Entretien de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et aux droits de l'homme, dans "Aujourd'hui en France" du 26 septembre 2007, sur la situation en Birmanie.

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Média : Aujourd'hui en France

Texte intégral

Q - Etes-vous inquiète de la situation en Birmanie, notamment pour l'opposante Aung San Suu Kyi ?
R - Oui, je suis inquiète. J'ai pris mes fonctions le 19 juin dernier, le jour où Aung San Suu Kyi "fêtait" ses 62 ans, dont quinze ans passés à affronter la junte birmane, et presque autant en résidence surveillée. D'après les informations qui nous parviennent, elle serait en prison, à Insein. La junte militaire sait à quel point elle peut apparaître comme le point de ralliement de cette révolution des moines. J'ai rencontré hier le Premier ministre birman en exil, Ludu Sein Win, qui a aussi exprimé son inquiétude. La junte sait bien qu'aux yeux du monde Aung San Suu Kyi est une véritable "Mandela asiatique", lauréate du prix Nobel de la paix en 1991.
Q - Que peut faire l'ONU ?
R - Le Secrétaire général des Nations unies a appelé à la retenue et doit envoyer son représentant spécial, M. Gambari, en Birmanie. L'évolution de la situation amènera sans aucun doute le Conseil de sécurité à aller plus loin.
Q - Et la France ?
R - Le vent de liberté qui souffle sur Rangoun ne peut qu'interpeller la France, pays des Droits de l'Homme. Nous avons mis en garde les autorités de Rangoun contre toute tentative de leur part de réprimer par la force cette expression de justes revendications politiques et sociales. Nous avons réitéré fermement notre appel à la libération de tous les prisonniers politiques. La question des Droits de l'Homme est cruciale : travail forcé, exécutions sommaires, prisonniers politiques (1.200), enfants soldats (70.000)... Tout cela dure depuis presque cinquante ans. Le président Sarkozy reçoit aujourd'hui le gouvernement birman en exil : cela permettra à la France de faire des propositions.
Q - N'est-il pas gênant pour Paris d'avoir des intérêts en Birmanie, notamment avec Total ?
R - Ce qui nous préoccupe le plus, c'est le peuple birman. Au moment où des dizaines de milliers de personnes défilent à Rangoun, notre souci principal doit être d'accompagner ce vaste mouvement politique.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 septembre 2007