Texte intégral
Q - Aux discussions qui se tiennent aujourd'hui entre le président colombien, Uribe, et son homologue vénézuélien, Hugo Chavez. Hugo Chavez peut-il, comme il le souhaite - comme il semble dire -, jouer les médiateurs avec les FARC qui détiennent, entre autres, Ingrid Betancourt ?
R - Nous l'espérons. Le président Sarkozy a appelé le président Chavez il y a trois jours. Hier, il a appelé le président Uribe. La France se tient au courant. Nous y travaillons tous les jours. Nous essayons de faire pression continuellement. Nous espérons que cette médiation sera au moins utile.
Q - A partir du moment où le président Sarkozy appelle Hugo Chavez, sans doute pour lui apporter son soutien dans cette démarche, on peut espérer que la piste peut être crédible. Comment expliquez-vous qu'il n'y a pas eu de nouvelles, depuis maintenant trois ans, de Ingrid Betancourt ?
R - Cela est très inquiétant. Par des intermédiaires, que je salue pour leur courage et leur ténacité, nous avons failli avoir des nouvelles il y a quelques semaines. Cela n'a pas été le cas. Nous espérons toujours en recueillir, mais c'est une longue affaire, et c'est bien d'avoir dit : Ingrid Betancourt entre autre. Parce qu'il y a des milliers d'otages et certains sont là depuis près de dix ans. C'est un problème national. C'est tout à fait légitime de parler d'Ingrid Betancourt que nous connaissons et que nous aimons. Mais il y a tout ce problème d'une compréhension déjà un peu difficile, du guévarisme, des idées de révolution que portent toujours les FARC.
Q - C'est là où le révolutionnaire Chavez peut apporter sa touche personnelle ?
R - C'est là où il peut apporter sa touche personnelle. Mais après tout, toutes les bonnes volontés sont accueillies. Espérons, suivons, informons nous, faisons pression.
Q - Bernard Kouchner, un mot sur le Kosovo. Une province que vous connaissez bien pour en avoir été l'administrateur de l'ONU. Toujours pas de sortie de crise, le Kosovo qui menace désormais de déclarer son indépendance unilatéralement. Cela vous inquiète-t-il ?
R - Nous avons demandé qu'une négociation nouvelle démarre et qu'au moins sur quatre mois, jusqu'à la fin de l'année environ, les Serbes et les Kosovars puissent à nouveau lier un dialogue, qu'ils entament un dialogue alors qu'ils n'en avaient pas encore entamé véritablement. Or, hier à Vienne, un petit début d'amorce de dialogue a eu lieu. Voyez si je prends des précautions. Les Serbes, comme les Kosovars, ont parlé de l'avenir quelle que soit la direction adoptée, indépendance, autonomie renforcée.
C'était déjà se contenter de petits pas ou de petits espoirs. C'est déjà quelque chose.
Q - Ne craignez-vous pas ...
R - Je ne crains rien, je ne suis ni Kosovar ni Serbe. Ce que je crains, c'est que nous n'arrivions pas à la paix. Ce serait un succès formidable des Nations unies et de la communauté internationale. Nous parviendrons à la fin de l'année, ou au début de l'autre, à quelque chose qui ressemblera à une stabilité dans les Balkans, région réputée pour être, comment dirais-je, très turbulente et surtout très meurtrière.
Q - La France soutient la candidature de Dominique Strauss-Kahn au FMI. Sur les dernières heures - puisqu'ils ont jusqu'à demain matin, six heures -, les candidats pourront se faire connaître, il y aura un candidat face à Dominique Strauss-Kahn : l'ancien Premier ministre tchèque. Pour vous, est-il normal que la présidence du FMI ne puisse toujours pas revenir, dans les conditions actuelles issues de la seconde guerre mondiale, à un Africain, par exemple ?
R - Il n'y a pas de candidat africain, alors cela va être dur de l'élire. Dominique Strauss-Kahn est un excellent candidat. Moi, personnellement et amicalement, je le soutiens très fortement. Il est le candidat de l'Europe. En face de lui, il y a un nouveau candidat. La victoire de Dominique Strauss-Kahn n'en sera que plus belle.
Q - Les ambassadeurs, cette année, font une sorte de tour de France décentralisé. Expliquez-nous un peu cette démarche surprenante, nouvelle en tout cas ?
R - La nouveauté au ministère des Affaires étrangères et européennes c'est en particulier une ouverture sur cette mondialisation. Il faut que ce ministère des Affaires étrangères et européennes devienne le ministère de la mondialisation. Et une des façons, c'est de considérer que les Affaires étrangères sont des affaires intérieures. Cela nous concerne tous. Il n'y a plus de problème, ni de solution, qui soit réservé à l'extérieur. Le monde est devenu une boule que l'on peut prendre dans sa main, tous ensemble.
Q - Vous les renvoyez sur le terrain ?
R - Non, je les envoie expliquer - chacun dans leur domaine - et parler d'abord du pays où ils nous représentent, des problèmes de la mondialisation et de la politique étrangère dans toutes les régions françaises pendant deux jours, hier et aujourd'hui, vendredi. Cela est formidable. Il faut transformer chacune de ces ambassades en maison des Droits de l'Homme. Et cela n'a pas été évident face aux traditions du ministère des Affaires étrangères et du très beau métier, très noble, d'ambassadeur. Peut-être aussi faire des ambassades des maisons de conseils de la maison France, pour faire savoir ce qui se passe en France et comment on peut accéder dans les carrières, dans la culture, au meilleur de la France.
Les ambassadeurs, je crois, ont été contents de ces nouvelles formules - en tout cas je l'espère. Ils sont chargés de représenter la marche du monde dans les régions. Nous leur demandons de le faire en dehors-même de cette Conférence des Ambassadeurs qui n'a lieu qu'une fois par an. Je voudrais que l'on sache mieux comment nous sommes représentés, pourquoi nous sommes représentés, quels sont les buts de la présence de la France et surtout la découverte des autres. Nous sommes toujours chez les autres à l'étranger. Il faut savoir accepter les cultures et convaincre.
Q - Il nous reste une minute tout juste pour un sujet qui mériterait évidemment beaucoup plus : l'Irak. Nous avons eu du mal à vous suivre ces derniers jours. Vous avez, tour à tour, demandé la démission du Premier ministre irakien, M. Al-Maliki, puis vous avez présenté vos excuses. Oui ou non, la France souhaite-t-elle un changement de gouvernement en Irak ?
R - Vous prenez le petit bout de la lorgnette. Ce qui compte c'est l'Irak, pas mes rapports avec M. Al-Maliki. Ce qui compte, c'est comment on peut, pour les Irakiens, amorcer une sortie de crise. Pour la douleur et la souffrance irakiennes, quotidiennes, ce bain de sang permanent, comment peut-on faire ? Il faut maintenant que la communauté internationale, et particulièrement l'Europe, mette en application la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 10 août qui renforce le rôle des Nations unies en Irak. Aussitôt après, je suis allé en Irak pour écouter les Irakiens, pour essayer de savoir comment on pourrait mettre en action cette résolution. J'espère que d'autres ministres des Affaires étrangères vont suivre cet exemple. Nous aurons une réunion au moment de l'Assemblée générale à New York. Pour le moment, le calendrier du retrait des troupes peut être envisagé par les Américains et les Irakiens ensemble, mais il faut voir, avec eux et avec le gouvernement irakien, comment nous pouvons sortir de cette crise. Evidemment, cette crise n'est pas seulement irakienne, elle est régionale et l'Iran joue un rôle très particulier là-bas.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 septembre 2007
R - Nous l'espérons. Le président Sarkozy a appelé le président Chavez il y a trois jours. Hier, il a appelé le président Uribe. La France se tient au courant. Nous y travaillons tous les jours. Nous essayons de faire pression continuellement. Nous espérons que cette médiation sera au moins utile.
Q - A partir du moment où le président Sarkozy appelle Hugo Chavez, sans doute pour lui apporter son soutien dans cette démarche, on peut espérer que la piste peut être crédible. Comment expliquez-vous qu'il n'y a pas eu de nouvelles, depuis maintenant trois ans, de Ingrid Betancourt ?
R - Cela est très inquiétant. Par des intermédiaires, que je salue pour leur courage et leur ténacité, nous avons failli avoir des nouvelles il y a quelques semaines. Cela n'a pas été le cas. Nous espérons toujours en recueillir, mais c'est une longue affaire, et c'est bien d'avoir dit : Ingrid Betancourt entre autre. Parce qu'il y a des milliers d'otages et certains sont là depuis près de dix ans. C'est un problème national. C'est tout à fait légitime de parler d'Ingrid Betancourt que nous connaissons et que nous aimons. Mais il y a tout ce problème d'une compréhension déjà un peu difficile, du guévarisme, des idées de révolution que portent toujours les FARC.
Q - C'est là où le révolutionnaire Chavez peut apporter sa touche personnelle ?
R - C'est là où il peut apporter sa touche personnelle. Mais après tout, toutes les bonnes volontés sont accueillies. Espérons, suivons, informons nous, faisons pression.
Q - Bernard Kouchner, un mot sur le Kosovo. Une province que vous connaissez bien pour en avoir été l'administrateur de l'ONU. Toujours pas de sortie de crise, le Kosovo qui menace désormais de déclarer son indépendance unilatéralement. Cela vous inquiète-t-il ?
R - Nous avons demandé qu'une négociation nouvelle démarre et qu'au moins sur quatre mois, jusqu'à la fin de l'année environ, les Serbes et les Kosovars puissent à nouveau lier un dialogue, qu'ils entament un dialogue alors qu'ils n'en avaient pas encore entamé véritablement. Or, hier à Vienne, un petit début d'amorce de dialogue a eu lieu. Voyez si je prends des précautions. Les Serbes, comme les Kosovars, ont parlé de l'avenir quelle que soit la direction adoptée, indépendance, autonomie renforcée.
C'était déjà se contenter de petits pas ou de petits espoirs. C'est déjà quelque chose.
Q - Ne craignez-vous pas ...
R - Je ne crains rien, je ne suis ni Kosovar ni Serbe. Ce que je crains, c'est que nous n'arrivions pas à la paix. Ce serait un succès formidable des Nations unies et de la communauté internationale. Nous parviendrons à la fin de l'année, ou au début de l'autre, à quelque chose qui ressemblera à une stabilité dans les Balkans, région réputée pour être, comment dirais-je, très turbulente et surtout très meurtrière.
Q - La France soutient la candidature de Dominique Strauss-Kahn au FMI. Sur les dernières heures - puisqu'ils ont jusqu'à demain matin, six heures -, les candidats pourront se faire connaître, il y aura un candidat face à Dominique Strauss-Kahn : l'ancien Premier ministre tchèque. Pour vous, est-il normal que la présidence du FMI ne puisse toujours pas revenir, dans les conditions actuelles issues de la seconde guerre mondiale, à un Africain, par exemple ?
R - Il n'y a pas de candidat africain, alors cela va être dur de l'élire. Dominique Strauss-Kahn est un excellent candidat. Moi, personnellement et amicalement, je le soutiens très fortement. Il est le candidat de l'Europe. En face de lui, il y a un nouveau candidat. La victoire de Dominique Strauss-Kahn n'en sera que plus belle.
Q - Les ambassadeurs, cette année, font une sorte de tour de France décentralisé. Expliquez-nous un peu cette démarche surprenante, nouvelle en tout cas ?
R - La nouveauté au ministère des Affaires étrangères et européennes c'est en particulier une ouverture sur cette mondialisation. Il faut que ce ministère des Affaires étrangères et européennes devienne le ministère de la mondialisation. Et une des façons, c'est de considérer que les Affaires étrangères sont des affaires intérieures. Cela nous concerne tous. Il n'y a plus de problème, ni de solution, qui soit réservé à l'extérieur. Le monde est devenu une boule que l'on peut prendre dans sa main, tous ensemble.
Q - Vous les renvoyez sur le terrain ?
R - Non, je les envoie expliquer - chacun dans leur domaine - et parler d'abord du pays où ils nous représentent, des problèmes de la mondialisation et de la politique étrangère dans toutes les régions françaises pendant deux jours, hier et aujourd'hui, vendredi. Cela est formidable. Il faut transformer chacune de ces ambassades en maison des Droits de l'Homme. Et cela n'a pas été évident face aux traditions du ministère des Affaires étrangères et du très beau métier, très noble, d'ambassadeur. Peut-être aussi faire des ambassades des maisons de conseils de la maison France, pour faire savoir ce qui se passe en France et comment on peut accéder dans les carrières, dans la culture, au meilleur de la France.
Les ambassadeurs, je crois, ont été contents de ces nouvelles formules - en tout cas je l'espère. Ils sont chargés de représenter la marche du monde dans les régions. Nous leur demandons de le faire en dehors-même de cette Conférence des Ambassadeurs qui n'a lieu qu'une fois par an. Je voudrais que l'on sache mieux comment nous sommes représentés, pourquoi nous sommes représentés, quels sont les buts de la présence de la France et surtout la découverte des autres. Nous sommes toujours chez les autres à l'étranger. Il faut savoir accepter les cultures et convaincre.
Q - Il nous reste une minute tout juste pour un sujet qui mériterait évidemment beaucoup plus : l'Irak. Nous avons eu du mal à vous suivre ces derniers jours. Vous avez, tour à tour, demandé la démission du Premier ministre irakien, M. Al-Maliki, puis vous avez présenté vos excuses. Oui ou non, la France souhaite-t-elle un changement de gouvernement en Irak ?
R - Vous prenez le petit bout de la lorgnette. Ce qui compte c'est l'Irak, pas mes rapports avec M. Al-Maliki. Ce qui compte, c'est comment on peut, pour les Irakiens, amorcer une sortie de crise. Pour la douleur et la souffrance irakiennes, quotidiennes, ce bain de sang permanent, comment peut-on faire ? Il faut maintenant que la communauté internationale, et particulièrement l'Europe, mette en application la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 10 août qui renforce le rôle des Nations unies en Irak. Aussitôt après, je suis allé en Irak pour écouter les Irakiens, pour essayer de savoir comment on pourrait mettre en action cette résolution. J'espère que d'autres ministres des Affaires étrangères vont suivre cet exemple. Nous aurons une réunion au moment de l'Assemblée générale à New York. Pour le moment, le calendrier du retrait des troupes peut être envisagé par les Américains et les Irakiens ensemble, mais il faut voir, avec eux et avec le gouvernement irakien, comment nous pouvons sortir de cette crise. Evidemment, cette crise n'est pas seulement irakienne, elle est régionale et l'Iran joue un rôle très particulier là-bas.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 septembre 2007