Texte intégral
Q - Utopiste militant et réaliste, cela veut dire quoi ici en Territoire palestinien et à Ramallah quand on vient rencontrer le président de l'Autorité palestinienne ?
R - Cela veut dire, aujourd'hui en particulier, que c'était un bon jour, non pas parce que je suis arrivé, mais parce qu'apparemment les discussions entre Mahmoud Abbas et le Premier ministre Olmert se sont bien passées. Comme il vous l'a dit, des perspectives existent pour cette conférence dont on ne savait pas grand chose : où elle se passerait, qui elle réunirait et quel serait son programme. Les discussions israélo-palestiniennes avancent et ce qu'ils ont conclu ensemble aujourd'hui ou ce qu'ils vont présenter aux Américains est beaucoup plus clair. C'est un bon jour. De plus, des perspectives existent également à propos de la levée de certains barrages en Cisjordanie mais aussi de la libération d'un certain nombre de Palestiniens.
Q - A l'occasion d'une interview accordée au Yediot Aharonot, vous avez déclaré que le Hezbollah représentait une grande partie de la population libanaise et qu'il était important de lui parler. Est-ce que vous ne pensez pas qu'on peut faire une analogie avec le Hamas et que la position de la France vis-à-vis du Hamas pourrait ressembler à celle vis-à-vis du Hezbollah ?
R - Oui, vous pouvez faire cette analogie, mais elle ne serait pas juste. Je pense que ce qui s'est passé avec le Hamas, particulièrement contre le Fatah et contre l'OLP, mérite quand même qu'on s'arrête un peu plus et qu'on ne participe pas, comme d'ailleurs personne ne souhaite le faire, à des pourparlers politiques avec le Hamas. Certainement pas. Mais, en revanche, j'ai insisté tout à l'heure, il faut que la population palestinienne de Gaza sache qu'on ne l'oublie pas et qu'on continue à l'aider. Mes renseignements à propos des conditions de vie de la population à Gaza sont quand même plutôt bons, ce qui ne veut pas dire qu'ils ont tout ce qu'il faut, mais qu'il faut continuer à les aider. Et d'ailleurs les salaires sont versés également à Gaza, comme vous le savez.
Q - Mais la situation économique de Gaza est complètement délétère !
R - Oui, mais vous n'allez pas me demander de raccommoder le tissu économique tout de suite : il faut d'abord qu'il y ait des pourparlers, de la politique, de la paix et enfin un apaisement dans cette région. Bien sûr qu'il ne faut pas oublier la population de Gaza, mais il ne faut pas chercher toujours à créer d'autres difficultés dans une situation qui est tellement difficile. Je crois que tout le monde a admis pour le moment que l'important, à côté de l'aide humanitaire apportée aux populations, est le développement d'une politique qui était inimaginable il y a encore quatre mois. Donc je pense que c'est bien que cela se passe comme ça, et qu'un souffle d'espoir vienne et qu'on trouve M. Abou Mazen dans une situation meilleure qu'il y a quelque temps. Je ne doute pas que, de l'autre côté, demain, nous verrons en Israël le même sourire un peu plus réjoui que d'habitude.
Q - Ne pas parler avec le Hamas, cela veut dire aussi une partition de fait des Territoires. Est-ce que ce risque qu'a pris la France peut être évité ?
R - Ce n'est pas ce qui existe déjà. Qu'est ce qui existe déjà ? De façon peut-être cynique mais je crois efficace pour l'avenir et pour la paix, il faut "profiter", si je peux me permettre ce mot, de cette situation que nous n'avons pas voulue et que le Fatah n'a pas voulu non plus, pour que les choses avancent et pour qu'enfin on trouve une solution plus pérenne. C'est ce qu'il faut faire. Cela ne veut pas dire qu'on ne parlera jamais au Hamas mais que ce n'est pas en tout cas le moment de le faire.
Q - Vous avez des pistes, des idées justement pour sortir de ce blocage de cette crise ?
R - Mais je ne suis pas le seul à avoir des idées. Pour le moment, j'écoute les idées des autres qui sont plus sympathiques aujourd'hui qu'elles ne l'étaient il y a quelque temps. Profiter de ce moment me paraît tout à fait indispensable.
Q - Pour la conférence internationale, avez-vous déjà parlé, par exemple aux Américains, d'une éventuelle entrée de la France dans le jeu diplomatique ?
R - Vous me trouvez passif ? Non ! Alors si je ne suis pas passif, je peux être actif. En effet, nous en avons parlé et nous en reparlerons. Nous nous rencontrons tous à New York dans quelques jours. Ce qui a été dit aujourd'hui de la participation éventuelle de la France à cette conférence me semble aller dans le bon sens. En effet, certains pays européens, indépendamment évidemment de Javier Solana qui nous représente au sein du Quartet, pourraient participer de façon très bénéfique à cette conférence.
Q - Un mot, Monsieur Kouchner, c'est le 11 septembre demain, 6 ans après quel bilan dressez-vous de ce qui s'est passé ? Est-ce que vous ne regrettez pas vos positions prises à l'époque : vous étiez favorables à l'intervention ?
R - Je crois que vous vous êtes trompés, Monsieur ! Vous n'avez pas lu l'article, comme bien des journalistes ! Cela s'appelait "Non à la guerre. Non à Saddam". Ce que je voulais, c'est qu'on se rende compte que Saddam Hussein était un dictateur qui avait tué son propre peuple. J'arrive d'Irak : les chiffres, c'est 2 à 4 millions de morts. Ca, oui, je le maintiens ! Mais je n'ai jamais voulu la guerre.
Q - Vous avez exprimé votre satisfaction concernant la préparation du sommet. Pensez-vous qu'Israéliens et Palestiniens s'approchent d'un accord avant novembre ?
R - Je n'ai pas dit cela. J'ai dit que nous sommes sur la bonne voie, sur le bon chemin et que la situation est meilleure qu'il y a quinze jours ou un mois. C'est un processus long. C'est un processus et je pense qu'ils progressent, certainement oui. Mais nous ne sommes pas au bout du chemin, certainement pas.
Q - Concrètement, qu'est-ce qui vous fait dire que les Palestiniens et les Israéliens font des progrès? Compte tenu des discussions que vous avez eues avec le président ?
R - Comme vous savez, ces pourparlers étaient secrets. Ils se tenaient face à face sans prise de notes mais j'ai l'impression que c'est en train de débloquer beaucoup de choses.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2007
R - Cela veut dire, aujourd'hui en particulier, que c'était un bon jour, non pas parce que je suis arrivé, mais parce qu'apparemment les discussions entre Mahmoud Abbas et le Premier ministre Olmert se sont bien passées. Comme il vous l'a dit, des perspectives existent pour cette conférence dont on ne savait pas grand chose : où elle se passerait, qui elle réunirait et quel serait son programme. Les discussions israélo-palestiniennes avancent et ce qu'ils ont conclu ensemble aujourd'hui ou ce qu'ils vont présenter aux Américains est beaucoup plus clair. C'est un bon jour. De plus, des perspectives existent également à propos de la levée de certains barrages en Cisjordanie mais aussi de la libération d'un certain nombre de Palestiniens.
Q - A l'occasion d'une interview accordée au Yediot Aharonot, vous avez déclaré que le Hezbollah représentait une grande partie de la population libanaise et qu'il était important de lui parler. Est-ce que vous ne pensez pas qu'on peut faire une analogie avec le Hamas et que la position de la France vis-à-vis du Hamas pourrait ressembler à celle vis-à-vis du Hezbollah ?
R - Oui, vous pouvez faire cette analogie, mais elle ne serait pas juste. Je pense que ce qui s'est passé avec le Hamas, particulièrement contre le Fatah et contre l'OLP, mérite quand même qu'on s'arrête un peu plus et qu'on ne participe pas, comme d'ailleurs personne ne souhaite le faire, à des pourparlers politiques avec le Hamas. Certainement pas. Mais, en revanche, j'ai insisté tout à l'heure, il faut que la population palestinienne de Gaza sache qu'on ne l'oublie pas et qu'on continue à l'aider. Mes renseignements à propos des conditions de vie de la population à Gaza sont quand même plutôt bons, ce qui ne veut pas dire qu'ils ont tout ce qu'il faut, mais qu'il faut continuer à les aider. Et d'ailleurs les salaires sont versés également à Gaza, comme vous le savez.
Q - Mais la situation économique de Gaza est complètement délétère !
R - Oui, mais vous n'allez pas me demander de raccommoder le tissu économique tout de suite : il faut d'abord qu'il y ait des pourparlers, de la politique, de la paix et enfin un apaisement dans cette région. Bien sûr qu'il ne faut pas oublier la population de Gaza, mais il ne faut pas chercher toujours à créer d'autres difficultés dans une situation qui est tellement difficile. Je crois que tout le monde a admis pour le moment que l'important, à côté de l'aide humanitaire apportée aux populations, est le développement d'une politique qui était inimaginable il y a encore quatre mois. Donc je pense que c'est bien que cela se passe comme ça, et qu'un souffle d'espoir vienne et qu'on trouve M. Abou Mazen dans une situation meilleure qu'il y a quelque temps. Je ne doute pas que, de l'autre côté, demain, nous verrons en Israël le même sourire un peu plus réjoui que d'habitude.
Q - Ne pas parler avec le Hamas, cela veut dire aussi une partition de fait des Territoires. Est-ce que ce risque qu'a pris la France peut être évité ?
R - Ce n'est pas ce qui existe déjà. Qu'est ce qui existe déjà ? De façon peut-être cynique mais je crois efficace pour l'avenir et pour la paix, il faut "profiter", si je peux me permettre ce mot, de cette situation que nous n'avons pas voulue et que le Fatah n'a pas voulu non plus, pour que les choses avancent et pour qu'enfin on trouve une solution plus pérenne. C'est ce qu'il faut faire. Cela ne veut pas dire qu'on ne parlera jamais au Hamas mais que ce n'est pas en tout cas le moment de le faire.
Q - Vous avez des pistes, des idées justement pour sortir de ce blocage de cette crise ?
R - Mais je ne suis pas le seul à avoir des idées. Pour le moment, j'écoute les idées des autres qui sont plus sympathiques aujourd'hui qu'elles ne l'étaient il y a quelque temps. Profiter de ce moment me paraît tout à fait indispensable.
Q - Pour la conférence internationale, avez-vous déjà parlé, par exemple aux Américains, d'une éventuelle entrée de la France dans le jeu diplomatique ?
R - Vous me trouvez passif ? Non ! Alors si je ne suis pas passif, je peux être actif. En effet, nous en avons parlé et nous en reparlerons. Nous nous rencontrons tous à New York dans quelques jours. Ce qui a été dit aujourd'hui de la participation éventuelle de la France à cette conférence me semble aller dans le bon sens. En effet, certains pays européens, indépendamment évidemment de Javier Solana qui nous représente au sein du Quartet, pourraient participer de façon très bénéfique à cette conférence.
Q - Un mot, Monsieur Kouchner, c'est le 11 septembre demain, 6 ans après quel bilan dressez-vous de ce qui s'est passé ? Est-ce que vous ne regrettez pas vos positions prises à l'époque : vous étiez favorables à l'intervention ?
R - Je crois que vous vous êtes trompés, Monsieur ! Vous n'avez pas lu l'article, comme bien des journalistes ! Cela s'appelait "Non à la guerre. Non à Saddam". Ce que je voulais, c'est qu'on se rende compte que Saddam Hussein était un dictateur qui avait tué son propre peuple. J'arrive d'Irak : les chiffres, c'est 2 à 4 millions de morts. Ca, oui, je le maintiens ! Mais je n'ai jamais voulu la guerre.
Q - Vous avez exprimé votre satisfaction concernant la préparation du sommet. Pensez-vous qu'Israéliens et Palestiniens s'approchent d'un accord avant novembre ?
R - Je n'ai pas dit cela. J'ai dit que nous sommes sur la bonne voie, sur le bon chemin et que la situation est meilleure qu'il y a quinze jours ou un mois. C'est un processus long. C'est un processus et je pense qu'ils progressent, certainement oui. Mais nous ne sommes pas au bout du chemin, certainement pas.
Q - Concrètement, qu'est-ce qui vous fait dire que les Palestiniens et les Israéliens font des progrès? Compte tenu des discussions que vous avez eues avec le président ?
R - Comme vous savez, ces pourparlers étaient secrets. Ils se tenaient face à face sans prise de notes mais j'ai l'impression que c'est en train de débloquer beaucoup de choses.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 septembre 2007