforme de l'OCM est inévitable, mais elle ne doit se traduire ni par le dépaysement du vin, ni par le déménagement du territoire. Le débat ne fait que s'ouvrir à Bruxelles au sein du Conseil des Ministres. Les nouvelles filières non alimentaires participeront également à cette bataille pour l'emploi.
Participer à la lutte pour l'emploi, c'est aussi assurer la reprise d'entreprises. Il n'y a pas de fatalité au repli mathématique du nombre d'exploitations .Je l'ai dit à Epinal, l'avenir de l'agriculture ne passe pas par des fermes à l'américaine, il ne passe pas non plus par un logique de la répartition .Alors, soyons performants, créons de la richesse, et offrons un cadre à ceux qui font le choix de ce métier en le rendant accessible.
4/ Le quatrième axe : Innover La société de la connaissance ne se fera pas contre ou sans l'agriculture. La mobilisation de la recherche, de l'innovation , de l'appareil de développement doit être mise au service des défis de la durabilité, de la compétitivité, et de la modernisation de l'agriculture et de l'agro-alimentaire.
L'agriculture inscrite dans la croissance économique ne sera durable que si elle est aussi responsable
II/ AGRICULTURE : responsable et respectueuse de l'environnement
L'environnement sera un élément structurant pour la régulation du secteur agricole : les ressources que l'agriculture utilise ont un prix et l'agriculture peut fournir des nouveaux produits et services. Je voudrais rappeler quelques idées simples, ce sont celles que l'on oublie le plus vite. Il y a 15 ans, alors Ministre de l'Environnement, je disais que les premiers écologistes étaient les agriculteurs. Je le redis 15 ans après avec la même conviction et ce n'est pas un propos de circonstance devant des responsables agricoles. Qu'est ce que cette société qui accuse, qui stigmatise, qui oppose ? On a mis l'environnement dans un coin en la laissant quelques fois aux seuls écologistes et on voudrait ringardiser l'agriculture en la renvoyant dans le passé ! .La réalité est tout autre. Le Grenelle de l'Environnement s'ouvre : c'est bien, l'environnement devient l'affaire de tous. Alors, réussissons-le. Ensemble, ne soyons pas frileux. Participons, dialoguons sans appréhension. Il n'y a pas d'un côté le Grenelle de l'Environnement qui instruirait le procès de l'agriculture et de l'autre, les Assises de l'Agriculture qui la protégerait. Il y a un projet du gouvernement : « mobiliser la société française pour qu'elle inscrive son développement dans une perspective soutenable. » Dans ce contexte, l'agriculture doit réussir à articuler les politiques environnementales avec les autres déterminants du développement de l'agriculture et elle doit réussir à recomposer avec les autres acteurs.
Dans ce domaine, les chantiers sont multiples, et ils nous offrent autant de leviers pour agir :
. la certification des exploitations. Vous avez su avec l'agriculture raisonnée ouvrir la voie, il faut aller plus loin. Cette démarche permet de responsabiliser les agriculteurs et d'alléger les contrôles.
. l'anticipation sur le changement climatique. J'organiserai avec la Ministre de la recherche, au printemps prochain, une conférence sur l'agriculture dans 30 ans. Quels territoires, quelles productions, quelles technologies, quelle alimentation, quels systèmes, quels agriculteurs ? Des chercheurs de tout horizon échangeront avec la société.
. le desserrement de la contrainte énergétique. A terme, l'objectif est clair : créer un véritable secteur d'activité de la chimie du végétal selon un modèle inspiré de la filière pétrolière et chimique. Nous avons tous les atouts pour exceller. Aujourd'hui, c'est le développement des biocarburants. Je connais les interrogations de certains. Les études et les rapports se multiplient .Je souhaite que l'on ne cède pas aux effets de mode, que l'on garde les yeux ouverts. Mais une question est d'ores et déjà incontournable, c'est celle de la durabilité des biocarburants , et je plaiderai une certification environnementale à l'échelle européenne. Y compris en encourageant l'autonomie énergétique des exploitations agricoles au moyen des nouvelles énergies.
. et puis dernière piste, le développement de nouveaux instruments financiers pour payer de nouveaux services rendus par les agriculteurs : puits de carbone, énergies renouvelables. Il y a là un champ totalement nouveau et prometteur pour l'agriculture.
III/ AGRICULTURE porteuse de progrès social
C'est presque une banalité, devant un auditoire comme le vôtre, de rappeler que l'agriculture ce ne sont pas simplement des produits qui s'échangent sur des marchés, ce sont d'abord des hommes et des femmes, des paysages, des territoires, du lien social, une vision du rapport de l'homme à la nature, au vivant, et de l'alimentation. Mais, cette réalité aujourd'hui a une valeur.
1/La production de paysages par l'agriculture, et vous le savez, relève d'un objectif économique et sert la croissance et l'emploi : elle est le support d'autres activités, elle participe de l'attractivité de la France : ce n'est pas un hasard si le tourisme est le premier secteur exportateur, si le tourisme en milieu rural c'est un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros et si l'espace rural, c'est le premier espace fréquenté par les Français. Et les agriculteurs eux-mêmes en sont des acteurs.
Mais, ces paysages ils ont été façonnés par le travail des paysans, par leur activité au quotidien. Des agriculteurs qui partent, ce sont des territoires qui se ferment. Notre ambition, c'est de tenir les territoires, notamment en montagne là aussi, pas dans le seul intérêt des agriculteurs, mais parce que je suis convaincu que la cohésion territoriale participe de la cohésion sociale. Prôner le développement durable, c'est prôner un développement équitable entre les territoires. En tant que Commissaire européen, je me suis battu pour réduire la fracture territoriale et nous l'avons inscrit comme objectif de la politique régionale. Je n'ai pas changé d'avis .
Dans ce cadre, une de mes priorités sera de préserver les productions valorisant l'herbe, véritable ossature d'un grand nombre de territoires. Dans la perspective de l'après 2013, il nous appartiendra de revoir les objectifs assignés à ces territoires qui doivent rester des territoires de production et les politiques qui y sont attachées en recherchant une logique de développement durable.
2/ L'alimentation est le second lien fort avec notre société. Mon ambition est d'établir une politique forte de l'alimentation en réponse aux attentes des consommateurs .
L'alimentation joue un rôle fondamental dans la qualité de vie de nos concitoyens. Ils veulent une alimentation sûre et saine, variée et équilibrée et à des prix accessibles. Il ne s'agit pas de rajouter des textes : le paquet hygiène, terme peu heureux pour désigner le cadre réglementaire communautaire, a été adopté .Il garantit un niveau élevé de protection de la santé humaine et animale. L'objectif est désormais de responsabiliser les filières à développer des outils collectifs et des guides de bonnes pratiques. Je sais que le travail est engagé, j'y attache du prix. La certification de l'amont à l'aval est un enjeu déterminant , la certification des entreprises agricoles y participera et celle des industries agroalimentaires aussi.
Notre politique agricole nous devrons la décliner avec un objectif de santé publique. Je souhaite que le Ministère de l'Agriculture soit offensif et novateur en ce domaine : les repas hors foyer et je pense, notamment aux cantines scolaires ou aux hôpitaux, doivent être un vecteur pour éduquer sur l'alimentation, rendre accessibles certains produits. Nous en reparlerons.
L'agriculture biologique a toute sa place dans cette politique de l'alimentation, d'autant que nous importons une large part de notre consommation. Je souhaite que nous puissions définir ensemble les conditions de son développement : avec 1,1% du marché alimentaire, les marges de progrès sont devant nous.
Une agriculture durable sera une agriculture forte à tous les niveaux.
IV/ Une agriculture, forte au niveau européen et international
L'Europe a une responsabilité lourde face au défi alimentaire. Les termes de l'équation sont connus : d'un côté, 9 milliards d'habitants sur la planète en 2050 contre 6 en 2000, alors que 800 millions souffrent déjà de la faim, de l'autre, des ressources par habitant de 0,2 hectare, des problèmes sur la ressource en eau. Mais l'équation est complexe à résoudre : elle renvoie à des paramètres politiques lourds tenant à l'émergence de démocraties. Ma conviction que vous partagez : l'indépendance et la souveraineté alimentaires des Etats ne sont pas négociables et il y a une responsabilité collective à les faire émerger. On ne peut laisser la dérégulation résoudre cette question, d'où l'importance d'une gestion des marchés et de stocks régulateurs.
Si les objectifs que je viens de présenter pour l'agriculture -création de valeur, responsabilité et respect de l'environnement, progrès sociétal- et qui restent à construire ensemble sont partagés, nous devrons en tirer les conséquences au plan international et européen.
1/Au plan international, la priorité est simple : compte tenu du niveau élevé de normes sociales, sanitaires et environnementales en Europe, il est tout simplement impossible de soumettre les agriculteurs à la concurrence de pays tiers ne respectant pas le même niveau d'exigences. Les producteurs de viande bovine ou de poulets de chair ne seront jamais compétitifs par rapport à leurs concurrents argentins ou brésiliens : faut-il alors arrêter de produire en France et en Europe, ma réponse est non. Ma priorité est claire : défendre la pérennité de la préférence sanitaire et écologique communautaire. Nous ne serons pas naïfs mais nous serons déterminés car nos objectifs sont forts : une agriculture exemplaire et durable.
2/ Au plan communautaire, d'importantes échéances se profilent avec le « bilan de santé » de la PAC. Ce sera le thème des Assises dès cet automne. L'agriculture française est la première d'Europe, elle est donc la mieux armée pour affronter l'avenir. Mais je ne souhaite pas que la France soit isolée dans des postures défensives ou passéistes. C'est l'esprit de la démarche que je vous propose, notre horizon, ce n'est pas 2008 mais 2013 pour pouvoir tracer le chemin. Demain ne sera pas la reconduction de l'existant, le monde bouge .Ne soyons pas fermés et acceptons de conduire la réflexion, toute la réflexion même celle qui peut déranger. Et, vous savez que nous n'éviterons pas le débat sur l'architecture des premier et second piliers et les modalités d'attribution des aides. J'ai besoin de vous, de toutes les propositions de la profession.
Tout notre effort est de remettre l'agriculture au coeur des débats. La stratégie de Lisbonne qui mise sur la compétitivité, la modernisation, et l'intelligence de l'Europe, a besoin d'une agriculture compétitive, moderne et durable et donc d'une politique agricole .
Ensemble, nous allons bâtir un projet pour une agriculture durable et forte. Pour ce faire, nous allons nous engager dans de nouvelles méthodes de travail. Je veux convaincre, je veux dialoguer : l'influence ne se décrète pas. Nous devons déployer de nouvelles méthodes pour y parvenir : en renouvelant les relations avec les capitales européennes, les services de la Commission, en apportant une contribution positive de l'agriculture au Grenelle de l'environnement, en ouvrant sans tabou, les Assises de l'agriculture, en osant des expérimentations et comme je l'ai dit en nous retrouvant au printemps prochain pour une grande conférence sur l'agriculture en 2030.