Texte intégral
Madame et Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Mesdames Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Recteur,
Permettez-moi d'abord de vous saluer chaleureusement et de vous remercier pour votre accueil.
Si je suis venu aujourd'hui, c'est avant tout pour m'adresser à vous Mesdames, Messieurs les Professeurs, En effet dans quelques jours, vous pénétrerez pour la première fois dans une salle de classe en tant que maître.
Je mesure ce que cela représente pour chacun d'entre vous : il y a encore quelques semaines, vous étiez étudiant, vous êtes désormais professeur.
Pour vos élèves, le fait que vous soyez encore en formation est indifférent. Vous allez être leur professeur, et vous sentirez dans leur regard le poids de cette responsabilité. Vous sentirez aussi ce sentiment de respect et parfois même d'admiration qu'ils auront pour vous.
Vos élèves seront en attente de ce que vous pourrez leur apporter et vous aurez à coeur, j'en suis sûr, de ne pas les décevoir.
Vous leur apporterez votre savoir, et aussi l'attention personnelle que vous devez à chacun.
Vous serez jugé sur vos capacités pédagogiques, votre charisme et votre autorité naturelle.
Chacun d'entre-nous a le souvenir d'un ou de plusieurs de ses professeurs qui ont marqué sa formation et parfois crée un lien avec une discipline, que le temps a fait grandir. Vous avez donc entre vos mains le pouvoir d'orienter des vies.
Vous allez exercer un métier passionnant. Et vous l'exercerez dans le cadre d'une société qui exige parfois plus de l'Ecole et de ses maîtres qu'elle n'exige d'elle-même. C'est toute la difficulté et la beauté de votre engagement professionnel. C'est toute la grandeur de l'Ecole républicaine.
Vous venez de la France entière par la magie du concours de recrutement et des procédures d'affectation. Je sais que certains sont éloignés de chez eux et que ce n'est pas toujours facile au début, mais précisément, vous êtes aussi chez vous ici, dans l'académie de Créteil qui illustre la diversité, la richesse et la complexité de notre société.
Ce que vous apprendrez ici vous guidera tout au long de votre vie professionnelle. Recrutés à l'issue de concours difficiles, vous êtes parmi l'élite de notre jeunesse étudiante. C'est à vous qu'échoit l'honneur de travailler ici, au coeur même de ce laboratoire où s'élabore la société française de demain. Si j'ai tenu à venir à votre rencontre, accompagné de Valérie Pécresse et de Xavier Darcos et entouré des autorités universitaires et académiques, c'est pour vous dire que le Gouvernement et à travers lui le pays tout entier a confiance en vous.
Pour vous dire aussi qu'il est conscient des responsabilités qu'il vous confie et qu'il place l'éducation au centre de ses priorités.
Le monde du XXIe siècle est celui de la connaissance. L'Union européenne a d'ailleurs défini en 2000 à Lisbonne un plan d'action visant à faire de l'Europe à l'horizon 2010, « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable de soutenir une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration qualitative et quantitative de l'emploi et d'une meilleure cohésion sociale ». Les objectifs de la stratégie de Lisbonne sont les nôtres, mais ils prennent une force particulière en France, car il y a un rapport direct entre la puissance de notre pays, sa liberté, sa créativité et sa cohésion et l'efficacité de son système éducatif.
L'école de la République a eu une fonction « politique » dans la cité et ceci dès l'origine. Ce rôle conserve toute son actualité. Il s'agit d'offrir à nos enfants la possibilité de penser et d'agir en hommes libres et éclairés dans le monde tel qu'il est et tel qu'il évolue.
Cette mission concerne chacun de nos élèves car aucun d'entre eux ne doit être laissé sur le bord du chemin. Aucun destin ne doit être figé sous le poids des handicaps sociaux, des préjugés raciaux ou des différences physiques.
L'école est là pour affranchir des inégalités. Elle doit être une chance et un tremplin pour développer tous les talents et permettre à chacun de trouver sa place dans la société française.
Notre système éducatif est en mesure de relever ces défis. Le législateur a récemment précisé ce qu'en attend la Nation. C'est tout le sens de la loi du 23 avril 2005. Celle-ci recentre l'école sur ses missions fondamentales en assurant la transmission du socle commun des connaissances.
Ce socle, c'est notre patrimoine commun, c'est une culture partagée, c'est un ciment, en même temps qu'un viatique indispensable à toute poursuite d'étude ou de formation. Il s'agit d'élever le niveau de qualification et d'instruction de nos concitoyens, d'augmenter le nombre de nos diplômés de l'enseignement supérieur pour rester en tête des nations hautement développées. C'est le sens du rattachement des IUFM aux universités et du nouveau cahier des charges de la formation des maîtres.
Inscrire l'évolution des IUFM dans l'espace éducatif européen, les intégrer au sein même des universités répond à deux enjeux : initier la reconnaissance mutuelle des formations d'enseignants pour permettre leur mobilité géographique et leur enrichissement culturel, mais aussi les rapprocher de l'émulation de la recherche universitaire.
Plus concrète, plus en phase avec les évolutions de la société, la formation des futurs enseignants se veut pluridisciplinaire et en cohérence avec les objectifs du socle commun des connaissances et des compétences. Plus proche de l'actualité disciplinaire et de la recherche scientifique, cette démarche doit contribuer à l'évolution de la transmission des savoirs et à la diffusion de la culture scientifique dans notre pays.
Il reste à mieux adapter l'organisation du système éducatif à l'obligation de résultats. C'est à cette condition que nous atteindrons les objectif, essentiels, de 100 % d'élèves maîtrisant le socle commun, de 80 % de bacheliers et de 50 % de titulaires de la licence dans une classe d'âge à l'horizon 2012.
Mesdames et messieurs,
Vous entrez aujourd'hui dans la carrière enseignante. Vous exercerez ce métier jusque vers 2047. Ce que vous aurez enseigné à vos élèves, ils en feront usage dans leur vie tout au long du siècle... C'est donc peu de dire que votre métier est fondamental pour l'avenir de notre nation.
Mais peut-on encore parler d'un métier unique ? Notre pays assigne à l'école une triple mission : instruire les élèves en transmettant à chacun le patrimoine de valeurs, de savoirs et de connaissances qui ont façonné notre civilisation, permettre à chacun de développer sa personnalité et ses talents, offrir à tous une qualification professionnelle ou une poursuite d'études supérieures.
La tâche qui vous est confiée est donc extraordinairement riche et complexe. Elle est d'autant plus exigeante que l'individualisation des parcours d'apprentissage est probablement l'horizon de la pédagogie de ce temps. Vous ferez donc plusieurs métiers, parfois simultanément, parfois successivement, vous transmettrez des savoirs, vous transmettrez des valeurs, vous suivrez individuellement les élèves qui en ont besoin, vous évaluerez leur potentiel et leurs tracerez des pistes pour une bonne orientation de leur cursus. Vous travaillerez en équipe et avec de nombreux partenaires. Votre formation dans cet IUFM et dans vos établissements d'affectation doit impérativement vous y préparer et l'institution doit accompagner l'évolution des élèves, des pédagogies et des objectifs par un effort très conséquent de formation continue.
La Nation est très consciente de la difficulté de la tâche qu'elle confie à ses professeurs. C'est pourquoi la loi garantit votre liberté pédagogique et sanctionne toute atteinte à votre autorité en tant qu'agent de l'Etat.
Liberté, responsabilité, autorité seront vos maîtres mots. Dans votre classe, vous êtes le maître qui réinvente heure par heure l'art de transmettre, d'intéresser, d'éveiller, de faire des enfants des élèves, de les conduire à la maturité.
Votre rôle est à la hauteur de la confiance qui vous est faite. Plutôt que vos méthodes, ce sont vos résultats que la société évaluera.
Liberté garantie, autorité renforcée, responsabilités nouvelles : pour que ces notions ne restent pas des incantations, nous avons décidé d'améliorer la condition enseignante, sur le plan financier, mais aussi sur le plan moral.
Vos statuts datent de 1950 !
L'urgence d'une réflexion de fond sur la condition enseignante et d'une véritable refondation des statuts est incontestable. Les conditions de votre formation, du déroulement de vos carrières, de vos rémunérations, de vos services, de votre évaluation : tout ceci doit aussi être mis sur la table des discussions.
Le président de la République l'a annoncée, la modernisation et l'amélioration de la condition enseignante seront mises en oeuvre sans délai. J'installerai très prochainement avec Xavier DARCOS la commission nationale pour la refondation de la condition enseignante.
Elle établira le « livre vert » de la condition enseignante. Les partenaires sociaux, les usagers, la société civile seront largement consultés. Un « livre blanc », élaboré par le ministre de l'Education nationale proposera ensuite les pistes du renouveau.
Voilà, mesdames et messieurs les professeurs, les quelques mots que je voulais vous adresser.
Très prochainement, le président de la République transmettra à chacun d'entre-vous une lettre. Elle témoignera de son soutien et vous livrera sa conception de l'Ecole.
A quelques jours de la rentrée, je vous dois une confidence : ma mère fut enseignante, et je conserve en mémoire l'ambiance de ses jours un peu singuliers. S'y mêle un mélange de joie et de gravité. La semaine prochaine, 12 millions d'élèves vont rejoindre leur salle de classes, 900.000 enseignants commenceront leur cours, 227.000 personnels administratifs et techniques assureront le bon fonctionnement des établissements. L'ampleur de ces chiffres témoigne de l'engagement massif d'un pays qui sait que son avenir se décide avec vous et grâce à vous.
Cela, je ne l'avais pas aussi profondément mesuré avant d'avoir été rue de Grenelle au ministère de l'Education nationale. J'ai vite pris la mesure du formidable potentiel humain que réunit le service public de l'Education nationale. J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler dans ce monde où se retrouvent des hommes et des femmes réunis par un même engagement, au service de la jeunesse, de l'avenir de la France, et des valeurs républicaines. J'ai connu comme tous les ministres des succès et des difficultés.
Mais j'en suis parti avec deux convictions :
que l'Education nationale est nécessairement au coeur de la mission de l'Etat, et que rien n'est possible pour l'école sans un pacte de confiance entre les enseignants et la société, une confiance exigeante, mais une confiance sans partage, car chacun d'entre vous sera seul dans sa classe avec ses élèves et c'est là que se passera l'essentiel, cette relation maître-élève qui construit avec le temps les savoirs et les personnalités.
ma deuxième conviction est que toute évolution de ce grand service public doit plus qu'ailleurs s'inscrire dans le temps, en tenant compte tout à la fois de nos traditions séculaires et de ce que le monde extérieur bouge. L'Education nationale est ainsi faite qu'elle doit maintenir, et en même temps changer, et elle le fait d'autant mieux, non seulement par un effort sur elle-même comme je l'y avais invitée avec la loi sur l'Ecole, mais en bénéficiant de l'apport de jeunes comme vous, pas si loin de leurs futurs élèves, et en même temps si différents par le cheminement adulte qu'ils accomplissent et la formation qu'ils suivent pour maîtriser leur métier.
Tout cela vous explique le plaisir que j'ai de témoigner aujourd'hui auprès de vous, en tant que Premier ministre, de mon engagement personnel et de l'engagement du Gouvernement au soutien de votre vocation pour le métier d'enseignant.
Je vous souhaite à tous une bonne rentrée.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 31 août 2007
Monsieur le Préfet,
Mesdames Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Recteur,
Permettez-moi d'abord de vous saluer chaleureusement et de vous remercier pour votre accueil.
Si je suis venu aujourd'hui, c'est avant tout pour m'adresser à vous Mesdames, Messieurs les Professeurs, En effet dans quelques jours, vous pénétrerez pour la première fois dans une salle de classe en tant que maître.
Je mesure ce que cela représente pour chacun d'entre vous : il y a encore quelques semaines, vous étiez étudiant, vous êtes désormais professeur.
Pour vos élèves, le fait que vous soyez encore en formation est indifférent. Vous allez être leur professeur, et vous sentirez dans leur regard le poids de cette responsabilité. Vous sentirez aussi ce sentiment de respect et parfois même d'admiration qu'ils auront pour vous.
Vos élèves seront en attente de ce que vous pourrez leur apporter et vous aurez à coeur, j'en suis sûr, de ne pas les décevoir.
Vous leur apporterez votre savoir, et aussi l'attention personnelle que vous devez à chacun.
Vous serez jugé sur vos capacités pédagogiques, votre charisme et votre autorité naturelle.
Chacun d'entre-nous a le souvenir d'un ou de plusieurs de ses professeurs qui ont marqué sa formation et parfois crée un lien avec une discipline, que le temps a fait grandir. Vous avez donc entre vos mains le pouvoir d'orienter des vies.
Vous allez exercer un métier passionnant. Et vous l'exercerez dans le cadre d'une société qui exige parfois plus de l'Ecole et de ses maîtres qu'elle n'exige d'elle-même. C'est toute la difficulté et la beauté de votre engagement professionnel. C'est toute la grandeur de l'Ecole républicaine.
Vous venez de la France entière par la magie du concours de recrutement et des procédures d'affectation. Je sais que certains sont éloignés de chez eux et que ce n'est pas toujours facile au début, mais précisément, vous êtes aussi chez vous ici, dans l'académie de Créteil qui illustre la diversité, la richesse et la complexité de notre société.
Ce que vous apprendrez ici vous guidera tout au long de votre vie professionnelle. Recrutés à l'issue de concours difficiles, vous êtes parmi l'élite de notre jeunesse étudiante. C'est à vous qu'échoit l'honneur de travailler ici, au coeur même de ce laboratoire où s'élabore la société française de demain. Si j'ai tenu à venir à votre rencontre, accompagné de Valérie Pécresse et de Xavier Darcos et entouré des autorités universitaires et académiques, c'est pour vous dire que le Gouvernement et à travers lui le pays tout entier a confiance en vous.
Pour vous dire aussi qu'il est conscient des responsabilités qu'il vous confie et qu'il place l'éducation au centre de ses priorités.
Le monde du XXIe siècle est celui de la connaissance. L'Union européenne a d'ailleurs défini en 2000 à Lisbonne un plan d'action visant à faire de l'Europe à l'horizon 2010, « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable de soutenir une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration qualitative et quantitative de l'emploi et d'une meilleure cohésion sociale ». Les objectifs de la stratégie de Lisbonne sont les nôtres, mais ils prennent une force particulière en France, car il y a un rapport direct entre la puissance de notre pays, sa liberté, sa créativité et sa cohésion et l'efficacité de son système éducatif.
L'école de la République a eu une fonction « politique » dans la cité et ceci dès l'origine. Ce rôle conserve toute son actualité. Il s'agit d'offrir à nos enfants la possibilité de penser et d'agir en hommes libres et éclairés dans le monde tel qu'il est et tel qu'il évolue.
Cette mission concerne chacun de nos élèves car aucun d'entre eux ne doit être laissé sur le bord du chemin. Aucun destin ne doit être figé sous le poids des handicaps sociaux, des préjugés raciaux ou des différences physiques.
L'école est là pour affranchir des inégalités. Elle doit être une chance et un tremplin pour développer tous les talents et permettre à chacun de trouver sa place dans la société française.
Notre système éducatif est en mesure de relever ces défis. Le législateur a récemment précisé ce qu'en attend la Nation. C'est tout le sens de la loi du 23 avril 2005. Celle-ci recentre l'école sur ses missions fondamentales en assurant la transmission du socle commun des connaissances.
Ce socle, c'est notre patrimoine commun, c'est une culture partagée, c'est un ciment, en même temps qu'un viatique indispensable à toute poursuite d'étude ou de formation. Il s'agit d'élever le niveau de qualification et d'instruction de nos concitoyens, d'augmenter le nombre de nos diplômés de l'enseignement supérieur pour rester en tête des nations hautement développées. C'est le sens du rattachement des IUFM aux universités et du nouveau cahier des charges de la formation des maîtres.
Inscrire l'évolution des IUFM dans l'espace éducatif européen, les intégrer au sein même des universités répond à deux enjeux : initier la reconnaissance mutuelle des formations d'enseignants pour permettre leur mobilité géographique et leur enrichissement culturel, mais aussi les rapprocher de l'émulation de la recherche universitaire.
Plus concrète, plus en phase avec les évolutions de la société, la formation des futurs enseignants se veut pluridisciplinaire et en cohérence avec les objectifs du socle commun des connaissances et des compétences. Plus proche de l'actualité disciplinaire et de la recherche scientifique, cette démarche doit contribuer à l'évolution de la transmission des savoirs et à la diffusion de la culture scientifique dans notre pays.
Il reste à mieux adapter l'organisation du système éducatif à l'obligation de résultats. C'est à cette condition que nous atteindrons les objectif, essentiels, de 100 % d'élèves maîtrisant le socle commun, de 80 % de bacheliers et de 50 % de titulaires de la licence dans une classe d'âge à l'horizon 2012.
Mesdames et messieurs,
Vous entrez aujourd'hui dans la carrière enseignante. Vous exercerez ce métier jusque vers 2047. Ce que vous aurez enseigné à vos élèves, ils en feront usage dans leur vie tout au long du siècle... C'est donc peu de dire que votre métier est fondamental pour l'avenir de notre nation.
Mais peut-on encore parler d'un métier unique ? Notre pays assigne à l'école une triple mission : instruire les élèves en transmettant à chacun le patrimoine de valeurs, de savoirs et de connaissances qui ont façonné notre civilisation, permettre à chacun de développer sa personnalité et ses talents, offrir à tous une qualification professionnelle ou une poursuite d'études supérieures.
La tâche qui vous est confiée est donc extraordinairement riche et complexe. Elle est d'autant plus exigeante que l'individualisation des parcours d'apprentissage est probablement l'horizon de la pédagogie de ce temps. Vous ferez donc plusieurs métiers, parfois simultanément, parfois successivement, vous transmettrez des savoirs, vous transmettrez des valeurs, vous suivrez individuellement les élèves qui en ont besoin, vous évaluerez leur potentiel et leurs tracerez des pistes pour une bonne orientation de leur cursus. Vous travaillerez en équipe et avec de nombreux partenaires. Votre formation dans cet IUFM et dans vos établissements d'affectation doit impérativement vous y préparer et l'institution doit accompagner l'évolution des élèves, des pédagogies et des objectifs par un effort très conséquent de formation continue.
La Nation est très consciente de la difficulté de la tâche qu'elle confie à ses professeurs. C'est pourquoi la loi garantit votre liberté pédagogique et sanctionne toute atteinte à votre autorité en tant qu'agent de l'Etat.
Liberté, responsabilité, autorité seront vos maîtres mots. Dans votre classe, vous êtes le maître qui réinvente heure par heure l'art de transmettre, d'intéresser, d'éveiller, de faire des enfants des élèves, de les conduire à la maturité.
Votre rôle est à la hauteur de la confiance qui vous est faite. Plutôt que vos méthodes, ce sont vos résultats que la société évaluera.
Liberté garantie, autorité renforcée, responsabilités nouvelles : pour que ces notions ne restent pas des incantations, nous avons décidé d'améliorer la condition enseignante, sur le plan financier, mais aussi sur le plan moral.
Vos statuts datent de 1950 !
L'urgence d'une réflexion de fond sur la condition enseignante et d'une véritable refondation des statuts est incontestable. Les conditions de votre formation, du déroulement de vos carrières, de vos rémunérations, de vos services, de votre évaluation : tout ceci doit aussi être mis sur la table des discussions.
Le président de la République l'a annoncée, la modernisation et l'amélioration de la condition enseignante seront mises en oeuvre sans délai. J'installerai très prochainement avec Xavier DARCOS la commission nationale pour la refondation de la condition enseignante.
Elle établira le « livre vert » de la condition enseignante. Les partenaires sociaux, les usagers, la société civile seront largement consultés. Un « livre blanc », élaboré par le ministre de l'Education nationale proposera ensuite les pistes du renouveau.
Voilà, mesdames et messieurs les professeurs, les quelques mots que je voulais vous adresser.
Très prochainement, le président de la République transmettra à chacun d'entre-vous une lettre. Elle témoignera de son soutien et vous livrera sa conception de l'Ecole.
A quelques jours de la rentrée, je vous dois une confidence : ma mère fut enseignante, et je conserve en mémoire l'ambiance de ses jours un peu singuliers. S'y mêle un mélange de joie et de gravité. La semaine prochaine, 12 millions d'élèves vont rejoindre leur salle de classes, 900.000 enseignants commenceront leur cours, 227.000 personnels administratifs et techniques assureront le bon fonctionnement des établissements. L'ampleur de ces chiffres témoigne de l'engagement massif d'un pays qui sait que son avenir se décide avec vous et grâce à vous.
Cela, je ne l'avais pas aussi profondément mesuré avant d'avoir été rue de Grenelle au ministère de l'Education nationale. J'ai vite pris la mesure du formidable potentiel humain que réunit le service public de l'Education nationale. J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler dans ce monde où se retrouvent des hommes et des femmes réunis par un même engagement, au service de la jeunesse, de l'avenir de la France, et des valeurs républicaines. J'ai connu comme tous les ministres des succès et des difficultés.
Mais j'en suis parti avec deux convictions :
que l'Education nationale est nécessairement au coeur de la mission de l'Etat, et que rien n'est possible pour l'école sans un pacte de confiance entre les enseignants et la société, une confiance exigeante, mais une confiance sans partage, car chacun d'entre vous sera seul dans sa classe avec ses élèves et c'est là que se passera l'essentiel, cette relation maître-élève qui construit avec le temps les savoirs et les personnalités.
ma deuxième conviction est que toute évolution de ce grand service public doit plus qu'ailleurs s'inscrire dans le temps, en tenant compte tout à la fois de nos traditions séculaires et de ce que le monde extérieur bouge. L'Education nationale est ainsi faite qu'elle doit maintenir, et en même temps changer, et elle le fait d'autant mieux, non seulement par un effort sur elle-même comme je l'y avais invitée avec la loi sur l'Ecole, mais en bénéficiant de l'apport de jeunes comme vous, pas si loin de leurs futurs élèves, et en même temps si différents par le cheminement adulte qu'ils accomplissent et la formation qu'ils suivent pour maîtriser leur métier.
Tout cela vous explique le plaisir que j'ai de témoigner aujourd'hui auprès de vous, en tant que Premier ministre, de mon engagement personnel et de l'engagement du Gouvernement au soutien de votre vocation pour le métier d'enseignant.
Je vous souhaite à tous une bonne rentrée.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 31 août 2007