Texte intégral
C. Barbier.- Des tests ADN pour vérifier la filiation d'enfants étrangers candidats au regroupement familial : l'amendement de T. Mariani à la loi sur l'immigration a été adoptée hier en commission des lois. Approuvez-vous cette idée ?
R.- Oui. Tous les moyens d'identification sont bons, mais en revanche, je conteste la politique générale d'immigration qui est un faux semblant, qui consiste à jeter de la poudre aux yeux et à faire croire aux gens qu'on va résoudre le problème de l'immigration par des mesurettes de ce genre ou par des expulsions dont le chiffre est sans proportion avec le nombre des entrées.
Q.- On va reprendre tout cela. L'ADN : il y a le risque de créer des fichiers, cela coûte très cher, est-ce une solution vraiment praticable ?
R.- Oui je crois. Il y a un moyen moderne d'identification, pourquoi ne pas l'utiliser ? Ceux qui refuseront cette identification prouveront par là même qu'ils ne sont pas dans les limites de la loi.
Q.- Vous ne craignez pas qu'on crée des fichiers génétiques sur les gens qui arrivent ?
R.- Il en existe des milliers de fichiers ! Non, ce n'est pas ce qui me fait le plus peur, je vous dis franchement. Ce qui me fait le plus peur c'est la vague migratoire qui continue de déferler sur la France et l'Europe.
Q.- Alors, justement, Sarkozy a répété que 25.000 expulsions devaient advenir cette année. Vous approuvez cette fermeté ?
R.- Mais c'est un gag, voyons ! 25.000 expulsions, alors que le chiffre officiel d'entrées de clandestins est entre 150.000 et 400.000. Alors, si on en expulse 25.000, cela veut dire qu'on a exclu qu'une toute petite partie, et c'est donc une mesure destinée à calmer les angoisses d'un certain nombre de gens, mais pas du tout à résoudre le problème, d'autant que, je rappelle, dans ce chiffre, il y a je crois 12.000 expulsions de Guyane et 8.000 de je ne sais plus quel autre département.
Q.- Cela doit être vers Mayotte.
R.- De Mayotte, c'est ça. Donc, c'est 12.000 à Mayotte et 8.000 en Guyane.
Q.- Si vos chiffres sont bons, cela veut dire que chaque année, 300.000 clandestins disparaissent dans la nature depuis dix, quinze, vingt ans ? Cela fait 6 millions. On devrait les voir un peu partout.
R.- Je ne sais où vous habitez, mais quand vous allez en banlieue, je vous assure que vous vous en apercevez.
Q.- Passagers et personnels des avions de ligne normaux protestent de plus en plus quand il y a des expulsions. Souvent, il y a des incidents. Est-ce qu'il faut passer à des charters ?
R.- Il faut empêcher les gens d'entrer, il faut les dissuader de venir, et pour les dissuader de venir, il ne faut pas que la France soit le seul pays du monde qui traite les étrangers comme ses propres ressortissants, c'est-à-dire qui leur donne tous les avantages que les Français en France ont conquis par leurs parents, leurs grands-parents, leurs arrière-grands-parents depuis des siècles.
Q.- Les clandestins n'ont pas tous les avantages, parce qu'ils n'ont pas de Sécurité sociale déclarée...
R.- Si, ils ont une forme de Sécurité sociale, si, tout de même. Quand on les laisse entrer, la France accepte le principe de les loger, ce qui rend le problème du logement absolument impossible à résoudre ; il faut les nourrir, il faut éduquer leurs enfants, il faut les soigner quand ils sont malades. Il est évident que c'est une charge considérable. Plus de 10 millions d'étrangers sont entrés en France depuis une trentaine d'années, depuis en particulier 1974 et la loi de regroupement familial. Et par conséquent, nous nous mettons là devant une situation qui est impossible à résoudre. C'est très difficile d'expulser les gens pour les raisons que vous avez dites, et on n'expulse que les gens qui reviennent. On expulsait beaucoup de Roumains à un moment donné, parce qu'ils allaient rentrer comme Européens, quelques mois plus tard.
Q.- G. Frêche, qui avait traité les harkis de sous-hommes, a été relaxé hier en appel. Êtes-vous choqué ?
R.- Oui, mais je ne crois pas que... Moi, je ne prends pas les décisions de justice pour la Bible.
Q.- Donc, on n'aurait pas dû le relaxer ?
R.- Je ne sais pas. Je ne connais pas l'affaire en elle-même. Il faut la connaître dans ses détails pour pouvoir porter un jugement sérieux.
Q.- Vous avez été reçu hier par la commission Balladur sur la réforme des institutions. Avez-vous obtenu la garantie qu'il y aurait de la proportionnelle aux législatives, espoir pour le FN d'avoir des députés un jour ?
R.- Cette commission n'a absolument aucune qualité pour me garantir quoi que ce soit. J'ai exposé mon point de vue. D'ailleurs, deux des membres de la commission ont dit : mais nous sommes, nous aussi, "proportionnalistes". Mais je crois qu'ils sont minoritaires dans la commission.
Q.- Vous n'avez donc aucun espoir ?
R.- Je ne sais pas. Cela dépendra du Gouvernement et de Sarkozy, cela ne dépendra pas de cette commission.
Q.- F. Hollande dit qu'il y a un plan de rigueur qui se prépare pour la France, qui va tomber sur la tête des Français. Etes-vous d'accord avec son pronostic ?
R.- Je crois que c'est probable, compte tenu de la situation qui ne cesse de s'aggraver sur le plan des déficits de tous ordres, et d'autre part, sur le fait que le développement de l'économie, la croissance que l'on espère toujours, que l'on caresse dans le sens du poil, ne semble pas être venu au rendez-vous.
Q.- Faut-il réforme vite les régimes spéciaux de retraite pour les aligner sur le régime général, ou faut-il prendre le temps d'une longue négociation ?
R.- Je crois qu'il faut réformer, tout le monde en est d'accord, même la gauche. C'est vous dire ! Il n'y a que les syndicats de ces professions qui, évidemment, défendent leurs avantages acquis. Mais ce qu'il faut voir, c'est l'intérêt général. Toujours, à un moment donné, l'intérêt général doit l'emporter sur l'intérêt particulier. Mais il y a des raisons quelquefois pour que certains régimes soient différents, à cause de la pénibilité du travail, etc., ou de la difficulté ou de l'éloignement, bref. Mais ce qui a été établi depuis des années et des années, très souvent grâce aux chantages des grèves n'est pas acceptable, c'est évident.
Q.- Le Front national tient son conseil national à huis clos, ce week-end, et prépare son congrès de novembre. Annoncerez-vous que vous ne briguerez pas un nouveau mandat à la tête de ce parti ?
R.- Pas du tout, j'ai annoncé exactement l'inverse !
Q.- Et vous maintenez, vous rempilez ?
R.- J'ai annoncé que je serai candidat et que je rempilerai parce que la situation du mouvement exige que ce soit des hommes d'expérience et, je dirais, de caractère, qui soient à la tête. Les autres ont peut-être ces qualités - des gens qui me suivraient - mais le seul dont je sois absolument sûr, c'est moi-même.
Q.- Est-ce qu'il ne faudrait pas au contraire une nouvelle génération, comme on le voit un peu au Parti socialiste ?
R.- Elle viendra en son temps. Nous ne sommes pas des fonctionnaires, et nous ne sommes pas touchés par la retraite.
Q.- Est-ce que vous avez une idée plus claire, tout de même, de ce qui se dégage pour votre future succession ? De tel ou tel successeur qui devient, dans votre esprit, plutôt le favori ?
R.- Non. Pour l'instant, non, puisque je vais demander un nouveau mandat de trois ans. Alors je ne me pose pas ce genre de questions, j'ai d'autres problèmes plus concrets que ceux-là, en particulier résoudre la crise financière qui est née des élections dernières.
Q.- Le Front national est-il en faillite ?
R.- Non, il n'est pas du tout en faillite mais il a des dettes et il va falloir qu'il y fasse face, et qu'il trouve les moyens financiers, de crédits, pour pouvoir rembourser les dettes qui ont été contractées à l'occasion de ces élections.
Q.- Vous pouvez vendre votre siège, le Paquebot... C'est un beau paquebot.
R.- Oui, c'est une des solutions, ce n'est pas celle que je retiendrai en premier, mais c'est une des solutions à laquelle nous pourrions un jour éventuellement être acculés.
Q.- Vous avez lancé une souscription auprès de vos électeurs, de vos sympathisants. Vous aviez parlé d'un million d'euros, finalement c'est moins ?
R.- Oui. Pour l'instant, ce n'est pas encore développé, mais j'espère... Je vais relancer un nouvel appel pour mettre nos adhérents en face de leurs responsabilités, puisque nos électeurs n'ont pas tout à fait rempli les leurs aux élections législatives.
Q.- Pourriez vous coucher le Front national sur votre testament ?
R.- Je n'ai pas de raison de le faire... Pourquoi pas ? J'ai apporté, je crois, beaucoup de choses, y compris sur plan financier, au Front national, mais il n'y a pas de raison ... D'ici là, le Front national pourra se passer, je pense, de mon testament. Mais j'appelle tous les gens qui peuvent tester - puisque vous savez que maintenant les associations ne paient plus d'impôts sur les successions - alors j'appelle tous les gens qui voudraient tester à le faire en faveur du Front national.
Q.- Puisque vous rempilez pour trois ans, serez-vous candidat aux municipales ?
R.- Non, il y a très longtemps que je n'ai pas été candidat aux municipales, même si la percée du Front national s'était réalisée lors de mon élection comme conseiller d'arrondissement dans le 20ème arrondissement de Paris en 1983.
Q.- Etes-vous en négociation avec le MPF de P. de Villiers pour ces municipales ?
R.- Non, pas du tout.
Q.- Et vous avez l'intention d'en ouvrir pour élargir votre force électorale ?
R.- Je crois que sur le terrain, les différentes personnalités du FN peuvent élaborer des solutions qui permettent d'avoir des élus et au moins de pouvoir jeter un petit coup d'oeil sur les comptabilités et le fonctionnement des municipalités. Je ne crois pas que le redressement de la France se fera par les municipalités. Nous n'avons plus assez de temps pour cela.
Q.- G. Bush a annoncé le départ de 21.000 soldats américains d'Irak, est-ce une bonne décision ?
R.- J'ai toujours pensé que les Américains resteraient en Irak et que leur participation à la guerre d'Irak était un prétexte pour pouvoir s'installer militairement, de façon durable, dans cette région du monde qu'ils considèrent comme particulièrement névralgique, puisqu'elle recèle la plus grande partie des ressources pétrolières du monde.
Q.- La France doit-elle réintégrer le commandement central intégré de l'OTAN ?
R.- Je ne le crois pas mais je crois qu'elle y est attraite, en quelque sorte, par l'élection de monsieur Sarkozy, qui, on le sait, a de vives sympathies à la fois pour les Etats-Unis, et pour la politique atlantiste.
Q.- D. de Villepin a expliqué hier que N. Sarkozy avait instrumentalisé l'affaire Clearstream pour apparaître en victime et s'en servir ; est-ce votre sentiment ?
R.- Dans cet imbroglio, j'avoue ne pas m'y retrouver. Je ne sais pas du tout, je ne suis pas juge d'instruction, j'attends de voir. Je crois qu'il y a peut-être eu des magouilles réciproques, des intrigues... Ils se sont entre-égorgés, enfin, ils ont essayé en tous les cas... Mais j'attends de voir.
Q.- La messe peut à nouveau, à partir d'aujourd'hui, être dite en latin, est-ce que cela vous réjouit ?
R.- Cela me réjouit beaucoup, parce que j'avais trouvé absolument stupide, quand on a une langue internationale comme l'était le latin, une langue universelle, de choisir des langues nationales, ce qui fait que quand, par exemple, je vais à des obsèques dans différents pays européens, je ne comprends goutte à tout ce qui est dit à la messe, puisque c'est dit dans la langue nationale.
Q.- Et vous irez à une messe en latin ?
R.- Tout à fait ! Je connais bien la messe en latin, j'y ai été élevé, en quelque sorte, et je souhaite, en effet, pouvoir entendre la messe en latin. Partout, autrefois, que ce soit à Singapour, à Valparaiso ou à Paris, on n'était pas dépaysé quand on allait à la messe. Maintenant, c'est tout le contraire.
Q.- Eh bien "ite missa est", J.-M. Le Pen, merci, bonne journée.
R.- Alléluia !
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2007
R.- Oui. Tous les moyens d'identification sont bons, mais en revanche, je conteste la politique générale d'immigration qui est un faux semblant, qui consiste à jeter de la poudre aux yeux et à faire croire aux gens qu'on va résoudre le problème de l'immigration par des mesurettes de ce genre ou par des expulsions dont le chiffre est sans proportion avec le nombre des entrées.
Q.- On va reprendre tout cela. L'ADN : il y a le risque de créer des fichiers, cela coûte très cher, est-ce une solution vraiment praticable ?
R.- Oui je crois. Il y a un moyen moderne d'identification, pourquoi ne pas l'utiliser ? Ceux qui refuseront cette identification prouveront par là même qu'ils ne sont pas dans les limites de la loi.
Q.- Vous ne craignez pas qu'on crée des fichiers génétiques sur les gens qui arrivent ?
R.- Il en existe des milliers de fichiers ! Non, ce n'est pas ce qui me fait le plus peur, je vous dis franchement. Ce qui me fait le plus peur c'est la vague migratoire qui continue de déferler sur la France et l'Europe.
Q.- Alors, justement, Sarkozy a répété que 25.000 expulsions devaient advenir cette année. Vous approuvez cette fermeté ?
R.- Mais c'est un gag, voyons ! 25.000 expulsions, alors que le chiffre officiel d'entrées de clandestins est entre 150.000 et 400.000. Alors, si on en expulse 25.000, cela veut dire qu'on a exclu qu'une toute petite partie, et c'est donc une mesure destinée à calmer les angoisses d'un certain nombre de gens, mais pas du tout à résoudre le problème, d'autant que, je rappelle, dans ce chiffre, il y a je crois 12.000 expulsions de Guyane et 8.000 de je ne sais plus quel autre département.
Q.- Cela doit être vers Mayotte.
R.- De Mayotte, c'est ça. Donc, c'est 12.000 à Mayotte et 8.000 en Guyane.
Q.- Si vos chiffres sont bons, cela veut dire que chaque année, 300.000 clandestins disparaissent dans la nature depuis dix, quinze, vingt ans ? Cela fait 6 millions. On devrait les voir un peu partout.
R.- Je ne sais où vous habitez, mais quand vous allez en banlieue, je vous assure que vous vous en apercevez.
Q.- Passagers et personnels des avions de ligne normaux protestent de plus en plus quand il y a des expulsions. Souvent, il y a des incidents. Est-ce qu'il faut passer à des charters ?
R.- Il faut empêcher les gens d'entrer, il faut les dissuader de venir, et pour les dissuader de venir, il ne faut pas que la France soit le seul pays du monde qui traite les étrangers comme ses propres ressortissants, c'est-à-dire qui leur donne tous les avantages que les Français en France ont conquis par leurs parents, leurs grands-parents, leurs arrière-grands-parents depuis des siècles.
Q.- Les clandestins n'ont pas tous les avantages, parce qu'ils n'ont pas de Sécurité sociale déclarée...
R.- Si, ils ont une forme de Sécurité sociale, si, tout de même. Quand on les laisse entrer, la France accepte le principe de les loger, ce qui rend le problème du logement absolument impossible à résoudre ; il faut les nourrir, il faut éduquer leurs enfants, il faut les soigner quand ils sont malades. Il est évident que c'est une charge considérable. Plus de 10 millions d'étrangers sont entrés en France depuis une trentaine d'années, depuis en particulier 1974 et la loi de regroupement familial. Et par conséquent, nous nous mettons là devant une situation qui est impossible à résoudre. C'est très difficile d'expulser les gens pour les raisons que vous avez dites, et on n'expulse que les gens qui reviennent. On expulsait beaucoup de Roumains à un moment donné, parce qu'ils allaient rentrer comme Européens, quelques mois plus tard.
Q.- G. Frêche, qui avait traité les harkis de sous-hommes, a été relaxé hier en appel. Êtes-vous choqué ?
R.- Oui, mais je ne crois pas que... Moi, je ne prends pas les décisions de justice pour la Bible.
Q.- Donc, on n'aurait pas dû le relaxer ?
R.- Je ne sais pas. Je ne connais pas l'affaire en elle-même. Il faut la connaître dans ses détails pour pouvoir porter un jugement sérieux.
Q.- Vous avez été reçu hier par la commission Balladur sur la réforme des institutions. Avez-vous obtenu la garantie qu'il y aurait de la proportionnelle aux législatives, espoir pour le FN d'avoir des députés un jour ?
R.- Cette commission n'a absolument aucune qualité pour me garantir quoi que ce soit. J'ai exposé mon point de vue. D'ailleurs, deux des membres de la commission ont dit : mais nous sommes, nous aussi, "proportionnalistes". Mais je crois qu'ils sont minoritaires dans la commission.
Q.- Vous n'avez donc aucun espoir ?
R.- Je ne sais pas. Cela dépendra du Gouvernement et de Sarkozy, cela ne dépendra pas de cette commission.
Q.- F. Hollande dit qu'il y a un plan de rigueur qui se prépare pour la France, qui va tomber sur la tête des Français. Etes-vous d'accord avec son pronostic ?
R.- Je crois que c'est probable, compte tenu de la situation qui ne cesse de s'aggraver sur le plan des déficits de tous ordres, et d'autre part, sur le fait que le développement de l'économie, la croissance que l'on espère toujours, que l'on caresse dans le sens du poil, ne semble pas être venu au rendez-vous.
Q.- Faut-il réforme vite les régimes spéciaux de retraite pour les aligner sur le régime général, ou faut-il prendre le temps d'une longue négociation ?
R.- Je crois qu'il faut réformer, tout le monde en est d'accord, même la gauche. C'est vous dire ! Il n'y a que les syndicats de ces professions qui, évidemment, défendent leurs avantages acquis. Mais ce qu'il faut voir, c'est l'intérêt général. Toujours, à un moment donné, l'intérêt général doit l'emporter sur l'intérêt particulier. Mais il y a des raisons quelquefois pour que certains régimes soient différents, à cause de la pénibilité du travail, etc., ou de la difficulté ou de l'éloignement, bref. Mais ce qui a été établi depuis des années et des années, très souvent grâce aux chantages des grèves n'est pas acceptable, c'est évident.
Q.- Le Front national tient son conseil national à huis clos, ce week-end, et prépare son congrès de novembre. Annoncerez-vous que vous ne briguerez pas un nouveau mandat à la tête de ce parti ?
R.- Pas du tout, j'ai annoncé exactement l'inverse !
Q.- Et vous maintenez, vous rempilez ?
R.- J'ai annoncé que je serai candidat et que je rempilerai parce que la situation du mouvement exige que ce soit des hommes d'expérience et, je dirais, de caractère, qui soient à la tête. Les autres ont peut-être ces qualités - des gens qui me suivraient - mais le seul dont je sois absolument sûr, c'est moi-même.
Q.- Est-ce qu'il ne faudrait pas au contraire une nouvelle génération, comme on le voit un peu au Parti socialiste ?
R.- Elle viendra en son temps. Nous ne sommes pas des fonctionnaires, et nous ne sommes pas touchés par la retraite.
Q.- Est-ce que vous avez une idée plus claire, tout de même, de ce qui se dégage pour votre future succession ? De tel ou tel successeur qui devient, dans votre esprit, plutôt le favori ?
R.- Non. Pour l'instant, non, puisque je vais demander un nouveau mandat de trois ans. Alors je ne me pose pas ce genre de questions, j'ai d'autres problèmes plus concrets que ceux-là, en particulier résoudre la crise financière qui est née des élections dernières.
Q.- Le Front national est-il en faillite ?
R.- Non, il n'est pas du tout en faillite mais il a des dettes et il va falloir qu'il y fasse face, et qu'il trouve les moyens financiers, de crédits, pour pouvoir rembourser les dettes qui ont été contractées à l'occasion de ces élections.
Q.- Vous pouvez vendre votre siège, le Paquebot... C'est un beau paquebot.
R.- Oui, c'est une des solutions, ce n'est pas celle que je retiendrai en premier, mais c'est une des solutions à laquelle nous pourrions un jour éventuellement être acculés.
Q.- Vous avez lancé une souscription auprès de vos électeurs, de vos sympathisants. Vous aviez parlé d'un million d'euros, finalement c'est moins ?
R.- Oui. Pour l'instant, ce n'est pas encore développé, mais j'espère... Je vais relancer un nouvel appel pour mettre nos adhérents en face de leurs responsabilités, puisque nos électeurs n'ont pas tout à fait rempli les leurs aux élections législatives.
Q.- Pourriez vous coucher le Front national sur votre testament ?
R.- Je n'ai pas de raison de le faire... Pourquoi pas ? J'ai apporté, je crois, beaucoup de choses, y compris sur plan financier, au Front national, mais il n'y a pas de raison ... D'ici là, le Front national pourra se passer, je pense, de mon testament. Mais j'appelle tous les gens qui peuvent tester - puisque vous savez que maintenant les associations ne paient plus d'impôts sur les successions - alors j'appelle tous les gens qui voudraient tester à le faire en faveur du Front national.
Q.- Puisque vous rempilez pour trois ans, serez-vous candidat aux municipales ?
R.- Non, il y a très longtemps que je n'ai pas été candidat aux municipales, même si la percée du Front national s'était réalisée lors de mon élection comme conseiller d'arrondissement dans le 20ème arrondissement de Paris en 1983.
Q.- Etes-vous en négociation avec le MPF de P. de Villiers pour ces municipales ?
R.- Non, pas du tout.
Q.- Et vous avez l'intention d'en ouvrir pour élargir votre force électorale ?
R.- Je crois que sur le terrain, les différentes personnalités du FN peuvent élaborer des solutions qui permettent d'avoir des élus et au moins de pouvoir jeter un petit coup d'oeil sur les comptabilités et le fonctionnement des municipalités. Je ne crois pas que le redressement de la France se fera par les municipalités. Nous n'avons plus assez de temps pour cela.
Q.- G. Bush a annoncé le départ de 21.000 soldats américains d'Irak, est-ce une bonne décision ?
R.- J'ai toujours pensé que les Américains resteraient en Irak et que leur participation à la guerre d'Irak était un prétexte pour pouvoir s'installer militairement, de façon durable, dans cette région du monde qu'ils considèrent comme particulièrement névralgique, puisqu'elle recèle la plus grande partie des ressources pétrolières du monde.
Q.- La France doit-elle réintégrer le commandement central intégré de l'OTAN ?
R.- Je ne le crois pas mais je crois qu'elle y est attraite, en quelque sorte, par l'élection de monsieur Sarkozy, qui, on le sait, a de vives sympathies à la fois pour les Etats-Unis, et pour la politique atlantiste.
Q.- D. de Villepin a expliqué hier que N. Sarkozy avait instrumentalisé l'affaire Clearstream pour apparaître en victime et s'en servir ; est-ce votre sentiment ?
R.- Dans cet imbroglio, j'avoue ne pas m'y retrouver. Je ne sais pas du tout, je ne suis pas juge d'instruction, j'attends de voir. Je crois qu'il y a peut-être eu des magouilles réciproques, des intrigues... Ils se sont entre-égorgés, enfin, ils ont essayé en tous les cas... Mais j'attends de voir.
Q.- La messe peut à nouveau, à partir d'aujourd'hui, être dite en latin, est-ce que cela vous réjouit ?
R.- Cela me réjouit beaucoup, parce que j'avais trouvé absolument stupide, quand on a une langue internationale comme l'était le latin, une langue universelle, de choisir des langues nationales, ce qui fait que quand, par exemple, je vais à des obsèques dans différents pays européens, je ne comprends goutte à tout ce qui est dit à la messe, puisque c'est dit dans la langue nationale.
Q.- Et vous irez à une messe en latin ?
R.- Tout à fait ! Je connais bien la messe en latin, j'y ai été élevé, en quelque sorte, et je souhaite, en effet, pouvoir entendre la messe en latin. Partout, autrefois, que ce soit à Singapour, à Valparaiso ou à Paris, on n'était pas dépaysé quand on allait à la messe. Maintenant, c'est tout le contraire.
Q.- Eh bien "ite missa est", J.-M. Le Pen, merci, bonne journée.
R.- Alléluia !
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2007