Déclaration de M. André Rossinot, co-président du parti radical, sur les valeurs d'humanisme du parti radical, la refondation dans les domaines de l'éducation et du service public, la décentralisation, l'ouverture politique et sur son souhait de rapprochement avec le parti radical de gauche, Nancy le 16 septembre 2007.

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Circonstance : Université d'été du parti radical à Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 16 septembre 2007

Texte intégral

Cette Université est placée sous les thèmes de la rupture, de l'ouverture, du rassemblement et de la vérité. Je les unis car, ensemble, ils dessinent de nouvelles frontières pour le radicalisme. A condition que nous sachions saisir ce moment qui nous est offert.
Parce que ce moment, c'est déjà la conséquence d'une victoire présidentielle dont la clarté politique et l'amplitude démocratique en ont surpris plus d'un.
Le Front national a perdu. Il a été dessaisi de son pouvoir de nuire.
Par leur vote, les Français ont fait confiance à un candidat républicain pour régler les problèmes qui les angoissaient et s'ouvrir délibérément vers l'avenir.
Pendant la campagne, avec le candidat Nicolas Sarkozy, une parole vraie était portée, une parole qui fut comprise, une parole qui disait tout simplement qu'elle ferait ce qu'elle proposait aux Français.
C'est cela la rupture.
Avec lui, nous ne sommes plus uniquement dans le schéma politique de la victoire d'un camp sur l'autre. Les vieux clivages en ont pris un coup !
Refondation, humanisme et valeurs radicales
Cette refondation, ce n'est pas une réforme administrative, elle est d'abord idéologique. C'est un projet intellectuel qui s'appuie sur une certaine vision de l'homme, de la République et de l'Etat. Elle se vivra dans tous les secteurs de la société.
Et d'abord dans l'éducation. La « Lettre aux éducateurs » du Président est l'exemple même de cette volonté de retrouver les chemins de la République. Permettez-moi de m'y arrêter un instant.
Par cette lettre, nous voulons pour la France une école qui forme les jeunes au respect des valeurs universelles, ces valeurs qui nous viennent de l'humanisme de la Renaissance, de la philosophie des Lumières et de la politique de Jules Ferry. Nous refusons une école qui produit et, au bout du compte, rejette des illettrés (couverture du Nouvel Obs.).
Ce chantier qu'a ouvert le Président de la République, c'est celui de la construction d'une école du XXIe siècle à partir de ces valeurs qui ont toujours été celles du radicalisme, les nôtres, la laïcité, le refus du communautarisme.
La fonction essentielle de l'enseignement doit être de donner du sens et non d' empiler des savoirs.
La revalorisation du métier de professeur passe par cette prise de conscience. Elle appelle l'exemplarité, source du respect qui leur est dû.
Cet humanisme doit aussi savoir intégrer les nouvelles technologies. A l'Encyclopédie des Lumières succède, aujourd'hui, la bibliothèque numérique. Mais cette masse de savoirs, pour être maîtrisée, exige une discipline de l'esprit.
Voilà un nouvel horizon pour nos jeunes, voilà un nouveau projet pour l'éducation.
Humanisme et économie
L'économie, autre secteur où la refondation doit se vivre. L'économie, en effet doit retrouver aujourd'hui le sens de l'humain. Ce n'est pas derrière des statistiques et des rapports qu'elle doit se cacher, mais c'est avec de l'humain qu'elle se réalise quotidiennement, par des talents, des compétences, des savoir-faire, en un mot, par du travail.
Un travail qui doit être reconnu et récompensé.
Les socialistes, qui ont voulu nous dire le contraire, n'ont convaincu personne. Ils masquent aujourd'hui leur échec et leurs divisions derrière des polémiques et des arguments d'un autre âge.
La France redeviendra une grande puissance économique, en travaillant plus, parce que seul le travail crée des richesses. Il nous faudra beaucoup d'efforts pour pouvoir payer les retraites, l'aide à domicile pour les personnes dépendantes, l'accès aux meilleures thérapies pour tous.
(M. Hirsch, V. Letard, X. Emmanuelli)
Pour nous radicaux, l'économie et le social ne sont pas antagonistes ; nous refusons l'égalitarisme, parce que nous voulons l'accès à l'égalité. Et il n'y a pas d'égalité qui ne se fonde sur la solidarité.
Autre exemple de refondation : le service public
Nous sortons enfin de la culture d'après-guerre ; nous ne voulons plus d'un Etat omniprésent, quand bien même serait-il un Etat - Providence. C'est un autre Etat qu'il nous faut bâtir.
Car, la refondation, c'est aussi une nouvelle conception du rôle de l'Etat et des pouvoirs publics locaux. C'est une nouvelle gouvernance qu'il faut organiser avec l'Etat, les collectivités et les forces vives et associatives.
Plus personne ne peut prétendre avoir le monopole du savoir, du beau et du bien.
C'est pourquoi les politiques publiques doivent désormais associer tous les acteurs locaux, les collectivités, les associations et les citoyens. C'est en préservant la laïcité dans l'espace public qu'ensemble nous parviendrons à oeuvrer pour le bien collectif.
Je pense, notamment, aux millions de fonctionnaires qui modestement, dans le respect de la neutralité du service public, se dévouent pour nos concitoyens. Ce sont eux, qui parfois dans des conditions difficiles sont au contact des fractures de notre société.
C'est pourquoi nous devons promouvoir une nouvelle culture de service public qui s'appuie sur les attentes de plus en plus précises et exigeantes, de la société et des Français.
C'est cela, l'esprit de la décentralisation.
La décentralisation, ce n'est pas du transfert administratif.
La décentralisation, ce sont des femmes et des hommes qui servent leur pays au plus près des réalités quotidiennes.
La décentralisation, ce sont des élus responsables et des fonctionnaires engagés et respectés pour leur savoir-faire.
La décentralisation, c'est aujourd'hui du service humain rendu à l'humain.
La démocratie se réalise déjà, et avant tout, dans les communes.
Et je m'adresse à vous, élus locaux, qui êtes très nombreux parmi nous et avec nous.
C'est vous qui êtes les garants de la dimension la plus humaine, la plus modeste, la plus quotidienne de la démocratie.
Celle qui consiste à écouter les citoyens et à répondre à leurs besoins.
C'est vous qui portez avec succès les grandes politiques nationales.
C'est vous qui garantissez la continuité de la démocratie.
C'est vous qui représentez le lien le plus irremplaçable avec la société dans sa réalité profonde. Je pense aux familles, aux associations, à chaque citoyen.
Aussi, est-ce vous, élus et prochainement candidats, qui serez les fers de lance de la « Charte radicale » pour les municipales (M. Thiollière).
Il n'y a pas de grands et de petits candidats.
Il n'y a pas de grands et de petits élus.
Toutes les écharpes tricolores se valent quand elles sont au service des citoyens.
Aussi devons-nous être largement présents sur le terrain des élections municipales. Largement présents, cela veut dire partout. Pas seulement dans les grandes villes.
Il nous faut des candidats radicaux, et des candidates, en grand nombre sur l'ensemble du territoire.
Les nouvelles frontières politiques
Cette refondation, c'est enfin le dépassement des clivages et des affrontements archaïques qui n'ont plus le même sens.
Pire, ils nous empêchent d'avancer.
C'est dans cette ligne que s'inscrit l'ouverture pratiquée avec détermination, courage et sans complexe par le Président de la République. Reconnaissons-le, il a surpris tout le monde !
Mais qui peut critiquer le recours aux meilleurs sur des sujets aussi graves que les discriminations ou la grande pauvreté ?
Qui peut nous reprocher d'augmenter enfin, après tant d'années, y compris sous le régime socialiste, le budget de la Recherche et des Universités ?
Qui peut nous reprocher d'être à nouveau présent en Europe grâce au Traité simplifié ?
Qui peut nous reprocher de vouloir renforcer la présence de la France dans le monde ?
Le Parti socialiste ? Il n'a plus de projet, plus d'idées, plus de vision. C'est flagrant, il multiplie les attaques dans le seul but de masquer ses propres querelles et la vacuité de ses propositions. Il est tellement déboussolé qu'il en est à proposer une alliance allant du Modem à l'internationale trotskiste de Besancenot.
Oui Dans ce contexte nouveau, nous Radicaux, devons être audacieux en matière d'ouverture et d'accueil.
Sans préjuger des résultats, nous allons ouvrir le dialogue, dans le respect et la tolérance, avec les Radicaux de Gauche.
Cà dérange ! Et alors ! J'aime déranger, c'est le propre d'un radical.
Je comprends les questions, les réserves, les inquiétudes de certains d'entre vous à l'aune de vos situations politiques locales.
Mais que diriez-vous si nous, deux branches de la famille radicale issues d'un même tronc commun, nous n'arrivions pas à nous parler.
Nos alliances sont différentes certes, mais nous sommes avant tout Radicaux.
Au conseil des ministres, Jean-Louis pourrait parler, travailler avec Bernard Kouchner ou Jean-Marie Bockel et nous, nous ne pourrions pas discuter simplement entre radicaux ! Ce serait quand même plus que dommage, avouez le !
Chers Amis, les années Mitterrand, celles du programme commun, de l'alliance privilégiée avec les communistes sont terminées. L'intelligence n'a pas de frontières.
Sur nos valeurs communes d'humanisme, de laïcité, sur notre attachement à l'Europe, nous allons nous parler au grand jour.
Le chemin sera peut être difficile, mais passionnant. Et je m'engage personnellement à ce que nous vous en rendions compte dans la transparence la plus totale.
S'il y a un point commun que nous partageons déjà avec les Radicaux de Gauche, c'est notre souhait d'une dose de proportionnelle pour les élections législatives.
Vous savez, que ce soit lorsque nous étions à l'UDF, que ce soit à l'UMP sous Jacques Chirac, je n'ai pas souvenir d'une seule fois où nous ayons été consultés comme Parti Politique par le Président de la République.
Nicolas Sarkozy a consulté Jean-Louis Borloo et moi-même sur la réforme des institutions. Nous lui avons longuement dit combien nous pensions que cette dose de proportionnelle était le meilleur moyen de réformer la vie parlementaire et de mieux prendre en compte les différentes sensibilités politiques de notre pays.
Sur cette proposition d'introduire une dose de proportionnelle, nous sommes pleinement d'accord aussi avec François Bayrou.
Et puisque j'évoque François Bayrou, je voudrais vous dire très simplement qu'au-delà des crispations présidentielles, les UDF de 2001 qui ont assumé des projets municipaux avec nous ont, pour moi, vocation à poursuivre, à nos côtés, leur engagement en 2008 pour l'intérêt de nos concitoyens. Cela me parait une évidence.
Mes chers amis, cette Université, nous le sentons tous est une vraie réussite. Merci aux militants, aux organisateurs, aux personnalités qui nous ont rejoints.
Pour nous, Radicaux, le prochain rendez-vous c'est un grand congrès, à la mi novembre, que nous préparons avec Jean- Louis, dans la perspective d'un Parti modernisé, attractif, respecté.
Pour cela chaque militante, chaque militant radical à l'avenir doit pouvoir élire son Président. A cet effet, il nous faudra rénover les statuts. Et puisque je parle de modernisation, j'ai un autre souhait, à vrai dire, qui va peut-être vous surprendre, je voudrais que le Parti Radical soit présent dans Second Life. Et j'ai demandé au Sénateur Pierre Laffitte, le plus moderne d'entre nous, de proposer un projet.
Mes chers amis, rupture, ouverture, rassemblement... vous le sentez bien aujourd'hui, à Nancy, ensemble, nous dessinons les nouvelles frontières du radicalisme.Source http://www.partiradical.net, le 21 septembre 2007